Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, je vous remercie de me faire le plaisir de venir clôturer ce colloque qui a donné lieu, j'en suis persuadé, à des échanges denses et constructifs. C'est la quatrième édition de ce colloque organisé par M. Mahamadou Sako, Afrique SA et l'Essec, en partenariat avec le Sénat et le Comité Afrique du MEDEF.
Toujours axés sur la volonté de dynamiser le secteur privé, vous avez décidé cette année de centrer vos débats sur deux thèmes : les perspectives d'un développement durable de l'Afrique et les moyens nécessaires afin de favoriser l'emploi des cadres africains en France et en Afrique.
L'investissement privé constitue un puissant catalyseur de l'innovation, de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté. Vous le savez comme moi, nos pays développés seraient satisfaits de bénéficier d'une croissance économique proche des 5% par an que connaît aujourd'hui le continent africain. Cette croissance économique vigoureuse, soutenue et alimentée par le dynamisme et les investissements d'un secteur privé en plein essor est, j'en suis convaincu, une des clés du passage de l'Afrique dans le XXIème siècle.
Car l'Afrique est aujourd'hui une terre d'opportunités. Beaucoup d'autres indicateurs nous en donnent des preuves concrètes. Une inflation et une dette qui sont aujourd'hui globalement maîtrisées. Une démographie qui fera de l'Afrique un continent peuplé de 2 milliards d'habitants en 2050, soit près de 20% de la population mondiale. Une population nombreuse et jeune avec un rapport entre actifs et inactifs qui pourrait engendrer un «dividende démographique».
On peut ajouter à cela une société africaine de plus en plus urbanisée qui représentera 250 millions de consommateurs pour un marché potentiel de près 1700 milliards de dollars en 2040.
Bien évidemment face à ces atouts, il existe des situations de tension sur le continent qui rendent plus difficiles la pérennité et le développement d'un secteur privé stable. S'ajoutent également des risques sanitaires, écologiques, migratoires, à ne pas sous-estimer.
Par ailleurs, un certain nombre de goulots d'étranglements persistent : le besoin croissant d'énergie, de financements à long terme, de formation, d'infrastructures lourdes afin de faciliter l'émergence de marchés régionaux. Mais je reviendrai sur ces problématiques un peu plus tard.
Ces chiffres démontrent l'immense potentiel que présente ce continent et l'opportunité unique pour des entrepreneurs d'y investir. Et c'est ici que se mêle l'intérêt conjoint des entreprises et des acteurs du développement. En effet, l'expérience montre que le secteur privé peut concilier opportunités économiques et impacts positifs pour les populations locales.
La politique de coopération de la France est désormais sortie de la seule relation de gouvernement à gouvernement pour s'appuyer sur l'ensemble des acteurs du développement et notamment sur le secteur privé.
Car le secteur privé rempli de nombreux rôles. Il est structurant et créateur d'emplois et de richesses. Il joue un rôle social évident d'insertion et d'épanouissement de l'individu.
Par ailleurs, dans des zones reculées, il est un vecteur de développement à part entière, fournissant des services aux populations les plus pauvres.
Le gouvernement a conscience du formidable levier de développement que représentent les entreprises. Il est également évident que la croissance économique à laquelle elles contribuent, participe directement à la stabilité politique et donc à la maîtrise des flux migratoires. Nous avons un intérêt commun à voir le secteur privé se développer au Sud.
C'est le sens de l'initiative prise par le président de la République au Cap en 2008. L'initiative pour la croissance et l'emploi en Afrique mobilise 2,5 milliards d'euros et permet de soutenir près de 1 900 entreprises africaines principalement de moyennes et petites tailles afin de créer à terme plus de 300 000 emplois. Ces projets sont mis en uvre par l'Agence française de Développement et sa filiale dédiée au secteur privé, PROPARCO, dont je tiens à saluer l'action.
En effet, ces institutions mettent à disposition un grand nombre d'outils permettant aux entrepreneurs de voir leurs projets trouver un financement correspondant à leurs attentes. Pour l'illustrer, en 2009 et 2010, l'AFD a engagé plus de 2 milliards d'euros par an sur le continent africain dont quelques 500 millions via PROPARCO.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour vous présenter succinctement les priorités de la politique de coopération française. La France est le deuxième contributeur mondial en terme d'aide publique au développement avec près de 10 milliards d'Euros alloué en 2010. C'est le signe de son indéfectible engagement pour le développement des pays du Sud.
