Texte intégral
M. Darmon.- Bonjour, ravi de vous retrouver, sur lantenne Itélé, Radio Classique. Je reçois, ce matin, P. Lellouche, secrétaire dÉtat au Commerce extérieur, bonjour.
Bonjour.
Alors ces deux prochains jours à Paris, va se tenir, donc, le G20 finance.
Le G20 finance, oui.
N. Pierron : Le premier grand volet au fond de la présidence française du G20. On va donc reparler aussi, de linfluence de la France. Ce matin, dans Le Figaro, C. Lagarde, qui va donc présider les débats, dit : « nous devons rendre cette instance efficace. » Alors est-ce que ça veut dire que jusquà présent, elle ne lest pas ? Ou est-ce quil y a une mutation du G20 à faire ?
Jusquà présent, elle nexistait pas vraiment. Je rappelle que le G20, cest une idée française du président de la République, pendant la crise de 2008. Il y a eu une présidence coréenne. Cest la présidence française : cest une instance complètement nouvelle, puisque à côté de lensemble G7-G8, des anciennes très grandes puissances, celles de la 2ème guerre mondiale, on a crée un forum qui représente le monde nouveau avec les émergents. Et dans ces émergents, vous avez des pays comme lArabie Saoudite, le Brésil, la Chine, dautres, et il nest pas sûr que tout le monde soit du même avis sur tout. Y compris par exemple, le climat, les contraintes climatiques quil faut simposer à soi-même.
Oui, on a vu, que cétait très difficile de se mettre daccord.
La compétition monétaire, les matières premières : cest normal que ce soit difficile. Et les objectifs de N. Sarkozy pour la présidence française sont ambitieux, sur les matières premières, sur la monnaie notamment. Pas sûr quon y arrive aussi facilement que ça. On na jamais pensé que cétait facile, mais on essaie de mettre le bateau dans la bonne direction.
Oui, on entend bien dailleurs, la prudence française, depuis le début autour des objectifs qui sont fixés, qui sont assez importants, dailleurs. Mais justement une fois de plus, cest linfluence française qui est au centre des débats. On voudrait justement en parler avec vous, ce matin. Vous êtes au Commerce extérieur. Comment tout simplement, prétendre influer, lorsquon a un déficit de la balance commerciale de 51 milliards deuros ?
Vous savez quand jai été nommé, jai dit que les chiffres étaient mauvais. Ça a un peu surpris à lépoque, et puis je lai redit quand jai annoncé, les chiffres, la semaine dernière, ces chiffres sont préoccupants. Lendettement, de la France est préoccupant, mais il y a aussi un très fort endettement pire encore, au Japon ou aux États-Unis. Ce qui me pose problème aussi, cest le cumul de tous ces déficits budgétaires, commerce extérieur. Le commerce extérieur, le sujet, cest : nous sommes toujours la 5ème puissance exportatrice mondiale, nous sommes toujours la 2ème puissance exportatrice en Europe, nos exportations, lannée dernière, après une année terrible qui était celle de la crise en 2009, sont reparties.
Alors pourquoi ça ne marche pas ?
Plus 13 % à la hauteur dailleurs de la reprise du commerce mondial. Ce qui minquiète, cest que notre déficit structurel hors énergie, hors facture, gaz pétrole, reste quand même autour de moins 20 milliards et quen face vous avez une Allemagne qui caracole à plus 126 milliards, qui est capable daller chercher sa croissance chez les émergents. Alors que nous avons beaucoup de mal, le gros de notre commerce, reste quand même concentré sur lUE : 27. LUE, 27, elle ne croît pas ! Ou très peu.
Justement, ce nest pas un peu la contradiction, vous dites le G20, le club créé par N. Sarkozy au fond, fait émerger le monde nouveau, et en même temps, en France ça ne suit pas.
On a du mal.
On a du mal à être présent dans les pays émergents ?
Je vais vous dire pourquoi on a du mal. On a du mal, on y est, mais pas assez. On y est, mais pas assez, pour deux raisons : dabord parce que au niveau de la compétitivité de notre économie, cest le débat lancé par le président de la République, nous sommes loin de lAllemagne. Les réformes faites par Schröder, il y a 11-12 ans de cela, paient aujourdhui en Allemagne en terme de compétitivité : Coût du travail contrôlé, flexibilité à lintérieur des entreprises, rallongement...
Et grâce à leuro, alors quen France on dénonce leuro comme étant...
Oui, mais ça na rien à voir avec leuro, absolument vous avez...
La cause de tous les maux et en Allemagne grâce à leuro ?
