Texte intégral
Q - Sur RMC et BFM TV, je reçois ce matin Laurent Wauquiez, le ministre chargé des Affaires européennes, notamment auprès d'Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères. Alors, évidemment, ce matin, l'actualité internationale, c'est cette vidéo des quatre otages français au Mali, diffusée par AQMI. Est-ce que AQMI fait le lien entre la situation en Afrique Subsaharienne et l'Afghanistan ? Pour vous, est-ce lié ?
R - Ce sont des sujets et des questions sur lesquels vous comprendrez qu'on est obligé de faire très attention lorsqu'on s'exprime. Pour l'instant, ce que je peux vous dire, c'est que la première tâche est d'expertiser cette vidéo, et notamment, de s'assurer que c'est bien une vidéo qui témoigne du fait que nos otages sont en vie. La deuxième chose, c'est que nous faisons tout, j'ai bien dit tout, pour faire en sorte qu'ils soient libérés. Voilà, et je n'ai rien d'autre à ajouter.
Q - Est-ce normal que la France soit en Afghanistan, puisque, apparemment, les preneurs d'otages reprochent à la France sa présence en Afghanistan ? Qu'a-t-on à faire en Afghanistan aujourd'hui ?
R - Vous vous doutez bien que ce ne sont pas des preneurs d'otages qui dictent la politique étrangère de la France. Mais après, je n'ai vraiment rien d'autre à ajouter, ce sont des otages, des vies sont en jeu, je ne vais pas faire des commentaires hasardeux à un micro.
Q - Alors, on va parler d'Europe, et notamment des relations entre la France et l'Italie, il y a eu un peu, on peut le dire, quand même une sorte de psychodrame autour des immigrés tunisiens, ils sont peut-être 25 à 30.000 à être passés de Tunisie vers l'Italie et à vouloir, pour une grande partie d'entre eux, gagner la France. On a eu l'impression quand même que les gouvernements français et italiens se sont un petit peu rejetés les immigrés de part et d'autre de la frontière. Est-ce très européen comme démarche, ça, Laurent Wauquiez ?
R - Il y a eu une phase de tensions entre la France et l'Italie. La démarche du président de la République, quand il y a une crise, est toujours la même : faire face, ne pas chercher à cacher les problèmes sous le tapis et en discuter ensemble. Le sommet d'hier a permis de se rassembler et d'en sortir par le haut, parce qu'en réalité, la France et l'Italie font face au même défi, qui est celui de l'immigration illégale.
Q - Il a servi à quoi le sommet d'hier ? Concrètement, qu'est-ce qui en est sorti ?
R - Concrètement, il sert à dire que nos frontières européennes doivent être défendues ensemble et que, pour y arriver, il faut qu'on ait un Schengen - notre dispositif de protection - qui soit plus rapide, plus efficace, plus fiable.
Q - Vous voulez dire que l'Italie n'a pas joué son rôle dans les frontières extérieures de l'Union, sur la partie tunisienne justement ?
R - Non, cela veut juste dire que Schengen suppose qu'on soit capable de défendre tous les maillons de la chaîne, tous les pays, et que, quand il y a un pays qui est plus exposé à une pression d'immigration illégale
Q - ce qui est le cas de l'Italie.
R - ce qui est le cas de l'Italie en ce moment, il faut qu'on mette des moyens à sa disposition et qu'on fasse en sorte de défendre, ensemble
Q - Cela veut dire quoi des moyens ? Cela veut dire des policiers, des douaniers français en Italie ?
R - C'est très concret, cela veut dire faire en sorte que, par exemple, l'Europe puisse acheter des vaisseaux de patrouille, des avions pour surveiller, et les mettre à disposition d'un certain nombre d'États quand il y a une pression. Cela veut dire
Q - C'est ce qui a été décidé hier
R - Notamment
Q - L'Europe va mettre à disposition des patrouilleurs pour repousser les immigrés tunisiens, c'est ça ?
R - Non, cela fait partie des propositions que la France et l'Italie ont mis sur la table à l'échelle de l'Europe, et on travaille en grande confiance avec la commissaire européenne Cecilia Malmström pour permettre à l'Europe d'avoir les moyens d'aider des pays qui sont sous pression migratoire. Mais il y a un point qui doit être très clair, pour nous, l'Europe, cela ne peut pas être la libre circulation des immigrés illégaux. Ça, ce n'est pas notre conception de l'Europe, ce n'est pas la prime au non droit, ce n'est pas la prime au désordre. Et sur ce sujet-là, la France et l'Italie sont parfaitement sur la même ligne.
