Déclaration de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux solidarités et à la cohésion sociale, sur les dispositifs mis en oeuvre pour l'aide aux personnes âgées dépendantes, le partenariat social mis en place par le Conseil économique, social et environnemental et le débat national sur la dépendance, Paris le 14 avril 2011.

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Circonstance : Bilan d'étape concernant la concertation sur la dépendance à Paris le 14 avril 2011

Texte intégral


Roselyne Bachelot vient de vous présenter de façon détaillée le dispositif de concertation tel qu’il s’est mis en place au lendemain du lancement du débat national sur la dépendance le 8 février dernier par le Président de la République.
Je souhaiterais revenir à mon tour sur les principaux enseignements que je retiens à ce stade des très nombreux échanges que nous avons eus depuis deux mois.
- 1/ La concertation mise en place dans la première phase de cette démarche a esquissé en quelque sorte les prémices du nouveau partenariat social demandé par le Président de la République au Conseil économique, social et environnemental.
Il a semblé essentiel d’entendre les principaux responsables politiques et syndicaux, représentants professionnels et des usagers, représentants des religions et des familles de pensées, car ce débat, on ne le répètera jamais assez, n’est pas un débat technique même si de nombreuses questions auxquelles nous sommes confrontés sont très complexes.
Pour apporter des réponses pertinentes et surtout acceptables par nos concitoyens, il est nécessaire de faire apparaitre les choix politiques qu’elles traduisent. Il nous faut rendre explicites des questions encore trop souvent implicites. Rien n’est plus dangereux, et moins démocratique, que de présenter sous le visage de solutions techniques qui s’imposent des choix politiques qui peuvent être discutés et doivent être défendus pour ce qu’ils sont.
Or, chacune de ces auditions nous a aidées à prendre du recul par rapport à la manière classique d’aborder les questions du financement ou de l’accompagnement des personnes âgées.
Certains m’ont personnellement marquées plus que d’autres en raison de l’éclairage parfois inattendu qu’elles ont apporté à notre sujet. Je voudrais vous les livrer comme quatre flashs :
- C’est tout d’abord le discours très positif des organisations syndicales, jusqu’à la CGT, en faveur du rôle et de la place de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie dans le dispositif actuel d’accompagnement de la perte d’autonomie. Pour avoir suivi de près la création de cette institution originale dans le paysage de notre protection sociale, je me souviens les interrogations que cet « OVNI institutionnel » avaient suscité et les inquiétudes d’un certain nombre de partenaires sociaux attachés aux principes forts de gouvernance de la sécurité sociale. Au-delà de cela que cela appelle sur la future gouvernance de cette 5e protection, cette attitude très ouverte souligne, comme le Président de la République nous y a invités, qu’on aurait tort de rejeter a priori pour de seuls motifs idéologiques des options qui pourraient apparaître finalement pertinentes selon des critères d’efficacité.
- C’est aussi le rappel, par Mohammed Moussaoui, représentant du Conseil consultatif du culte musulman, de la place jouée par la famille auprès des personnes âgées fragilisées dans certaines traditions culturelles. Il nous appelle a reconnaître et respecter la place des aidants tout en sachant les accompagner.
- L’UNCCAS de son côté a insisté sur l’apport de solutions de proximité dans l’accompagnement des personnes âgées. J’ai été marquée par ce qu’on pourrait voir comme une invitation à dépasser l’opposition un peu trop binaire entre le domicile et l’EHPAD. Nous sommes tous appelés à favoriser le maintien à domicile. Mais quelles formes le domicile peut-il aussi prendre lorsqu’il s’agit de l’associer avec des besoins de sécurité et d’accompagnement ?
- Je finirai cette énumération illustrative par une 4e contribution, celle très importante du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie qui a souligné la contribution très forte du secteur sanitaire à la construction des réponses aux besoins de soins des personnes âgées. Cela nous interroge sur l’optimisation à la fois humaine et financière de notre système de réponse : il suffit de regarder l’importance des personnes âgées aux urgences et l’impact de tels passages sur la qualité de vie de ces personnes et parfois même leur autonomie pour s’en convaincre.
- 2/ En première synthèse des dizaines d’auditions que nous avons eues, je retiendrai, comme Roselyne Bachelot l’a fait, certaines réalités assez fortes.
Tout d’abord, les attentes considérables que l’ouverture d’un tel débat suscite. Nombreux sont ceux qui constataient depuis longtemps les limites du système actuel à des titres variés dont les réponses nécessitent de reconsidérer le tout.
L’attachement, également, cela a été dit, au maintien du principe de solidarité comme socle de la réforme.
La conscience, aussi, il faut le dire, que dans un contexte d’une certaine rareté des ressources qui caractérise l’époque dans laquelle nous sommes entrés, il va nous falloir être innovants pour imaginer un système de financement efficace et soutenable.
- 3/ Ce grand débat national dont nous vous livrons aujourd’hui un premier point d’avancement constitue le lancement d’un chantier politique majeur.
Ce n’est pas une manière d’occuper l’opinion. Je veux le dire très directement. Nous le devons à tous ceux, très nombreux, qui se sont engagés dans ces travaux, dans ces groupes de travail qui vous ont été présentés, et ceux, plus nombreux encore, que nous rencontrerons lors des 26 débats en région.
Le lancement d’une réflexion sur la dépendance n’est pas non plus un accident de la pensée. Il s’agit du prolongement d’une démarche responsable visant à faire face avec lucidité aux défis qui sont posés à la société française. Le vieillissement est une réalité intangible : il faut se réjouir de l’augmentation de l’espérance de vie ; il faut également être conscient de la tension qu’elle met sur nos systèmes sociaux. La réforme des retraites a été un premier pas pour offrir aux Français des perspectives d’avenir compatibles avec l’évolution de la démographie. La réforme dont nous parlons aujourd’hui est un deuxième pas.
Source http://www.dependance.gouv.fr, le 18 avril 2011