Non, pas grâce à leuro. Leuro, cest la même monnaie chez tout le monde. Sils sont plus compétitifs que nous, il y a des raisons objectives. Il faut arrêter de dire comme Madame Aubry, par exemple, que nous, on est moins cher que les Allemands. Ce nest pas vrai. On est plus cher que les Allemands. On travaille moins longtemps. Le résultat des courses, cest quon est moins compétitif. La deuxième chose, cest que notre commerce est beaucoup plus dépendant des très grands groupes français qui travaillent bien dailleurs, qui gagnent leur vie. Cela va de Airbus à Danone en passant par Alstom et dautres. En revanche, le matelas de PME, le tissu de PME dans notre pays est beaucoup plus faible quen Allemagne. Quand lAllemagne a 400.000 PME à lexport, nous en avons moins de 100.000. Et le vrai différentiel, il est là. Donc cest le deuxième volet, de ce que nous essayons de faire : ça sappelle une politique industrielle. Et là, là nous avons vraiment un sujet de préoccupation.
Parce queffectivement, lorsquon parle de commerce extérieur, il y a toujours un spectacle qui est la noria des chefs dentreprise qui vont derrière le président de la République dans les grands voyages. Mais ce ne sont que des patrons du CAC 40 en vérité ?
Exactement ! Jai proposé au...
Cest ça le problème, non !
Absolument ! Vous avez raison. Jai proposé au président de la République, la semaine dernière, de faire deux choses : dabord dans les patrons quil emmène à létranger, den prendre au moins 50 % qui viennent de PME. Et deuxièmement, je lui ai proposé daller dans les Chambres de commerce plutôt que dans nos ambassades, quand il arrive quelque part à létranger, rendre hommage à ceux qui travaillent à létranger et qui représentent la France.
Alors ça pose aussi, une thématique importante. Vous avez parlé donc des pays émergents dans lesquels la France nest pas assez présente en terme de commerce.
Non, on y est, mais le différentiel entre nous et les Allemands, cest de 1 à 4. Quand on est à 1,5-2 % dans des pays comme lInde et la Chine, les Allemands sont à 7,5. Et donc là, il y a un problème.
La première question, cest au fond, est-ce quil ne faut pas arrêter de parler de pays émergents, plutôt dire « nouvelle puissance » et peut-être parler même de pays submergés ?
Submergeant, moi, cest le terme que jemploie, pour certains dentre eux. Puisque nos clients dhier, qui nous ont acheté des trains, des avions, des centrales nucléaires, sont devenus nos compétiteurs daujourdhui. Qui arrivent bien souvent avec nos produits, nos technologies, beaucoup moins chers. Il faut que lon fasse très attention à ça ! Attention au transfert de technologies, attention à la propriété industrielle, exiger la réciprocité. Ce sont toutes les choses que nous faisons. Et je peux vous dire que bien souvent, nous sommes isolés au Conseil européen. Je vais dire une chose qui va peut-être surprendre nos auditeurs, je ne suis pas le négociateur de lEurope. Nous avons transféré en Europe, la totalité de notre souveraineté, je dis bien la totalité, sur la négociation commerciale extérieure, un commissaire européen, qui sappelle K. de Gucht, moi, je ne suis que la courroie de transmission France, en direction de ce monsieur, en lui disant, si vous voulez : voilà nos lignes rouges sur lagriculture, sur telle, telle chose, sur la propriété. Mais cest lui qui négocie au nom de lintérêt général des 27.
Alors P. Lellouche, pour encore mieux comprendre. Vous êtes vous, un spécialiste des questions internationales, de défense, vous êtes aujourdhui au commerce extérieur. Au fond, est-ce quil ne faut pas changer un peu les structures du Gouvernement, et faire en sorte que le commerce extérieur ne soit piloté par le Quai dOrsay, qui serait au fond, la tête de pont dune diplomatie économique ? Ça avait été étudié, ça na jamais été fait, pourquoi ?
Moi, je viens de voir, vous soulevez de vraies questions. Dabord, cest un job passionnant que le mien. Cest vrai que je suis intéressé depuis toute ma vie à linternational. Jai beaucoup passé dannées sur les questions stratégiques et géopolitiques. Aujourdhui, je suis sur la ligne de front de la guerre économique au quotidien, face aux émergents et on mesure les changements du monde. Jamais en temps de paix, et en si peu de temps, on a assisté dans lhistoire à pareil transfert de richesse dun bout de la planète à lautre. Voilà ! Et nous sommes en plein dedans.
Est-ce quon en prend vraiment la mesure ? Est-ce que la diplomatie française, le Quai dOrsay, les services français, en prennent vraiment la mesure ?
Alors écoutez, il y a un changement de cultures qui se fait. Je peux vous dire quen tout cas, à Bercy, cest fait. Puisque moi, jai une équipe de vendeurs...
Alors si vous dites « Bercy », ça veut dire quau Quai dOrsay, ce nest pas fait ?
Non, attendez, jy viens. A Bercy, lancienne DREE a été modifiée, cest une des réformes dailleurs utile, vraiment utile de C. Lagarde.
DREE, ça veut dire quoi, exactement ?
