Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Chers Compatriotes,
Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui à Niamey, pour ce moment de rencontre et d'échange, dans cette belle Résidence de France qui est celle de tous les Français et de tous les amis de la France.
Je suis venu, comme vous le savez, pour assister à l'investiture du président Issoufou, et j'étais hier au Bénin pour celle du président Boni Yayi. A chacun de mes déplacements, parfois très brefs comme celui-ci, je souhaite rencontrer la communauté française et lui affirmer tout l'intérêt et le soutien que lui porte le gouvernement.
A cet égard, je voudrais tout d'abord, en raison de l'actualité, vous dire un mot sur les événements qui se déroulent en ce moment même en Côte d'Ivoire. A l'heure où je vous parle, les informations dont je dispose laissent entendre que les combats à Abidjan ont baissé d'intensité. Toutefois, des affrontements sporadiques, parfois très violents, persistent dans certains quartiers. À ce stade, les négociations qui ont été entamées entre Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara n'ont pas abouti. Laurent Gbagbo reste enfermé dans le bunker de sa résidence, et la situation humanitaire à Abidjan devient préoccupante. Nous souhaitons toujours, comme les Nations unies et l'Union africaine, que Laurent Gbagbo renonce au pouvoir en Côte d'Ivoire et reconnaisse Alassane Ouattara comme président, ainsi que l'a fait depuis le début la communauté internationale. C'est la condition pour qu'enfin la Côte d'Ivoire puisse s'engager dans l'avenir apaisé et prospère, auquel elle a droit après tant d'années d'instabilité. En tout état de cause, les forces françaises de l'opération Licorne sont déployées sur le terrain et restent extrêmement vigilantes pour assurer la sécurité de nos ressortissants. C'est, je puis vous l'assurer, la première priorité du président de la République.
Bien différente heureusement est la situation politique au Niger. Il s'agit au contraire d'une grande source de satisfaction. Je participais ce matin à la cérémonie d'investiture du nouveau président de la République du Niger, M. Mahamadou Issoufou. Le déroulement exemplaire de ces élections est un grand succès pour le Niger, c'est aussi un signal particulièrement encourageant pour l'ensemble du continent africain. Depuis plus d'une année en effet, les autorités de la Transition s'étaient engagées dans un processus destiné à rétablir l'ordre constitutionnel normal et à restituer le pouvoir à des autorités civiles démocratiquement élues. C'est désormais chose faite, au terme d'une séquence électorale quasiment sans précédent, qui a vu s'enchaîner un référendum constitutionnel en octobre, des élections municipales et régionales début janvier, puis des élections législatives et enfin les deux tours de l'élection présidentielle, le 31 janvier et 12 mars.
A l'issue de ce dernier vote, le président Issoufou a été élu. Son concurrent M. Seyni Oumarou a reconnu sa défaite avec beaucoup d'élégance, et le nouveau président l'a assuré que l'opposition verrait désormais toute sa place respectée. Il faut également saluer l'esprit de responsabilité des autorités de la Transition, en particulier le chef de l'État, le général Salou Djibo, qui ont permis que soit strictement respecté ce calendrier de retour au plein exercice de la démocratie.
C'est donc une nouvelle page politique qui s'ouvre pour le Niger. Ce pays dispose désormais d'élus qui depuis l'échelon local jusqu'au sommet de l'État bénéficiant de la consécration du suffrage universel. Cette légitimité est de nature à renforcer l'efficacité des actions qui vont être entreprises par les autorités nigériennes. Car les défis auxquels le Niger doit faire face en matière de développement n'ont pas disparu durant la parenthèse institutionnelle qu'a représentée la Transition. Mais, de même que le Niger a pu compter sur le soutien de la France, dans le plein respect de sa souveraineté, pour réussir sa transition démocratique, de même pourra-t-il compter sur un engagement renouvelé de notre pays pour l'accompagner, dans un esprit de respect mutuel, tout au long de sa trajectoire de développement. Je tiens à saluer la grande qualité du discours d'investiture du président Issoufou et en particulier son vibrant plaidoyer pour l'union nationale, les progrès en matière d'éducation et la coordination régionale sur les questions de sécurité.
Ce succès de la transition est aussi essentiel pour l'ensemble de l'Afrique. Alors que le continent connaîtra en 2011 près d'une douzaine d'élections présidentielles, le bon déroulement du scrutin nigérien fait figure de modèle.
