Interview de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux solidarités et à la cohésion sociale, à RFI le 6 mai 2011, sur le bilan de quatre années de la présidence de Nicolas Sarkozy.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

FREDERIC RIVIERE Bonjour Marie-Anne MONTCHAMP.
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Bonjour Frédéric RIVIERE.
 
FREDERIC RIVIERE Vous avez participé hier au séminaire gouvernemental sur le bilan des quatre années de présidence de Nicolas SARKOZY, puisqu’il y a aujourd’hui 4 ans, jour pour jour, qu’il était élu à la présidence de la République. Le gouvernement va-t-il se transformer en équipe de campagne pour défendre le bilan de Nicolas SARKOZY dans la perspective de la présidentielle de 2012 ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Déjà le gouvernement va continuer son action sur toute l’année 2011 et le temps qui restera en 2012, parce que des réformes sont engagées, et moi en particulier je pense à cette très grande et importante réforme qui est celle de la dépendance, donc un gouvernement mobilisé pour l’action, et si ça permet d’esquisser le projet pour 2012, eh bien ce sera tant mieux et concret.
 
FREDERIC RIVIERE Vous êtes sûre de ça ? Les 12 mois qui nous séparent de la présidentielle vont être des mois utiles, selon l’expression consacrée, ils ne vont pas être des mois de campagne uniquement ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Ecoutez, quand je regarde le programme qui est fixé au gouvernement, à travers le calendrier législatif et les réformes très structurantes qui arrivent, je peux, à coup sûr, dire que nous allons travailler pour les Français et pour des questions très très opérationnelles, très très concrètes, en particulier faire en sorte que dans la loi de financement pour la Sécurité sociale ils trouvent des réponses, notamment pour la prise en charge des plus âgés, mais pas seulement. Il y a beaucoup de sujets très importants qui vont arriver à la rentrée, l’égalité professionnelle hommes/ femmes, notamment, et toujours, et encore, les modalités de financement de notre économie.
 
FREDERIC RIVIERE Le Premier ministre, François FILLON, a expliqué hier au cours d’une conférence de presse, à l’issue de ce séminaire, que les engagements de campagne de Nicolas SARKOZY ont été globalement tenus, même s’il a reconnu quelques ratés, quelques échecs. Nicolas SARKOZY a été – je pense que vous en serez d’accord – essentiellement élu sur les questions de pouvoir d’achat et de sécurité. Est-ce que vous avez vraiment l’impression que dans ces deux domaines, le président a réussi ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Ecoutez, je crois que ce qui s’est produit dans ce quinquennat c’est que le programme du président de la République a été tenu et il a été tenu dans des conditions extrêmement difficiles, puisque tout notre pays, comme l’Europe entière d’ailleurs, a été percuté, si je puis dire, par une crise financière, puis économique, absolument sans précédent. Et le défi a été non seulement d’honorer des promesses de candidat, mais surtout de conduire notre pays dans la position qui est la sienne aujourd’hui, c'est-à-dire se voir reconnu sur la scène internationale, et avoir mis les Français hors des risques les plus importants, à savoir la fragilisation de notre économie, une décote en matière d’emplois qui aurait été catastrophique pour les Français. Aujourd’hui on voit que le taux de chômage continue de baisser pour 3 mois consécutifs, c’est le signe que nous avons su, à la fois, garder le cap d’un programme, mais surtout protéger notre pays et lui permettre de rester à sa place. C’était un véritable risque, il a fallu du réalisme et il a fallu du courage.
 
FREDERIC RIVIERE Les Français n’ont pas l’impression que leur pouvoir d’achat a augmenté, ni qu’il augmente en ce moment, c’est peut-être d’ailleurs ce qui explique l’impopularité de Nicolas SARKOZY. Là il y a tout de même un échec, non ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Il y a eu dans les mois qui viennent de s’écouler, un effet prix très important, qui a pu effectivement montrer aux Français, ou en tout cas leur faire craindre, une baisse de leur pouvoir d’achat. C’est particulièrement vrai avec la question énergétique et le prix de l’énergie. Mais les éléments nous montrent qu’effectivement, contrairement à ce qu’on peut penser, la décote en matière de pouvoir d’achat n’a pas été celle que l’on pourrait craindre, ou que l’on aurait pu craindre, parce que tout simplement il fallait absolument maintenir le cap de l’emploi, éviter un séisme économique, grâce à un plan de relance qui a été pris, et grâce à la sauvegarde de notre économie qui a été vraiment l’axe majeur du président de la République. C’est la raison pour laquelle, et les Français le savent, surtout en regardant ce qui se passe chez un certain nombre de nos voisins européens, il fallait de la solidité pour traverser cette période, et là le bilan est on ne peut plus éloquent.
 
