Déclaration de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, sur les centre de défense deuxième chance gérés par l'Etablissement public d'insertion de la défense (EPIDE), Marseille le 12 mai 2011.

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Circonstance : Déplacement à Marseille le 12 mai 2011

Texte intégral

S'il faut rendre un hommage appuyé au travail remarquable accompli dans les 20 Centres Défense 2ème chance, gérés par l'Etablissement Public d'Insertion de la Défense (EPIDE), c'est bien parce qu'ils permettent d'éviter l'écueil du fatalisme. Ce fatalisme qui fait trop souvent croire, à de jeunes femmes et à de jeunes hommes, que leur avenir est déjà gravé dans le marbre. On peut en effet ne pas avoir trouvé sa place dans le système scolaire, avoir commis des erreurs et, à un moment donné, avoir choisi la mauvaise voie. Mais ce qui compte le plus c'est de se regarder, un jour, dans son miroir en se disant : tout est encore possible, je peux encore rentrer dans le droit chemin et trouver ma place dans la société.
* C'est justement pour aider ces jeunes qui veulent s'en sortir que l'EPIDE a été créé par la loi de cohésion sociale de 2005 et repris ensuite dans le Plan « Espoir Banlieues » en 2008.
* Aujourd'hui, cette visite de l'établissement de Marseille revêt une importance toute particulière. Nous sommes en effet au coeur des quartiers Nord, dans une zone où nous devons lutter contre le chômage et l'exclusion, et encourager encore plus qu'ailleurs les jeunes et leurs familles. 34 500 jeunes de moins de 25 ans sont inscrits à Pôle emploi dans votre région en catégorie A. Même si la tendance est à la baisse avec une inflexion de 1,4% en un an (contre – 6,7% au national), il ne faut donc pas relâcher nos efforts.
* J'ai donc tenu à faire ce déplacement pour saluer une démarche exemplaire en faveur de l'insertion professionnelle et surtout sociale des jeunes. Mais je suis aussi venue pour rencontrer les jeunes et le personnel de cet établissement afin de leur témoigner tout mon soutien et les encourager à poursuivre leur action.
* Dans ces murs, inaugurés par le Premier Ministre en 2009, il se passe quelque chose de quasiment magique. Ici, l'engagement et la détermination d'une équipe composée de civils et d'anciens militaires permet de faire renaitre l'espoir. L'espoir en un avenir meilleur pour des jeunes qui étaient en voie de marginalisation ou socialement défavorisés. Ces jeunes, ici, nous leur donnons la possibilité de se réaliser en maitrisant les fondamentaux de la vie en communauté et les savoirs de base. Nous leur permettons également de se projeter dans l'avenir en leur donnant les moyens de se construire un véritable projet professionnel.
1. C'est parce chacun a droit à une seconde chance et que l'EPIDE est un dispositif efficace et ambitieux au service de l'emploi de jeunes en difficulté que je suis ici aujourd'hui.
* L'EPIDE s'adresse à des jeunes qui cumulent les difficultés : déficit de formation, difficultés sociales et difficultés comportementales. Avec ce dispositif de lutte contre le chômage et de prévention de la délinquance, la République toute entière tend la main à ces jeunes et leur donne une seconde chance.
* Alors c'est vrai, il y a toujours des quartiers difficiles avec des individus mal intentionnés qui essaient de créer des zones de non droit et d'entrainer avec eux des jeunes peut être un peu plus vulnérables et influençables. Mais quand je vois les jeunes qui sont ici, qui un jour ont eu le courage de dire « non » au cercle vicieux de l'exclusion et parfois de la délinquance, je suis fière d'eux. Fière de l'action de l'Etat, fière de voir que les valeurs et les symboles de la République, comme notre drapeau ou la Marseillaise, ont plus que jamais un sens.
* Rien que pour 2011, c'est 2 430 jeunes qui doivent être accueilli dans l'un des 20 centres EPIDE grâce à un effort financier majeur de la part de l'Etat. Rien qu'à Marseille, c'est 150 jeunes qui sont concernés. Je le rappelle, sur la période 2009-2011, l'Etat mobilise 85 millions d'euros par an pour financer ce dispositif, dont 48 millions qui proviennent directement des crédits de mon Ministère.
