Texte intégral
Je suis très heureuse de vous accueillir dans ces murs et je tenais à remercier très sincèrement Jacques THOUROUDE, président de lANDES, davoir bien voulu organiser cette réunion conjointement avec le ministère. Je peux vous dire que jai beaucoup de satisfaction à travailler avec Jacques, qui est un homme de coeur et dengagement. Je salue également Denis MERVILLE, qui représente ici lAssociation des maires de France que nous avons souhaité associer à lévènement.
Cette rencontre collective avec les élus du sport marque une étape dans la construction dun partenariat stable entre lEtat et les acteurs majeurs du développement du sport que sont les communes et leurs groupements. Je ne conçois pas en effet que lEtat puisse mener sa politique dans lignorance de leurs initiatives, de leurs difficultés, de leurs succès et de leurs attentes. Jemploie à dessein le terme de partenariat. Je nai pas la moindre velléité de remettre en question, sous couvert de concertation, les acquis de la décentralisation en me mêlant de la définition des politiques sportives des collectivités locales. Celles-ci ont fait la preuve de leur maturité et de leur efficacité pour ouvrir la pratique sportive à lensemble de nos concitoyens et leur offrir une distraction saine en soutenant les équipes et les sportifs participant aux compétitions nationales ou régionales. Cest leur responsabilité, elles sen acquittent parfaitement. Mais je veux explorer avec vous les conditions dune collaboration utile à lintérêt général entre les deux principaux responsables des politiques publiques du sport. Dire cela, ce nest pas méconnaître limportance du rôle des départements et des régions, dont la loi de réforme des collectivités territoriales a préservé la capacité dintervention.
Je sais que vous discutez actuellement avec lAMF, lADF et lARF pour appréhender les conséquences de la réforme territoriale. LEtat vous fait confiance pour éclaircir les compétences de chacun et sera en soutien sil advenait que la concertation ne débouche pas.
Il est cependant un sujet qui me tient particulièrement à coeur et dont je tiens à vous parler, cest lintercommunalité en matière sportive. Cette intercommunalité me parait une nécessité absolue, aujourdhui, pour définir les orientations des politiques locales déquipements et de soutien à la pratique sportive. Cest à léchelle de lintercommunalité que doivent être conduites toutes les démarches de type « schéma directeur » parce que cest le territoire pertinent pour construire une offre complète et équilibrée de pratique sportive. Dans ce paysage stabilisé il nest peut-être pas inutile de rappeler que lEtat ne se désengage pas. Le montant total des moyens affectés au sport par lEtat, budget général et FNDS réunis, était de 480 millions deuros en 2000. Il sélevait à 805 millions deuros en 2010 et sera de 869 millions en 2011. Les missions des communes et de lEtat sont essentielles et complémentaires et cest à cette complémentarité quil faut donner tout son sens.
Lenjeu pour lEtat est darriver à réunir un fonds commun de connaissance et dexpertise dans lequel lensemble des intervenants publics et privés pourront puiser pour rendre leur action plus juste et plus économe.
I. LEtat doit développer lexpertise lui permettant de répondre à ses missions régaliennes.
La production législative et réglementaire en matière sportive doit être le fruit dune analyse aussi approfondie que possible et se garder de la pression des intérêts particuliers ou des effets dannonces.
A/ Plusieurs réflexions ont par conséquent été engagées : sur le sens de la délégation délivrée aux fédérations sportives, ou sur les dispositions qui peuvent améliorer la compétitivité de la France dans lobtention des organisations de grands événements sportifs.
B/ Cest lexpertise également qui doit nous permettre de maîtriser la production des normes. Je connais votre préoccupation sur ce sujet qui a de fortes incidences sur les finances locales. Vous avez le sentiment dêtre à la merci de fédérations qui disposent dun pouvoir unilatéral, dont elles nusent pas toujours avec tempérance. La question nest pas, cependant, dinstituer un illusoire contre-pouvoir davis donné à la commission consultative dédiction des normes (CCEN). Ce serait sans effet sur la parution de règlements fédéraux applicables aux équipements sportifs accueillant des compétitions nationales et internationales.
Lefficacité, cest la loi qui la procure en limitant strictement ces édictions aux seules exigences de la compétition sur le terrain et de la mise en sécurité des joueurs, excluant donc tout motif dordre commercial. Cest aussi la qualité de la concertation instituée avec les fédérations dans le cadre de la préparation dun passage devant la commission dexamen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (CERFRES) pour les équipements que ce soit à vocation nationale ou locale. Cest par les remarques quautorise leur connaissance précise de la discipline sportive et des équipements sportifs que mes services obtiennent avec les élus des révisions effectives des projets des fédérations
Jai la volonté que cette expertise soit renforcée et son exercice guidé par une vigilance accrue sur les conséquences financières des projets présentés. Les élus locaux auront tout loisir den vérifier la réalité puisque jai proposé au Premier Ministre, qui a accepté, que la composition de la CERFRES soit élargie à deux élus supplémentaires, désignés par le comité des finances locales. Jai également obtenu quun rapport annuel sur les avis de la commission soit présenté par le directeur des sports devant la CCEN.
