Texte intégral
Monsieur le Maire, cher Reiner Brombach,
A l'initiative de la chancelière Angela Merkel, j'ai eu le grand privilège hier et ce matin d'inaugurer la foire de Hanovre. La France est l'invitée d'honneur de cette fête et je veux y voir un symbole, celui des deux grandes puissances industrielles européennes réunies dans un contexte qui est un contexte mouvementé pour l'Europe. Nous venons d'affronter une crise économique et financière qui a ébranlé les fondements de notre système capitaliste et dont les répliques ne sont pas encore terminées. Nous connaissons au début de cette année 2011 une vague de révolutions dans le monde arabe qui pourrait changer de façon profonde la situation géostratégique de l'Europe. Puis, nous venons de connaître un drame affreux, un drame terrible au Japon qui nous a tous bouleversés et devant lequel nous nous sentons à la fois impuissants et en même temps nous éprouvons une grande sympathie pour le peuple japonais.
Depuis trois ans, les épreuves ne nous ont pas ménagés et depuis trois ans, la France et l'Allemagne ont toujours réussi à trouver la façon commune de répondre à ces crises. Nous avons été à l'origine, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, des décisions qui ont permis d'arrêter les conséquences les plus dramatiques de la crise financière. Nous avons été, la France et l'Allemagne, à l'origine des décisions qui ont permis de restaurer la confiance dans l'euro et nous avons dû pour cela faire des pas les uns vers les autres : la France vers la discipline budgétaire, si chère à l'Allemagne et l'Allemagne vers cette effort de convergence des politiques économiques européennes.
Notre entente, l'entente entre la France et l'Allemagne, est absolument indispensable au fonctionnement et au succès de l'Europe à 27. Et cette entente, elle ne va pas de soi. Elle ne va pas de soi en raison de notre histoire. Elle ne va pas de soi en raison du fait que nous sommes différents et nous avons aujourd'hui une immense responsabilité, c'est nous qui sommes les garants de la paix, de la prospérité, de la poursuite de l'aventure européenne. Cette entente, je voulais en venant à Bückeburg, Monsieur le maire, dire de façon très symbolique qu'elle n'est pas seulement l'affaire des gouvernements. Cette entente, elle n'est pas seulement l'affaire des hommes politiques, des chefs d'entreprise. Elle est d'abord et avant tout l'affaire des peuples. Et ma conviction, c'est que l'entente franco-allemande n'aurait pas pu fonctionner tout au long de ces dernières années, surtout dans les épreuves que nous venons de traverser s'il n'y avait pas eu derrière les accords gouvernementaux une grande solidité de l'entente franco-allemande. Au fond, il n'y a aucune animosité entre les Français et les Allemands alors qu'il y en a eu, alors qu'il pourrait y en avoir. Il y a parfois de l'animosité entre les peuples européens. Il n'y en a pas entre les peuples français et allemand. Il arrive qu'on ne soit pas d'accord, il arrive qu'on ne se comprenne pas, il arrive qu'on ait des interrogations sur la voie que suivent les uns ou les autres. Mais il n'y a pas d'animosité parce que nous savons en raison de notre histoire, que nous n'avons pas le droit d'avoir la moindre animosité entre nous.
Cette entente des peuples, elle a été très largement forgée par ces jumelages qui, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ont profondément changé la manière dont les Français et les Allemands se comprennent, se parlent, se découvrent et en venant à Bückeburg, c'est au fond ce que je voulais symboliser, 45 ans d'amitié entre Sablé et Bückeburg. 45 ans d'amitié qui ont été initiés par deux personnalités marquantes, Joël Le Theule, à l'époque jeune maire de Sablé et Bruno Behlau, le maire de Bückeburg. 45 ans d'amitié qui ont été forgés par des artisans infatigables, je pense à Jean et à Edouard Pinon ; je pense à Mademoiselle Marie ou encore à Alain Bourgeteau et ici à Bückeburg, à Monsieur Heusinger, à Monsieur Salzwedel, à Monsieur Vergau, à Monsieur Preul, à Monsieur Echterhoff.
