Interview de M. Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à "Radio Classique" et "Itélé" le 17 février 2011, sur les mauvais chiffres du commerce extérieur, sur la place de la France sur la scène internationale et sur les difficultés de Michèle Alliot-Marie, et les attaques de la majorité contre Dominique Strauss-Kahn.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Itélé - Radio Classique

Texte intégral

M. Darmon.- Bonjour, ravi de vous retrouver, sur l’antenne Itélé, Radio Classique. Je reçois, ce matin, P. Lellouche, secrétaire d’État au Commerce extérieur, bonjour.

Bonjour.

Alors ces deux prochains jours à Paris, va se tenir, donc, le G20 finance.

Le G20 finance, oui.

N. Pierron : Le premier grand volet au fond de la présidence française du G20. On va donc reparler aussi, de l’influence de la France. Ce matin, dans Le Figaro, C. Lagarde, qui va donc présider les débats, dit : « nous devons rendre cette instance efficace. » Alors est-ce que ça veut dire que jusqu’à présent, elle ne l’est pas ? Ou est-ce qu’il y a une mutation du G20 à faire ?

Jusqu’à présent, elle n’existait pas vraiment. Je rappelle que le G20, c’est une idée française du président de la République, pendant la crise de 2008. Il y a eu une présidence coréenne. C’est la présidence française : c’est une instance complètement nouvelle, puisque à côté de l’ensemble G7-G8, des anciennes très grandes puissances, celles de la 2ème guerre mondiale, on a crée un forum qui représente le monde nouveau avec les émergents. Et dans ces émergents, vous avez des pays comme l’Arabie Saoudite, le Brésil, la Chine, d’autres, et il n’est pas sûr que tout le monde soit du même avis sur tout. Y compris par exemple, le climat, les contraintes climatiques qu’il faut s’imposer à soi-même.

Oui, on a vu, que c’était très difficile de se mettre d’accord.

La compétition monétaire, les matières premières : c’est normal que ce soit difficile. Et les objectifs de N. Sarkozy pour la présidence française sont ambitieux, sur les matières premières, sur la monnaie notamment. Pas sûr qu’on y arrive aussi facilement que ça. On n’a jamais pensé que c’était facile, mais on essaie de mettre le bateau dans la bonne direction.

Oui, on entend bien d’ailleurs, la prudence française, depuis le début autour des objectifs qui sont fixés, qui sont assez importants, d’ailleurs. Mais justement une fois de plus, c’est l’influence française qui est au centre des débats. On voudrait justement en parler avec vous, ce matin. Vous êtes au Commerce extérieur. Comment tout simplement, prétendre influer, lorsqu’on a un déficit de la balance commerciale de 51 milliards d’euros ?

Vous savez quand j’ai été nommé, j’ai dit que les chiffres étaient mauvais. Ça a un peu surpris à l’époque, et puis je l’ai redit quand j’ai annoncé, les chiffres, la semaine dernière, ces chiffres sont préoccupants. L’endettement, de la France est préoccupant, mais il y a aussi un très fort endettement pire encore, au Japon ou aux États-Unis. Ce qui me pose problème aussi, c’est le cumul de tous ces déficits budgétaires, commerce extérieur. Le commerce extérieur, le sujet, c’est : nous sommes toujours la 5ème puissance exportatrice mondiale, nous sommes toujours la 2ème puissance exportatrice en Europe, nos exportations, l’année dernière, après une année terrible qui était celle de la crise en 2009, sont reparties.

Alors pourquoi ça ne marche pas ?

Plus 13 % à la hauteur d’ailleurs de la reprise du commerce mondial. Ce qui m’inquiète, c’est que notre déficit structurel hors énergie, hors facture, gaz pétrole, reste quand même autour de moins 20 milliards et qu’en face vous avez une Allemagne qui caracole à plus 126 milliards, qui est capable d’aller chercher sa croissance chez les émergents. Alors que nous avons beaucoup de mal, le gros de notre commerce, reste quand même concentré sur l’UE : 27. L’UE, 27, elle ne croît pas ! Ou très peu.

Justement, ce n’est pas un peu la contradiction, vous dites le G20, le club créé par N. Sarkozy au fond, fait émerger le monde nouveau, et en même temps, en France ça ne suit pas.

