Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation pour ce moment d'échange autour du rapport sur la «redevabilité», réalisé par la Présidence française du G8.
J'ai souhaité en effet vous permettre de rencontrer les principaux auteurs de ce rapport, rédigé par les diplomates de la Direction générale de la Mondialisation du ministère des Affaires étrangères et européennes. Vous pourrez leur poser toutes les questions qui vous intéressent.
Pour ma part, à quelques jours du Sommet de Deauville, je voudrais souligner que la Présidence française du G8 et du G20 s'est mobilisée pour donner la plus large place possible aux sujets du développement dans l'agenda international. Les Sommets de Deauville et de Cannes s'inscrivent dans une séquence internationale riche. Elle a commencé avec le sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement en septembre dernier à New York. Elle a continué avec la 4ème conférence des Nations unies sur les PMA qui s'est déroulée à Istanbul, à laquelle j'ai participé, et qui a permis de réaffirmer l'engagement de la communauté internationale autour d'un plan d'action en faveur des pays les moins avancés. Cette séquence se poursuivra avec le 4ème Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide, qui se tiendra en novembre à Busan, en Corée.
Lors du Sommet de Deauville les sujets de coopération et de développement occuperont une place importante, notamment s'agissant de l'Afrique. Cette année verra le G8 affirmer le lien indiscutable qui doit exister entre le soutien à la croissance économique et le soutien aux progrès de la démocratie. Ce sera le cas avec l'invitation des présidents de Côte d'Ivoire, de Guinée-Conakry et du Niger, que le président de la République a souhaité convier aux côtés des pays fondateurs du NEPAD, afin d'affirmer le soutien de la communauté internationale aux transitions démocratiques qui se déroulent en Afrique subsaharienne. Ce sera le cas aussi avec la présence des Premiers ministres de l'Égypte et de la Tunisie et le lancement par le G8 d'un partenariat de long terme avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée engagés dans un processus démocratique. Ces actions soutiendront en particulier la société civile et les processus de réforme économique et sociale, notamment en direction des jeunes et des femmes.
L'élaboration et la mise en uvre de cet agenda de soutien à la croissance économique et au progrès de la démocratie démontre quelle peut être la plus-value du G8 au sein du système international. Dans le même temps, nous nous sommes également mobilisés afin que les sujets de développement prennent toute leur place au sein du G20. Cette enceinte permet en effet d'associer les principales économies émergentes, qui sont les nouveaux partenaires incontournables en matière d'aide au développement. C'est au sein du G20 que peut se nourrir avec eux un dialogue nécessaire sur une vision commune et des pratiques partagées. Un groupe de travail spécifique sur le développement a été instauré lors du Sommet de Séoul et ses travaux progressent actuellement de manière très satisfaisante, en particulier sur les infrastructures et la sécurité alimentaire.
Pour en venir maintenant au rapport sur la redevabilité des pays du G8 qui nous réunit aujourd'hui, il s'agit d'un exercice auquel nous attachons beaucoup de prix. Il consiste à procéder à un suivi des engagements que nous avons pris, de la manière la plus transparente possible, afin de souligner les résultats obtenus mais aussi identifier les axes d'amélioration.
Ce travail a mobilisé la Présidence française du G8 car nous sommes convaincus qu'il s'agit là d'un exercice indispensable afin d'associer l'ensemble des partenaires de la société civile aux actions entreprises. Il permet aussi d'informer les opinions publiques et les citoyens, dont le soutien est plus que jamais nécessaire en ces temps de contraintes budgétaires. Il est souhaitable aussi que cette évaluation soit menée dans les pays qui bénéficient de l'aide, et nous allons prendre connaissance avec intérêt du rapport que doivent réaliser nos partenaires africains du NEPAD.
Le premier rapport de redevabilité élaboré l'année dernière sous présidence canadienne analysait l'action du G8 dans un vaste champ de domaines, allant de l'éducation à l'énergie, de la santé à l'environnement. Il a permis de lancer de manière concrète ce processus de redevabilité du G8, et montrer le rôle important d'impulsion de cette enceinte dans de nombreux domaines. Le rapport de cette année se concentre sur deux secteurs : la santé et la sécurité alimentaire. Ce sont là deux enjeux particulièrement importants qui sont au cur du développement humain. Ils comptent parmi les défis les plus stratégiques auxquels doivent faire face les pays en développement, et plus particulièrement les pays les moins avancés. Ces deux secteurs ont bénéficié de deux initiatives majeures lors des deux derniers sommets (Initiative de L'Aquila pour la sécurité alimentaire, et Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveaux nés et des enfants).
