Interview de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, à "Direct Matin" le 4 avril 2011, sur la départementalisation de Mayotte et la cérémonie d'hommage solennel de la Nation à Aimé Césaire.

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Média : Direct Matin

Texte intégral

- Mayotte est devenue un département : qu'est-ce qui va changer ?
C'est un événement historique pour Mayotte. La départementalisation, c'est bien plus qu'un simple changement administratif. Pour la population mahoraise, il s'agit de la confirmation définitive du lien entre Mayotte et la France. De plus, ce sont de nouveaux droits mais aussi de nouveaux devoirs pour les mahorais. Concrètement, pour les femmes, la départementalisation engendre désormais la fin de nouvelles unions polygames, pour les plus démunis, c'est l'augmentation des allocations versées aux personnes âgées ou handicapées. Le RSA sera mis en place à un montant adapté, afin de ne pas déstabiliser l'économie. Pour les familles, c'est l'augmentation de la prestation d'aide à la restauration scolaire destinée aux enfants dans les écoles. D'une manière générale, l'alignement de Mayotte sur le droit commun se fera sur 25 ans.
- Cela ne risque-t-il pas de perturber la société mahoraise ?
Je ne le crois pas car les mahorais ont choisi de devenir le 101e département français en votant pour cette évolution à plus de 95 % lors du referendum le 29 mars 2009. La présence française à Mayotte remonte à 1841. A quatre reprises, la population a exprimé sa volonté de rester dans la République. Cela demande des changements, mais la départementalisation ne bouleversera pas l'identité culturelle mahoraise qui sera reconnue comme une richesse de plus pour notre pays.
- L'hommage solennel rendu mercredi à Aimé Césaire en est un autre exemple…
La cérémonie d'hommage solennel de la Nation à Aimé Césaire est un moment historique pour notre pays. En cette année des Outre-mer, c'est une grande voix poétique et politique qui entre au Panthéon. C'est aussi un exemple pour notre jeunesse car le parcours exceptionnel d'Aimé Césaire est véritablement un modèle pour notre jeunesse métropolitaine et ultramarine. J'espère que ce sera aussi l'occasion de mieux connaître les richesses culturelles des Outre-mer et une invitation à lire ou relire Césaire.
- Pourquoi sa dépouille n'a-t-elle pas été transférée au Panthéon ?
Ce n'était ni sa volonté, ni celle de sa famille. Comment l'auteur du Cahier d'un retour au pays natal pourrait-il quitter sa terre de Martinique ? De plus, un hommage au Panthéon ne signifie pas nécessairement le transfert de cendres. L'inscription en son honneur au Panthéon est un formidable hommage tout aussi symbolique qui fait entrer Aimé Césaire dans la communauté des "grands hommes".Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 11 avril 2011