Interview de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire générale de l'UDF, à France 2 le 27 avril 2001, sur l'information sur l'euro, la préparation de l'élection présidentielle et la mise en cause de J. Chirac par la justice.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

G. Morin Je vous reçois à double titre : vous êtes secrétaire général de l'UDF et on va parler un peu des projets de votre parti avec la convention nationale qui se tient ce week-end, mais vous êtes aussi présidente du Mouvement européen. L'euro, c'est dans 249 jours. L. Fabius a relancé la campagne de communication hier. Il dit par exemple qu'il faudrait mettre "euro moins 249 jours" sur la Tour Eiffel. Pensez-vous que c'est une bonne idée ?
- "Ce n'est pas une mauvaise idée. Il a raison de s'y mettre parce qu'on a effectivement pris beaucoup de retard et qu'on n'a pas encore trouvé le ton juste de la communication. Il faut que ce soit simple - les quatre chiffres après la virgule, non ! - mais pas trop ludique parce que cette affaire est sérieuse. Et puis, il faut que l'on réexplique le sens de tout cela. Le "pourquoi on y va." Et que l'on donne de ré-assurances sur le projet européen qui est un projet politique et des ré-assurances bien sûr sur le projet français, qui ne peut pas être de délitement de notre pays."
Vous allez vous-mêmes redoubler d'ardeur dans les mois qui viennent ?
- "Au mouvement européen, on y va très fortement dans les mois et même dans les jours qui viennent, avec la journée de l'Europe qui a lieu comme chaque année le 9 mai et dont nous sommes les inventeurs et les promoteurs sur tout le territoire."
A la secrétaire générale de l'UDF, je demanderais si l'UDF sera en ordre de marche dans un an pour la présidentielle, avec quel projet, quel homme ?
- "Nous faisons un conseil national qui sera une belle fête politique pour tous ceux qui en ont assez de méthode de gouvernement électoralistes, réactionnaires et technocratiques. Une belle fête pour tout le pays avec un espoir. Ce n'est pas la candidature de F. Bayrou, ce n'est pas ni le lieu, ni l'heure mais c'est une étape dans une démarche sérieuse et dynamique. Quand on regarde le paysage politique français, il me semble qu'il y a trois personnalités crédibles pour la présidence de la république : deux sortants - Le Président de la république avec le bilan de son septennat, le chef du gouvernement avec le bilan de chef de gouvernement qui commence à être un peu essoufflé..."
Et celui du chef de l'Etat vous le voyez comment ? Un bilan mitigé ?
- "Très marqué par la cohabitation. Manifestement. Et donc, la troisième candidature crédible est celle d'un homme sincère et nouveau, avec des équipes de renouveau qui ont marqué leur talent particulièrement aux municipales."
Ce troisième homme va se déclarer quand ?
- "Il choisira le moment. Mais il y a effectivement une démarche que nous accompagnerons. Nous l'accompagnerons en parlant non pas de politique politicienne, mais en parlant de la France que nous aimons et que nous voudrions pouvoir aimer et que tout le monde puisse aimer encore davantage. Une France moderne, sincère et humaine."
Il vous faut un projet. J'ai lu quelque part que vous aviez réuni les cadres de l'UDF à plusieurs reprises, très récemment, pour parler de ce projet. C'est exact ?
- "Nous avons adopté le projet partagé. C'est comme cela que nous l'appelons au Congrès national d'Angers qui était au mois de décembre. C'est vrai que nous travaillons à la fois sur un projet en termes d'idées, de visions de la France et bien sûr en terme de programmes avec un certain nombre de réunions, de colloques et de travaux d'experts et de politiques pour pouvoir illustrer de manière concrète la manière dont nous voyons le pays et son avenir."
En tout cas, la candidature officielle de F. Bayrou n'est pas encore demain soir ?
- "Non, ce n'est pas demain soir. C'est une démarche dynamique et on marquera une étape dans cette crédibilité de la candidature."
S'il y avait rapidement une dissolution de l'Assemblée nationale - que d'aucun évoquent - est-ce qu'il serait prêt pour faire face ? Seriez-vous prêts ? Croyez-vous à une dissolution possible ?
- "Croyez-vous que ce serait sérieux après celle de la dernière fois ? Il me semble que ce serait un petit peu hasardeux ! Et puis j'ai l'impression qu'on entendrait la gauche crier assez vite à la dissolution de convenance."
Pourtant J. Rossi disait hier que cela ne faisait pas de mal d'appeler les électeurs ?
- "Cela ne fait pas de mal d'avoir une certaine structure et de respecter le suffrage universel aux dates auxquelles il a été donné dans le cadre de la Constitution. L'UDF abordera les législatives le moment venu, c'est-à-dire après l'élection présidentielle de l'année prochaine. Bien sûr, en bonne ordre de marche et en particulier avec la capacité de renouvellement que nous avons montré aux élections locales récentes."
La mise en cause de J. Chirac - pas par la justice puisque le juge s'est dessaisi, mais par les parlementaires qui demandent sa traduction devant la Haute cour de justice - : Vous voyez quel avenir à cette demande ?
- "Ce n'est pas un avenir intéressant parce que les difficultés et les affaires, comme on dit, qui bien sûr vont perturber la campagne électorale dans la prochaine année, cela ne se traite pas comme ça. Cela se traite politiquement. Le juge Halphen ne pouvait pas faire autrement que de constater qu'il est dessaisi et qu'il n'est pas compétent. Le Premier ministre a raison de ne pas laisser s'embarquer certains de ses députés dans un pseudo-procès alors qu'il s'agit de politique."
Vous êtes choquée qu'on s'en prenne au chef de l'Etat de cette façon ?
- "Je trouve que ce n'est effectivement pas bon pour nos institutions qu'il y ait cette mise en cause permanente de toutes les institutions de la République."
N'êtes-vous pas choquée qu'il y ait des affaires autour de sa personne et de sa fonction passée, à l'Hôtel de ville de Paris notamment ?
- "Bien sûr, on ne peut qu'être choqué de voir que dans les dernières années, on puisse alimenter des soupçons sur le manque de sincérité ou le manque de transparence."
Donc, clarté nécessaire ?
- "Clarté, sincérité, intégrité. Je crois qu'il y a une très grande attente à ce sujet."
Un mot sur l'actualité d'hier : P. Henry va sortir de prison. Une réflexion ?
- "Ce sont des chose très graves qui méritent beaucoup de pudeur. Personnellement, je trouve que c'est bien qu'il soit sorti de prison."
Les députés ont voté cette nuit des dispositions pour la sécurité, notamment avec une aggravation de peines pour des gens qui font des délits de très grande vitesse. Vous avez été secrétaire d'Etat aux Transports, c'est une disposition qui vous convient ?
- "La loi est une loi technique. On ne résoud pas les problèmes de sécurité par la loi et encore moins par des lois techniques comme celles-là. Cela dit, la disposition concernant la sécurité routière et par exemple la recherche de la drogue au volant, je trouve que c'est bien."
Vous votez donc cette "disposition Gayssot"?
- "Cette disposition oui, puisqu'elle va dans le sens de l'apaisement de la conduite au volant."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 avril 2001)