Jai par ailleurs demandé à mes services de veiller à ce quil ny ait pas la moindre confusion entre les règles, qui sont obligatoires, et les recommandations, qui sont facultatives. Les exigences contractuelles formulées par les ligues sportives professionnelles devront faire lobjet dune attention particulière. Leur incidence financière devrait être supportée par les clubs professionnels, mais elle retombe trop souvent sur les communes. Ce devrait cependant être de moins en moins le cas avec lévolution du modèle économique du sport professionnel.
II. La fonction dexpertise doit également venir éclairer les responsables sportifs, publics, associatifs et économiques dans la conduite de leur politique de développement des pratiques sportives.
Cest toute la question de la fonction dEtat stratège. Cette fonction est un complément utile à votre expérience de terrain nourrie de vos nombreux contacts avec les administrés.
Elle a été un peu délaissée par lEtat dans le passé récent. Jentends par conséquent la restaurer, dautant que la RGPP nous conduit à le faire.
A/ Je my emploie en madressant, par exemple, directement aux clubs et associations sportives de notre pays. Mon message est simple. Leur mission est essentielle. Ils donnent à nos jeunes une éducation sportive. Ils permettent à beaucoup dadultes de pratiquer un sport tout au long de leur vie. Ils sont un puissant agent de transmission des valeurs républicaines qui assurent notre cohésion sociale : création de lien social, apprentissage de la démocratie, éducation au respect de soi, des autres et du monde. Cest pour cela que jai introduit dans les directives demploi des crédits du CNDS le principe de civi-conditionnalité. Les aides seront désormais soumises à la présentation du projet de club, au sein duquel seront clairement identifiés les volets éducatif et éthique. Il intègrera à terme une charte éthique. Afin daccompagner cette démarche un vadémécum, à lélaboration duquel lANDES a participé, vient dêtre mis à la disposition des clubs et des services déconcentrés.
B/ Je my emploie également en affinant la connaissance que nous avons de loffre sportive du pays. Nous disposerons dès le mois davril dun atlas des équipements sportifs qui nous permettra de mieux identifier les territoires déficitaires. Jai voulu que cet instrument de macroanalyse soit complété par des collaborations volontaires dans la réalisation de diagnostics territoriaux approfondis au niveau local avec une méthodologie à laquelle je souhaite vous associer. On observe en effet que ce qui peut être qualifié dexplosion de la pratique sportive a bien évidemment des incidences sur la conception des équipements, leur maillage et leur usage. Les déterminants danalyse des diagnostics pour lesquels je souhaite un travail conjoint doivent intégrer ces évolutions lourdes. Jai demandé aux nouvelles directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) de vous proposer ces réalisations de diagnostics.
C/ Je sais par ailleurs les élus du sport très mobilisés sur les enjeux du développement durable. Les Assises nationale et territoriales du sport et du développement durable conduites en 2010 avec lensemble des acteurs concernés ont démontré la volonté des collectivités locales en la matière et révélé quelles portaient ou accompagnaient de nombreuses démarches innovantes. Nous disposons à présent dune forte expérience qui doit nous permettre délaborer une stratégie partagée de développement durable pour le sport. Je présenterai début avril cette stratégie avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, la Ministre chargée du développement durable, et je déclinerai une dizaine dactions prioritaires sur lesquelles jentends mobiliser pleinement lensemble des services du ministère des sports.
III. Enfin, je tiens à ce que les services territoriaux de lEtat et les communes ou leurs groupements renouent avec un type de partenariat plus global portant sur lorganisation des loisirs éducatifs des jeunes. Le message que je veux vous délivrer comme Ministre des Sports, cest que beaucoup de fées se penchent sur le berceau de nos enfants pour les guider vers un état dadulte socialisé et épanoui. Ces fées ce sont les parents, lécole et toutes les oeuvres éducatives qui constituent ce que jappelle le tiers temps éducatif. La réflexion sur les rythmes scolaires engagée par mon collègue Luc Chatel rouvre la voie dun partenariat intelligent entre ces trois grandes catégories dacteurs éducatifs. Elle donne aux communes et leurs groupements une responsabilité spécifique, celle de larticulation des trois temps et des modes de collaboration entre les acteurs. Elle crée les conditions de la conduite dune politique globale de loffre éducative locale.
Ce sont là quelques exemples des sujets sur lesquels lEtat, les collectivités territoriales et le mouvement sportif peuvent comparer leurs visions propres et mutualiser leurs connaissances. Jai souhaité que soit institué et formalisé un cadre déchange entre lensemble des acteurs du sport. Ce cadre cest lassemblée du sport que jinstallerai le 29 mars prochain. Je réponds à une attente exprimée par le mouvement sportif, mais je crois, également par les collectivités territoriales. Les représentants des acteurs économiques sont conviés à cette assemblée. Et jai voulu que la société civile y soit également représentée à travers des associations et autres organismes qui expriment la variété des identités et des préoccupations qui la forment. Nous parlerons de tout, du développement des pratiques sportives, du sport de haut niveau, de léthique et de la santé des sportifs, de la gouvernance du sport, de léconomie du sport, de lemploi et de la formation. Nous aurons également loccasion de réfléchir au mode de concertation à promouvoir à léchelle régionale, dans lesprit des initiatives déjà prises à certains endroits. Il me paraissait utile que je vous fasse connaître mon état desprit et mon ambition. Mais il est tout aussi important pour moi de vous écouter pour comprendre la nature de vos préoccupations et de vos attentes. Merci de votre attention.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 17 mars 2011