Cet engagement, la France souhaite le réaliser en établissant de nouveaux rapports avec nos partenaires africains. Des rapports fondés sur une relation de partenariat, de respect mutuel. Car sans cette relation privilégiée, il ne pourrait y avoir une croissance juste à laquelle aspire le continent africain. Une croissance respectueuse de l'individu, de sa culture, de son environnement mais aussi de ses traditions. Nous nous efforcerons toujours de répondre à ces impératifs.
Notre politique de coopération repose sur des actions ciblées de différentes formes et qui dépassent les seuls transferts budgétaires du Nord vers le Sud. C'est par exemple le rôle que la France a voulu jouer dans le développement de l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA). Offrir un climat d'affaire sain est impératif afin de promouvoir les préceptes de bonne gouvernance et d'attirer des investissements étrangers.
Il y a quelques jours encore, M. Alpha Condé, premier président élu démocratiquement de Guinée Conakry était parmi nous à Paris. La Guinée est un pays à construire, tout reste à y faire. Les besoins d'infrastructures et de financements sont réels, la formation d'une nouvelle administration et de ses élites aussi. Bien évidemment la France apportera son soutien à cette jeune démocratie.
Et lors de cette même visite, à la suite de ses entretiens politiques, il n'est pas anodin que le président Condé ait souhaité rencontrer les membres des deux principales organisations patronales françaises présentes en Afrique.
Il a ainsi montré l'importance que revêt pour lui l'implantation et le développement d'un secteur privé fort dans son pays et ceci en partenariat avec des entreprises françaises qui peuvent contribuer, par leurs compétences techniques et leur savoir faire, à l'enracinement de la démocratie et au renouveau de la Guinée.
C'est aussi le sens du renforcement des relations qui unissent le secteur privé africain et ses homologues français. Je tiens à saluer ici, les nombreuses initiatives prises par le MEDEF International qui se sont notamment concrétisées lors du sommet Afrique/France de Nice en juin 2010 par des ateliers regroupant des représentants de chaque continent. Je crois que ces rencontres sont amenées à se multiplier et nous nous en félicitons.
Permettez-moi maintenant de revenir sur un des temps forts de l'année 2011 : La double Présidence française du G8 et du G20.
Il y a peu, je participais à une réunion du groupe de travail du G20 consacrée au développement. Celle-ci fut l'occasion d'aborder les neufs piliers prioritaires définis par le G20. Et de ces neufs piliers, deux ont particulièrement retenu mon attention et me paraissent être un des enjeux majeurs pour le développement du secteur privé en Afrique.
Le premier d'entre eux repose sur le développement des infrastructures. Je vous sais déjà éclairés par l'intervention brillante de M. Ibrahim Mayaki, ancien Premier ministre du Niger et secrétaire exécutif du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) dont un des programmes est particulièrement dédié à l'intégration régionale et aux infrastructures, et que je salue.
Mais devant l'importance de cet enjeu, je me permets d'y revenir. L'Afrique doit répondre à des besoins colossaux. En effet, la moitié de la population africaine habitera en ville d'ici à 2050 et pour prendre un exemple précis, ce continent reste le moins électrifié de la planète ne représentant seulement que 3% de la consommation mondiale.
De plus, l'Afrique dispose comme on le sait de ressources naturelles exceptionnelles qui pourraient faire d'elle le précurseur d'un développement écologiquement responsable. Ses réserves en énergies renouvelables sont compétitives. Avec près de 10% des réserves hydrauliques mondiales et un potentiel géothermique estimé à quelques 3 000 Mégawatts, l'Afrique serait le moteur d'une croissance verte. Les centrales hydroélectriques de Bujagali en Ouganda et géothermiques d'Olkaria au Kenya en sont des exemples probants.
La prospérité africaine repose donc en grande partie sur la mise en place de ces infrastructures indispensables à l'émergence de marchés régionaux. Nous le savons pour que ces vux pieux deviennent des réalités, ils nécessitent un engagement fort des États. Mais rien ne peut se faire sans le soutien actif d'un secteur privé ambitieux.
Je souhaite aussi aborder un autre pilier du G20 qui me tient à cur et qui je le pense conditionnera à terme la stabilité et la prospérité du continent africain. La formation de la jeunesse et la gestion des ressources humaines.
