Interview de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, à RMC le 6 mai 2011, sur le bilan de quatre années de présidence de Nicolas Sarkozy et la polémique des quotas dans l'équipe de France de football.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN Notre invitée, Chantal JOUANNO, ministre des Sports, bonjour.
 
CHANTAL JOUANNO Bonjour.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci d’être avec nous. Quatre ans de présidence de Nicolas SARKOZY, le bilan : mauvais, disent les Français. Pourquoi ?
 
CHANTAL JOUANNO Ben, les Français jugent d’abord un contexte. On sait très bien que ça été difficile et on sait très bien que l’ensemble des dirigeants des pays européens qui ont été confrontés à une crise absolument sans précédent subissent la même difficulté. C’est qu’on est là au début, début, tout début de la période de reprise…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … donc, on ne fait pas mieux qu’ailleurs en Europe, quoi.
 
CHANTAL JOUANNO On ne fait pas mieux, mais honnêtement…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nicolas SARKOZY ne fait pas mieux que les autres.
 
CHANTAL JOUANNO Honnêtement, on fait quand même un petit peu mieux. Regardons la question du pouvoir d’achat, qui est quand même la question centrale qui revient régulièrement dans les débats, quand le pouvoir d’achat…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … vous pensez qu’il s’améliore le pouvoir d’achat ?
 
CHANTAL JOUANNO Il s’améliore.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon !
 
CHANTAL JOUANNO Il s’améliore légèrement, très légèrement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, tout dépend les critères…mais enfin bon.
 
CHANTAL JOUANNO Très légèrement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
CHANTAL JOUANNO Et soyons clairs, en 2009, quand il baissait en Allemagne, quand il augmentait légèrement dans la zone euro de 0,1, il était de +1,6 en France. Pourquoi ? Parce que il y a eu la loi sur les heures supplémentaires qui a permis quand même à neuf millions de salariés d’en bénéficier, ça fait 400 € grosso modo par mois pour eux. Il y a eu… non mais, il y a eu effectivement des hausses de prix mais il y a eu des transferts fiscaux qui ont…des transferts sociaux, pardon, qui ont compensé. Et effectivement, ça se voit moins, mais le pouvoir d’achat on a évité son effondrement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez que vous allez faire hurler tout le monde en disant que le pouvoir d’achat progresse, hein, Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Non, il progresse légèrement, je ne mens pas. Je ne mens à personne. Je sais que tout le monde aurait souhaité qu’il progresse beaucoup plus, mais je dis aussi soyons conscients que cette crise a fait que certains pays, le Portugal, la Grèce, le Royaume Uni…enfin, le Royaume Uni, encore ça peut aller aujourd’hui, l’Irlande, se sont effondrés. Regardons quand même une situation globale. Et je sais, effectivement, que les gens auraient souhaité qu’on aille beaucoup plus loin, évidemment.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Autre enquête, et puis nous parlerons foot. Autre enquête, Chantal JOUANNO, à la question « qu’elle est la personnalité politique préférée par les sympathisants de droite ? », savez-vous ce que les sympathisants de droite ont répondu ?
 
CHANTAL JOUANNO Je crains ! Je crains, oui !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est-à-dire ?
 
CHANTAL JOUANNO Je le crains : Marine LE PEN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Marine LE PEN.
 
CHANTAL JOUANNO Je le crains.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous vous rendez compte qu’aujourd’hui à droite les sympathisants préfèrent Marine LE PEN à Nicolas SARKOZY.
 
CHANTAL JOUANNO C’est dramatique ! C’est dramatique, je sais en même temps qu’il nous reste…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … il y a des raisons.
 
CHANTAL JOUANNO Je sais en même temps qu’il nous reste un an pour prouver que Marine LE PEN n’est pas une alternative, vraiment pas. Et d’une part, pour ceux qui ont des convictions de droite, juste leur rappeler que sur le plan économique et social elle porte plutôt un programme extrêmement à gauche. D’autre part, leur rappeler que ce n’est pas une alternative, on ne ferme pas les frontières, on ne vit pas une France qui n’existe pas. Notre France à nous, et celle qu’on aime, elle est diverse.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, ça nous conduit sur le terrain du football. Marine LE PEN propose la fin de la bi nationalité.
 