Sur les montants de l'aide, je souhaite relever que le rapport souligne la forte croissance de l'APD du G8 depuis 2004. Elle a augmenté de plus de 50 %, et représente 70 % de l'APD de l'ensemble des donateurs du Comité d'aide au Développement (CAD) de l'OCDE. Le rapport précise de manière tout à fait transparente les objectifs qui ont été atteints et ceux pour lesquels il faut aller plus loin. Ainsi, s'agissant des engagements de Gleneagles d'augmenter l'APD mondiale au profit des pays en développement de 50 milliards de dollars - je le rappelle de la part de l'ensemble des donateurs et pas seulement du G8 - il manque pour les pays du G8 1,2 milliard de dollars. S'agissant de nos performances nationales, qu'il me soit permis de relever que l'APD française a progressé de 52 % entre 2004 et 2010 et qu'elle est concentrée sur l'Afrique à hauteur de 55 %.
Toutefois, tout le monde voit bien que les ressources budgétaires ne suffiront pas à terme à répondre aux nouveaux besoins. C'est tout le sens de l'engagement de la France en faveur des financements innovants.
En matière de santé, le rapport souligne les réalisations du G8 sur les différents axes qui ont fait l'objet d'engagements spécifiques : le financement de la santé et le renforcement des systèmes de santé, la santé maternelle et infantile, le VIH/Sida, les maladies tropicales négligées, le paludisme, la tuberculose, la poliomyélite, et la rougeole.
Retenons en particulier que l'engagement pris à Heiligendam de mobiliser prés de 60 milliards pour la santé sur la période 2008-2012 est en voie d'être atteint. Le G8 est particulièrement actif dans le soutien aux mécanismes de financement innovants et aux partenariats publics privés. Le G8 contribue à prés de 80 % des ressources du Fonds mondial qui affiche des résultats remarquables dans la lutte contre les grandes pandémies. Notons également l'important travail de suivi des actions qui sont d'ores et déjà lancées pour mettre en uvre les engagements pris à Muskoka en faveur de la santé maternelle et infantile. La France s'est engagée à concourir à hauteur de 500 millions d'euros sur la période 2011-2015.
En matière de sécurité alimentaire, le rapport présente une actualisation détaillée des engagements budgétaires de l'Aquila. Sur 2009-2010, près de la moitié de la somme initialement promise, soit 21 milliards de dollars, est actuellement mise en uvre par l'ensemble du G8. La France s'était engagée sur 2009-2011 à hauteur de 1,5 milliards d'euros, et cet engagement est en voie d'être tenu.
L'initiative de L'Aquila est plus large que la seule mobilisation des ressources financières. Progresser vers la sécurité alimentaire nécessite d'améliorer la coordination entre bailleurs et de soutenir les processus régionaux et nationaux afin d'améliorer la gouvernance globale de la sécurité alimentaire. Enfin, le rapport insiste également sur le soutien du G8 à la recherche agricole internationale, à l'agriculture familiale et au secteur privé.
Au-delà du volume de l'aide publique au développement qu'il mobilise, le G8 a joué un rôle de catalyseur auprès d'un large champ de partenaires extérieurs grâce au lancement de ces initiatives importantes. Car n'oublions pas que l'aide publique est loin désormais d'être la seule source de financement du développement. Mais l'aide publique constitue l'armature qui sous-tend toute vision politique du développement. Les bouleversements actuels nous rappellent que cette dimension politique ne peut durablement être négligée. C'est le rôle des gouvernements actifs en matière d'aide au développement, comme le sont la France et ses partenaires du G8, que de proposer une vision qui puisse être partagée par le plus grand nombre possible de partenaires non-gouvernementaux. Pour que ce dialogue fructueux puisse se tenir en toute confiance, la transparence est une condition indispensable, tout comme le sont le sens de l'écoute et le goût de l'échange.