Lancienne Direction des Relations économiques extérieures. Maintenant on a un réseau de vendeurs, moi, jappelle ça, la première ligne de ventes, de la France, sur laquelle je mappuie, conseillers commerciaux et surtout UBI France, avec des gens qui sont maintenant, des gens dentreprise. Avec des contrats dobjectifs et qui négocient surtout, et qui emmènent nos PME à lextérieur. Le Quai dOrsay, disons que la mutation culturelle vers la compétition commerciale, par rapport aux discussions sympathiques sur lhistoire et la géopolitique, nest peut-être pas faite partout. Il y en a qui le font, il y a des jeunes ambassadeurs qui savent faire ça. Regardez le jeune quon vient de mettre à Tunis, après...
B. Boillon, qui vient de Bagdad, oui.
B. Boillon, cest vrai ça. Moi, je note que mon collègue britannique, le gouvernement Cameron vient de faire quelque chose de très, très intéressant, vient de nommer quelquun qui connaît bien le business, et qui connaît bien linternational. Et il a nommé auprès des 2 ministres de lÉconomie et des Affaires étrangères et il fait le lien entre les deux. Et je vais le voir, là, je vois lui parler aujourdhui, et puis je vais regarder comment il fait. Parce que nous, on a des choses qui vont bien, UBI France va bien. On est capable...
Alors « so french, so good » le temps passe, excusez-moi, « so french, so good », cest une opération que vous avez lancée.
« So french, so good » cest pour réagir...
Cest quoi, cest un gadget de communication ?
Cest quoi ? Cest tout sauf un gadget. Il faut savoir que lagriculture française, lagroalimentaire au sens large, qui vient de recevoir le label de lUNESCO, patrimoine mondial de lhumanité. Cest un secteur, où il y a 250.000 emplois, 250.000 emplois à peu près autant dexportation, 13 % dexportations entre 13 et 15, autant que laéronautique est pourtant, un secteur dexcellence où nous reculons. Nous étions à 9 % de parts de marché mondial, il y a 10 ans, on est tombé à 6 % et pire, les Allemands nous sont passés devant. Alors moi, je veux bien que les Allemands...
Encore une fois !
Oui, alors les Allemands pour la cuisine et la gastronomie, ce nest pas franchement, évident. Donc je me suis dit quil fallait faire quelque chose. Et ce que jai fait, jai mobilisé lensemble de lappareil dÉtat, cest-à-dire nos postes à létranger, UBI France, SOPEXA, enfin tout ce qui exporte est mis ensemble, pour vendre la gastronomie française, sous ce label qui est sympa et qui va, jespère, donner envie à plein de gens à travers le monde....
Alors on verra ça, on suivra ça de près.
A consommer français, qui sappelle, « so french, so good » mais on va le décliner avec un site Internet, des films, des animations. On a 170 salons et évènements à travers le monde, et je commence à Tokyo, le 3 mars.
Alors on va suivre ça, très bien. Il a encore tellement de sujets à aborder avec vous. On le disait, spécialiste aussi, donc, du monde arabe. Comment vous jugez les évolutions en ce moment, dans le monde arabe et surtout, est-ce que la France regarde passer les trains ?
Je trouve très injuste sur la diplomatie française. Jentends ce que dit lopposition, elle fait son métier. Mais franchement, je suis bien, bien plus fier de notre diplomatie, dans une crise qui couvait. Javais écrit ça, il y a 20 ans, et puis il y a 10 ans : jai mes livres à disposition, cest dans le public. La cocotte, elle couvait. Parce quil y avait une immense stabilité des régimes en place, et...
Et pourquoi tout le monde a été surpris ?
Parce quil arrive un évènement que personne ne voit venir et qui déclenche un phénomène en réaction. Le jour où la frontière entre la Hongrie et lAutriche a été ouverte, à coup de ciseaux au mois de juin 1989, cétait 6 mois avant la chute du mur, personne ne la vue venir ! Et pourtant ça sest produit. Et cest ça qui a entraîné la chute de lUnion soviétique. Je ne dis pas du tout que les deux choses soient absolument semblables. Les pays arabes sont très différents les uns des autres ; ensuite, vous avez les non-arabes, comme lIran où la résistance jimagine est très, très forte. Ce qui est sûr, cest que la mondialisation, là encore, impacte de plein fouet des sociétés conservatrices qui nont pas su faire, leur mutation...
Une mondialisation, vous dites et pas influence française traditionnelle. Est-ce que cest un peu la fin de la politique arabe traditionnelle ou pas ?
Je crois que, aucun, aucun pays, certainement pas les États-Unis, qui ont montré une réversibilité dans leurs alliances, un tout petit peu choquantes, de mon point de vue. Cest pour ça, que je vous dis : « je préfère le sérieux de la ligne décidée par le président de la République plutôt que ces oscillations violentes, de la politique américaine quon a connues, il y a 30 ans, à propos de lIran, et que je ne trouve pas nécessairement la meilleure dans linstant. Ce que nous devons faire, cest accompagner les transitions. Elles nont pas le même rythme suivant les pays. Il faut que nous soyons là, C. Lagarde et mon collègue Wauquiez, irons mardi à Tunis. Moi-même jai travaillé avec Monsieur Jouini, mon homologue tunisien à la préparation dune réunion dhommes daffaires à Tunis, parce que nous employons 100.000 Tunisiens, nous les entreprises françaises. 100.000 Tunisiens, donc il faut absolument maintenir, cette présence économique, elle est vitale et ça évitera les flux migratoires...