CHANTAL JOUANNO Une hérésie absolue !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Une hérésie absolue pourquoi, Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Une hérésie absolue, d’abord une raison, en France, on sait que quasiment un quart des Français ont un lien direct ou indirect avec l’immigration, voilà, c’est une réalité. Elle ne va pas rayer de la carte française quasiment un quart de sa population. Hérésie absolue. Deuxième chose, que serait l’Equipe de France sans les binationaux ? Moi, j’invite simplement à inverser la logique : que serait l’Equipe de France sans les binationaux ? Pas grand-chose. On voit très bien aujourd’hui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … on a besoin de ces Français qui ont double nationalité.
 
CHANTAL JOUANNO Qui ont double nationalité.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui viennent d’ailleurs, qui sont Français évidemment, comme vous et moi.
 
CHANTAL JOUANNO Qui sont Français et qui se comportent… et ceux qui se comportent extrêmement bien, c’est un honneur pour notre drapeau, pour notre pays. Le fait que Laurent BLANC ait choisi Karim BENZEMA, par exemple, pour jouer un rôle central dans son équipe, c’est un honneur pour notre pays. Voilà un garçon qui se comporte bien. Moi, ce qui est un malheur pour mon pays c’est quand je vois, effectivement, une Equipe de France qui se comporte n’importe comment, et ce n’était pas lié à sa couleur de peau. Ca, c’est un problème pour la France. Ca, c’est un vrai sujet. Mais dans ces conditions-là, il faut sanctionner, il faut écarter les personnes qui se comportent mal. Ce n’est pas une question de nationalité, de bi nationalité.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, Chantal JOUANNO, vous avez eu Laurent BLANC au téléphone.
 
CHANTAL JOUANNO J’ai eu Laurent BLANC au téléphone.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’était quand ?
 
CHANTAL JOUANNO J’ai eu Laurent BLANC avant-hier.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Avant-hier soir, vous l’avez appelé.
 
CHANTAL JOUANNO Je l’ai appelé parce que j’ai souhaité…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …et vous lui avez dit quoi ?
 
CHANTAL JOUANNO J’ai souhaité lui dire que je regrettais que tous les propos se retrouvent dans la presse, que moi je souhaitais qu’il y ait une mission d’inspection indépendante qui travaille en tout sérénité, en toute objectivité, et que je voulais lui garantir que les propos seraient confidentiels, et ne se retrouveraient pas dans la presse le lendemain.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Vous lui avez dit cela.
 
CHANTAL JOUANNO Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous lui avez demandé de rester à son poste ?
 
CHANTAL JOUANNO Je ne lui ai rien demandé puisque de toute façon je n’ai pas à le juger d’une part, et d’autre part j’attends d’avoir la fin complète de l’inspection. Mais moi, je sais que Laurent BLANC n’a jamais tenu devant moi ces propos racistes. Et s’il l’était, est-ce qu’il aurait mis, comme je vous citais tout à l’heure, Karim BENZEMA, Samir NASRI ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, oui, mais je voudrais revenir sur la teneur de votre conversation. Est-ce qu’il vous a parlé d’une éventuelle démission ou pas ?
 
CHANTAL JOUANNO Jamais.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A aucun moment ?
 
CHANTAL JOUANNO Jamais. Et après, le reste c’est entre nous, je ne suis pas obligée de tout dire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non mais évidemment.
 
CHANTAL JOUANNO Mais jamais.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Jamais.
 
CHANTAL JOUANNO Jamais.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, il n’a pas envisagé devant vous de démissionner.
 
CHANTAL JOUANNO En tout cas, pas devant moi, mais non, jamais.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas devant vous, bien. Quand sera-t-il entendu ?
 