Ces noms d'ailleurs font remonter dans ma mémoire des souvenirs. On a une histoire commune quand on a des souvenirs. Je voudrais en évoquer quelques-uns même s'ils vont vous paraître très anecdotiques. Ma première visite à Bückeburg, j'accompagnais Joël Le Theule qui venait d'être nommé ministre de la Défense et naturellement, cette visite était entourée d'un protocole, d'un déploiement de sécurité qui avait beaucoup agacé votre prédécesseur, le Stadtdirektor Von Loebbecke qui m'avait dit "mais c'est pire qu'un voyage de la reine d'Angleterre." Heureusement qu'il n'est pas là aujourd'hui pour voir ce que c'est avec le Premier ministre ! J'ai le souvenir d'une magnifique fête des chasseurs en compagnie du prince de Schaumburg-Lippe. J'ai le souvenir de la première visite des anciens combattants de Bückeburg à Sablé pour une cérémonie anniversaire du 18 juin, de l'appel du 18 juin. C'est une idée étrange que j'avais eue d'inviter les anciens combattants de Bückeburg à célébrer l'appel du 18 juin et cette cérémonie aurait pu sombrer dans une véritable catastrophe s'il n'y avait pas eu un homme formidable dont beaucoup de Bückeburgeois se souviennent, Michel Dumont qui était alors notre interprète officiel et qui avait choisi de ne pas traduire le discours du sous-préfet de La Flèche qui était parfaitement insultant pour les anciens combattants allemands et qui n'avait rien en tout cas de diplomate. J'ai le souvenir aussi d'avoir fait prendre des risques considérables au conseil municipal de Bückeburg en emmenant Monsieur Preul et une délégation du conseil sur une péniche sur la Sarthe et nous avons perdu l'hélice de la péniche et nous sommes restés pendant des heures à dériver le long des courants heureusement faibles de la rivière la Sarthe. Il y avait d'abord à l'époque, je me souviens, un conseiller municipal de Bückeburg qui était ingénieur, maîtrisant la technologie comme tous les Allemands et qui a essayé de réparer le bateau mais sans y parvenir. Et puis, je me souviens de ce qui était peut-être ma dernière visite à Bückeburg au moment de la chute du Rideau de fer, l'immense émotion qui avait traversé la population de Bückeburg, la grande joie de voir l'Allemagne enfin réunifiée et pour célébrer cette événement, vous nous aviez emmenés, toute la délégation de Sablé, dans une ville proche qui devait être Halberstadt si je me souviens bien. Et je me souviens encore, moi qui avais passé des années et des années de ma vie politique à étudier les questions stratégiques et la Guerre froide et les forces du Pacte de Varsovie, je me souviens de mon émotion lorsque nous sommes entrés dans une immense caserne soviétique où les chars russes rouillés étaient abandonnés au milieu des herbes folles et où les soldats soviétiques semblaient perdus et se demandaient ce qui était leur avenir.
Voilà toutes ces anecdotes pour dire que moi, j'ai beaucoup appris à travers ce jumelage sur l'Allemagne, sur les différences entre le peuple français et le peuple allemand et j'en ai tiré des enseignements que j'essaye de mettre en uvre chaque jour dans les relations franco-allemandes. Je pense que dans une Europe à 27 aussi difficile à conduire, la solidité du couple franco-allemand est un élément fondamental. Et je voudrais remercier tous ceux qui à la tête des jumelages ici à Sablé, à Bückeburg, et dans toute l'Allemagne uvrent pour la compréhension et pour l'amitié entre le peuple allemand et le peuple français. Sur le pont de l'Europe à Kehl, il est inscrit "demeurer enclos dans son identité, c'est se perdre et cesser d'être." Eh bien, c'est justement pour éviter de rester enclos dans notre identité que nous avons multiplié ces échanges entre la France et l'Allemagne pour le bien du peuple français, pour le bien du peuple allemand, pour le bien de l'Europe et c'est pour moi, aujourd'hui, un grand plaisir, cher Monsieur le maire, Mesdames et Messieurs, de célébrer l'amitié franco-allemande et de célébrer l'amitié entre Bückeburg et Sablé-sur-Sarthe.Source http://www.gouvernement.fr, le 5 avril 2011
A l'initiative de la chancelière Angela Merkel, j'ai eu le grand privilège hier et ce matin d'inaugurer la foire de Hanovre. La France est l'invitée d'honneur de cette fête et je veux y voir un symbole, celui des deux grandes puissances industrielles européennes réunies dans un contexte qui est un contexte mouvementé pour l'Europe. Nous venons d'affronter une crise économique et financière qui a ébranlé les fondements de notre système capitaliste et dont les répliques ne sont pas encore terminées. Nous connaissons au début de cette année 2011 une vague de révolutions dans le monde arabe qui pourrait changer de façon profonde la situation géostratégique de l'Europe. Puis, nous venons de connaître un drame affreux, un drame terrible au Japon qui nous a tous bouleversés et devant lequel nous nous sentons à la fois impuissants et en même temps nous éprouvons une grande sympathie pour le peuple japonais.