On a du mal.

On a du mal à être présent dans les pays émergents ?

Je vais vous dire pourquoi on a du mal. On a du mal, on y est, mais pas assez. On y est, mais pas assez, pour deux raisons : d’abord parce que au niveau de la compétitivité de notre économie, c’est le débat lancé par le président de la République, nous sommes loin de l’Allemagne. Les réformes faites par Schröder, il y a 11-12 ans de cela, paient aujourd’hui en Allemagne en terme de compétitivité : Coût du travail contrôlé, flexibilité à l’intérieur des entreprises, rallongement...

Et grâce à l’euro, alors qu’en France on dénonce l’euro comme étant...

Oui, mais ça n’a rien à voir avec l’euro, absolument vous avez...

La cause de tous les maux et en Allemagne grâce à l’euro ?

Non, pas grâce à l’euro. L’euro, c’est la même monnaie chez tout le monde. S’ils sont plus compétitifs que nous, il y a des raisons objectives. Il faut arrêter de dire comme Madame Aubry, par exemple, que nous, on est moins cher que les Allemands. Ce n’est pas vrai. On est plus cher que les Allemands. On travaille moins longtemps. Le résultat des courses, c’est qu’on est moins compétitif. La deuxième chose, c’est que notre commerce est beaucoup plus dépendant des très grands groupes français qui travaillent bien d’ailleurs, qui gagnent leur vie. Cela va de Airbus à Danone en passant par Alstom et d’autres. En revanche, le matelas de PME, le tissu de PME dans notre pays est beaucoup plus faible qu’en Allemagne. Quand l’Allemagne a 400.000 PME à l’export, nous en avons moins de 100.000. Et le vrai différentiel, il est là. Donc c’est le deuxième volet, de ce que nous essayons de faire : ça s’appelle une politique industrielle. Et là, là nous avons vraiment un sujet de préoccupation.

Parce qu’effectivement, lorsqu’on parle de commerce extérieur, il y a toujours un spectacle qui est la noria des chefs d’entreprise qui vont derrière le président de la République dans les grands voyages. Mais ce ne sont que des patrons du CAC 40 en vérité ?

Exactement ! J’ai proposé au...

C’est ça le problème, non !

Absolument ! Vous avez raison. J’ai proposé au président de la République, la semaine dernière, de faire deux choses : d’abord dans les patrons qu’il emmène à l’étranger, d’en prendre au moins 50 % qui viennent de PME. Et deuxièmement, je lui ai proposé d’aller dans les Chambres de commerce plutôt que dans nos ambassades, quand il arrive quelque part à l’étranger, rendre hommage à ceux qui travaillent à l’étranger et qui représentent la France.

Alors ça pose aussi, une thématique importante. Vous avez parlé donc des pays émergents dans lesquels la France n’est pas assez présente en terme de commerce.

Non, on y est, mais le différentiel entre nous et les Allemands, c’est de 1 à 4. Quand on est à 1,5-2 % dans des pays comme l’Inde et la Chine, les Allemands sont à 7,5. Et donc là, il y a un problème.

La première question, c’est au fond, est-ce qu’il ne faut pas arrêter de parler de pays émergents, plutôt dire « nouvelle puissance » et peut-être parler même de pays submergés ?

Submergeant, moi, c’est le terme que j’emploie, pour certains d’entre eux. Puisque nos clients d’hier, qui nous ont acheté des trains, des avions, des centrales nucléaires, sont devenus nos compétiteurs d’aujourd’hui. Qui arrivent bien souvent avec nos produits, nos technologies, beaucoup moins chers. Il faut que l’on fasse très attention à ça ! Attention au transfert de technologies, attention à la propriété industrielle, exiger la réciprocité. Ce sont toutes les choses que nous faisons. Et je peux vous dire que bien souvent, nous sommes isolés au Conseil européen. Je vais dire une chose qui va peut-être surprendre nos auditeurs, je ne suis pas le négociateur de l’Europe. Nous avons transféré en Europe, la totalité de notre souveraineté, je dis bien la totalité, sur la négociation commerciale extérieure, un commissaire européen, qui s’appelle K. de Gucht, moi, je ne suis que la courroie de transmission France, en direction de ce monsieur, en lui disant, si vous voulez : voilà nos lignes rouges sur l’agriculture, sur telle, telle chose, sur la propriété. Mais c’est lui qui négocie au nom de l’intérêt général des 27.

