Texte intégral
Roselyne Bachelot vient de vous présenter de façon détaillée le dispositif de concertation tel quil sest mis en place au lendemain du lancement du débat national sur la dépendance le 8 février dernier par le Président de la République.
Je souhaiterais revenir à mon tour sur les principaux enseignements que je retiens à ce stade des très nombreux échanges que nous avons eus depuis deux mois.
- 1/ La concertation mise en place dans la première phase de cette démarche a esquissé en quelque sorte les prémices du nouveau partenariat social demandé par le Président de la République au Conseil économique, social et environnemental.
Il a semblé essentiel dentendre les principaux responsables politiques et syndicaux, représentants professionnels et des usagers, représentants des religions et des familles de pensées, car ce débat, on ne le répètera jamais assez, nest pas un débat technique même si de nombreuses questions auxquelles nous sommes confrontés sont très complexes.
Pour apporter des réponses pertinentes et surtout acceptables par nos concitoyens, il est nécessaire de faire apparaitre les choix politiques quelles traduisent. Il nous faut rendre explicites des questions encore trop souvent implicites. Rien nest plus dangereux, et moins démocratique, que de présenter sous le visage de solutions techniques qui simposent des choix politiques qui peuvent être discutés et doivent être défendus pour ce quils sont.
Or, chacune de ces auditions nous a aidées à prendre du recul par rapport à la manière classique daborder les questions du financement ou de laccompagnement des personnes âgées.
Certains mont personnellement marquées plus que dautres en raison de léclairage parfois inattendu quelles ont apporté à notre sujet. Je voudrais vous les livrer comme quatre flashs :
- Cest tout dabord le discours très positif des organisations syndicales, jusquà la CGT, en faveur du rôle et de la place de la Caisse nationale de solidarité pour lautonomie dans le dispositif actuel daccompagnement de la perte dautonomie. Pour avoir suivi de près la création de cette institution originale dans le paysage de notre protection sociale, je me souviens les interrogations que cet « OVNI institutionnel » avaient suscité et les inquiétudes dun certain nombre de partenaires sociaux attachés aux principes forts de gouvernance de la sécurité sociale. Au-delà de cela que cela appelle sur la future gouvernance de cette 5e protection, cette attitude très ouverte souligne, comme le Président de la République nous y a invités, quon aurait tort de rejeter a priori pour de seuls motifs idéologiques des options qui pourraient apparaître finalement pertinentes selon des critères defficacité.
- Cest aussi le rappel, par Mohammed Moussaoui, représentant du Conseil consultatif du culte musulman, de la place jouée par la famille auprès des personnes âgées fragilisées dans certaines traditions culturelles. Il nous appelle a reconnaître et respecter la place des aidants tout en sachant les accompagner.
- LUNCCAS de son côté a insisté sur lapport de solutions de proximité dans laccompagnement des personnes âgées. Jai été marquée par ce quon pourrait voir comme une invitation à dépasser lopposition un peu trop binaire entre le domicile et lEHPAD. Nous sommes tous appelés à favoriser le maintien à domicile. Mais quelles formes le domicile peut-il aussi prendre lorsquil sagit de lassocier avec des besoins de sécurité et daccompagnement ?
- Je finirai cette énumération illustrative par une 4e contribution, celle très importante du Haut Conseil pour lavenir de lassurance maladie qui a souligné la contribution très forte du secteur sanitaire à la construction des réponses aux besoins de soins des personnes âgées. Cela nous interroge sur loptimisation à la fois humaine et financière de notre système de réponse : il suffit de regarder limportance des personnes âgées aux urgences et limpact de tels passages sur la qualité de vie de ces personnes et parfois même leur autonomie pour sen convaincre.
- 2/ En première synthèse des dizaines dauditions que nous avons eues, je retiendrai, comme Roselyne Bachelot la fait, certaines réalités assez fortes.
Tout dabord, les attentes considérables que louverture dun tel débat suscite. Nombreux sont ceux qui constataient depuis longtemps les limites du système actuel à des titres variés dont les réponses nécessitent de reconsidérer le tout.
Lattachement, également, cela a été dit, au maintien du principe de solidarité comme socle de la réforme.
La conscience, aussi, il faut le dire, que dans un contexte dune certaine rareté des ressources qui caractérise lépoque dans laquelle nous sommes entrés, il va nous falloir être innovants pour imaginer un système de financement efficace et soutenable.
- 3/ Ce grand débat national dont nous vous livrons aujourdhui un premier point davancement constitue le lancement dun chantier politique majeur.
Ce nest pas une manière doccuper lopinion. Je veux le dire très directement. Nous le devons à tous ceux, très nombreux, qui se sont engagés dans ces travaux, dans ces groupes de travail qui vous ont été présentés, et ceux, plus nombreux encore, que nous rencontrerons lors des 26 débats en région.
Le lancement dune réflexion sur la dépendance nest pas non plus un accident de la pensée. Il sagit du prolongement dune démarche responsable visant à faire face avec lucidité aux défis qui sont posés à la société française. Le vieillissement est une réalité intangible : il faut se réjouir de laugmentation de lespérance de vie ; il faut également être conscient de la tension quelle met sur nos systèmes sociaux. La réforme des retraites a été un premier pas pour offrir aux Français des perspectives davenir compatibles avec lévolution de la démographie. La réforme dont nous parlons aujourdhui est un deuxième pas.
Source http://www.dependance.gouv.fr, le 18 avril 2011