* L'EPIDE repose sur le volontariat des jeunes. C'est un prérequis nécessaire, car on ne peut pas demander à l'Etat de consacrer autant de moyens pour aider des jeunes qui ne le voudraient pas vraiment.
* En venant à l'EPIDE, les jeunes s'engagent dans un parcours global d'une durée moyenne de dix mois. Ce parcours est adapté à chacun d'entre eux avec comme objectif l'insertion durable. Il s'appuie sur l'orientation, la formation et l'emploi. Ce parcours se caractérise aussi par un important travail de socialisation dans le cadre d'un régime d'internat et d'une discipline inspirée du modèle militaire. Il s'agit, par la construction de repères, par une remise en forme physique et un travail psychologique, de redonner aux jeunes volontaires la confiance et le goût de réussir.
* Et les résultats sont là : 1 jeune sur 2 qui intègre un centre EPIDE en ressort avec une formation ou un emploi et plus de 70% des jeunes du Centre de Marseille présent 2 mois après leur admission trouvent une sortie dite positive et je tenais à souligner, ici, ces résultats.
2. Mais c'est aussi parce que l'EPIDE a vocation à développer une relation de plus en plus active avec le monde économique que je vais co-signer, dans quelques instants, une Convention de partenariat avec le Groupe Veolia Environnement et l'EPIDE.
* Parce que le principal objectif de l'EPIDE, en plus de permettre l'insertion sociale, est de favoriser l'accès à l'emploi, il est indispensable de mobiliser davantage les entreprises.
* C'est un objectif gagnant-gagnant :
* Pour un jeune qui a décidé d'intégrer un Centre EPIDE et qui a donc fait le choix courageux de se remettre en question, l'accès à l'emploi est sans aucun doute la meilleure preuve possible de réussite.
* Pour une entreprise, recruter des jeunes issus des Centres EPIDE, c'est l'assurance de recruter des jeunes qui ont fait la preuve de leur persévérance et de leur motivation. Chez Veolia Environnement on a bien compris le potentiel que représentent ces jeunes. C'est pour cette raison que je co-signe aujourd'hui leur Convention de partenariat avec l'EPIDE.
* Dans cette Convention, Veolia Environnement, s'engage notamment à présenter les activités du Groupe et à offrir des stages courts de préparation à l'apprentissage aux jeunes de l'EPIDE afin de leur faire découvrir les différents métiers qu'il propose.
* Les directeurs régionaux, les directeurs de formation et les directeurs de Campus de Veolia seront mis en relation avec les Centres EPIDE avec pour objectif principal : le recrutement et l'insertion.
* De façon générale, cette Convention permettra de mettre l'attention sur les métiers les plus porteurs en termes de recrutement et les plus adaptés au profil des jeunes volontaires.
* J'appelle aujourd'hui à une mobilisation globale des acteurs économiques de notre pays, au premier rang desquels je pense naturellement aux entreprises, aux branches professionnelles et aux chambres consulaires. Ils ont un rôle central à jouer pour favoriser l'accès des jeunes issus des Centres EPIDE au monde du travail. Nous avons une responsabilité morale à l'égard de tous ces jeunes.
* En matière d'alternance, le Gouvernement a un objectif ambitieux, fixé par le Président de la République : atteindre 800 000 jeunes en alternance, dont 600 000 apprentis, d'ici 2015.
* Pour atteindre cet objectif, je viens de lancer une grande campagne de communication nationale pour montrer que l'apprentissage est une voie d'excellence vers un emploi durable.
* Pour les jeunes issus des Centres EPIDE, les formations en alternance constituent une formidable opportunité d'insertion. C'est pourquoi, je souhaite que dans chaque Centre EPIDE, le personnel encadrant fasse oeuvre de pédagogie et déploie un effort particulier pour inciter les jeunes à s'orienter vers l'alternance. Les espaces d'insertion des Centres EPIDE, à l'instar de celui que j'ai visité aujourd'hui, ont vocation à être en première ligne pour jouer ce rôle.
Je vous remercie.Source http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr, le 16 mai 2011