Alors P. Lellouche, pour encore mieux comprendre. Vous êtes vous, un spécialiste des questions internationales, de défense, vous êtes aujourd’hui au commerce extérieur. Au fond, est-ce qu’il ne faut pas changer un peu les structures du Gouvernement, et faire en sorte que le commerce extérieur ne soit piloté par le Quai d’Orsay, qui serait au fond, la tête de pont d’une diplomatie économique ? Ça avait été étudié, ça n’a jamais été fait, pourquoi ?

Moi, je viens de voir, vous soulevez de vraies questions. D’abord, c’est un job passionnant que le mien. C’est vrai que je suis intéressé depuis toute ma vie à l’international. J’ai beaucoup passé d’années sur les questions stratégiques et géopolitiques. Aujourd’hui, je suis sur la ligne de front de la guerre économique au quotidien, face aux émergents et on mesure les changements du monde. Jamais en temps de paix, et en si peu de temps, on a assisté dans l’histoire à pareil transfert de richesse d’un bout de la planète à l’autre. Voilà ! Et nous sommes en plein dedans.

Est-ce qu’on en prend vraiment la mesure ? Est-ce que la diplomatie française, le Quai d’Orsay, les services français, en prennent vraiment la mesure ?

Alors écoutez, il y a un changement de cultures qui se fait. Je peux vous dire qu’en tout cas, à Bercy, c’est fait. Puisque moi, j’ai une équipe de vendeurs...

Alors si vous dites « Bercy », ça veut dire qu’au Quai d’Orsay, ce n’est pas fait ?

Non, attendez, j’y viens. A Bercy, l’ancienne DREE a été modifiée, c’est une des réformes d’ailleurs utile, vraiment utile de C. Lagarde.

DREE, ça veut dire quoi, exactement ?

L’ancienne Direction des Relations économiques extérieures. Maintenant on a un réseau de vendeurs, moi, j’appelle ça, la première ligne de ventes, de la France, sur laquelle je m’appuie, conseillers commerciaux et surtout UBI France, avec des gens qui sont maintenant, des gens d’entreprise. Avec des contrats d’objectifs et qui négocient surtout, et qui emmènent nos PME à l’extérieur. Le Quai d’Orsay, disons que la mutation culturelle vers la compétition commerciale, par rapport aux discussions sympathiques sur l’histoire et la géopolitique, n’est peut-être pas faite partout. Il y en a qui le font, il y a des jeunes ambassadeurs qui savent faire ça. Regardez le jeune qu’on vient de mettre à Tunis, après...

B. Boillon, qui vient de Bagdad, oui.

B. Boillon, c’est vrai ça. Moi, je note que mon collègue britannique, le gouvernement Cameron vient de faire quelque chose de très, très intéressant, vient de nommer quelqu’un qui connaît bien le business, et qui connaît bien l’international. Et il a nommé auprès des 2 ministres de l’Économie et des Affaires étrangères et il fait le lien entre les deux. Et je vais le voir, là, je vois lui parler aujourd’hui, et puis je vais regarder comment il fait. Parce que nous, on a des choses qui vont bien, UBI France va bien. On est capable...

Alors « so french, so good » le temps passe, excusez-moi, « so french, so good », c’est une opération que vous avez lancée.

« So french, so good » c’est pour réagir...

C’est quoi, c’est un gadget de communication ?

C’est quoi ? C’est tout sauf un gadget. Il faut savoir que l’agriculture française, l’agroalimentaire au sens large, qui vient de recevoir le label de l’UNESCO, patrimoine mondial de l’humanité. C’est un secteur, où il y a 250.000 emplois, 250.000 emplois à peu près autant d’exportation, 13 % d’exportations entre 13 et 15, autant que l’aéronautique est pourtant, un secteur d’excellence où nous reculons. Nous étions à 9 % de parts de marché mondial, il y a 10 ans, on est tombé à 6 % et pire, les Allemands nous sont passés devant. Alors moi, je veux bien que les Allemands...

Encore une fois !