L'Afrique compte un milliard d'habitants. Près de 60% de la population du continent a moins de 25 ans. Cette jeunesse est une chance formidable, l'Afrique pourra compter dans les années à venir sur un réservoir inépuisable d'énergie, d'enthousiasme et de créativité. Pour donner toute la mesure de ses possibilités, cette jeunesse doit pouvoir accéder à l'éducation et à la formation. C'est à travers un enseignement supérieur d'excellence et une formation professionnelle de grande qualité que l'Afrique pourra fournir à son secteur privé les talents dont il a besoin.
J'ai eu la chance de visiter il y a quelques semaines l'Institut international de l'eau et de l'environnement, plus communément appelé le «2IE», de Ouagadougou au Burkina Faso. De par la qualité des enseignements, la proximité du corps professoral et l'ambiance qui y régnait, l'exemple était donné que l'Afrique peut accueillir un enseignement d'excellence et former ses futures élites. Nous souhaitons ardemment que des établissements comme celui-ci voient le jour sur tout le continent et nous nous y sommes engagés : la France est encore aujourd'hui le premier bailleur multilatéral en matière éducative.
Mais cet effort ne doit pas se concentrer uniquement sur le continent africain. Nous accueillons près de 100.000 étudiants africains dans nos universités. Nous souhaitons leur offrir un enseignement académique adapté qui puisse profiter véritablement au développement à long terme de l'Afrique.
En formant les futurs entrepreneurs, les futurs décideurs africains, nous ne faisons qu'anticiper leur place dans le monde de demain.
Pour conclure, nous sommes tous conscients des enjeux qui attendent l'Afrique et je suis convaincu qu'en renforçant le dialogue public-privé nous montrons notre détermination pour y répondre. C'est bien dans ce sens que vos travaux ont été menés aujourd'hui.
Nous avons besoin de vous tous pour aider l'Afrique à réaliser son potentiel, pour mobiliser son capital humain et lever les obstacles à sa croissance.
C'est essentiel pour notre avenir, pour la paix et la sécurité, pour que cette marche en avant des pays en développement soit porteuse d'espoirs et non de peurs.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 avril 2011
Messieurs les Sénateurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, je vous remercie de me faire le plaisir de venir clôturer ce colloque qui a donné lieu, j'en suis persuadé, à des échanges denses et constructifs. C'est la quatrième édition de ce colloque organisé par M. Mahamadou Sako, Afrique SA et l'Essec, en partenariat avec le Sénat et le Comité Afrique du MEDEF.
Toujours axés sur la volonté de dynamiser le secteur privé, vous avez décidé cette année de centrer vos débats sur deux thèmes : les perspectives d'un développement durable de l'Afrique et les moyens nécessaires afin de favoriser l'emploi des cadres africains en France et en Afrique.
L'investissement privé constitue un puissant catalyseur de l'innovation, de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté. Vous le savez comme moi, nos pays développés seraient satisfaits de bénéficier d'une croissance économique proche des 5% par an que connaît aujourd'hui le continent africain. Cette croissance économique vigoureuse, soutenue et alimentée par le dynamisme et les investissements d'un secteur privé en plein essor est, j'en suis convaincu, une des clés du passage de l'Afrique dans le XXIème siècle.
Car l'Afrique est aujourd'hui une terre d'opportunités. Beaucoup d'autres indicateurs nous en donnent des preuves concrètes. Une inflation et une dette qui sont aujourd'hui globalement maîtrisées. Une démographie qui fera de l'Afrique un continent peuplé de 2 milliards d'habitants en 2050, soit près de 20% de la population mondiale. Une population nombreuse et jeune avec un rapport entre actifs et inactifs qui pourrait engendrer un «dividende démographique».
On peut ajouter à cela une société africaine de plus en plus urbanisée qui représentera 250 millions de consommateurs pour un marché potentiel de près 1700 milliards de dollars en 2040.
Bien évidemment face à ces atouts, il existe des situations de tension sur le continent qui rendent plus difficiles la pérennité et le développement d'un secteur privé stable. S'ajoutent également des risques sanitaires, écologiques, migratoires, à ne pas sous-estimer.
Par ailleurs, un certain nombre de goulots d'étranglements persistent : le besoin croissant d'énergie, de financements à long terme, de formation, d'infrastructures lourdes afin de faciliter l'émergence de marchés régionaux. Mais je reviendrai sur ces problématiques un peu plus tard.