Tout le monde va à Tunis...
Ensuite, il y a à Carthage, au mois de mars, normalement, une rencontre des donateurs, et à la demande du gouvernement tunisien, si la Tunisie le demande naturellement, nous co-présiderons, le président de la République sengagera....
P. Lellouche, tout le monde va à Tunis, sauf M. Alliot-Marie. Alors vous êtes au Gouvernement, vous êtes forcément solidaire ? Cest ça ? Vous avez reçu à la feuille de route : on est solidaire de M. Alliot-Marie ?
Cest-à-dire quil y a une vieille règle, depuis Chevènement, quand on nest pas daccord, on sen va. Moi, dabord, je nai pas lhabitude de tirer sur des gens qui sont en difficulté. Deuxièmement, je connais Michèle depuis fort longtemps...
Donc elle est en difficulté pour vous ?
Elle est soutenue par le président de la République et le Gouvernement, point barre ! Je dis aussi, quil est tout à fait excessif de la part de lopposition de résumer la politique étrangère de la France et les convulsions du monde arabe à une querelle sur une personne. Ça fait un mois, quon nous joue ce feuilleton politicien. Il serait bien plus utile dentendre, si tentez quelle en a, les propositions de lopposition sur cette affaire. Plutôt que de taper en permanence sur une personne. Honnêtement, je vis linternational, tous les jours et je vois les gouvernements étrangers tous les jours. Je vais très souvent à létranger, personne ne me parle de madame Alliot-Marie, on me parle de la France, on me parle de la mondialisation, on me parle de commerce, de défense, mais pas dune personne.
Belle plaidoirie ! Il y a un autre feuilleton, qui aussi agite la vie politique française, cest Dominique Strauss-Kahn, ira-t-il ? Ira-t-il pas ? Il va sexprimer donc sur France 2, dimanche. Vous, vous lavez bien connu, parce que vous lavez affronté en campagne. Quel type de candidat ?
Je lai affronté, je lai même battu. Jai commencé ma carrière politique si jose dire, grâce à lui en 93.
Alors quel type de candidat est-il ?
Il a changé, lui et moi, nous avons changé, jimagine comme tout le monde en presque 20 ans. Jai des relations dailleurs tout à fait correctes, avec lui.
Ce sera un candidat difficile pour N. Sarkozy, sil veut être candidat socialiste ?
Toute la difficulté de cette élection, comme dans toute élection présidentielle, cest de rassembler son camp. La capacité de N. Sarkozy de rassembler, sil est candidat, puisquil ne la toujours pas annoncé à ma connaissance, de rassembler son camp au premier tour. Le problème de D. Strauss-Kahn cest quil pourrait être un parfait candidat de droite. Donc voilà, quand on est patron du FMI, on est dans la mondialisation, on fait les plans de redressement financier des pays en difficulté, on nest pas franchement, le genre de gauche que connaît la France.
Comme vous lavez qualifié de gauche ultra caviar vous lui avez rendu service non ? Tout le PS, tout dun coup a fait union sacrée, aussi après les propos de C. Jacob, derrière D. Strauss-Kahn. Il devrait vous remercier non ?
Oui, ce nétait pas méchant, ce que jai dit. Jai dit que D. Strauss-Kahn est un grand bourgeois, qui vit la mondialisation des gens en général, très riches, des grands chefs dentreprises.
Et les propos de C. Jacob vous les avez trouvés méchants ?
Et donc à mon avis, totalement déconnectés de la souffrance des gens que moi, je peux voir dans nos usines.
Et les propos de C. Jacob, vous les avez trouvés méchants ou pas ?
Je pense quon a beaucoup, beaucoup glosé sur la pensée de C. Jacob. Je ne pense pas quon puisse nous prêter la moindre intention, qui serait à connotation raciste ou autre. De toute façon, personnellement, je ne le supporterais pas. Et je ne pense pas que cest ce quil a voulu dire, en aucun cas.
Est-ce que vous pensez, connaissant justement le personnage, que D. Strauss-Kahn a envie dêtre candidat à lélection présidentielle ?
Mais je nen sais rien. Cest son problème. Je pense quil a la chance aujourdhui, de faire, grâce au président de la République dailleurs, je le rappelle, il a la chance dêtre traité comme un chef dÉtat sans en avoir les soucis et les responsabilités, dêtre payé comme un grand chef dentreprise et davoir la liberté de parole, dun universitaire. Super job ! Passer de ce job-là à se coltiner les problèmes dun pays en crise, qui vit la mondialisation, qui doit gérer limmigration, la croissance, les déficits ! Ok, mais cest un autre exercice et je dis que moi, ce que jai dit, je nétais pas du tout ni caricatural, je respecte son intelligence tout ce quon voudra, je dis quil est complètement déconnecté de la réalité du pays, cest tout.
