Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la recherche nucléaire au CEA et l'aide de l'Etat dans le cadre des contrats d'objectifs avec le Commissariat à l'Energie Atomique, Paris le 8 mars 2011.

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Circonstance : Signature du contrat d'objectifs et de performance du CEA pour la période 2010 - 2013 à Paris le 8 mars 2011

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Dans une France en pleine reconstruction, et seulement 3 ans après la création du Commissariat à l’Energie Atomique, Frédéric Joliot-Curie réalisait la divergence de la première pile atomique française.
Cette passion de la science et de ses applications, c’est bien elle qui a conduit le CEA depuis plus de 60 ans à participer à tant de découvertes et de développements féconds.
Je pense bien sûr à la naissance de la médecine nucléaire moderne à l’Hôpital d’Orsay, ou plus récemment à Neurospin, le plus grand centre mondial dédié à l’exploration du cerveau, qui permettra de mieux saisir le développement de maladies neurologiques comme celles de Parkinson ou d’Alzheimer.
Je pense aussi à l’essor de la micro-électronique, et maintenant de la nanoélectronique, à Grenoble. Je pense encore aux grands instruments de la physique comme le LHC (Large Hadron Collider), le plus puissant accélérateur de particules au monde, le satellite Herschel, le plus grand télescope spatial jamais réalisé, ou le satellite Planck qui a commencé à nous fournir des images de l’Univers tel qu’il était peu après le Big Bang. Je n’oublie pas le plus récent et le plus ambitieux d’entre eux, le projet ITER, l’un des plus grands défis scientifiques et techniques au niveau international dont les premiers bâtiments sortent de terre actuellement à Cadarache.
Face à toutes ces réalisations, la qualité de la recherche technologique du CEA, intimement liée à une recherche fondamentale d’excellence, n’est plus à vanter. Elle est capable de créer des outils absolument uniques et essentiels pour la communauté scientifique nationale et internationale.
En 1948, nous avions Zoé, la pile atomique. En 2011, Zoé est devenue la première gamme commerciale de berline électrique de Renault avec qui le CEA a conclu un partenariat stratégique, notamment pour développer des batteries de nouvelle génération.
Cet exemple souligne à lui seul la capacité du CEA à s’adapter en permanence aux défis scientifiques et technologiques de notre temps.
Ces défis, vous les connaissez, nous les avons identifiés, ensemble, au moment de la rédaction de la première Stratégie nationale de recherche et d’innovation en 2009 qui a défini trois priorités : la santé, le bien-être, l'alimentation et les biotechnologies ; l'urgence environnementale et les écotechnologies ; et enfin les technologies de l'information, de la communication et les nanotechnologies.
Avec une capacité de recherche pluridisciplinaire, capable de fertilisations croisées, le CEA s’inscrit parfaitement dans ces priorités. Ce nouveau contrat en est la preuve, et prévoit un rééquilibrage entre énergie nucléaire et énergies renouvelables comme le Gouvernement l’a souhaité lors du Grenelle de l’environnement.
Avec des personnalités comme Jean JOUZEL, co-lauréat du Prix Nobel de la Paix pour sa participation au GIEC, le CEA est déjà reconnu mondialement pour son apport dans les domaines de la lutte contre le changement climatique. C’est d’ailleurs tout naturellement que l’Institut européen de technologies a sélectionné, dans ces domaines, deux Communautés de la Connaissance et de l’Innovation auxquelles le CEA participe aux côtés des meilleures universités et organismes européens.
Mais ce contrat avec l’Etat, c’est celui du nouveau « Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives », qui consacre la contribution du CEA à l’objectif d’ « atteindre 23% de consommation finale d’énergie à partir de sources renouvelables dès 2020 », fixé lors du Grenelle.
L’engagement du CEA en faveur du développement de la filière photovoltaïque est de ce point de vue essentiel.
L’énergie solaire a un potentiel majeur puisque l’énergie transmise par le Soleil à la Terre en une heure devrait permettre, si elle était récupérée en totalité, de pourvoir aux besoins énergétiques mondiaux pendant un an !
Le mix énergétique de demain devra aussi faire la part belle à la biomasse, aux biocarburants de 2ème génération, et aux nouveaux modes de consommation de l’énergie électrique, qui exigent de véritables capacités de stockage, sous forme notamment de batteries performantes.
Monsieur l’Administrateur Général, je sais que sur tous ces sujets, je peux compter sur l’engagement de vos équipes et de vos partenaires. Car le CEA n’est pas un acteur isolé, ni le seul à détenir l’ensemble des compétences requises. S’il est bien positionné dans ces nouveaux domaines, c’est grâce à l’effort des établissements de recherche et des entreprises avec lesquels il collabore de façon exemplaire.
A cet égard, je me réjouis de constater que le CEA s’est engagé avec beaucoup de détermination dans les Alliances de recherche qui couvrent désormais tous les grands champs scientifiques.
Il est ainsi membre fondateur de l’Alliance ANCRE sur l’énergie, l’Alliance santé AVIESAN, l’alliance numérique ALLISTENE, et l’alliance ALLENVI sur l’environnement, qui peuvent ainsi bénéficier de son expérience en matière de programmation de la recherche et en matière de partenariats avec l’industrie.
