Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur la situation politique en Tunisie, Paris le 3 mai 2011.

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Circonstance : Dîner de gala "La nuit du Jasmin" à Paris le 3 mai 2011

Texte intégral

Monsieur le Ministre, cher Mehdi Houas,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers ami(e)s,
Aujourd’hui, après plus de dix ans d’éclipse, la « Nuit du Jasmin» renaît. Quel beau symbole alors que le « printemps de Tunis » est encore dans les mémoires de chacun! Aujourd’hui, cette belle initiative nous permet manifester notre solidarité et notre soutien au peuple tunisien pour saluer son courage et son abnégation. Car derrière la légèreté subtile et délicate du jasmin, il y a les victimes et les morts de la révolution tunisienne.
Oui, au cours des derniers mois, la Tunisie a donné une leçon de courage, une leçon d’abnégation au monde ; cette leçon nous la faisons nôtre. Nous avons beaucoup à apprendre de ce qui a été engagé dans ce pays. Et la présence de 700 000 Tunisiens résidant en France, tout comme les 2 millions de Français qui visitent chaque année la Tunisie, notamment grâce aux agences et aux opérateurs touristiques nommés ce soir, nous obligent et nous invitent à l’action.
Je suis donc particulièrement heureux que cette soirée honore des personnalités issues du monde de la communication et de la presse, mais aussi issues du monde du tourisme, celles qui sont un « trait d’union » naturel et constant entre nos deux pays. Dans le domaine de l’audiovisuel et des médias - qui relève de ma compétence - les télévisions publiques françaises et tunisiennes souhaitent travailler ensemble autour d’objectifs partagés et de programmes produits en commun. Je n’oublie pas, cher Louis Laforge, que le 265e numéro de l’émission Des racines et des ailes a installé son plateau dans le somptueux musée du Bardo puis dans le palais du baron d’Erlanger à Sidi Bou Saïd. Je n’oublie pas, chère Annick Cojean, que le prix Albert Londres – le 73e honorant un journaliste de la presse écrite et le 27e un journaliste de l’audiovisuel – sera décerné le 14 mai prochain à Tunis. Entre les mains des journalistes repose en effet la compréhension des phénomènes complexes du monde d’aujourd’hui et de la Tunisie de demain.
Dans cette phase particulière, je suis persuadé que la culture a un rôle déterminant à jouer. Elle peut être le ferment d’une société démocratique, elle peut contribuer au développement économique et social, à la création d’emplois dans toutes les régions de la Tunisie, dont le patrimoine est partout si riche et si diversifié.
La révolution a aussi été un révélateur du ferment, de la vitalité, de l’inventivité de la scène artistique tunisienne. Les personnalités présentes ce soir incarnent bien cette jeunesse qui se lève et qui espère.
Mais notre attention et notre soutien à la Tunisie doivent, au-delà de cette belle soirée, s’inscrire dans la durée. Telle est donc notre ambition d’accompagner tout au long de l’année l’effervescence créatrice de la Tunisie, à travers une programmation culturelle qui se fasse l’écho de la richesse de vos talents.
La transition politique en Tunisie appelle un « nouvel élan » dans nos échanges. Elle suppose un avenir construit ensemble, un avenir partagé.
C’est le sens des actions de coopération que nous avons d’ors et déjà engagé dans tous les domaines culturels, le patrimoine, le livre, le spectacle vivant, les arts plastiques, le cinéma, initiatives que j’ai présentées lors de ma visite à Tunis le 3 avril dernier.
Parce que la Tunisie a des choses à nous dire, parce qu’elle a des choses à nous apprendre, nous avons répondu présents. Développer notre coopération artistique et culturelle, c’est la condition d’un dialogue harmonieux et serein entre nos peuples, c’est la traduction d’une volonté forte pour que la « mer séparée » décrite par Etienne Balibar devienne un territoire mieux partagé. Ce territoire, c’est précisément celui que met en valeur la « Nuit du Jasmin ».source http://www.culture.gouv.fr, le 9 mai 2011