C'est ce à quoi je vous invite maintenant.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2011
Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation pour ce moment d'échange autour du rapport sur la «redevabilité», réalisé par la Présidence française du G8.
J'ai souhaité en effet vous permettre de rencontrer les principaux auteurs de ce rapport, rédigé par les diplomates de la Direction générale de la Mondialisation du ministère des Affaires étrangères et européennes. Vous pourrez leur poser toutes les questions qui vous intéressent.
Pour ma part, à quelques jours du Sommet de Deauville, je voudrais souligner que la Présidence française du G8 et du G20 s'est mobilisée pour donner la plus large place possible aux sujets du développement dans l'agenda international. Les Sommets de Deauville et de Cannes s'inscrivent dans une séquence internationale riche. Elle a commencé avec le sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement en septembre dernier à New York. Elle a continué avec la 4ème conférence des Nations unies sur les PMA qui s'est déroulée à Istanbul, à laquelle j'ai participé, et qui a permis de réaffirmer l'engagement de la communauté internationale autour d'un plan d'action en faveur des pays les moins avancés. Cette séquence se poursuivra avec le 4ème Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide, qui se tiendra en novembre à Busan, en Corée.
Lors du Sommet de Deauville les sujets de coopération et de développement occuperont une place importante, notamment s'agissant de l'Afrique. Cette année verra le G8 affirmer le lien indiscutable qui doit exister entre le soutien à la croissance économique et le soutien aux progrès de la démocratie. Ce sera le cas avec l'invitation des présidents de Côte d'Ivoire, de Guinée-Conakry et du Niger, que le président de la République a souhaité convier aux côtés des pays fondateurs du NEPAD, afin d'affirmer le soutien de la communauté internationale aux transitions démocratiques qui se déroulent en Afrique subsaharienne. Ce sera le cas aussi avec la présence des Premiers ministres de l'Égypte et de la Tunisie et le lancement par le G8 d'un partenariat de long terme avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée engagés dans un processus démocratique. Ces actions soutiendront en particulier la société civile et les processus de réforme économique et sociale, notamment en direction des jeunes et des femmes.
L'élaboration et la mise en uvre de cet agenda de soutien à la croissance économique et au progrès de la démocratie démontre quelle peut être la plus-value du G8 au sein du système international. Dans le même temps, nous nous sommes également mobilisés afin que les sujets de développement prennent toute leur place au sein du G20. Cette enceinte permet en effet d'associer les principales économies émergentes, qui sont les nouveaux partenaires incontournables en matière d'aide au développement. C'est au sein du G20 que peut se nourrir avec eux un dialogue nécessaire sur une vision commune et des pratiques partagées. Un groupe de travail spécifique sur le développement a été instauré lors du Sommet de Séoul et ses travaux progressent actuellement de manière très satisfaisante, en particulier sur les infrastructures et la sécurité alimentaire.
Pour en venir maintenant au rapport sur la redevabilité des pays du G8 qui nous réunit aujourd'hui, il s'agit d'un exercice auquel nous attachons beaucoup de prix. Il consiste à procéder à un suivi des engagements que nous avons pris, de la manière la plus transparente possible, afin de souligner les résultats obtenus mais aussi identifier les axes d'amélioration.
Ce travail a mobilisé la Présidence française du G8 car nous sommes convaincus qu'il s'agit là d'un exercice indispensable afin d'associer l'ensemble des partenaires de la société civile aux actions entreprises. Il permet aussi d'informer les opinions publiques et les citoyens, dont le soutien est plus que jamais nécessaire en ces temps de contraintes budgétaires. Il est souhaitable aussi que cette évaluation soit menée dans les pays qui bénéficient de l'aide, et nous allons prendre connaissance avec intérêt du rapport que doivent réaliser nos partenaires africains du NEPAD.
Le premier rapport de redevabilité élaboré l'année dernière sous présidence canadienne analysait l'action du G8 dans un vaste champ de domaines, allant de l'éducation à l'énergie, de la santé à l'environnement. Il a permis de lancer de manière concrète ce processus de redevabilité du G8, et montrer le rôle important d'impulsion de cette enceinte dans de nombreux domaines. Le rapport de cette année se concentre sur deux secteurs : la santé et la sécurité alimentaire. Ce sont là deux enjeux particulièrement importants qui sont au cur du développement humain. Ils comptent parmi les défis les plus stratégiques auxquels doivent faire face les pays en développement, et plus particulièrement les pays les moins avancés. Ces deux secteurs ont bénéficié de deux initiatives majeures lors des deux derniers sommets (Initiative de L'Aquila pour la sécurité alimentaire, et Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveaux nés et des enfants).