FREDERIC RIVIERE Mais François FILLON a reconnu que les violences aux personnes continuaient d’augmenter, hier. Là il n’y a pas d’effet crise, c’est un échec personnel de Nicolas SARKOZY, ça, la lutte contre l’insécurité, non ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Comment dire ça. Aujourd’hui notre société se transforme, nous voyons apparaître de nouvelles fragilités, de nouveaux risques. La question de la protection est au coeur de la préoccupation du gouvernement, à la fois sur des questions d’ordre public, mais aussi de protection sociale. Et ce que nous montrons à travers une politique soucieuse de maintenir un modèle social, de protéger les Français, grâce à la réforme des retraites, grâce à la réforme de la dépendance notamment, en alliant une volonté de sécurité d’ordre public, de tous les instants, c’est qu’effectivement notre pays doit se construire sur ce double pilier qui fabrique la protection au quotidien.
 
FREDERIC RIVIERE Comment vous expliquez l’impopularité de Nicolas SARKOZY, si son bilan est si bon ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Vous savez, je pense que gouverner c’est terriblement difficile, et qu’il n’y a rien de plus protecteur, somme toute, que d’être un commentateur de la question politique, que plus on est loin, plus on est éloigné de la scène politique, plus on bénéficie de la douceur des sondages. Dès lors qu’on se confronte aux réalités, bien entendu, on est forcément sanctionné, évalué. Mais au bout du compte, la capacité à conduire la politique d’un pays, le courage à affronter la réalité et la difficulté des crises quand elles se produisent, eh bien c’est un élément de l’évaluation qu’on trouve essentiellement dans la toute dernière période d’une campagne électorale, et qui fait la différence, j’en suis persuadé.
 
FREDERIC RIVIERE François FILLON disait hier « le président que je connais, celui que je côtoie depuis 4 ans, est bien éloigné des caricatures qui en sont faites », c’est aussi votre avis ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Je le crois très profondément. Vous savez, on a fait beaucoup de querelles sur la forme, elles ont été parfois terribles, délétères, et d’un niveau très bas, pour tout dire. La réalité, je crois, elle est toute autre, elle se fonde sur le réalisme, sur la lucidité et sur le courage. Il m’arrive parfois de dire que se poser la question du style ou de la forme, dans l’attitude du président de la République, ça a à peu près autant de valeur que de se demander la couleur des yeux du cardiologue quand on a une crise cardiaque, si vous voulez. Je crois que la situation de notre pays imposait de se retrousser les manches, de faire face aux réalités, et au bout du compte c’est la seule chose qui compte. Les questions de style ce sont souvent des sujets qui intéressent les gens qui n’ont rien d’autre à dire, ou en tout cas qui n’ont pas véritablement envie de se lancer dans une approche programmatique.
 
FREDERIC RIVIERE Vous avez longtemps été très proche de Dominique de VILLEPIN, est-ce que vous êtes, aujourd’hui, devenue sarkozyste ?
 
MARIE-ANNE MONTCHAMP Je suis devenue sarkozyste dans la mesure où mon pays a besoin d’avoir, en responsabilités, un homme politique capable d’affronter la réalité des temps. Je ne crois pas que la politique soit une histoire de foucades, de coups de coeur, ce n’est pas comme ça que les choses fonctionnent. C’est une question de réalisme et c’est une question de responsabilités. Moi je ne veux pas, un soir de premier tour d’une élection présidentielle, redouter qu’une Marine LE PEN ne soit en position de faire gagner la gauche, et pour cela je suis une ardente défenseuse du rassemblement de la majorité présidentielle.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 9 mai 2011