Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur l'enseignement supérieur du spectacle vivant et l'engagement de l'Etat dans le cadre des pôles d'enseignement supérieurs, Boulogne Billancourt le 22 mai 2011.

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Je suis particulièrement heureux d’être présent parmi vous à l’occasion de la signature de ces conventions, qui confortent le 1er Etablissement public de coopération culturelle consacré à l’enseignement supérieur du spectacle vivant. Ce moment officiel précède un spectacle qui, je n’en doute pas, sera la preuve vivante du talent des jeunes que cet établissement prépare aux métiers de musicien ou de comédien, et de la réussite du projet que vous portez.
A mes yeux, ce que nous vivons là est à la fois un aboutissement et le début d’un processus.
Aboutissement car nous ne serions pas présents ce soir sans la rencontre exceptionnelle tout au long de ces dernières années des volontés qui se sont réunies autour de ce projet d’établissement supérieur. Nous ne serions pas là sans les talents éminents de ceux qui l’ont porté, sans la capacité de tous à construire ensemble, en oubliant les logiques de territoires, les rivalités, les fossés historiques, les incompréhensions.
A bien des égards, cet établissement est exemplaire : il s’est construit dans la préoccupation unique de l’intérêt supérieur des étudiants et des artistes, en mettant en oeuvre les complémentarités. Complémentarité entre le monde de la culture et l’université, entre la musique et le théâtre, entre de grandes collectivités locales, rassemblées autour du même objectif, et l’Etat.
Depuis 2004, vous le savez, le ministère de la culture et de la communication s’est engagé dans un vaste chantier de structuration de l’enseignement supérieur du spectacle vivant, afin de lui donner une dimension européenne et de favoriser la professionnalisation à l'entrée dans les métiers des jeunes artistes.
Pour mener ce projet d’ampleur, l’Etat a fait le choix du partenariat, de la reconnaissance et du développement des initiatives de ceux qui avaient d’ores et déjà constitué et soutenu une offre de formation de haut niveau, sans avoir pu parvenir jusqu’alors à faire reconnaître et valider ces cursus. C’est le sens de la constitution en cours des « pôles supérieurs » créés sous forme d’établissement publics de coopération culturelle, dans le spectacle vivant comme dans les arts plastiques. C’est le sens aussi de l’engagement financier important de l’Etat dans ce Pôle d’enseignement supérieur « Paris-Boulogne-Billancourt ».
Cet établissement a eu un rôle de pionnier à plus d’un titre. Pionnier par la date de sa création sous la forme d’Etablissement public de coopération culturelle, dès le 1er janvier 2010, rassemblant les deux Villes de Paris et de Boulogne ainsi que le Grand Paris Seine ouest et l’Etat. Je salue ce soir votre implication conjuguée qui marque je l’espère le début d’un processus, dont je souhaite qu’il puisse trouver des formes aussi harmonieuses, aussi inventives, sur le reste du territoire.
Un rôle de pionnier pour ne pas dire de pilote ou de laboratoire dans la construction de cet enseignement supérieur du spectacle vivant qui vient compléter en musique l’offre des deux conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse de Paris et de Lyon. Ceci en grande partie grâce au talent et à l’implication de son directeur, Xavier Delette, qui a été beaucoup sollicité par le ministère de la culture dans le processus de création du diplôme national supérieur professionnel de musicien et dans la conception du processus de rapprochement avec l’université. Grâce aussi à la complicité qui s’est nouée avec Alain Jacquon puis Alain Louvier à Boulogne-Billancourt, avec Jean-Claude Cotillard pour l’art dramatique. Le choix de Marcel Bozonnet comme président, fervent défenseur des liens à tisser dans l’enseignement supérieur entre les disciplines du spectacle vivant, de Wilfride Piollet et d’Anne Postel Vinay à ses côtés, confirme cette orientation fondamentale de votre projet. Je sais que vous projetez d’étendre cet enseignement supérieur au domaine du jazz et des musiques actuelles, à la danse jazz, à l’enseignement, que votre démarche d’ouverture à d’autres esthétiques et à d’autres domaines ne s’arrêtera pas, et je m’en félicite.
C’est grâce à tous ceux que vous avez su associer dans la réflexion et dans l’action que cet établissement est ce qu’il est aujourd’hui : le 1er EPCC qui rassemble l’enseignement supérieur de la musique et du théâtre. Rien d’étonnant alors que votre choix pour cette soirée d’une oeuvre qui unit ces deux disciplines, vos étudiants et vos équipes, sous la figure tutélaire d’Ida Rubinstein et donc de la danse, pour servir un texte de Gabriele d’Annunzio, belle rencontre des arts et de toutes les formes d’expression.
Je veux enfin saluer le partenariat exemplaire qui s’est construit avec l’Université Paris-Sorbonne Paris IV et l’Université de la Sorbonne nouvelle Paris III. La volonté de rapprochement avec l’université a été l’un des moteurs de cette réforme. Il est essentiel que les jeunes artistes puissent bénéficier d’un lien à l’université, que la pratique artistique puisse se nourrir de la diversité des approches de la connaissance. En lien avec ma collègue Valérie Pécresse, je souhaite que nous allions de l’avant dans cette voie, nous y travaillons beaucoup ensemble, car ce dialogue est indispensable au rayonnement international, au développement et à l’attractivité de l’enseignement supérieur Culture.
L’hommage qui est rendu ce soir à Claude Debussy est une magnifique illustration de la démarche du Pôle supérieur Paris-Boulogne-Billancourt. Dans ce dialogue entre les disciplines artistiques, dans cette capacité des collectivités à travailler ensemble et avec l’Etat, dans cette fructueuse collaboration avec l’université, dans cette symbiose qui transparait jusque dans le programme que vous avez édité pour cette soirée et dans cette ouverture qui vous anime, je vois se dessiner de belles perspectives pour l’avenir des jeunes artistes et pour la création et j’en suis particulièrement touché.
Comme je suis touché aussi par votre choix de ce lieu, le Châtelet, - merci, cher Jean-Luc Choplin, de nous y accueillir - lieu historique de rencontre entre les arts, et du choix de l’anniversaire d’une oeuvre trop peu connue de Debussy, le Martyre de Saint Sébastien. Debusssy qui disait ne pas aimer les « spécialistes », parce que « se spécialiser, c’est rétrécir d’autant son univers ».
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 24 mai 2011