Q - Mais cela valait-il vraiment la peine pendant plusieurs jours, pendant des semaines même, d'assister à cette crise diplomatique autour de pauvres immigrés tunisiens, ils sont peut-être 10.000 à avoir franchi la frontière en France ?
R - Je voudrais bien qu'on soit précis là-dessus, la question qui est posée, c'est celle de l'immigration illégale. En ce moment, que se passe-t-il en Tunisie ? Vous avez une démocratie qui est en train de se créer, il n'y a plus de dictature, il n'y a plus d'oppression, il n'y a plus la torture. Ce n'est pas au moment où la Tunisie est en train d'essayer de construire son avenir que cela peut justifier l'immigration illégale. Et donc, on est très clair là-dessus, il n'y a pas d'espace pour une immigration illégale. Et l'immigration illégale n'a pas de sens, encore plus s'agissant de la Tunisie, en ce moment, c'est juste absurde. C'est en Tunisie que l'avenir se construit, c'est avec les Tunisiens qu'il faut aider à le construire, mais on ne doit pas commencer à entrebâiller la fenêtre, tout simplement, parce qu'on va avoir un appel d'air qu'on ne saura plus ensuite maîtriser. Et les chiffres dont il est question ne sont pas des petits chiffres : potentiellement, il s'agit de 30.000 Tunisiens en situation d'immigration illégale
Q - Je regardais une enquête dans Les Échos d'hier sur l'immigration en Europe, est-ce que la droite, le gouvernement, votre gouvernement n'en fait pas un peu trop ? Je regardais en Suisse, il y a dix-huit immigrés pour mille personnes, en France, trois pour mille ; est-ce que vous avez quand même l'impression que le poids de cette immigration est vraiment trop fort en France ?
R - D'abord, la Suisse n'est pas la France, ce n'est pas le même pays
Q - L'Espagne, c'est neuf pour mille, par exemple, trois fois plus qu'en France
R - Ce n'est pas le même pays. Ensuite, il y a une différence majeure entre la France et les autres pays d'Europe. Quelle est cette différence ? C'est que nous, notre démographie augmente, la population française a des naissances - et tant mieux, c'est un énorme atout, cela veut dire que pour faire fonctionner notre économie, à la différence d'un pays comme l'Allemagne, on n'a pas besoin d'un recours important à l'immigration.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mai 2011
R - Ce sont des sujets et des questions sur lesquels vous comprendrez qu'on est obligé de faire très attention lorsqu'on s'exprime. Pour l'instant, ce que je peux vous dire, c'est que la première tâche est d'expertiser cette vidéo, et notamment, de s'assurer que c'est bien une vidéo qui témoigne du fait que nos otages sont en vie. La deuxième chose, c'est que nous faisons tout, j'ai bien dit tout, pour faire en sorte qu'ils soient libérés. Voilà, et je n'ai rien d'autre à ajouter.
Q - Est-ce normal que la France soit en Afghanistan, puisque, apparemment, les preneurs d'otages reprochent à la France sa présence en Afghanistan ? Qu'a-t-on à faire en Afghanistan aujourd'hui ?
R - Vous vous doutez bien que ce ne sont pas des preneurs d'otages qui dictent la politique étrangère de la France. Mais après, je n'ai vraiment rien d'autre à ajouter, ce sont des otages, des vies sont en jeu, je ne vais pas faire des commentaires hasardeux à un micro.
Q - Alors, on va parler d'Europe, et notamment des relations entre la France et l'Italie, il y a eu un peu, on peut le dire, quand même une sorte de psychodrame autour des immigrés tunisiens, ils sont peut-être 25 à 30.000 à être passés de Tunisie vers l'Italie et à vouloir, pour une grande partie d'entre eux, gagner la France. On a eu l'impression quand même que les gouvernements français et italiens se sont un petit peu rejetés les immigrés de part et d'autre de la frontière. Est-ce très européen comme démarche, ça, Laurent Wauquiez ?
R - Il y a eu une phase de tensions entre la France et l'Italie. La démarche du président de la République, quand il y a une crise, est toujours la même : faire face, ne pas chercher à cacher les problèmes sous le tapis et en discuter ensemble. Le sommet d'hier a permis de se rassembler et d'en sortir par le haut, parce qu'en réalité, la France et l'Italie font face au même défi, qui est celui de l'immigration illégale.
