Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur l'action de la France en faveur de l'intégration régionale en Afrique, à Istanbul le 10 mai 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement en Turquie à l'occasion de la 4ème conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés, les 9 et 10 mai 2011

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame l'Administratrice du PNUD,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de participer à cet événement consacré aux thèmes de l'intégration régionale et du développement humain pour l'Afrique.
Je souhaite saluer l'engagement du PNUD sur ces sujets et l'intérêt du rapport qui vient d'être publié.
S'agissant du développement humain, c'est le PNUD qui a fait émerger cette notion essentielle et depuis, ses analyses annuelles constituent un instrument de mesure très précis pour voir si le monde évolue dans la bonne direction en matière de développement. Comme vous le savez, la France est mobilisée pour faire avancer la refonte des indicateurs de progrès économique, afin de donner plus d'importance au caractère durable et équitable de la croissance. C'est le sens du soutien que nous apportons aux travaux qui empruntent et prolongent la voie ouverte par la commission dirigée par Messieurs Sen, Stiglitz et Fitoussi. C'est un sujet sur lequel je sais pouvoir compter sur la collaboration du PNUD.
S'agissant de l'intégration régionale, il ne fait plus de doute pour personne qu'il s'agit d'un facteur très important pour le décollage économique et le maintien d'une croissance élevée, riche en emplois. L'Afrique apparaît dans ce contexte le point d'application par excellence des liens entre intégration régionale et développement.
Sur le plan politique, l'intégration régionale passe par l'existence d'organisations régionales efficaces, réactives, et déterminées à faire prévaloir l'état de droit. Je salue à cet égard le rôle qu'a joué l'Union africaine et la CEDEAO lors de la crise en Côte d'Ivoire. Car n'oublions jamais que la paix est la première condition du développement.
Sur le plan économique, le constat des bénéfices qu'apporte l'intégration régionale est désormais largement partagé. Le temps n'est plus au plaidoyer, il est à l'action. Comment accepter qu'aujourd'hui l'Afrique commerce si peu avec elle-même, et réalise seulement 12 % de ses échanges au sein du continent, alors que ce taux est de près de 80 % pour l'Europe ? Comment ne pas s'indigner quand pour une marchandise produite à Cotonou, il est moins coûteux de l'expédier à Shanghai qu'à Ouagadougou ?
La France connaît ces réalités africaines. Aussi avons-nous souhaité que la question des infrastructures, si essentielle pour favoriser une intégration régionale réussie en Afrique, connaisse des avancées fortes durant l'année où nous exerçons la présidence du G8 et du G20. Le Sommet du G8 de Deauville comprendra une session de dialogue avec les dirigeants des pays du NEPAD, où seront abordés les facteurs favorables à une croissance économique endogène robuste, ce qui inclut une plus grande intégration régionale. S'agissant du G20, le plan d'action pour le développement adopté lors du sommet de Séoul en 2010 comporte un important volet relatif aux infrastructures qui vise explicitement l'objectif d'intégration régionale. Nous avons mandaté les banques multilatérales de développement, en particulier la Banque africaine de développement (BAD), pour qu'elles présentent un cadre d'action. Ces engagements seront concrets et visent notamment à l'identification d'une liste de projets structurants, avec en regard un financement adapté, recourant aux fonds publics comme privés.
L'intégration régionale est un cadre nécessaire pour que la croissance endogène, fondée sur le travail, la créativité et l'esprit d'entreprise des Africains s'installe durablement sur tout le continent. C'est la vision que le président de la République a proposée dans son discours du Cap de 2008, qu'il a assortie d'un engagement de 10 milliards d'euros pour favoriser les entreprises africaines. Car nous ne comptons pas borner l'ambition que l'Afrique peut avoir pour son propre avenir. Qui ne connaît l'ampleur des efforts qui nous restent à fournir pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement sur le continent africain ? Mais qui peut nier que les OMD ne sont pas une fin en soi, mais la première étape vers le décollage économique ? Cette Afrique qui avance à grands pas vers la prospérité et la liberté doit pouvoir compter sur notre soutien. Car ce n'est sans doute pas un hasard si la floraison démocratique que nous constatons sur le continent ces deux dernières années fait suite à une décennie de croissance particulièrement soutenue.
L'esprit des rapports du PNUD est de nous rappeler que le développement ne se résume pas à des statistiques, fussent-elles flatteuses pour les bailleurs internationaux. Les révolutions arabes montrent au contraire que lorsque l'homme est le facteur négligé des plans de développement, les peuples se chargent de démontrer combien ce modèle est peu durable.
Soyez assurés que la France se tiendra aux côtés des Africains, du PNUD et de tous les partenaires concernés pour que les progrès de l'intégration régionale sur le continent bénéficient au développement des populations et démontrent que notre vision partagée d'une Afrique en mouvement sera la réalité incontournable du 21ème siècle.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 mai 2011