CHANTAL JOUANNO Ecoutez, dans les jours qui viennent. Je lui ai garanti la confidentialité…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … dans les jours qui viennent…
 
CHANTAL JOUANNO …non, non, je lui ai garanti la confidentialité, donc je ne dirai pas quand c’est.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Aujourd’hui, demain, on le sait.
 
CHANTAL JOUANNO Voilà, absolument.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Puisque lundi vous rendez…
 
CHANTAL JOUANNO … puisque lundi, au plus tard lundi, mardi, on aura les conclusions de la mission d’inspection.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Les conclusions de la mission d’inspection.
 
CHANTAL JOUANNO Mais je souhaite qu’elle se déroule…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …donc, aujourd’hui ou demain.
 
CHANTAL JOUANNO La mission d’inspection du ministère qui quand même doit vérifie si il y a des faits qui sont pénaux…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …un rôle important, oui.
 
CHANTAL JOUANNO Et c’est grave, pénaux, parce que s’il y a eu…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …pénaux, c’est-à-dire qu’on peut retrouver certains des protagonistes devant la justice.
 
CHANTAL JOUANNO Si jamais, si jamais.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous porterez plainte si…
 
CHANTAL JOUANNO Si jamais il y avait mise en place de quotas pour les binationaux, c’est totalement illégal, c’est jugé…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …c’est-à-dire s’il y a volonté de mise en place de quotas, vous déposez plainte.
 
CHANTAL JOUANNO Si il y a mise en place de quotas, je transmets à la justice, voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous déposez plainte.
 
CHANTAL JOUANNO Pourquoi ? Parce que je voudrais juste rappeler à ceux qui ne le savent pas, c’est illégal, c’est même pénal. C’est un délit.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est un délit.
 
CHANTAL JOUANNO C’est un délit.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, certains à la fédération peuvent être poursuivis devant la justice. CHANTAL JOUANNO Si il y avait des faits avérés.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN « Si, si », évidemment, évidemment.
 
CHANTAL JOUANNO Mais aujourd’hui, je ne peux pas vous répondre sur ce point.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est la mission qui le dira.
 
CHANTAL JOUANNO C’est la mission qui le dira.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Chantal JOUANNO, est-ce qu’il doit rester, selon vous, à son poste, le sélectionneur, Laurent BLANC ?
 
CHANTAL JOUANNO A ce stade, je ne peux pas vous répondre. Moi, je pense que…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …non, non, mais…
 
CHANTAL JOUANNO …non, écoutez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …non, non, mais à ce stade.
 
CHANTAL JOUANNO A ce stade, je ne peux pas vous répondre. Tout ce que je peux vous dire…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …aujourd’hui, vous souhaitez qu’il reste ou pas ?
 
CHANTAL JOUANNO Aujourd’hui ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
CHANTAL JOUANNO Mais aujourd’hui, je n’ai pas de raison de vous dire qu’il parte, voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, vous souhaitez qu’il reste.
 
CHANTAL JOUANNO Invités du vendredi 6 mai 2011 Département Veille et Ressources d’informations – 01.42.75.54.58 28 Donc, j’attends de voir les conclusions de l’inspection.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, aujourd’hui, vous souhaitez qu’il reste, Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Mais aujourd’hui, moi, je travaille en toute objectivité. Mon rôle n’est pas d’ajouter au bazar ambiant, aux règlements de comptes ambiants. Mon rôle est de faire une inspection en toute sérénité. Honnêtement, ce qui se passe, le foot n’en a pas besoin.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Chantal JOUANNO est notre invitée ce matin. Chantal JOUANNO, nous sommes le 8 novembre 2010, réunion à la Fédération française de football. Autour du directeur technique national, François BLAQUART, il y a notamment Laurent BLANC. Et l’on parle, François BLAQUART évoque l’éventualité de quotas, et surtout évoque le nombre de joueurs binationaux formés par le football français. BLANC Intervient, « Qu’est-ce qu’il a actuellement comme grands costauds puissants ? Les Blacks. Je crois qu’il faut recentrer surtout pour des garçons de 13-14, 12-13, avoir d’autres critères modifiés avec notre propre culture. Les Espagnols ils m’ont dit « nous on n’a pas de problème, nous des Blacks on n’en a pas » ». Eric MOMBAERTS qui est dans cette réunion, qui est l’un des dirigeants aussi de la formation en France, « Est-ce qu’on s’atèle » – et qui dirige les équipes en dessous de Laurent BLANC – « Est-ce qu’on s’atèle au problème et on limite l’entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ? », Laurent BLANC, « Moi, j’y suis tout à fait favorable », François BLAQUART, « On peut s’organiser en non-dit sur une espèce de quota, mais il ne faut pas que ce soit dit ». Eric MOMBAERTS, « Donc, il faut 30 %, il y a bien des clubs comme Lyon qui le font dans leurs centres de formation ». Et il y a même un graphique qui est brandi par François BLAQUART ce jour-là. Vous confirmez le graphique dont parle MEDIAPART ?
 