Le deuxième motif de ma visite, Mes Chers Compatriotes, c'était aussi de vous rencontrer. Je tenais en effet à vous témoigner du soutien du gouvernement français à une période qui est sans doute difficile pour votre communauté. Comment oublier en effet la succession dramatique d'attaques dont les ressortissants français présents au Niger ont été victimes ? Je pense à Michel Germaneau, enlevé et assassiné. Je pense à l'enlèvement à Arlit de cinq de nos compatriotes. La libération de Mme Larribe, M. Rakoto et M. Ahonado voici quelques semaines, dont nous nous réjouissons, ne nous fait pas oublier le sort de ceux qui restent otages. Je pense enfin à nos deux jeunes compatriotes, Antoine de Leocour et Vincent Delory, enlevés ici même à Niamey le 7 janvier et lâchement assassinés. Antoine de Leocour souhaitait consacrer ses prochaines années au service du développement du Niger. Dans ce pays, il avait aussi rencontré l'amour avec Mlle Rakia Hassane Kouka. Son ami était venu le rejoindre pour assister à son mariage. Ils ont tous deux péri victimes de cette nouvelle barbarie qui, dans la région, a fait de la France son ennemie et des Français sa cible. Face à cette menace douloureusement avérée, quelle doit être notre réaction à tous ? Tout d'abord, je suis venu pour vous le dire, le gouvernement français est particulièrement mobilisé dès que la sécurité de nos ressortissants est en jeu. Votre sécurité est notre priorité, je veux que vous en soyez convaincus. Ce début d'année a été malheureusement l'occasion pour l'État de déployer toute l'étendue des capacités qui ont été crées ou renforcées ces dernières années pour assurer la sécurité de nos ressortissants à l'étranger : mais de la Libye au Japon, du Sahel à la Côte d'Ivoire, nos moyens diplomatiques, humanitaires et militaires ont répondu présents au moment où il le fallait afin de protéger nos ressortissants.
Mais ces moyens mis en uvre par l'État ne sauraient être efficaces si la communauté française elle-même ne faisait pas preuve de vigilance et de solidarité. Eviter toute conduite à risque, alerter sur toute menace perçue, réagir avec discipline aux consignes données par l'ambassade, voilà les règles de vie que vous devez désormais respecter afin de garantir votre sécurité et celle de vos proches.
Toutefois, cette vigilance nouvelle ne doit pas remettre en cause le choix que vous avez fait de vivre au Niger, d'oeuvrer chacun dans votre domaine pour son développement, et surtout de partager d'innombrables moments d'échange avec la population de ce pays si attachant. Car la France ne se retirera devant la menace de quelques fanatiques, obscurantistes et nihilistes. La coopération qui est menée depuis de nombreuses années avec le Niger passe par l'engagement de l'État et de ses opérateurs. Les entreprises jouent également tout leur rôle, qui contribue au développement du Niger comme aux intérêts de notre pays. Je pense en particulier à l'implantation d'AREVA, si essentielle pour le développement du Niger. Je sais que Mme Lauvergeon a rencontré hier le nouveau président afin d'évoquer les modalités du retour des personnels expatriés. Mais cette relation de partenariat repose avant tout sur l'engagement d'hommes et de femmes qui ont accepté l'aventure de l'expatriation et ont choisi de consacrer plusieurs années de leur vie au Niger.
Au moment où l'histoire du monde semble connaître une accélération spectaculaire, les communautés françaises à l'étranger se trouvent parfois placées aux premières loges de ces bouleversements. Cette position parfois exposée résulte d'un choix de vie courageux qui a consisté, un jour, à rejeter le confort de la routine pour s'élancer dans un nouveau projet, qu'il s'agisse d'aller enseigner, de créer un commerce, de se lancer dans l'humanitaire ou de rejoindre une multinationale. Vous êtes le visage d'une France qui a su prendre des risques et s'ouvrir au monde. Vous êtes le visage d'une France confiante dans la force de ses valeurs et la modernité de son projet. Au moment où d'aucuns prônent pour notre pays le repli sur soi et le rejet de l'autre, au moment où les terroristes voudraient nous faire croire qu'il y a un choix à opérer entre sécurité et liberté, la communauté des 2 millions de Français installés à l'étranger témoigne que le destin de notre peuple n'est pas de rester claquemuré dans nos frontières et nos certitudes.
Aussi qu'il me soit à nouveau permis de saluer, au nom du gouvernement français, le courage et l'enthousiasme qui vous font être présents aujourd'hui au Niger, pour contribuer chacun dans votre domaine au renforcement des liens entre la France et le Niger et au développement de l'amitié entre nos deux pays.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2011
Je suis particulièrement heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui à Niamey, pour ce moment de rencontre et d'échange, dans cette belle Résidence de France qui est celle de tous les Français et de tous les amis de la France.