Merci, beaucoup.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 1er mars 2011
Bonjour.
Alors ces deux prochains jours à Paris, va se tenir, donc, le G20 finance.
Le G20 finance, oui.
N. Pierron : Le premier grand volet au fond de la présidence française du G20. On va donc reparler aussi, de linfluence de la France. Ce matin, dans Le Figaro, C. Lagarde, qui va donc présider les débats, dit : « nous devons rendre cette instance efficace. » Alors est-ce que ça veut dire que jusquà présent, elle ne lest pas ? Ou est-ce quil y a une mutation du G20 à faire ?
Jusquà présent, elle nexistait pas vraiment. Je rappelle que le G20, cest une idée française du président de la République, pendant la crise de 2008. Il y a eu une présidence coréenne. Cest la présidence française : cest une instance complètement nouvelle, puisque à côté de lensemble G7-G8, des anciennes très grandes puissances, celles de la 2ème guerre mondiale, on a crée un forum qui représente le monde nouveau avec les émergents. Et dans ces émergents, vous avez des pays comme lArabie Saoudite, le Brésil, la Chine, dautres, et il nest pas sûr que tout le monde soit du même avis sur tout. Y compris par exemple, le climat, les contraintes climatiques quil faut simposer à soi-même.
Oui, on a vu, que cétait très difficile de se mettre daccord.
La compétition monétaire, les matières premières : cest normal que ce soit difficile. Et les objectifs de N. Sarkozy pour la présidence française sont ambitieux, sur les matières premières, sur la monnaie notamment. Pas sûr quon y arrive aussi facilement que ça. On na jamais pensé que cétait facile, mais on essaie de mettre le bateau dans la bonne direction.
Oui, on entend bien dailleurs, la prudence française, depuis le début autour des objectifs qui sont fixés, qui sont assez importants, dailleurs. Mais justement une fois de plus, cest linfluence française qui est au centre des débats. On voudrait justement en parler avec vous, ce matin. Vous êtes au Commerce extérieur. Comment tout simplement, prétendre influer, lorsquon a un déficit de la balance commerciale de 51 milliards deuros ?
Vous savez quand jai été nommé, jai dit que les chiffres étaient mauvais. Ça a un peu surpris à lépoque, et puis je lai redit quand jai annoncé, les chiffres, la semaine dernière, ces chiffres sont préoccupants. Lendettement, de la France est préoccupant, mais il y a aussi un très fort endettement pire encore, au Japon ou aux États-Unis. Ce qui me pose problème aussi, cest le cumul de tous ces déficits budgétaires, commerce extérieur. Le commerce extérieur, le sujet, cest : nous sommes toujours la 5ème puissance exportatrice mondiale, nous sommes toujours la 2ème puissance exportatrice en Europe, nos exportations, lannée dernière, après une année terrible qui était celle de la crise en 2009, sont reparties.
Alors pourquoi ça ne marche pas ?
Plus 13 % à la hauteur dailleurs de la reprise du commerce mondial. Ce qui minquiète, cest que notre déficit structurel hors énergie, hors facture, gaz pétrole, reste quand même autour de moins 20 milliards et quen face vous avez une Allemagne qui caracole à plus 126 milliards, qui est capable daller chercher sa croissance chez les émergents. Alors que nous avons beaucoup de mal, le gros de notre commerce, reste quand même concentré sur lUE : 27. LUE, 27, elle ne croît pas ! Ou très peu.
Justement, ce nest pas un peu la contradiction, vous dites le G20, le club créé par N. Sarkozy au fond, fait émerger le monde nouveau, et en même temps, en France ça ne suit pas.
On a du mal.
On a du mal à être présent dans les pays émergents ?
Je vais vous dire pourquoi on a du mal. On a du mal, on y est, mais pas assez. On y est, mais pas assez, pour deux raisons : dabord parce que au niveau de la compétitivité de notre économie, cest le débat lancé par le président de la République, nous sommes loin de lAllemagne. Les réformes faites par Schröder, il y a 11-12 ans de cela, paient aujourdhui en Allemagne en terme de compétitivité : Coût du travail contrôlé, flexibilité à lintérieur des entreprises, rallongement...
Et grâce à leuro, alors quen France on dénonce leuro comme étant...
Oui, mais ça na rien à voir avec leuro, absolument vous avez...
La cause de tous les maux et en Allemagne grâce à leuro ?
Non, pas grâce à leuro. Leuro, cest la même monnaie chez tout le monde. Sils sont plus compétitifs que nous, il y a des raisons objectives. Il faut arrêter de dire comme Madame Aubry, par exemple, que nous, on est moins cher que les Allemands. Ce nest pas vrai. On est plus cher que les Allemands. On travaille moins longtemps. Le résultat des courses, cest quon est moins compétitif. La deuxième chose, cest que notre commerce est beaucoup plus dépendant des très grands groupes français qui travaillent bien dailleurs, qui gagnent leur vie. Cela va de Airbus à Danone en passant par Alstom et dautres. En revanche, le matelas de PME, le tissu de PME dans notre pays est beaucoup plus faible quen Allemagne. Quand lAllemagne a 400.000 PME à lexport, nous en avons moins de 100.000. Et le vrai différentiel, il est là. Donc cest le deuxième volet, de ce que nous essayons de faire : ça sappelle une politique industrielle. Et là, là nous avons vraiment un sujet de préoccupation.