CHANTAL JOUANNO Le graphique, oui, oui, le graphique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ? CHANTAL JOUANNO Mais j’allais dire, le graphique en soi, à la limite c’est un secret. On sait qui sont les binationaux ou pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il corrobore les propos.
 
CHANTAL JOUANNO Voilà. On sait qui sont les… la question. C’est un faux problème parce que qu’est-que qu’ils…c’était quoi leur problème ? Leur problème c’est de dire on forme des joueurs qui ensuite partent ailleurs. Si ces joueurs partent ailleurs, c’est que dans la très grande majorité des cas, quasiment tous, en réalité, ils ne sont pas retenus dans l’Equipe de France. Donc, ils partent jouer dansa l’autre équipe qui leur propose de jouer. Donc, en soi, et j’allais dire d’une part c’est pas grave parce que c’est le rayonnement aussi du foot, c’est l’universalité du foot, c’est comme ça dans la plupart des pays. Et puis, on parle de quoi ? On parle de six joueurs grosso modo, hein – six joueurs ! Donc, je veux bien qu’on fasse un scandale sur cette affaire, mais honnêtement, honnêtement, c’est pas ça le vrai sujet. Le vrai sujet c’est les valeurs et l’éthique dans le sport.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, on va y revenir, Chantal JOUANNO, mais je finis, parce que tout de suite MEDIAPART sort ces informations, et tout de suite déchaînement, on voit la Fédération française de football qui dit « mais c’est pas vrai, c’est impossible, mais non » ; Laurent BLANC qui dans un premier temps récuse ces propos ; DUCHAUSSOY qui dit « je n’ai jamais entendu », c’est le président de la fédération, « je n’ai jamais entendu parler de ça, ça m’étonnerait franchement », enfin, bon, etc. Même vous, Chantal JOUANNO, vous dites, « c’est imaginable ».
 
CHANTAL JOUANNO Oui, c’est imaginable.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et puis, finalement, c’est vrai.
 
CHANTAL JOUANNO Alors, c’est inimaginable qu’on mette en place des quotas, inimaginable.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon ?
 
CHANTAL JOUANNO Ca, aujourd’hui, on n’a pas la preuve que ça ait été mis en place.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN D’accord, mais enfin, bon, vous avez vu les dénégations dès le premier jour au lieu de dire la vérité et d’assumer.
 
CHANTAL JOUANNO Mais la vérité, on ne l’a pas encore aujourd’hui. Moi, je ne l’ai pas aujourd’hui, donc je vous répondrai en toute honnêteté que lundi ou mardi, d’une part.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon.
 
CHANTAL JOUANNO D’autre part, que l’on ait mis des quotas ou qu’on y ait pensé, discussion qui ressemble vraiment à une discussion de comptoir, qui n’était pas à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une réunion de la direction technique nationale, ou qu’il n’y en ait pas eu, si il n’y en a pas eu, la méthode est détestable. La méthode est détestable, enregistrer, un cadre d’Etat en plus, qui pouvait tout à fait s’adresser au ministère pour dire voilà le contenu.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais est-ce qu’il a transmis le cadre d’Etat, monsieur Mohamed BELKACEMI ? Est-ce qu’il a, qui est dirigeant du football pour les banlieues, est-ce qu’il a transmis cette vidéo à son supérieur ?
 