Je suis venu, comme vous le savez, pour assister à l'investiture du président Issoufou, et j'étais hier au Bénin pour celle du président Boni Yayi. A chacun de mes déplacements, parfois très brefs comme celui-ci, je souhaite rencontrer la communauté française et lui affirmer tout l'intérêt et le soutien que lui porte le gouvernement.
A cet égard, je voudrais tout d'abord, en raison de l'actualité, vous dire un mot sur les événements qui se déroulent en ce moment même en Côte d'Ivoire. A l'heure où je vous parle, les informations dont je dispose laissent entendre que les combats à Abidjan ont baissé d'intensité. Toutefois, des affrontements sporadiques, parfois très violents, persistent dans certains quartiers. À ce stade, les négociations qui ont été entamées entre Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara n'ont pas abouti. Laurent Gbagbo reste enfermé dans le bunker de sa résidence, et la situation humanitaire à Abidjan devient préoccupante. Nous souhaitons toujours, comme les Nations unies et l'Union africaine, que Laurent Gbagbo renonce au pouvoir en Côte d'Ivoire et reconnaisse Alassane Ouattara comme président, ainsi que l'a fait depuis le début la communauté internationale. C'est la condition pour qu'enfin la Côte d'Ivoire puisse s'engager dans l'avenir apaisé et prospère, auquel elle a droit après tant d'années d'instabilité. En tout état de cause, les forces françaises de l'opération Licorne sont déployées sur le terrain et restent extrêmement vigilantes pour assurer la sécurité de nos ressortissants. C'est, je puis vous l'assurer, la première priorité du président de la République.
Bien différente heureusement est la situation politique au Niger. Il s'agit au contraire d'une grande source de satisfaction. Je participais ce matin à la cérémonie d'investiture du nouveau président de la République du Niger, M. Mahamadou Issoufou. Le déroulement exemplaire de ces élections est un grand succès pour le Niger, c'est aussi un signal particulièrement encourageant pour l'ensemble du continent africain. Depuis plus d'une année en effet, les autorités de la Transition s'étaient engagées dans un processus destiné à rétablir l'ordre constitutionnel normal et à restituer le pouvoir à des autorités civiles démocratiquement élues. C'est désormais chose faite, au terme d'une séquence électorale quasiment sans précédent, qui a vu s'enchaîner un référendum constitutionnel en octobre, des élections municipales et régionales début janvier, puis des élections législatives et enfin les deux tours de l'élection présidentielle, le 31 janvier et 12 mars.
A l'issue de ce dernier vote, le président Issoufou a été élu. Son concurrent M. Seyni Oumarou a reconnu sa défaite avec beaucoup d'élégance, et le nouveau président l'a assuré que l'opposition verrait désormais toute sa place respectée. Il faut également saluer l'esprit de responsabilité des autorités de la Transition, en particulier le chef de l'État, le général Salou Djibo, qui ont permis que soit strictement respecté ce calendrier de retour au plein exercice de la démocratie.
C'est donc une nouvelle page politique qui s'ouvre pour le Niger. Ce pays dispose désormais d'élus qui depuis l'échelon local jusqu'au sommet de l'État bénéficiant de la consécration du suffrage universel. Cette légitimité est de nature à renforcer l'efficacité des actions qui vont être entreprises par les autorités nigériennes. Car les défis auxquels le Niger doit faire face en matière de développement n'ont pas disparu durant la parenthèse institutionnelle qu'a représentée la Transition. Mais, de même que le Niger a pu compter sur le soutien de la France, dans le plein respect de sa souveraineté, pour réussir sa transition démocratique, de même pourra-t-il compter sur un engagement renouvelé de notre pays pour l'accompagner, dans un esprit de respect mutuel, tout au long de sa trajectoire de développement. Je tiens à saluer la grande qualité du discours d'investiture du président Issoufou et en particulier son vibrant plaidoyer pour l'union nationale, les progrès en matière d'éducation et la coordination régionale sur les questions de sécurité.
Ce succès de la transition est aussi essentiel pour l'ensemble de l'Afrique. Alors que le continent connaîtra en 2011 près d'une douzaine d'élections présidentielles, le bon déroulement du scrutin nigérien fait figure de modèle.