Ces chiffres démontrent l'immense potentiel que présente ce continent et l'opportunité unique pour des entrepreneurs d'y investir. Et c'est ici que se mêle l'intérêt conjoint des entreprises et des acteurs du développement. En effet, l'expérience montre que le secteur privé peut concilier opportunités économiques et impacts positifs pour les populations locales.
La politique de coopération de la France est désormais sortie de la seule relation de gouvernement à gouvernement pour s'appuyer sur l'ensemble des acteurs du développement et notamment sur le secteur privé.
Car le secteur privé rempli de nombreux rôles. Il est structurant et créateur d'emplois et de richesses. Il joue un rôle social évident d'insertion et d'épanouissement de l'individu.
Par ailleurs, dans des zones reculées, il est un vecteur de développement à part entière, fournissant des services aux populations les plus pauvres.
Le gouvernement a conscience du formidable levier de développement que représentent les entreprises. Il est également évident que la croissance économique à laquelle elles contribuent, participe directement à la stabilité politique et donc à la maîtrise des flux migratoires. Nous avons un intérêt commun à voir le secteur privé se développer au Sud.
C'est le sens de l'initiative prise par le président de la République au Cap en 2008. L'initiative pour la croissance et l'emploi en Afrique mobilise 2,5 milliards d'euros et permet de soutenir près de 1 900 entreprises africaines principalement de moyennes et petites tailles afin de créer à terme plus de 300 000 emplois. Ces projets sont mis en uvre par l'Agence française de Développement et sa filiale dédiée au secteur privé, PROPARCO, dont je tiens à saluer l'action.
En effet, ces institutions mettent à disposition un grand nombre d'outils permettant aux entrepreneurs de voir leurs projets trouver un financement correspondant à leurs attentes. Pour l'illustrer, en 2009 et 2010, l'AFD a engagé plus de 2 milliards d'euros par an sur le continent africain dont quelques 500 millions via PROPARCO.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour vous présenter succinctement les priorités de la politique de coopération française. La France est le deuxième contributeur mondial en terme d'aide publique au développement avec près de 10 milliards d'Euros alloué en 2010. C'est le signe de son indéfectible engagement pour le développement des pays du Sud.
Cet engagement, la France souhaite le réaliser en établissant de nouveaux rapports avec nos partenaires africains. Des rapports fondés sur une relation de partenariat, de respect mutuel. Car sans cette relation privilégiée, il ne pourrait y avoir une croissance juste à laquelle aspire le continent africain. Une croissance respectueuse de l'individu, de sa culture, de son environnement mais aussi de ses traditions. Nous nous efforcerons toujours de répondre à ces impératifs.
Notre politique de coopération repose sur des actions ciblées de différentes formes et qui dépassent les seuls transferts budgétaires du Nord vers le Sud. C'est par exemple le rôle que la France a voulu jouer dans le développement de l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA). Offrir un climat d'affaire sain est impératif afin de promouvoir les préceptes de bonne gouvernance et d'attirer des investissements étrangers.
Il y a quelques jours encore, M. Alpha Condé, premier président élu démocratiquement de Guinée Conakry était parmi nous à Paris. La Guinée est un pays à construire, tout reste à y faire. Les besoins d'infrastructures et de financements sont réels, la formation d'une nouvelle administration et de ses élites aussi. Bien évidemment la France apportera son soutien à cette jeune démocratie.
Et lors de cette même visite, à la suite de ses entretiens politiques, il n'est pas anodin que le président Condé ait souhaité rencontrer les membres des deux principales organisations patronales françaises présentes en Afrique.
Il a ainsi montré l'importance que revêt pour lui l'implantation et le développement d'un secteur privé fort dans son pays et ceci en partenariat avec des entreprises françaises qui peuvent contribuer, par leurs compétences techniques et leur savoir faire, à l'enracinement de la démocratie et au renouveau de la Guinée.
C'est aussi le sens du renforcement des relations qui unissent le secteur privé africain et ses homologues français. Je tiens à saluer ici, les nombreuses initiatives prises par le MEDEF International qui se sont notamment concrétisées lors du sommet Afrique/France de Nice en juin 2010 par des ateliers regroupant des représentants de chaque continent. Je crois que ces rencontres sont amenées à se multiplier et nous nous en félicitons.