Oui, alors les Allemands pour la cuisine et la gastronomie, ce n’est pas franchement, évident. Donc je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Et ce que j’ai fait, j’ai mobilisé l’ensemble de l’appareil d’État, c’est-à-dire nos postes à l’étranger, UBI France, SOPEXA, enfin tout ce qui exporte est mis ensemble, pour vendre la gastronomie française, sous ce label qui est sympa et qui va, j’espère, donner envie à plein de gens à travers le monde....

Alors on verra ça, on suivra ça de près.

A consommer français, qui s’appelle, « so french, so good » mais on va le décliner avec un site Internet, des films, des animations. On a 170 salons et évènements à travers le monde, et je commence à Tokyo, le 3 mars.

Alors on va suivre ça, très bien. Il a encore tellement de sujets à aborder avec vous. On le disait, spécialiste aussi, donc, du monde arabe. Comment vous jugez les évolutions en ce moment, dans le monde arabe et surtout, est-ce que la France regarde passer les trains ?

Je trouve très injuste sur la diplomatie française. J’entends ce que dit l’opposition, elle fait son métier. Mais franchement, je suis bien, bien plus fier de notre diplomatie, dans une crise qui couvait. J’avais écrit ça, il y a 20 ans, et puis il y a 10 ans : j’ai mes livres à disposition, c’est dans le public. La cocotte, elle couvait. Parce qu’il y avait une immense stabilité des régimes en place, et...

Et pourquoi tout le monde a été surpris ?

Parce qu’il arrive un évènement que personne ne voit venir et qui déclenche un phénomène en réaction. Le jour où la frontière entre la Hongrie et l’Autriche a été ouverte, à coup de ciseaux au mois de juin 1989, c’était 6 mois avant la chute du mur, personne ne l’a vue venir ! Et pourtant ça s’est produit. Et c’est ça qui a entraîné la chute de l’Union soviétique. Je ne dis pas du tout que les deux choses soient absolument semblables. Les pays arabes sont très différents les uns des autres ; ensuite, vous avez les non-arabes, comme l’Iran où la résistance j’imagine est très, très forte. Ce qui est sûr, c’est que la mondialisation, là encore, impacte de plein fouet des sociétés conservatrices qui n’ont pas su faire, leur mutation...

Une mondialisation, vous dites et pas influence française traditionnelle. Est-ce que c’est un peu la fin de la politique arabe traditionnelle ou pas ?

Je crois que, aucun, aucun pays, certainement pas les États-Unis, qui ont montré une réversibilité dans leurs alliances, un tout petit peu choquantes, de mon point de vue. C’est pour ça, que je vous dis : « je préfère le sérieux de la ligne décidée par le président de la République plutôt que ces oscillations violentes, de la politique américaine qu’on a connues, il y a 30 ans, à propos de l’Iran, et que je ne trouve pas nécessairement la meilleure dans l’instant. Ce que nous devons faire, c’est accompagner les transitions. Elles n’ont pas le même rythme suivant les pays. Il faut que nous soyons là, C. Lagarde et mon collègue Wauquiez, irons mardi à Tunis. Moi-même j’ai travaillé avec Monsieur Jouini, mon homologue tunisien à la préparation d’une réunion d’hommes d’affaires à Tunis, parce que nous employons 100.000 Tunisiens, nous les entreprises françaises. 100.000 Tunisiens, donc il faut absolument maintenir, cette présence économique, elle est vitale et ça évitera les flux migratoires...

Tout le monde va à Tunis...

Ensuite, il y a à Carthage, au mois de mars, normalement, une rencontre des donateurs, et à la demande du gouvernement tunisien, si la Tunisie le demande naturellement, nous co-présiderons, le président de la République s’engagera....

P. Lellouche, tout le monde va à Tunis, sauf M. Alliot-Marie. Alors vous êtes au Gouvernement, vous êtes forcément solidaire ? C’est ça ? Vous avez reçu à la feuille de route : on est solidaire de M. Alliot-Marie ?

C’est-à-dire qu’il y a une vieille règle, depuis Chevènement, quand on n’est pas d’accord, on s’en va. Moi, d’abord, je n’ai pas l’habitude de tirer sur des gens qui sont en difficulté. Deuxièmement, je connais Michèle depuis fort longtemps...

