Déclaration de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, sur le projet "Arena" de construction d'infrastructures sportives pouvant accueillir plus de 10000 personnes, Paris le 3 mai 2011.

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Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d’abord à remercier le président de la Fédération française de basketball, Jean-Pierre SIUTAT, et le président de la Ligue nationale de basketball, Jean-Luc DESFOUX, qui ont pris l’initiative avec l’ESSMA (European Stadium and Safety Management Association) d’organiser cette journée essentielle de réflexion et de débats sur la question des Arenas.
1. Le rapport « Arenas 2015 » de la commission présidée par Daniel COSTANTINI avait, il y a un peu plus d’un an, permis une prise de conscience collective sur le retard de la France en matière de grandes salles.
D’autres travaux ont depuis confirmé ce diagnostic. Je pense notamment au rapport du député Bernard DEPIERRE sur les grandes infrastructures sportives.
Nous connaissons tous les chiffres. Ils ont été rappelés à de nombreuses reprises aujourd’hui.
Mais tout de même ! 1 seule et unique salle de plus de 10 000 places en France, qui date de 1984 (le POPB), alors qu’il en existe plus de 90 en Europe et que 42 d’entre elles ont été construites durant les dix dernières années. 1 seule et unique salle, quand l’Allemagne en compte 18, l’Espagne 12. Le risque de décrochage est réel.
Réel, parce que des grandes salles dépend notre capacité à accueillir de grandes compétitions internationales dans des sports en salle. La concurrence est vive, comme l’a rappelé l’attribution respective des championnats du monde de basketball 2010 et 2014 à la Turquie et à l’Espagne. Réel également, parce que nos clubs professionnels risquent de se voir désavantagés par rapport à leurs concurrents européens qui disposent des nouvelles ressources générées par les grandes salles : billetterie dynamisée, multiplication de recettes annexes, adaptation aux retransmissions télévisuelles.
Notre retard est cependant en passe d’être rattrapé.
Je suis pour ma part optimiste. Les projets de grandes salles sont nombreux, portés par des collectivités et des clubs ambitieux. Des Arenas s’apprêtent à sortir de terre un peu partout sur le territoire français :
- à Orléans, Dunkerque et Villeurbanne, des salles de plus de 10 000 places offriront des enceintes d’une qualité remarquable aux clubs de basketball résidents ;
- à Bordeaux et à Aix-en-Provence, deux projets d’envergure avancent également rapidement ;
- le POPB fera pour sa part prochainement l’objet d’une importante rénovation ;
- enfin, à Lille et Nanterre, deux stades convertibles en Arenas seront bientôt construits et offriront des enceintes couvertes capables d’accueillir plus de 20 000 personnes pour de grands événements sportifs.
D’autres projets, moins avancés, existent également à Sarcelles ou Colombes.
Le rapport COSTANTINI avait fixé comme objectif de construire ou rénover 7 grandes salles de plus de 10 000 places, dont 1 de plus de 15 000 et 1 de plus de 20 000 places. Cet objectif sera atteint dans les cinq prochaines années.
2. A vous qui représentez les forces vives du basketball français, je veux dire que l’Etat participera à cet effort collectif et contribuera pleinement à la modernisation de nos enceintes sportives.
L’Etat joue un rôle crucial dans l’émergence des grands équipements sportifs. Les stades de l’Euro 2016 et la construction des grands équipements olympiques issus de la candidature de Paris 2012 en sont des exemples éloquents. Nous nous sommes engagés avec détermination dans leur réalisation en apportant un soutien politique, législatif et, évidemment financier – 158 millions d’euros pour l’Euro 2016 et 38 millions d’euros pour les trois équipements olympiques (vélodrome, base nautique, centre aquatique).
Nous ferons de même pour participer à l’émergence des Arenas en France. Je m’y engage aujourd’hui devant vous.
A/ Le ministère des Sports est tout d’abord disposé à accompagner financièrement les projets qui lui seront présentés, dès lors qu’ils sont éligibles aux subventions du CNDS et répondent aux critères de qualité attendus d’une grande salle moderne.
