Texte intégral
Q - La défiance des marchés financiers à légard de certains États de la zone euro, et notamment de lEspagne, va-t-elle cesser maintenant que se prépare une aide financière au Portugal ?
R - Les efforts accomplis par lEspagne ont été significatifs. Madrid a pris des mesures fortes et crédibles pour réduire notablement sa dette et son déficit publics, réformer le marché du travail et les retraites, mais aussi restructurer et recapitaliser ses établissements bancaires.
Ce nest pas la situation du Portugal, qui sest abrité pendant un temps derrière lactualité irlandaise. Les cas de Lisbonne et Madrid sont durablement dissociés aujourdhui, ce qui nétait pas le cas il y a six mois.
Cest un fait reconnu aussi bien par la BCE que par les marchés, où la courbe des taux demprunt espagnols ne suit plus ceux du Portugal.
Q - La crise de leuro est donc enfin terminée selon vous ?
R - Il nous reste une étape sérieuse à franchir, avec la deuxième vague de tests de résistance aux banques. Les résultats seront publiés en juin 2011 et à partir de là, il faudra que les établissements sous-capitalisés ou sous-provisionnés passent des provisions et recapitalisent. Il y aura du travail à faire mais nous devons dabord connaître les besoins.
Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, qui suit ce dossier, me dit quil ne devrait pas y avoir de difficultés pour les banques françaises.
Q - Un an après le sauvetage de la Grèce, la population continue à protester contre la rigueur, comme dans plusieurs pays. Laustérité est-elle socialement supportable dans la durée ? Les Grecs, comme les Irlandais et les Portugais, ne risquent-ils pas de «mourir guéris» ?
R - Il ny a pas dalternative, ils sont obligés de passer par une phase de contraction pour pouvoir repartir sur une économie plus saine.
La véritable question, cest : «Est-ce quon veut que la zone monétaire tienne la route et que ses États membres puissent continuer à emprunter sur les marchés, ou est-ce quon veut se précipiter vers un désastre financier complet dans lequel la zone euro explose car les pays concernés font faillite et sont durablement exclus des marchés financiers ?». Je choisis sans hésiter la première solution.
Q - Pourquoi ne pas réduire dès aujourdhui la dette de ces pays pour alléger leur fardeau ?
Dabord, nous navons pas été complètement hostiles à lidée de rééchelonner le remboursement du prêt international consenti à la Grèce et nous lui avons accordé des années supplémentaires.
Mais nous faisons le pari que les programmes daustérité permettront aux Grecs de revenir sur les marchés financiers, et que ce pays est en situation de solvabilité. La Grèce ne fera pas faillite, elle na donc pas besoin que lon réduise son volume de dette.
Q - Même si les marchés continuent à penser le contraire ?
R - De toute façon, les marchés parient toujours soit dans un sens soit dans lautre, pour réaliser des plus-values
Q - Vous transmettrez à la fin du mois à la Commission européenne lavant-projet de budget de la France pour 2012. Quelles en sont les priorités ?
R - Nous visons un déficit budgétaire à - 4,6 % du PIB (après - 5,7 % cette année) et nous allons poursuivre les chantiers engagés, notamment la réduction des niches fiscales (1), le non-remplacement dun fonctionnaire sur deux partant à la retraite et la mise en uvre de la réforme des retraites, une réforme majeure qui consolide notre système par répartition et qui contribue à restaurer léquilibre de nos finances publiques.
En France non plus, il ny a pas dalternative à une gestion rigoureuse des dépenses publiques. Il nest plus possible de laisser filer la dette et le déficit public comme on la fait depuis plus de trente ans.
Notre politique reste fondée sur le contrôle de la dépense, et sa diminution chaque fois que cest possible, sans hausse des impôts.
Q - En réalité, la hausse des impôts nest que repoussée, après lélection présidentielle...
R - À chaque jour suffit sa peine.
Q - Allez-vous réduire votre prévision de croissance 2012, que beaucoup déconomistes jugent trop optimiste, de 2,5 % à 2 % ?
R - Rien nest encore décidé. Pour lheure, tous les signaux sont au vert. Le déficit budgétaire 2010 sest monté à 7 % contre 7,7 % prévus, et léconomie recrée des emplois.
Après en avoir détruit 330 000 en 2009, le solde net a été de + 125 000 en 2010 - même si une partie est en intérim - et pour le semestre en cours, lInsee a revu ses prévisions de 50 000 à 78 000. En outre, lindustrie a cessé de détruire des postes.
Mais il reste des séquelles de la crise et nous avons encore beaucoup à faire sur le front du chômage et du soutien aux investissements. Et nous devons aussi composer avec une série daléas : les conséquences des catastrophes au Japon, le prix des matières premières, la hausse du taux dintérêt de la BCE .