Depuis trois ans, les épreuves ne nous ont pas ménagés et depuis trois ans, la France et l'Allemagne ont toujours réussi à trouver la façon commune de répondre à ces crises. Nous avons été à l'origine, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, des décisions qui ont permis d'arrêter les conséquences les plus dramatiques de la crise financière. Nous avons été, la France et l'Allemagne, à l'origine des décisions qui ont permis de restaurer la confiance dans l'euro et nous avons dû pour cela faire des pas les uns vers les autres : la France vers la discipline budgétaire, si chère à l'Allemagne et l'Allemagne vers cette effort de convergence des politiques économiques européennes.
Notre entente, l'entente entre la France et l'Allemagne, est absolument indispensable au fonctionnement et au succès de l'Europe à 27. Et cette entente, elle ne va pas de soi. Elle ne va pas de soi en raison de notre histoire. Elle ne va pas de soi en raison du fait que nous sommes différents et nous avons aujourd'hui une immense responsabilité, c'est nous qui sommes les garants de la paix, de la prospérité, de la poursuite de l'aventure européenne. Cette entente, je voulais en venant à Bückeburg, Monsieur le maire, dire de façon très symbolique qu'elle n'est pas seulement l'affaire des gouvernements. Cette entente, elle n'est pas seulement l'affaire des hommes politiques, des chefs d'entreprise. Elle est d'abord et avant tout l'affaire des peuples. Et ma conviction, c'est que l'entente franco-allemande n'aurait pas pu fonctionner tout au long de ces dernières années, surtout dans les épreuves que nous venons de traverser s'il n'y avait pas eu derrière les accords gouvernementaux une grande solidité de l'entente franco-allemande. Au fond, il n'y a aucune animosité entre les Français et les Allemands alors qu'il y en a eu, alors qu'il pourrait y en avoir. Il y a parfois de l'animosité entre les peuples européens. Il n'y en a pas entre les peuples français et allemand. Il arrive qu'on ne soit pas d'accord, il arrive qu'on ne se comprenne pas, il arrive qu'on ait des interrogations sur la voie que suivent les uns ou les autres. Mais il n'y a pas d'animosité parce que nous savons en raison de notre histoire, que nous n'avons pas le droit d'avoir la moindre animosité entre nous.
Cette entente des peuples, elle a été très largement forgée par ces jumelages qui, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ont profondément changé la manière dont les Français et les Allemands se comprennent, se parlent, se découvrent et en venant à Bückeburg, c'est au fond ce que je voulais symboliser, 45 ans d'amitié entre Sablé et Bückeburg. 45 ans d'amitié qui ont été initiés par deux personnalités marquantes, Joël Le Theule, à l'époque jeune maire de Sablé et Bruno Behlau, le maire de Bückeburg. 45 ans d'amitié qui ont été forgés par des artisans infatigables, je pense à Jean et à Edouard Pinon ; je pense à Mademoiselle Marie ou encore à Alain Bourgeteau et ici à Bückeburg, à Monsieur Heusinger, à Monsieur Salzwedel, à Monsieur Vergau, à Monsieur Preul, à Monsieur Echterhoff.