Sur les montants de l'aide, je souhaite relever que le rapport souligne la forte croissance de l'APD du G8 depuis 2004. Elle a augmenté de plus de 50 %, et représente 70 % de l'APD de l'ensemble des donateurs du Comité d'aide au Développement (CAD) de l'OCDE. Le rapport précise de manière tout à fait transparente les objectifs qui ont été atteints et ceux pour lesquels il faut aller plus loin. Ainsi, s'agissant des engagements de Gleneagles d'augmenter l'APD mondiale au profit des pays en développement de 50 milliards de dollars - je le rappelle de la part de l'ensemble des donateurs et pas seulement du G8 - il manque pour les pays du G8 1,2 milliard de dollars. S'agissant de nos performances nationales, qu'il me soit permis de relever que l'APD française a progressé de 52 % entre 2004 et 2010 et qu'elle est concentrée sur l'Afrique à hauteur de 55 %.
Toutefois, tout le monde voit bien que les ressources budgétaires ne suffiront pas à terme à répondre aux nouveaux besoins. C'est tout le sens de l'engagement de la France en faveur des financements innovants.
En matière de santé, le rapport souligne les réalisations du G8 sur les différents axes qui ont fait l'objet d'engagements spécifiques : le financement de la santé et le renforcement des systèmes de santé, la santé maternelle et infantile, le VIH/Sida, les maladies tropicales négligées, le paludisme, la tuberculose, la poliomyélite, et la rougeole.
Retenons en particulier que l'engagement pris à Heiligendam de mobiliser prés de 60 milliards pour la santé sur la période 2008-2012 est en voie d'être atteint. Le G8 est particulièrement actif dans le soutien aux mécanismes de financement innovants et aux partenariats publics privés. Le G8 contribue à prés de 80 % des ressources du Fonds mondial qui affiche des résultats remarquables dans la lutte contre les grandes pandémies. Notons également l'important travail de suivi des actions qui sont d'ores et déjà lancées pour mettre en uvre les engagements pris à Muskoka en faveur de la santé maternelle et infantile. La France s'est engagée à concourir à hauteur de 500 millions d'euros sur la période 2011-2015.
En matière de sécurité alimentaire, le rapport présente une actualisation détaillée des engagements budgétaires de l'Aquila. Sur 2009-2010, près de la moitié de la somme initialement promise, soit 21 milliards de dollars, est actuellement mise en uvre par l'ensemble du G8. La France s'était engagée sur 2009-2011 à hauteur de 1,5 milliards d'euros, et cet engagement est en voie d'être tenu.
L'initiative de L'Aquila est plus large que la seule mobilisation des ressources financières. Progresser vers la sécurité alimentaire nécessite d'améliorer la coordination entre bailleurs et de soutenir les processus régionaux et nationaux afin d'améliorer la gouvernance globale de la sécurité alimentaire. Enfin, le rapport insiste également sur le soutien du G8 à la recherche agricole internationale, à l'agriculture familiale et au secteur privé.
Au-delà du volume de l'aide publique au développement qu'il mobilise, le G8 a joué un rôle de catalyseur auprès d'un large champ de partenaires extérieurs grâce au lancement de ces initiatives importantes. Car n'oublions pas que l'aide publique est loin désormais d'être la seule source de financement du développement. Mais l'aide publique constitue l'armature qui sous-tend toute vision politique du développement. Les bouleversements actuels nous rappellent que cette dimension politique ne peut durablement être négligée. C'est le rôle des gouvernements actifs en matière d'aide au développement, comme le sont la France et ses partenaires du G8, que de proposer une vision qui puisse être partagée par le plus grand nombre possible de partenaires non-gouvernementaux. Pour que ce dialogue fructueux puisse se tenir en toute confiance, la transparence est une condition indispensable, tout comme le sont le sens de l'écoute et le goût de l'échange.
C'est ce à quoi je vous invite maintenant.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2011