Le deuxième motif de ma visite, Mes Chers Compatriotes, c'était aussi de vous rencontrer. Je tenais en effet à vous témoigner du soutien du gouvernement français à une période qui est sans doute difficile pour votre communauté. Comment oublier en effet la succession dramatique d'attaques dont les ressortissants français présents au Niger ont été victimes ? Je pense à Michel Germaneau, enlevé et assassiné. Je pense à l'enlèvement à Arlit de cinq de nos compatriotes. La libération de Mme Larribe, M. Rakoto et M. Ahonado voici quelques semaines, dont nous nous réjouissons, ne nous fait pas oublier le sort de ceux qui restent otages. Je pense enfin à nos deux jeunes compatriotes, Antoine de Leocour et Vincent Delory, enlevés ici même à Niamey le 7 janvier et lâchement assassinés. Antoine de Leocour souhaitait consacrer ses prochaines années au service du développement du Niger. Dans ce pays, il avait aussi rencontré l'amour avec Mlle Rakia Hassane Kouka. Son ami était venu le rejoindre pour assister à son mariage. Ils ont tous deux péri victimes de cette nouvelle barbarie qui, dans la région, a fait de la France son ennemie et des Français sa cible. Face à cette menace douloureusement avérée, quelle doit être notre réaction à tous ? Tout d'abord, je suis venu pour vous le dire, le gouvernement français est particulièrement mobilisé dès que la sécurité de nos ressortissants est en jeu. Votre sécurité est notre priorité, je veux que vous en soyez convaincus. Ce début d'année a été malheureusement l'occasion pour l'État de déployer toute l'étendue des capacités qui ont été crées ou renforcées ces dernières années pour assurer la sécurité de nos ressortissants à l'étranger : mais de la Libye au Japon, du Sahel à la Côte d'Ivoire, nos moyens diplomatiques, humanitaires et militaires ont répondu présents au moment où il le fallait afin de protéger nos ressortissants.
Mais ces moyens mis en uvre par l'État ne sauraient être efficaces si la communauté française elle-même ne faisait pas preuve de vigilance et de solidarité. Eviter toute conduite à risque, alerter sur toute menace perçue, réagir avec discipline aux consignes données par l'ambassade, voilà les règles de vie que vous devez désormais respecter afin de garantir votre sécurité et celle de vos proches.
Toutefois, cette vigilance nouvelle ne doit pas remettre en cause le choix que vous avez fait de vivre au Niger, d'oeuvrer chacun dans votre domaine pour son développement, et surtout de partager d'innombrables moments d'échange avec la population de ce pays si attachant. Car la France ne se retirera devant la menace de quelques fanatiques, obscurantistes et nihilistes. La coopération qui est menée depuis de nombreuses années avec le Niger passe par l'engagement de l'État et de ses opérateurs. Les entreprises jouent également tout leur rôle, qui contribue au développement du Niger comme aux intérêts de notre pays. Je pense en particulier à l'implantation d'AREVA, si essentielle pour le développement du Niger. Je sais que Mme Lauvergeon a rencontré hier le nouveau président afin d'évoquer les modalités du retour des personnels expatriés. Mais cette relation de partenariat repose avant tout sur l'engagement d'hommes et de femmes qui ont accepté l'aventure de l'expatriation et ont choisi de consacrer plusieurs années de leur vie au Niger.
Au moment où l'histoire du monde semble connaître une accélération spectaculaire, les communautés françaises à l'étranger se trouvent parfois placées aux premières loges de ces bouleversements. Cette position parfois exposée résulte d'un choix de vie courageux qui a consisté, un jour, à rejeter le confort de la routine pour s'élancer dans un nouveau projet, qu'il s'agisse d'aller enseigner, de créer un commerce, de se lancer dans l'humanitaire ou de rejoindre une multinationale. Vous êtes le visage d'une France qui a su prendre des risques et s'ouvrir au monde. Vous êtes le visage d'une France confiante dans la force de ses valeurs et la modernité de son projet. Au moment où d'aucuns prônent pour notre pays le repli sur soi et le rejet de l'autre, au moment où les terroristes voudraient nous faire croire qu'il y a un choix à opérer entre sécurité et liberté, la communauté des 2 millions de Français installés à l'étranger témoigne que le destin de notre peuple n'est pas de rester claquemuré dans nos frontières et nos certitudes.
Aussi qu'il me soit à nouveau permis de saluer, au nom du gouvernement français, le courage et l'enthousiasme qui vous font être présents aujourd'hui au Niger, pour contribuer chacun dans votre domaine au renforcement des liens entre la France et le Niger et au développement de l'amitié entre nos deux pays.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2011