Parce queffectivement, lorsquon parle de commerce extérieur, il y a toujours un spectacle qui est la noria des chefs dentreprise qui vont derrière le président de la République dans les grands voyages. Mais ce ne sont que des patrons du CAC 40 en vérité ?
Exactement ! Jai proposé au...
Cest ça le problème, non !
Absolument ! Vous avez raison. Jai proposé au président de la République, la semaine dernière, de faire deux choses : dabord dans les patrons quil emmène à létranger, den prendre au moins 50 % qui viennent de PME. Et deuxièmement, je lui ai proposé daller dans les Chambres de commerce plutôt que dans nos ambassades, quand il arrive quelque part à létranger, rendre hommage à ceux qui travaillent à létranger et qui représentent la France.
Alors ça pose aussi, une thématique importante. Vous avez parlé donc des pays émergents dans lesquels la France nest pas assez présente en terme de commerce.
Non, on y est, mais le différentiel entre nous et les Allemands, cest de 1 à 4. Quand on est à 1,5-2 % dans des pays comme lInde et la Chine, les Allemands sont à 7,5. Et donc là, il y a un problème.
La première question, cest au fond, est-ce quil ne faut pas arrêter de parler de pays émergents, plutôt dire « nouvelle puissance » et peut-être parler même de pays submergés ?
Submergeant, moi, cest le terme que jemploie, pour certains dentre eux. Puisque nos clients dhier, qui nous ont acheté des trains, des avions, des centrales nucléaires, sont devenus nos compétiteurs daujourdhui. Qui arrivent bien souvent avec nos produits, nos technologies, beaucoup moins chers. Il faut que lon fasse très attention à ça ! Attention au transfert de technologies, attention à la propriété industrielle, exiger la réciprocité. Ce sont toutes les choses que nous faisons. Et je peux vous dire que bien souvent, nous sommes isolés au Conseil européen. Je vais dire une chose qui va peut-être surprendre nos auditeurs, je ne suis pas le négociateur de lEurope. Nous avons transféré en Europe, la totalité de notre souveraineté, je dis bien la totalité, sur la négociation commerciale extérieure, un commissaire européen, qui sappelle K. de Gucht, moi, je ne suis que la courroie de transmission France, en direction de ce monsieur, en lui disant, si vous voulez : voilà nos lignes rouges sur lagriculture, sur telle, telle chose, sur la propriété. Mais cest lui qui négocie au nom de lintérêt général des 27.
Alors P. Lellouche, pour encore mieux comprendre. Vous êtes vous, un spécialiste des questions internationales, de défense, vous êtes aujourdhui au commerce extérieur. Au fond, est-ce quil ne faut pas changer un peu les structures du Gouvernement, et faire en sorte que le commerce extérieur ne soit piloté par le Quai dOrsay, qui serait au fond, la tête de pont dune diplomatie économique ? Ça avait été étudié, ça na jamais été fait, pourquoi ?
Moi, je viens de voir, vous soulevez de vraies questions. Dabord, cest un job passionnant que le mien. Cest vrai que je suis intéressé depuis toute ma vie à linternational. Jai beaucoup passé dannées sur les questions stratégiques et géopolitiques. Aujourdhui, je suis sur la ligne de front de la guerre économique au quotidien, face aux émergents et on mesure les changements du monde. Jamais en temps de paix, et en si peu de temps, on a assisté dans lhistoire à pareil transfert de richesse dun bout de la planète à lautre. Voilà ! Et nous sommes en plein dedans.
Est-ce quon en prend vraiment la mesure ? Est-ce que la diplomatie française, le Quai dOrsay, les services français, en prennent vraiment la mesure ?
Alors écoutez, il y a un changement de cultures qui se fait. Je peux vous dire quen tout cas, à Bercy, cest fait. Puisque moi, jai une équipe de vendeurs...
Alors si vous dites « Bercy », ça veut dire quau Quai dOrsay, ce nest pas fait ?
Non, attendez, jy viens. A Bercy, lancienne DREE a été modifiée, cest une des réformes dailleurs utile, vraiment utile de C. Lagarde.
DREE, ça veut dire quoi, exactement ?
Lancienne Direction des Relations économiques extérieures. Maintenant on a un réseau de vendeurs, moi, jappelle ça, la première ligne de ventes, de la France, sur laquelle je mappuie, conseillers commerciaux et surtout UBI France, avec des gens qui sont maintenant, des gens dentreprise. Avec des contrats dobjectifs et qui négocient surtout, et qui emmènent nos PME à lextérieur. Le Quai dOrsay, disons que la mutation culturelle vers la compétition commerciale, par rapport aux discussions sympathiques sur lhistoire et la géopolitique, nest peut-être pas faite partout. Il y en a qui le font, il y a des jeunes ambassadeurs qui savent faire ça. Regardez le jeune quon vient de mettre à Tunis, après...
