Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur le soutien à la jeune création dans le secteur de la mode, Paris le 5 mai 2011.

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Circonstance : Conclusions de l'opération "ELLE aime la mode" à Paris le 5 mai 2011

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Nous étions ensemble il y a quelques mois, en janvier, pour lancer une opération inédite de soutien à la jeune création en France.

Je faisais alors, aux côtés de Valérie Toranian, le constat qu'il fallait soutenir résolument cette création, faute de quoi la diversité de la création, le renouvellement des générations, la régénération des grandes marques françaises, et par conséquent, l'attractivité de la place de Paris, serait un jour menacée.

A cet effet, le ministère de la Culture et de la Communication et le magazine ELLE se sont rapprochés. Ce partenariat avait deux objectifs : identifier les nouveaux talents de la mode, et créer, pour eux, des dispositifs de soutien adaptés, complémentaires à ceux qui existent déjà dans les différents organismes professionnels, ou à la Ville de Paris.

Ces deux objectifs ont été atteints. Une première promotion de ces jeunes talents vous est présentée aujourd'hui. Il a permis d'identifier des créateurs extrêmement méritants, certains déjà connus, comme Rabbi Kayrouz, d'autres moins, comme Barnabé Hardy, d'autres pas encore, comme Belle Ninon. C'est déjà un formidable succès pour cette « nouvelle vague » qui fait bouger la mode, comme Godard et Truffaut mirent en mouvement l'œil cinématographe.

Un dispositif de soutien, quant à lui, a aussi vu le jour. Sous l'égide du Ministère de la Culture et de la Communication, trois maisons de couture - Balenciaga, Chanel, Louis Vuitton - et l'Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles se sont rapprochés en vue de créer un fonds d'avances remboursables dont le montant atteint 1 million d'euros. Ce fonds d'avance permettra aux créateurs de financer leurs collections en ne supportant pas le coût très lourd des délais de paiement, qui peuvent atteindre 18 mois, et qui contraint parfois leurs jeunes maisons à la faillite, alors même qu'elles sont en pleine croissance et que leur carnet de commande est plein. Au côté de ce fonds, un lieu pour les jeunes créateurs prêté par Louis Vuitton, au cœur de Paris, permettra aux talents de montrer leurs collections aux acheteurs et à la presse. Enfin, le magazine ELLE offrira de l'accompagnement, de la visibilité et des espaces de vente sur internet.

Au-delà de ces deux belles réussites, je veux cependant encore souligner autre chose : la dynamique qui s'est créée autour de ce projet. On dit parfois que la mode est divisée, on relaie parfois ses crises, ses convulsions. Elles existent. Comme partout. Mais ce n'est pas cet aspect de la mode que j'ai vu en m'engageant aux côtés de Valérie Toranian dans cette aventure.

Les deux chambres des métiers de la couture et du prêt-à-porter féminin nous ont ouvert la porte au-delà des différences qu'on leur prête. Les maisons de couture nous ont prêté main forte ensemble, au-delà de la concurrence bien naturelle qu'elle se livre. Les ministère de la Culture et de la Communication et le ministère de l'Industrie se sont rejoints, avec des projets complémentaires, chacun dans son domaine de compétences. La presse a relayé l'initiative dans sa diversité. Les grands magasins ont parrainé l'opération. La ville de Paris est également rentrée dans la ronde, soucieuse de favoriser la jeune création et son rôle économique. Le soutien à la jeune création en France a réellement rassemblé tout le monde.

Je souhaite remercier ce soir tous ces acteurs qui se sont élevés au dessus des partis en faveur d'une cause importante, d'une cause nationale, d'une belle cause : la jeunesse, et le création. Et je veux, bien sûr, particulièrement remercier les trois maisons de couture qui se sont portées garantes du fonds d'avance : Chanel, Balenciaga et Louis Vuitton. Je veux remercier ces trois superbes maisons et leurs responsables : Bruno Pavlovski, directeur de la mode de Chanel, Isabelle Guichot, présidente de Balenciaga, Yves Carcelle, président de Louis Vuitton.

Sans eux, sans vous, ce projet n'aurait pas la dimension qu'il a aujourd'hui. Vous êtes les protecteurs et les garants d'une génération de créateurs que vous allez faire émerger, qui seront demain à côté de vous, avec vous, parce qu'ils renforceront l'attractivité de la place de Paris.

Une nouvelle donne culturelle pour la mode a vu le jour et je me réjouis que mon Ministère y soit pleinement associé. Le 29 juin, nous fêterons le lauréat de l'ANDAM (Association nationale pour le développement des arts et de la mode) ici-même. Le 4 juillet, nous inaugurerons l'espace de la rue du Pont Neuf avec nos lauréats. Le 7, le château de Versailles accueillera la clôture de la haute-couture avec, notamment, une exposition d'Olivier Saillard, dont on a déjà pu admirer l'exposition sur Madame Grès au musée Bourdelle et des remises de décoration ici-même. En octobre, la ville de Paris fera de la fashion week une fête. Le DEFI aura mis sur pied son fonds de garantie très attendu, tout à fait complémentaire du dispositif issu de notre initiative.

La mode est éphémère, ce n'est pas une raison pour ne pas la faire durer le plus longtemps possible, en d'autres termes, faire en sorte que la création soit aussi l'invention d'une tradition. Car vous le savez, la mode se confronte toujours à ses propres limites, elle invente sans cesse de nouvelles formes, imagine de nouveaux territoires pour le vêtement. Je crois toutefois que l'impertinence et l'insolence sont une question d'état d'esprit plus que d'apparence. Rien ne remplacera la liberté sauvage du créateur : c'est la vérité de vos métiers, c'est l'ambition que je porte au service des artistes, au Ministère de la Culture et de la Communication.

Source http://www.culture.gouv.fr, le 6 mai 2011