Donc elle est en difficulté pour vous ?

Elle est soutenue par le président de la République et le Gouvernement, point barre ! Je dis aussi, qu’il est tout à fait excessif de la part de l’opposition de résumer la politique étrangère de la France et les convulsions du monde arabe à une querelle sur une personne. Ça fait un mois, qu’on nous joue ce feuilleton politicien. Il serait bien plus utile d’entendre, si tentez qu’elle en a, les propositions de l’opposition sur cette affaire. Plutôt que de taper en permanence sur une personne. Honnêtement, je vis l’international, tous les jours et je vois les gouvernements étrangers tous les jours. Je vais très souvent à l’étranger, personne ne me parle de madame Alliot-Marie, on me parle de la France, on me parle de la mondialisation, on me parle de commerce, de défense, mais pas d’une personne.

Belle plaidoirie ! Il y a un autre feuilleton, qui aussi agite la vie politique française, c’est Dominique Strauss-Kahn, ira-t-il ? Ira-t-il pas ? Il va s’exprimer donc sur France 2, dimanche. Vous, vous l’avez bien connu, parce que vous l’avez affronté en campagne. Quel type de candidat ?

Je l’ai affronté, je l’ai même battu. J’ai commencé ma carrière politique si j’ose dire, grâce à lui en 93.

Alors quel type de candidat est-il ?

Il a changé, lui et moi, nous avons changé, j’imagine comme tout le monde en presque 20 ans. J’ai des relations d’ailleurs tout à fait correctes, avec lui.

Ce sera un candidat difficile pour N. Sarkozy, s’il veut être candidat socialiste ?

Toute la difficulté de cette élection, comme dans toute élection présidentielle, c’est de rassembler son camp. La capacité de N. Sarkozy de rassembler, s’il est candidat, puisqu’il ne l’a toujours pas annoncé à ma connaissance, de rassembler son camp au premier tour. Le problème de D. Strauss-Kahn c’est qu’il pourrait être un parfait candidat de droite. Donc voilà, quand on est patron du FMI, on est dans la mondialisation, on fait les plans de redressement financier des pays en difficulté, on n’est pas franchement, le genre de gauche que connaît la France.

Comme vous l’avez qualifié de gauche ultra caviar vous lui avez rendu service non ? Tout le PS, tout d’un coup a fait union sacrée, aussi après les propos de C. Jacob, derrière D. Strauss-Kahn. Il devrait vous remercier non ?

Oui, ce n’était pas méchant, ce que j’ai dit. J’ai dit que D. Strauss-Kahn est un grand bourgeois, qui vit la mondialisation des gens en général, très riches, des grands chefs d’entreprises.

Et les propos de C. Jacob vous les avez trouvés méchants ?

Et donc à mon avis, totalement déconnectés de la souffrance des gens que moi, je peux voir dans nos usines.

Et les propos de C. Jacob, vous les avez trouvés méchants ou pas ?

Je pense qu’on a beaucoup, beaucoup glosé sur la pensée de C. Jacob. Je ne pense pas qu’on puisse nous prêter la moindre intention, qui serait à connotation raciste ou autre. De toute façon, personnellement, je ne le supporterais pas. Et je ne pense pas que c’est ce qu’il a voulu dire, en aucun cas.

Est-ce que vous pensez, connaissant justement le personnage, que D. Strauss-Kahn a envie d’être candidat à l’élection présidentielle ?

Mais je n’en sais rien. C’est son problème. Je pense qu’il a la chance aujourd’hui, de faire, grâce au président de la République d’ailleurs, je le rappelle, il a la chance d’être traité comme un chef d’État sans en avoir les soucis et les responsabilités, d’être payé comme un grand chef d’entreprise et d’avoir la liberté de parole, d’un universitaire. Super job ! Passer de ce job-là à se coltiner les problèmes d’un pays en crise, qui vit la mondialisation, qui doit gérer l’immigration, la croissance, les déficits ! Ok, mais c’est un autre exercice et je dis que moi, ce que j’ai dit, je n’étais pas du tout ni caricatural, je respecte son intelligence tout ce qu’on voudra, je dis qu’il est complètement déconnecté de la réalité du pays, c’est tout.

Merci, beaucoup.

Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 1er mars 2011