Permettez-moi maintenant de revenir sur un des temps forts de l'année 2011 : La double Présidence française du G8 et du G20.
Il y a peu, je participais à une réunion du groupe de travail du G20 consacrée au développement. Celle-ci fut l'occasion d'aborder les neufs piliers prioritaires définis par le G20. Et de ces neufs piliers, deux ont particulièrement retenu mon attention et me paraissent être un des enjeux majeurs pour le développement du secteur privé en Afrique.
Le premier d'entre eux repose sur le développement des infrastructures. Je vous sais déjà éclairés par l'intervention brillante de M. Ibrahim Mayaki, ancien Premier ministre du Niger et secrétaire exécutif du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) dont un des programmes est particulièrement dédié à l'intégration régionale et aux infrastructures, et que je salue.
Mais devant l'importance de cet enjeu, je me permets d'y revenir. L'Afrique doit répondre à des besoins colossaux. En effet, la moitié de la population africaine habitera en ville d'ici à 2050 et pour prendre un exemple précis, ce continent reste le moins électrifié de la planète ne représentant seulement que 3% de la consommation mondiale.
De plus, l'Afrique dispose comme on le sait de ressources naturelles exceptionnelles qui pourraient faire d'elle le précurseur d'un développement écologiquement responsable. Ses réserves en énergies renouvelables sont compétitives. Avec près de 10% des réserves hydrauliques mondiales et un potentiel géothermique estimé à quelques 3 000 Mégawatts, l'Afrique serait le moteur d'une croissance verte. Les centrales hydroélectriques de Bujagali en Ouganda et géothermiques d'Olkaria au Kenya en sont des exemples probants.
La prospérité africaine repose donc en grande partie sur la mise en place de ces infrastructures indispensables à l'émergence de marchés régionaux. Nous le savons pour que ces vux pieux deviennent des réalités, ils nécessitent un engagement fort des États. Mais rien ne peut se faire sans le soutien actif d'un secteur privé ambitieux.
Je souhaite aussi aborder un autre pilier du G20 qui me tient à cur et qui je le pense conditionnera à terme la stabilité et la prospérité du continent africain. La formation de la jeunesse et la gestion des ressources humaines.
L'Afrique compte un milliard d'habitants. Près de 60% de la population du continent a moins de 25 ans. Cette jeunesse est une chance formidable, l'Afrique pourra compter dans les années à venir sur un réservoir inépuisable d'énergie, d'enthousiasme et de créativité. Pour donner toute la mesure de ses possibilités, cette jeunesse doit pouvoir accéder à l'éducation et à la formation. C'est à travers un enseignement supérieur d'excellence et une formation professionnelle de grande qualité que l'Afrique pourra fournir à son secteur privé les talents dont il a besoin.
J'ai eu la chance de visiter il y a quelques semaines l'Institut international de l'eau et de l'environnement, plus communément appelé le «2IE», de Ouagadougou au Burkina Faso. De par la qualité des enseignements, la proximité du corps professoral et l'ambiance qui y régnait, l'exemple était donné que l'Afrique peut accueillir un enseignement d'excellence et former ses futures élites. Nous souhaitons ardemment que des établissements comme celui-ci voient le jour sur tout le continent et nous nous y sommes engagés : la France est encore aujourd'hui le premier bailleur multilatéral en matière éducative.
Mais cet effort ne doit pas se concentrer uniquement sur le continent africain. Nous accueillons près de 100.000 étudiants africains dans nos universités. Nous souhaitons leur offrir un enseignement académique adapté qui puisse profiter véritablement au développement à long terme de l'Afrique.
En formant les futurs entrepreneurs, les futurs décideurs africains, nous ne faisons qu'anticiper leur place dans le monde de demain.
Pour conclure, nous sommes tous conscients des enjeux qui attendent l'Afrique et je suis convaincu qu'en renforçant le dialogue public-privé nous montrons notre détermination pour y répondre. C'est bien dans ce sens que vos travaux ont été menés aujourd'hui.
Nous avons besoin de vous tous pour aider l'Afrique à réaliser son potentiel, pour mobiliser son capital humain et lever les obstacles à sa croissance.
C'est essentiel pour notre avenir, pour la paix et la sécurité, pour que cette marche en avant des pays en développement soit porteuse d'espoirs et non de peurs.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 avril 2011