Bien qu’encore jeunes, ces Alliances sont prometteuses et sont en train de changer le visage de la recherche publique pour nos industriels. Par exemple, la création du réseau national de recherche et technologie sur le stockage électrochimique de l’énergie, que j’ai souhaitée, s’inscrit totalement dans la stratégie de l’Alliance ANCRE. Sur ce sujet tellement stratégique, la recherche française a toujours été parmi les premières au monde, si ce n’est la première, du fait de son expertise en chimie du solide et en électrochimie, mais n’avait pas su transformer cet avantage sur le plan industriel. En rassemblant les forces du CNRS pour piloter la recherche amont et celles du CEA pour piloter la recherche technologique, en partenariat avec des industriels tels qu’EDF, Renault, Arkema, Air Liquide, Rhodia, Astrium ou SAFT, nous avons désormais tout pour devenir un leader mondial dans ce domaine.
Cet exemple, et plus généralement son histoire, nous montre que le CEA est un véritable catalyseur d'innovation, capable de jouer le rôle de pont entre la recherche la plus amont et l'industrie. Le CEA a ainsi contribué à la création de nombreuses entreprises et au développement de certains fleurons de notre industrie dans de nombreux domaines comme AREVA, ST Microélectronics, SOITEC ou SPI-bio devenu récemment Bertin Pharma.
Institut Carnot avant l’heure, partenaire de nombreux pôles de compétitivité, intégrant de nombreux doctorants CIFRE dans ses laboratoires, les performances du CEA en matière de transfert de technologies sont tout simplement remarquables.
Alors que, dans son ensemble, le nombre de dépôts de brevets internationaux par la France a légèrement diminué en 2010, le CEA a continué son ascension avec près de 30% de dépôts supplémentaires par rapport à 2009 faisant du CEA le premier organisme de recherche publique déposant à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle au niveau international ! Le CNRS poursuit une dynamique similaire et le talonne d’ailleurs de près à la quatrième place juste derrière l’Université de Californie et la Société Fraunhofer. Je tiens à souligner cette performance, pour le moment méconnue, mais dont nous pouvons collectivement être fiers. Elle démontre que le mur de Berlin entre le monde de la recherche publique et le monde socio-économique est bel et bien tombé.
Néanmoins, nous avons encore des marges de progression, et j’invite le CEA à ne pas relâcher ses efforts. Ce contrat prévoit ainsi des objectifs concrets et ambitieux tels qu’une augmentation de 15% par an des mobilités externes du personnel CEA, une poursuite de l’augmentation du nombre de brevets valorisés et de créations de start-up.
Ces efforts, nous les accompagnerons dans la durée. C’est pourquoi ce contrat est assorti d’un volet sur les moyens dont ceux apportés par l’Etat jusqu’en 2013. A la subvention annuelle s’ajouteront les moyens au titre du programme d’investissements d’avenir, dont nous avons annoncé les premiers résultats.
C’est ainsi qu’une enveloppe de 900 M€ a déjà été annoncée pour la recherche nucléaire du CEA. Elle permettra à la France de renforcer son leadership mondial dans le domaine et de renforcer son indépendance énergétique, qui apparait plus que jamais un enjeu majeur dans le contexte géopolitique actuel.
Mais je sais que le CEA s’est aussi fortement mobilisé pour répondre à des appels à projets plus compétitifs, comme en témoignent les premiers résultats. Pour la première vague d’appels à projets, le CEA est ainsi porteur ou partenaire du quart des équipements d’excellence lauréats, et d’une infrastructure nationale en biologie-santé majeure sur la génomique. Avec des projets dans les nanotechnologies, l’énergie, la biologie et la santé, et le numérique, tous les champs de recherche du CEA bénéficieront d’un soutien important.
Je connais aussi l’implication du CEA dans des projets structurants tels que les Instituts de recherche technologique, les Instituts d’excellence dans les énergies décarbonnées, et les sociétés d’accélération du transfert de technologies, sans compter son rôle majeur pour que le plateau de Saclay devienne un des plus grands clusters mondiaux d’ici 2020.
Monsieur l’Administrateur Général, voilà de lourdes responsabilités au service de l’évolution de notre paysage de recherche. Elles impliquent également un renouvellement des relations de votre établissement avec les Universités.
Le CEA a en effet un rôle majeur à jouer au côté des universités, pour les aider à renforcer leur rôle d’opérateur de recherche à part entière, et c’est tout le sens de cet accord que vous allez signer avec le Président de la CPU.
Que ce soit à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires ou à l’Institut international de l’énergie nucléaire - où nous aurons la joie de nous retrouver prochainement pour son inauguration - ou encore à Minatec avec Grenoble INP, je sais que le CEA partage l’idée que les défis de la formation, de la recherche et de l’innovation se nourrissent mutuellement.
Cher Louis VOGEL, cher Axel KAHN, je me réjouis de cet accord, qui est une première étape très concrète du renforcement des liens avec les universités prévu dans le contrat que nous allons signer.
Mesdames et Messieurs, je connais la passion qui anime l’ensemble du personnel du CEA, votre passion pour la science et la technologie, et de leur utilisation pour le plus grand profit de nos concitoyens. En signant ce contrat d’objectifs et de performance aujourd’hui, nous témoignons non seulement de notre propre reconnaissance et de notre soutien mais aussi de celui d’une nation toute entière pour qui les avancées contenues dans ce contrat seront essentielles.
Je vous remercie.
Source http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr, le 15 mars 2011