CHANTAL JOUANNO Il a transmis cette vidéo à un responsable de la fédération. Après, que s’est-il passé…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …donc, vous confirmer ce qu’il a dit.
 
CHANTAL JOUANNO Oui, oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a transmis la vidéo à un cadre de la fédération.
 
CHANTAL JOUANNO Voilà, tout le monde sait. Donc, que s’est-il passé ensuite ? Qui a transmis à MEDIAPART ? Pourquoi est-ce que MEDIAPART fait autant de raccourcis ? Pourquoi est-ce que MEDIAPART rajoute de l’huile sur le feu dans le foot ? Enfin, je ne sais pas si ils se rendent…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais non, MEDIAPART fait son travail quand même en révélant ces informations, non ?
 
CHANTAL JOUANNO Attention, il y a une différence entre la transparence et transmettre des informations qui sont graves, potentiellement pénales, on peut tout à fait saisir l’Etat. Là, aujourd’hui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … si elles sont graves, autant les transmettre et les rendre publiques.
 
CHANTAL JOUANNO Oui, mais il y a une justice, il y a un Etat, qui sont là pour ça, à priori, si il y a des affaires pénales…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais si MEDIAPART n’avait pas sorti l’affaire, personne n’en aurait parlé. CHANTAL JOUANNO J’espère que si. J’espère qu’on en aurait parlé.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben, Chantal JOUANNO…
 
CHANTAL JOUANNO Non mais, si MEDIAPART… le problème de MEDIAPART, c’est pourquoi est-ce qu’il la sorte cinq mois après ? Pourquoi est-ce qu’ils font autant de raccourcis ? Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui pendant qu’une inspection est en cours il rajoute de l’huile sur le feu ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que c’est pourquoi, selon vous ?
 
CHANTAL JOUANNO Oh, ça, à part créer du buzz, je pense que c’est l’objectif principal. Sauf que ils doivent se rendre compte qu’ils font un mal fou à la société et au foot. C’est dramatique ce qui se passe aujourd’hui quand on entend les uns et le autres se prononcer. Que les uns et les autres retrouvent un peu de sérénité et de calme, qu’ils attendent d’avoir l’ensemble des éléments pour juger en toute objectivité, et d’éviter qu’on ait ce sentiment que la fameuse bande, fameuse bande de 98 se déchire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, les Blacks, Blancs, Beurs dont on a tant vanté les mérites.
 
CHANTAL JOUANNO Mais qu’on adore.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Dites-moi, Chantal JOUANNO…
 
CHANTAL JOUANNO …mais qu’on adore en plus.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On les voit se déchirer entre eux.
 
CHANTAL JOUANNO Parce que moi, enfin derrière…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN … ça vous attriste, non ?
 
CHANTAL JOUANNO Ca m’attriste profondément, profondément parce que derrière qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe pour les éducateurs ? Qu’est-ce qui se passe sur les terrains le week-end ? C’est ça le plus grave. C’est ça le plus grave. Les états d’âme des uns et des autres c’est une chose, mais le plus grave c’est qu’effectivement ça risque, ça pourrait avoir une répercussion partout dans notre société. Or, le foot, son génie c’est d’intégrer.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais bien sûr ! Mais bien sûr ! Chantal JOUANNO, j’ai quand même une question sur les responsables de la Fédération française de football, et notamment le président. Ce sont des incapables. Est-ce que ce sont des incapables ?
 
CHANTAL JOUANNO Mon dieu, je ne me permettrai jamais de juger avec autant…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais non, mais je vous pose la question. Mais pourquoi je le dis ? Parce que le public le dit. Est-ce que ce sont des incapables ?
 
CHANTAL JOUANNO Vous les jugerez quand ils auront tous les éléments et qu’ils prendront des décisions, voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais justement, n’auraient-ils pas dû prendre des décisions avant, Chantal JOUANNO ?
 