Q - Il a servi à quoi le sommet d'hier ? Concrètement, qu'est-ce qui en est sorti ?
R - Concrètement, il sert à dire que nos frontières européennes doivent être défendues ensemble et que, pour y arriver, il faut qu'on ait un Schengen - notre dispositif de protection - qui soit plus rapide, plus efficace, plus fiable.
Q - Vous voulez dire que l'Italie n'a pas joué son rôle dans les frontières extérieures de l'Union, sur la partie tunisienne justement ?
R - Non, cela veut juste dire que Schengen suppose qu'on soit capable de défendre tous les maillons de la chaîne, tous les pays, et que, quand il y a un pays qui est plus exposé à une pression d'immigration illégale
Q - ce qui est le cas de l'Italie.
R - ce qui est le cas de l'Italie en ce moment, il faut qu'on mette des moyens à sa disposition et qu'on fasse en sorte de défendre, ensemble
Q - Cela veut dire quoi des moyens ? Cela veut dire des policiers, des douaniers français en Italie ?
R - C'est très concret, cela veut dire faire en sorte que, par exemple, l'Europe puisse acheter des vaisseaux de patrouille, des avions pour surveiller, et les mettre à disposition d'un certain nombre d'États quand il y a une pression. Cela veut dire
Q - C'est ce qui a été décidé hier
R - Notamment
Q - L'Europe va mettre à disposition des patrouilleurs pour repousser les immigrés tunisiens, c'est ça ?
R - Non, cela fait partie des propositions que la France et l'Italie ont mis sur la table à l'échelle de l'Europe, et on travaille en grande confiance avec la commissaire européenne Cecilia Malmström pour permettre à l'Europe d'avoir les moyens d'aider des pays qui sont sous pression migratoire. Mais il y a un point qui doit être très clair, pour nous, l'Europe, cela ne peut pas être la libre circulation des immigrés illégaux. Ça, ce n'est pas notre conception de l'Europe, ce n'est pas la prime au non droit, ce n'est pas la prime au désordre. Et sur ce sujet-là, la France et l'Italie sont parfaitement sur la même ligne.
Q - Mais cela valait-il vraiment la peine pendant plusieurs jours, pendant des semaines même, d'assister à cette crise diplomatique autour de pauvres immigrés tunisiens, ils sont peut-être 10.000 à avoir franchi la frontière en France ?
R - Je voudrais bien qu'on soit précis là-dessus, la question qui est posée, c'est celle de l'immigration illégale. En ce moment, que se passe-t-il en Tunisie ? Vous avez une démocratie qui est en train de se créer, il n'y a plus de dictature, il n'y a plus d'oppression, il n'y a plus la torture. Ce n'est pas au moment où la Tunisie est en train d'essayer de construire son avenir que cela peut justifier l'immigration illégale. Et donc, on est très clair là-dessus, il n'y a pas d'espace pour une immigration illégale. Et l'immigration illégale n'a pas de sens, encore plus s'agissant de la Tunisie, en ce moment, c'est juste absurde. C'est en Tunisie que l'avenir se construit, c'est avec les Tunisiens qu'il faut aider à le construire, mais on ne doit pas commencer à entrebâiller la fenêtre, tout simplement, parce qu'on va avoir un appel d'air qu'on ne saura plus ensuite maîtriser. Et les chiffres dont il est question ne sont pas des petits chiffres : potentiellement, il s'agit de 30.000 Tunisiens en situation d'immigration illégale
Q - Je regardais une enquête dans Les Échos d'hier sur l'immigration en Europe, est-ce que la droite, le gouvernement, votre gouvernement n'en fait pas un peu trop ? Je regardais en Suisse, il y a dix-huit immigrés pour mille personnes, en France, trois pour mille ; est-ce que vous avez quand même l'impression que le poids de cette immigration est vraiment trop fort en France ?
R - D'abord, la Suisse n'est pas la France, ce n'est pas le même pays
Q - L'Espagne, c'est neuf pour mille, par exemple, trois fois plus qu'en France
R - Ce n'est pas le même pays. Ensuite, il y a une différence majeure entre la France et les autres pays d'Europe. Quelle est cette différence ? C'est que nous, notre démographie augmente, la population française a des naissances - et tant mieux, c'est un énorme atout, cela veut dire que pour faire fonctionner notre économie, à la différence d'un pays comme l'Allemagne, on n'a pas besoin d'un recours important à l'immigration.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mai 2011