Ces noms d'ailleurs font remonter dans ma mémoire des souvenirs. On a une histoire commune quand on a des souvenirs. Je voudrais en évoquer quelques-uns même s'ils vont vous paraître très anecdotiques. Ma première visite à Bückeburg, j'accompagnais Joël Le Theule qui venait d'être nommé ministre de la Défense et naturellement, cette visite était entourée d'un protocole, d'un déploiement de sécurité qui avait beaucoup agacé votre prédécesseur, le Stadtdirektor Von Loebbecke qui m'avait dit "mais c'est pire qu'un voyage de la reine d'Angleterre." Heureusement qu'il n'est pas là aujourd'hui pour voir ce que c'est avec le Premier ministre ! J'ai le souvenir d'une magnifique fête des chasseurs en compagnie du prince de Schaumburg-Lippe. J'ai le souvenir de la première visite des anciens combattants de Bückeburg à Sablé pour une cérémonie anniversaire du 18 juin, de l'appel du 18 juin. C'est une idée étrange que j'avais eue d'inviter les anciens combattants de Bückeburg à célébrer l'appel du 18 juin et cette cérémonie aurait pu sombrer dans une véritable catastrophe s'il n'y avait pas eu un homme formidable dont beaucoup de Bückeburgeois se souviennent, Michel Dumont qui était alors notre interprète officiel et qui avait choisi de ne pas traduire le discours du sous-préfet de La Flèche qui était parfaitement insultant pour les anciens combattants allemands et qui n'avait rien en tout cas de diplomate. J'ai le souvenir aussi d'avoir fait prendre des risques considérables au conseil municipal de Bückeburg en emmenant Monsieur Preul et une délégation du conseil sur une péniche sur la Sarthe et nous avons perdu l'hélice de la péniche et nous sommes restés pendant des heures à dériver le long des courants heureusement faibles de la rivière la Sarthe. Il y avait d'abord à l'époque, je me souviens, un conseiller municipal de Bückeburg qui était ingénieur, maîtrisant la technologie comme tous les Allemands et qui a essayé de réparer le bateau mais sans y parvenir. Et puis, je me souviens de ce qui était peut-être ma dernière visite à Bückeburg au moment de la chute du Rideau de fer, l'immense émotion qui avait traversé la population de Bückeburg, la grande joie de voir l'Allemagne enfin réunifiée et pour célébrer cette événement, vous nous aviez emmenés, toute la délégation de Sablé, dans une ville proche qui devait être Halberstadt si je me souviens bien. Et je me souviens encore, moi qui avais passé des années et des années de ma vie politique à étudier les questions stratégiques et la Guerre froide et les forces du Pacte de Varsovie, je me souviens de mon émotion lorsque nous sommes entrés dans une immense caserne soviétique où les chars russes rouillés étaient abandonnés au milieu des herbes folles et où les soldats soviétiques semblaient perdus et se demandaient ce qui était leur avenir.
Voilà toutes ces anecdotes pour dire que moi, j'ai beaucoup appris à travers ce jumelage sur l'Allemagne, sur les différences entre le peuple français et le peuple allemand et j'en ai tiré des enseignements que j'essaye de mettre en uvre chaque jour dans les relations franco-allemandes. Je pense que dans une Europe à 27 aussi difficile à conduire, la solidité du couple franco-allemand est un élément fondamental. Et je voudrais remercier tous ceux qui à la tête des jumelages ici à Sablé, à Bückeburg, et dans toute l'Allemagne uvrent pour la compréhension et pour l'amitié entre le peuple allemand et le peuple français. Sur le pont de l'Europe à Kehl, il est inscrit "demeurer enclos dans son identité, c'est se perdre et cesser d'être." Eh bien, c'est justement pour éviter de rester enclos dans notre identité que nous avons multiplié ces échanges entre la France et l'Allemagne pour le bien du peuple français, pour le bien du peuple allemand, pour le bien de l'Europe et c'est pour moi, aujourd'hui, un grand plaisir, cher Monsieur le maire, Mesdames et Messieurs, de célébrer l'amitié franco-allemande et de célébrer l'amitié entre Bückeburg et Sablé-sur-Sarthe.Source http://www.gouvernement.fr, le 5 avril 2011