CHANTAL JOUANNO Peut-être, et je ne peux pas condamner Fernand DUCHAUSSOY, je ne sais pas, ni LE GRAET qui est vice-président, je ne sais pas ce qu’ils savaient ou ce qu’ils ne savaient pas. Donc, je ne peux pas vous dire. Toujours est-il…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais si jamais il est confirmé, il est confirmé…
 
CHANTAL JOUANNO Ah ben, si jamais c’est confirmé, là c’est grave.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ils doivent partir ?
 
CHANTAL JOUANNO Là, c’est grave. Ca, c’est évident que c’est grave dans ces conditions-là. Alors, ceci dit, attendons vraiment d’avoir tous les éléments, et moi, aujourd’hui, je reste la plus objective possible.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, vous restez la plus objective, mais est-ce que quand même les dirigeants de la fédération, qui sont des patrons, ont failli, je vous pose la question, sincèrement ?
 
CHANTAL JOUANNO Je ne peux pas… je ne peux pas vous dire aujourd’hui. Si les patrons ne savaient, mais s’ils ne savaient pas c’est qu’on n’a pas jugé nécessaire de leur transmettre. Ca, c’est dommage.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et si ils savaient ?
 
CHANTAL JOUANNO Ah, ça, si ils savaient, c’est grave parce que là, honnêtement, ils auraient du beaucoup plus clairement dire les choses. Moi, je pense que…voilà, on est dans une affaire qui est mauvaise dans les deux cas parce que s’il y a eu quotas discriminatoires, c’est illégal, c’est grave pour l’ensemble du foot, parce que ça génère une image détestable. Si il n’y a pas eu et qu’on est dans une affaire de délation, de règlement de compte interne, c’est grave pour la famille du foot. Dans les deux cas, c’est la famille du foot qui souffre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, j’ai une autre question à vous poser : est-ce qu’on ne devrait pas jouer, est-ce qu’un footballeur professionnel ne devrait pas jouer gracieusement pour son équipe nationale ?
 
CHANTAL JOUANNO On peut toujours rêver !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais, je vous pose la question. Qu’est-ce que vous en pensez ? J’oublie que vous êtes ministre des Sports, en tant que sportive, vous aimez le sport, je vous pose franchement la question.
 
CHANTAL JOUANNO En tant que sportive, je vous dis très clairement que 99 % des sportifs, c’est un immense honneur de servir le maillot national.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN De porter le maillot, oui.
 
CHANTAL JOUANNO Le drapeau national.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, oui.
 
CHANTAL JOUANNO Et ça doit être, ça devrait être la seule valeur qui compte. C’est pour ça que je vous disais tout à l’heure le seul critère qui compte dans le sport c’est de sélectionner les meilleurs, pas seulement physiquement mais mentalement. Et c’est deuxième aspect qui n’a pas été suffisamment pris en compte. Il faut éduquer.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et cette idée de trier les footballeurs en fonction de leur origine parce que certains sont plus physiques que d’autres, ou d’autres moins grands, ou je ne sais pas, c’est une aberration, Chantal JOUANNO ?
 
CHANTAL JOUANNO Mais c’est totalement idiot, c’est une aberration, c’est complètement idiot, contraire au sport. L’équipe nous a tant déçus, elle était de toutes les couleurs, elle était…enfin, honnêtement, voilà. C’est un non sujet et c’est pas ça qui règlera la question de l’éducation, de la formation aux valeurs dans les centres de formation.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Charles MAGNIEN est avec nous pour les questions d’auditeurs de RMC. Charles.
 
CHARLES MAGNIEN Bonjour. Une question de Mariel, qui est à Paris, et qui vous dit, « On parle beaucoup de quotas en ce moment, seriez-vous favorable à des quotas de femmes au sein des conseils d’administration des grandes entreprises ? ».
 