B. Boillon, qui vient de Bagdad, oui.
B. Boillon, cest vrai ça. Moi, je note que mon collègue britannique, le gouvernement Cameron vient de faire quelque chose de très, très intéressant, vient de nommer quelquun qui connaît bien le business, et qui connaît bien linternational. Et il a nommé auprès des 2 ministres de lÉconomie et des Affaires étrangères et il fait le lien entre les deux. Et je vais le voir, là, je vois lui parler aujourdhui, et puis je vais regarder comment il fait. Parce que nous, on a des choses qui vont bien, UBI France va bien. On est capable...
Alors « so french, so good » le temps passe, excusez-moi, « so french, so good », cest une opération que vous avez lancée.
« So french, so good » cest pour réagir...
Cest quoi, cest un gadget de communication ?
Cest quoi ? Cest tout sauf un gadget. Il faut savoir que lagriculture française, lagroalimentaire au sens large, qui vient de recevoir le label de lUNESCO, patrimoine mondial de lhumanité. Cest un secteur, où il y a 250.000 emplois, 250.000 emplois à peu près autant dexportation, 13 % dexportations entre 13 et 15, autant que laéronautique est pourtant, un secteur dexcellence où nous reculons. Nous étions à 9 % de parts de marché mondial, il y a 10 ans, on est tombé à 6 % et pire, les Allemands nous sont passés devant. Alors moi, je veux bien que les Allemands...
Encore une fois !
Oui, alors les Allemands pour la cuisine et la gastronomie, ce nest pas franchement, évident. Donc je me suis dit quil fallait faire quelque chose. Et ce que jai fait, jai mobilisé lensemble de lappareil dÉtat, cest-à-dire nos postes à létranger, UBI France, SOPEXA, enfin tout ce qui exporte est mis ensemble, pour vendre la gastronomie française, sous ce label qui est sympa et qui va, jespère, donner envie à plein de gens à travers le monde....
Alors on verra ça, on suivra ça de près.
A consommer français, qui sappelle, « so french, so good » mais on va le décliner avec un site Internet, des films, des animations. On a 170 salons et évènements à travers le monde, et je commence à Tokyo, le 3 mars.
Alors on va suivre ça, très bien. Il a encore tellement de sujets à aborder avec vous. On le disait, spécialiste aussi, donc, du monde arabe. Comment vous jugez les évolutions en ce moment, dans le monde arabe et surtout, est-ce que la France regarde passer les trains ?
Je trouve très injuste sur la diplomatie française. Jentends ce que dit lopposition, elle fait son métier. Mais franchement, je suis bien, bien plus fier de notre diplomatie, dans une crise qui couvait. Javais écrit ça, il y a 20 ans, et puis il y a 10 ans : jai mes livres à disposition, cest dans le public. La cocotte, elle couvait. Parce quil y avait une immense stabilité des régimes en place, et...
Et pourquoi tout le monde a été surpris ?
Parce quil arrive un évènement que personne ne voit venir et qui déclenche un phénomène en réaction. Le jour où la frontière entre la Hongrie et lAutriche a été ouverte, à coup de ciseaux au mois de juin 1989, cétait 6 mois avant la chute du mur, personne ne la vue venir ! Et pourtant ça sest produit. Et cest ça qui a entraîné la chute de lUnion soviétique. Je ne dis pas du tout que les deux choses soient absolument semblables. Les pays arabes sont très différents les uns des autres ; ensuite, vous avez les non-arabes, comme lIran où la résistance jimagine est très, très forte. Ce qui est sûr, cest que la mondialisation, là encore, impacte de plein fouet des sociétés conservatrices qui nont pas su faire, leur mutation...
Une mondialisation, vous dites et pas influence française traditionnelle. Est-ce que cest un peu la fin de la politique arabe traditionnelle ou pas ?
Je crois que, aucun, aucun pays, certainement pas les États-Unis, qui ont montré une réversibilité dans leurs alliances, un tout petit peu choquantes, de mon point de vue. Cest pour ça, que je vous dis : « je préfère le sérieux de la ligne décidée par le président de la République plutôt que ces oscillations violentes, de la politique américaine quon a connues, il y a 30 ans, à propos de lIran, et que je ne trouve pas nécessairement la meilleure dans linstant. Ce que nous devons faire, cest accompagner les transitions. Elles nont pas le même rythme suivant les pays. Il faut que nous soyons là, C. Lagarde et mon collègue Wauquiez, irons mardi à Tunis. Moi-même jai travaillé avec Monsieur Jouini, mon homologue tunisien à la préparation dune réunion dhommes daffaires à Tunis, parce que nous employons 100.000 Tunisiens, nous les entreprises françaises. 100.000 Tunisiens, donc il faut absolument maintenir, cette présence économique, elle est vitale et ça évitera les flux migratoires...
