Texte intégral
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Q - L'Allemagne a fâché la France et a lâché la France dans l'affaire libyenne. Est-ce que pour le ministre des Affaires européennes, le dialogue avec l'Allemagne est rompu ?
R - Vous savez, sur la quasi-totalité des dossiers nous sommes d'accord avec les Allemands et on a réussi à construire, grâce notamment à la profonde complicité qui s'est créée entre le président de la République et la chancelière allemande, une relation franco-allemande extrêmement solide. Après, comme dans tout couple, il peut y avoir des moments de tensions.
Q - Mais pas sur des sujets comme ça ! On fait la guerre et l'Allemagne nous lâche.
R - C'est amusant que vous me parliez de ce sujet en particulier. Au même moment, sur le nucléaire, on a dégagé une position commune, ce n'était pas si facile pour l'Allemagne. Au même moment, sur l'euro, on a dégagé une position commune. Dans le même temps, sur le gouvernement économique, on a également dégagé une position commune. Oui, sur la Libye on a une différence de sensibilité : l'Allemagne n'a pas souhaité intervenir militairement. Mais par contre, elle a soutenu nos positions.
Q - Elle s'est abstenue à l'ONU, elle n'a pas soutenu...
R - Lors du Conseil européen de vendredi, Angela Merkel a soutenu et voté dans le sens de la résolution de 1973 des Nations unies. Je crois que là-dessus on a réussi à surmonter nos divergences, mais une bonne entente franco-allemande, c'est aussi une entente qui assume parfois des différences.
Q - En tout cas, l'Europe de la Défense, c'est fini, on ne la fera jamais.
R - Une forme d'Europe de la Défense c'est quand même ce qui est en train de se faire, de fait, entre la France et le Royaume-Uni au niveau de la Libye, et par ailleurs nous travaillons avec les Allemands, à la demande d'Alain Juppé, sur une relance possible de l'Europe de la Défense et sur une initiative qui serait prise en la matière.
Q - Faut-il arrêter les frappes ? Cette fois les civils sont à l'abri, la rébellion a repris le dessus, on n'est plus obligé de continuer ou alors c'est qu'on veut peut-être faire partir Kadhafi.
R - La résolution est claire : le but c'est de protéger les populations civiles, mais il faut s'assurer qu'elles soient totalement protégées. Je n'ai pas le sentiment, quand vous voyez les images à la télévision, que pour l'instant l'objectif est pleinement atteint.
Q - Mais on veut faire partir Kadhafi, c'est cela le vrai but.
R - L'objectif de la résolution 1973, c'est préserver les populations. Après, le message est clair : la solution sera politique et elle passe par le départ de Kadhafi.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mars 2011