(1) Pour atteindre lobjectif de réduction du déficit de 30 milliards deuros en 2012, il est prévu que la réduction des niches fiscales soit supérieure aux 3 milliards initialement annoncés.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2011
R - Les efforts accomplis par lEspagne ont été significatifs. Madrid a pris des mesures fortes et crédibles pour réduire notablement sa dette et son déficit publics, réformer le marché du travail et les retraites, mais aussi restructurer et recapitaliser ses établissements bancaires.
Ce nest pas la situation du Portugal, qui sest abrité pendant un temps derrière lactualité irlandaise. Les cas de Lisbonne et Madrid sont durablement dissociés aujourdhui, ce qui nétait pas le cas il y a six mois.
Cest un fait reconnu aussi bien par la BCE que par les marchés, où la courbe des taux demprunt espagnols ne suit plus ceux du Portugal.
Q - La crise de leuro est donc enfin terminée selon vous ?
R - Il nous reste une étape sérieuse à franchir, avec la deuxième vague de tests de résistance aux banques. Les résultats seront publiés en juin 2011 et à partir de là, il faudra que les établissements sous-capitalisés ou sous-provisionnés passent des provisions et recapitalisent. Il y aura du travail à faire mais nous devons dabord connaître les besoins.
Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, qui suit ce dossier, me dit quil ne devrait pas y avoir de difficultés pour les banques françaises.
Q - Un an après le sauvetage de la Grèce, la population continue à protester contre la rigueur, comme dans plusieurs pays. Laustérité est-elle socialement supportable dans la durée ? Les Grecs, comme les Irlandais et les Portugais, ne risquent-ils pas de «mourir guéris» ?
R - Il ny a pas dalternative, ils sont obligés de passer par une phase de contraction pour pouvoir repartir sur une économie plus saine.
La véritable question, cest : «Est-ce quon veut que la zone monétaire tienne la route et que ses États membres puissent continuer à emprunter sur les marchés, ou est-ce quon veut se précipiter vers un désastre financier complet dans lequel la zone euro explose car les pays concernés font faillite et sont durablement exclus des marchés financiers ?». Je choisis sans hésiter la première solution.
Q - Pourquoi ne pas réduire dès aujourdhui la dette de ces pays pour alléger leur fardeau ?
Dabord, nous navons pas été complètement hostiles à lidée de rééchelonner le remboursement du prêt international consenti à la Grèce et nous lui avons accordé des années supplémentaires.
Mais nous faisons le pari que les programmes daustérité permettront aux Grecs de revenir sur les marchés financiers, et que ce pays est en situation de solvabilité. La Grèce ne fera pas faillite, elle na donc pas besoin que lon réduise son volume de dette.
Q - Même si les marchés continuent à penser le contraire ?
R - De toute façon, les marchés parient toujours soit dans un sens soit dans lautre, pour réaliser des plus-values
Q - Vous transmettrez à la fin du mois à la Commission européenne lavant-projet de budget de la France pour 2012. Quelles en sont les priorités ?
R - Nous visons un déficit budgétaire à - 4,6 % du PIB (après - 5,7 % cette année) et nous allons poursuivre les chantiers engagés, notamment la réduction des niches fiscales (1), le non-remplacement dun fonctionnaire sur deux partant à la retraite et la mise en uvre de la réforme des retraites, une réforme majeure qui consolide notre système par répartition et qui contribue à restaurer léquilibre de nos finances publiques.
En France non plus, il ny a pas dalternative à une gestion rigoureuse des dépenses publiques. Il nest plus possible de laisser filer la dette et le déficit public comme on la fait depuis plus de trente ans.
Notre politique reste fondée sur le contrôle de la dépense, et sa diminution chaque fois que cest possible, sans hausse des impôts.
Q - En réalité, la hausse des impôts nest que repoussée, après lélection présidentielle...
R - À chaque jour suffit sa peine.
Q - Allez-vous réduire votre prévision de croissance 2012, que beaucoup déconomistes jugent trop optimiste, de 2,5 % à 2 % ?
R - Rien nest encore décidé. Pour lheure, tous les signaux sont au vert. Le déficit budgétaire 2010 sest monté à 7 % contre 7,7 % prévus, et léconomie recrée des emplois.
Après en avoir détruit 330 000 en 2009, le solde net a été de + 125 000 en 2010 - même si une partie est en intérim - et pour le semestre en cours, lInsee a revu ses prévisions de 50 000 à 78 000. En outre, lindustrie a cessé de détruire des postes.
Mais il reste des séquelles de la crise et nous avons encore beaucoup à faire sur le front du chômage et du soutien aux investissements. Et nous devons aussi composer avec une série daléas : les conséquences des catastrophes au Japon, le prix des matières premières, la hausse du taux dintérêt de la BCE .
(1) Pour atteindre lobjectif de réduction du déficit de 30 milliards deuros en 2012, il est prévu que la réduction des niches fiscales soit supérieure aux 3 milliards initialement annoncés.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2011