Tout le monde va à Tunis...
Ensuite, il y a à Carthage, au mois de mars, normalement, une rencontre des donateurs, et à la demande du gouvernement tunisien, si la Tunisie le demande naturellement, nous co-présiderons, le président de la République sengagera....
P. Lellouche, tout le monde va à Tunis, sauf M. Alliot-Marie. Alors vous êtes au Gouvernement, vous êtes forcément solidaire ? Cest ça ? Vous avez reçu à la feuille de route : on est solidaire de M. Alliot-Marie ?
Cest-à-dire quil y a une vieille règle, depuis Chevènement, quand on nest pas daccord, on sen va. Moi, dabord, je nai pas lhabitude de tirer sur des gens qui sont en difficulté. Deuxièmement, je connais Michèle depuis fort longtemps...
Donc elle est en difficulté pour vous ?
Elle est soutenue par le président de la République et le Gouvernement, point barre ! Je dis aussi, quil est tout à fait excessif de la part de lopposition de résumer la politique étrangère de la France et les convulsions du monde arabe à une querelle sur une personne. Ça fait un mois, quon nous joue ce feuilleton politicien. Il serait bien plus utile dentendre, si tentez quelle en a, les propositions de lopposition sur cette affaire. Plutôt que de taper en permanence sur une personne. Honnêtement, je vis linternational, tous les jours et je vois les gouvernements étrangers tous les jours. Je vais très souvent à létranger, personne ne me parle de madame Alliot-Marie, on me parle de la France, on me parle de la mondialisation, on me parle de commerce, de défense, mais pas dune personne.
Belle plaidoirie ! Il y a un autre feuilleton, qui aussi agite la vie politique française, cest Dominique Strauss-Kahn, ira-t-il ? Ira-t-il pas ? Il va sexprimer donc sur France 2, dimanche. Vous, vous lavez bien connu, parce que vous lavez affronté en campagne. Quel type de candidat ?
Je lai affronté, je lai même battu. Jai commencé ma carrière politique si jose dire, grâce à lui en 93.
Alors quel type de candidat est-il ?
Il a changé, lui et moi, nous avons changé, jimagine comme tout le monde en presque 20 ans. Jai des relations dailleurs tout à fait correctes, avec lui.
Ce sera un candidat difficile pour N. Sarkozy, sil veut être candidat socialiste ?
Toute la difficulté de cette élection, comme dans toute élection présidentielle, cest de rassembler son camp. La capacité de N. Sarkozy de rassembler, sil est candidat, puisquil ne la toujours pas annoncé à ma connaissance, de rassembler son camp au premier tour. Le problème de D. Strauss-Kahn cest quil pourrait être un parfait candidat de droite. Donc voilà, quand on est patron du FMI, on est dans la mondialisation, on fait les plans de redressement financier des pays en difficulté, on nest pas franchement, le genre de gauche que connaît la France.
Comme vous lavez qualifié de gauche ultra caviar vous lui avez rendu service non ? Tout le PS, tout dun coup a fait union sacrée, aussi après les propos de C. Jacob, derrière D. Strauss-Kahn. Il devrait vous remercier non ?
Oui, ce nétait pas méchant, ce que jai dit. Jai dit que D. Strauss-Kahn est un grand bourgeois, qui vit la mondialisation des gens en général, très riches, des grands chefs dentreprises.
Et les propos de C. Jacob vous les avez trouvés méchants ?
Et donc à mon avis, totalement déconnectés de la souffrance des gens que moi, je peux voir dans nos usines.
Et les propos de C. Jacob, vous les avez trouvés méchants ou pas ?
Je pense quon a beaucoup, beaucoup glosé sur la pensée de C. Jacob. Je ne pense pas quon puisse nous prêter la moindre intention, qui serait à connotation raciste ou autre. De toute façon, personnellement, je ne le supporterais pas. Et je ne pense pas que cest ce quil a voulu dire, en aucun cas.
Est-ce que vous pensez, connaissant justement le personnage, que D. Strauss-Kahn a envie dêtre candidat à lélection présidentielle ?
Mais je nen sais rien. Cest son problème. Je pense quil a la chance aujourdhui, de faire, grâce au président de la République dailleurs, je le rappelle, il a la chance dêtre traité comme un chef dÉtat sans en avoir les soucis et les responsabilités, dêtre payé comme un grand chef dentreprise et davoir la liberté de parole, dun universitaire. Super job ! Passer de ce job-là à se coltiner les problèmes dun pays en crise, qui vit la mondialisation, qui doit gérer limmigration, la croissance, les déficits ! Ok, mais cest un autre exercice et je dis que moi, ce que jai dit, je nétais pas du tout ni caricatural, je respecte son intelligence tout ce quon voudra, je dis quil est complètement déconnecté de la réalité du pays, cest tout.
Merci, beaucoup.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 1er mars 2011