Certains projets, comme Bordeaux ou Nanterre, ont d’ores et déjà choisi d’avoir recours à un financement intégralement privé. Le stade-Arena de Lille est quant à lui déjà aidé au titre de l’Euro 2016.
Pour ce qui est des autres projets – je pense notamment à Orléans, Dunkerque ou Villeurbanne – le ministère examinera leurs besoins avec attention. J’ai demandé à ce titre au Directeur général du CNDS de réserver 10 millions d’euros par an pendant cinq ans. Cette enveloppe globale de 50 millions d’euros doit permettre d’atteindre l’objectif de sept grandes salles fixé par le rapport COSTANTINI.
B/ Nous travaillons par ailleurs à la création d’un label relatif aux grands équipements.
Le rapport COSTANTINI a proposé la création d’un label « Arena » s’appliquant aux grandes salles « qui participent de l’attractivité internationale, de l’aménagement du territoire et du développement du sport français ». Il proposait de confier la définition et l’attribution de ce label à un comité spécifique. L’idée me paraît excellente. Tellement excellente d’ailleurs que je souhaite l’élargir à l’ensemble des grands équipements sportifs – grandes salles, grands stades, équipements olympiques – en créant un label et un comité « Grands équipements ». Je vais donc créer ce comité au sein du CNDS.
Notre objectif n’est pas uniquement de construire des équipements de grande dimension. Il nous faut faire émerger une nouvelle génération d’enceintes sportives. Des enceintes innovantes, accueillantes et confortables pour le public, créatrices de valeur économique pour les clubs et les collectivités. Des enceintes respectant les critères les plus exigeants sur le plan environnemental et durablement inscrites dans leur espace urbain et le tissu sportif local.
Le comité des Grands équipements, composé d’experts et de représentants des grands acteurs du sport français, aura dans ce but comme première responsabilité de rédiger le cahier des charges du label et de définir ses critères d’attribution, qu’ils soient sportifs, économiques, sociaux ou écologiques.
Le label devra avoir un effet structurant sur nos projets de grands équipements. Il ne sera pas la validation a posteriori d’infrastructures déjà construites, mais une feuille de route pour chaque projet souhaitant être labellisé, l’accompagnant tout au long de sa réalisation, du choix du site jusqu’à la mise en œuvre des travaux. Et il conditionnera l’attribution des subventions du CNDS aux grands équipements. Il participera ainsi à la définition d’une vraie stratégie d’équipements pour notre pays.
Nous devons maintenant agir vite. Beaucoup de projets de grandes salles sont déjà bien avancés. Je sais aussi que les propositions du rapport COSTANTINI ont suscité un grand espoir et que l’attente a été longue. Je ferai donc adopter la création du comité des Grands équipements dès le 10 mai prochain, lors du conseil d’administration du CNDS, afin qu’il soit opérationnel dans les prochaines semaines. Le cahier des charges du label sera quant à lui défini durant l’été afin de délivrer les premières labellisations à l’automne.
Le comité aura par ailleurs vocation à être un lieu pérenne de réflexion, d’expertise et de mutualisation des expériences en matière de grands équipements. Il pourra aussi être force de propositions sur des évolutions législatives, réglementaires ou financières favorisant la modernisation de nos grands équipements.
Ce rôle de tête pensante sera essentiel. Il nous aidera à anticiper et à prendre une place de précurseur en la matière. Nous entrons en effet dans une période de transition qui va nous faire passer d’un modèle fondé sur une propriété et un financement essentiellement publics à un modèle reposant sur des montages et des financements diversifiés, offrant aux clubs les moyens de participer davantage à la construction de leur avenir sportif et économique.
Vous le voyez, le défi est grand. Mais la conférence d’aujourd’hui montre qu’une dynamique collective s’est engagée. Continuons dans cette voie !Source http://www.sports.gouv.fr, le 9 mai 2011