Déclaration de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, sur la pratique et l'engagement sportifs, le déficit d'équipements sportifs dans les banlieues et les valeurs du sport, Saint-Denis le 23 mai 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Remise des médailles de la Jeunesse et des Sports dans le département de Seine Saint Denis le 23 mai 2011

Texte intégral


Je suis particulièrement heureuse d’être parmi vous, vous les forces vives du sport. Monsieur le Préfet l’a dit, cette cérémonie est hautement symbolique.
1. Elle est hautement symbolique, car, sans vous, bénévoles, dirigeants de club, moniteurs, entraîneurs, élus en charge du sport, il n’y aurait pas de pratique sportive en France.
On ne mesure pas toujours l’ampleur de votre action. Pourtant, le sport vit grâce à vous, les bénévoles. Faut-il rappeler que le sport est le plus grand mouvement associatif de France avec 265 000 associations et 3,5 millions de bénévoles.
J’ai été extrêmement impressionnée par vos parcours. Beaucoup d’entre vous ont passé plus de 10, 20 ou 30 ans – certains presque 60 ans – au service des sportifs, jeunes et moins jeunes, de Seine-St-Denis. Votre engagement est admirable !
Vous avez fait le choix d’une vie au service des autres. Vous donnez votre temps et votre énergie sans compter et ce temps que vous consacrez aux autres, vous le prenez sur votre temps familial, votre temps professionnel.
Vous donnez sans rien attendre en retour, si ce n’est l’enrichissement personnel de voir des personnes, souvent des jeunes, découvrir tout ce que le sport peut apporter.
De manière simple et concrète, vous donnez vie aux valeurs de fraternité et d’humanisme qui sont au cœur de notre pacte social. Votre présence est essentielle, surtout en période de crise et dans les territoires fragiles, comme la Seine-St-Denis. A votre façon, vous luttez en effet contre les phénomènes d’exclusion, d’incivilité et de violence que peut connaître ce département.
Le sport apporte beaucoup à notre société. Il structure, donne des repères et aide à grandir. Il apprend à se connaître, à aller chercher ses limites. Il apprend le respect des règles et des différences. Il transmet des valeurs universelles. Combien de personnes ont trouvé un sens à leur vie sur un terrain ou dans un stade. Combien encore se sont appuyés sur les repères que leur avait donnés le sport pour s’insérer professionnellement ou socialement.
Les sportifs de haut niveau, présents aujourd’hui, le savent, ils l’ont vécu. Les élus du département le constatent eux-aussi tous les jours. Je sais que vous êtes conscients du rôle essentiel que joue le sport en matière de lien social. Vous en faites souvent d’ailleurs l’un des pivots de votre politique sociale.
2. Dans ce contexte, mon rôle, le rôle de l’Etat, c’est de vous donner les moyens de réaliser votre engagement au service des autres.
J’ai rencontré beaucoup d’élus, beaucoup de maires. Vous êtes parmi les principaux acteurs du développement de la pratique sportive en France. Je vous sais parfois désemparés face à des équipements sportifs vieillissants, face à des inégalités territoriales frappantes.
Le département de la Seine-St-Denis est le plus sous-équipé de France, après Paris. L’étude réalisée l’an passé en Ile-de-France l’a clairement montré.
Ce déficit d’équipement, qui vient s’ajouter à des freins sociaux, joue en défaveur de la pratique sportive. Le nombre de licenciés est presque trois fois moins important dans les quartiers populaires qu’au plan national. Et, dans ces quartiers, les filles pratiquent deux fois moins que les garçons.
Nous devons ramener ces garçons et ces jeunes filles dans les clubs, qui sont des vecteurs majeurs de lien social et d’apprentissage de la vie en collectivité. C’est d’autant plus important en Seine-St-Denis qu’il s’agit d’un des départements les plus jeunes de France.
Avec Maurice LEROY, Ministre de la Ville, nous nous sommes donc mobilisés pour remédier à cette situation. Le Préfet de Seine-St-Denis, Christian LAMBERT, a été chargé d’élaborer un plan de rattrapage quinquennal 2011-2015, en étroite association avec les antennes locales des fédérations sportives, le Conseil général et les collectivités concernées. 4 réunions de concertation collective et 35 réunions bilatérales avec les communes concernées ont été menées par le Préfet.
Ce plan permettra de soutenir 74 opérations de création ou de rénovation d’équipements sportifs dans 35 des 40 communes du département. Pour établir ce plan, le Préfet a tenu compte du poids démographique des communes, de leur niveau de revenu et des urgences sociales. Il a également veillé au respect des équilibres politiques du département.
Son coût total prévisionnel est de 70 millions d’euros. D’ores et déjà, le conseil d’administration du CNDS s’est engagé, le 10 mai dernier, sur une enveloppe prévisionnelle de 8 millions d’euros pour la première tranche. L’ANRU y contribuera également. La mobilisation financière du ministère des Sports s’effectue dans le cadre d’un plan exceptionnel. C’est un effort supplémentaire de l’Etat, qui ne vous empêchera pas de solliciter les financements habituels du CNDS.
Mon Cabinet a procédé ce matin même aux derniers arbitrages avec le Cabinet de Maurice LEROY. Dans les toutes prochaines semaines, nous vous présenterons donc l’intégralité du plan. 11 projets devraient être lancés dès cet été. Il faut agir vite. C’est désormais une urgence, dans un département qui compte près de 30% de jeunes.
Le sport n’est pas qu’un loisir. C’est un élément structurant de notre vie collective. C’est pour cette raison que nous mettons des moyens aujourd’hui en Seine-St-Denis pour rattraper le retard en matière d’équipements sportifs. C’est pour cette raison également que nous avons voulu récompenser ceux qui, souvent avec peu de moyens, mais avec énormément de dévouement, font vivre le sport en Seine-St-Denis.
La médaille de la Jeunesse et des Sports témoigne de la reconnaissance de votre engagement par la nation française.
Je sais cependant que votre plus belle récompense, c’est de voir que certains des jeunes que vous avez encadrés sont devenus des sportifs de haut niveau – nous en avons certains parmi nous aujourd’hui. C’est de voir que tous ceux que vous avez accompagnés ont progressé et sont allés de l’avant grâce à vous.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 25 mai 2011