CHANTAL JOUANNO Ah, ça, c’est un autre sujet, parce que là c’est pas des quotas pour exclure, c’est des quotas pour inclure, c’est complètement différent. Je vous dire clairement oui. On a un vrai sujet en France sur la question de la parité, sur le recul de la parité, sur les conceptions de la femme. On n’arrive pas à avancer.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et en politique, et en politique, Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Alors, je vais vous citer un exemple qui est pire que la politique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y !
 
CHANTAL JOUANNO C’est le sport.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
CHANTAL JOUANNO Voilà, sur 115 fédérations de sport, je crois que je n’ai que sept femmes présidentes, et encore uniquement quatre dans les grandes fédérations dites uni-sport, voilà. Donc, dans le sport on fait encore mieux !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, quand je regarde les 577 députés de l’Assemblée nationale…
 
CHANTAL JOUANNO Ca progresse légèrement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ?
 
CHANTAL JOUANNO Oui, enfin légèrement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, il y a quelques femmes, Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Ca va très très doucement. Mais vous comprenez, il n’y a pas de candidate.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je ne vois pas de député, je ne sais pas moi, d’origine étrangère, je ne vois pas de député…non ?
 
CHANTAL JOUANNO Trop rares, trop rares.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Même plus que trop rares. Ils ne sont pas, il n’y en pas.
 
CHANTAL JOUANNO Trop rares. Alors, vous avez toujours de bonnes raisons pour ne pas faire. En tout cas, moi, la cause des femmes, j’ai un petit côté un peu féministe, j’en suis désolée.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je sais, non, non, mais je sais que vous vous battez pour, mais pourquoi pas. Des quotas, il faudrait imposer des quotas partout ?
 
CHANTAL JOUANNO Alors, c’est jamais… c’est un aveu d’échec un quota.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
CHANTAL JOUANNO C’est un vrai aveu d’échec, mais si c’est temporaire ça aide, et dans la politique ça a aidé.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon. Chantal JOUANNO, question politiquement concrète. Attention, c’est une question sport, ça va être difficile, Chantal JOUANNO. Quels sont les deux joueurs français susceptibles de jouer la finale de la Ligue des champions ?
 
CHANTAL JOUANNO Oh, vous me plantez, là, c’est pas gentil ça !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, comment c’est pas gentil ?
 
CHANTAL JOUANNO Ca, c’est pas gentil.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est pas méchant.
 
CHANTAL JOUANNO Parce que…Manchester United et Barça, non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Manchester, il y a deux joueurs…
 
CHANTAL JOUANNO …non, vous me plantez, je ne sais pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Manchester et Barcelone, deux joueurs qui font partie de l’Equipe de France et dont vous avez beaucoup parlé.
 
CHANTAL JOUANNO Samir NASRI, mais…non ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non. Patrice EVRA et Eric ABIDAL, EVRA à Manchester et ABIDAL…
 
CHANTAL JOUANNO Ah oui ! Ah oui, ABIDAL, en plus pauvre, qui a fait son dernier retour pendant quelques minutes. Je suis désolée.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais dites-moi, non, non, mais vous n’êtes pas désolée, mais vous savez aussi que le meilleur buteur de Ligue 1, je ne vais pas vous demander qui sait, parce que beaucoup ne savent pas, Moussa SOW, hein, Moussa SOW, meilleur buteur de Ligue 1.
 
CHANTAL JOUANNO Ben, c’est l’exemple…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …eh ben, lui, il a choisi le Sénégal.
 
CHANTAL JOUANNO Oui, je sais. C’est l’exemple qui est pris pour dire, que « oh la la, mon dieu, on forme des binationaux qui partent au Sénégal », mais…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ce n’est pas gênant, non ?
 
CHANTAL JOUANNO C’est pas gênant.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que ça vous gêne qu’il joue pour le Sénégal ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi, pas du tout, parce que j’ai toujours considéré que la vertu du sport c’est son universalité et son rayonnement. Et si on forme de très bons joueurs qui vont ailleurs, c’est une reconnaissance de nos écoles de formation.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien, merci Chantal JOUANNO d’être venue nous voir ce matin.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 9 mai 2011