Texte intégral
Avant tout chose, je tiens à remercier l'ensemble des acteurs d'avoir répondu présents aujourd'hui, ainsi que le comité scientifique du colloque présidé par le Professeur Daniel Dhumeaux et Michel Bonjour (SOS hépatites), sans oublier les services de la DGS qui ont contribué à son organisation.
Vous le savez, sans doute, cette journée consacrée au plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012 s'inscrit dans le cadre de la 1ère journée mondiale de lutte contre les hépatites, journée créée par l'OMS lors de la 63eme assemblée mondiale de la santé de mai 2010. Cette précision peut paraitre anecdotique, administrative Mais pour moi, cela témoigne de l'importance du sujet qui nous réunit aujourd'hui.
L'hépatite B est une des maladies virales les plus répandues dans le monde. 2 milliards de personnes seraient infectées par ce virus, dont environ 350 millions de porteurs chroniques pouvant transmettre le virus pendant des années.
L'hépatite C toucherait, pour sa part, 3 % de la population mondiale, soit 170 millions d'individus, dont 80 % évolueraient vers une infection chronique.
En France, plus d'un demi-million de personnes sont porteurs de ces virus. Et chaque année, on déplore 2500 nouveaux cas d'hépatite B et entre 2700 et 4400 nouveaux cas d'hépatite C. On ne le dit pas assez, mais ces infections peuvent entrainer des complications graves, souvent chroniques, parfois mortelles : 4 000 décès attribuables aux hépatites B et C, 93 000 personnes en ALD [affections de longue durée] pour hépatite B ou C, c'est loin d'être négligeable !
On le voit à travers ces chiffres, les hépatites virales représentent un vrai problème de santé publique, même si leur importance demeure encore sous-évaluée par de nombreux acteurs.
C'est pourquoi la lutte contre ces infections est une priorité des pouvoirs publics, dont l'action en la matière se poursuit sans discontinuer depuis plus de 10 ans. Les plans de lutte contre les hépatites virales se sont succédés depuis 1999.
Ils ont permis de disposer d'un système de surveillance épidémiologique robuste, de mener de nombreux projets de recherche, de promouvoir la vaccination contre le virus de l'hépatite B chez les personnes les plus exposées, et d'assurer un meilleur accès aux traitements de l'hépatite C.
Malgré ces avancées importantes, la transmission du VHC n'est pas maîtrisée chez les usagers de drogues, et la transmission sexuelle du VHB persiste. Fait aggravant, la moitié des personnes contaminées par le virus de l'hépatite B et C ne connaitraient pas leur statut sérologique.
Et, fait plus regrettable encore, 60 % des personnes infectées par l'hépatite B auraient du être vaccinées, car leur situation correspondait à une indication du calendrier vaccinal.
Le plan de lutte contre les hépatites B et C (2009-2012) a pris acte de ces insuffisances pour y remédier. Comment ?
1. en se donnant pour objectif de diminuer le nombre de nouveaux cas d'infections, en particulier auprès de publics cibles comme les usagers de drogues pour l'hépatite C ou les personnes à risque pour l'hépatite B
2. en augmentant la couverture vaccinale contre l'hépatite B,
3. et en renforçant le dépistage pour orienter les personnes infectées vers une prise en charge médicale aussi précoce que possible. Ce dernier point est d'autant plus important que les traitements disponibles jusqu'à présent permettent de guérir 50 % des hépatites C et de contrôler 80 % des hépatites B. Il est ainsi possible de réduire de manière significative les complications gravissimes comme les cirrhoses et les carcinomes hépatocellulaires.
Pour se donner les moyens d'une mise en uvre optimale, ce plan s'appuie sur les travaux d'un comité de suivi et de prospective, dont je tiens au passage à saluer les membres ici présents, et tous ceux qui y participent, car cela représente du temps et de l'énergie mais cela en vaut la peine, car je le vois avec le plan maladies rares, ce mode de travail et d'échange ouvert et collégial représente vraiment la meilleure façon d'avancer.
Après deux ans de déploiement de ce plan, où en est-on ? Trois quart des actions du plan sont soit terminées, soit engagées, et on peut raisonnablement espérer voir se réaliser l'ensemble des actions restantes avant la fin 2012.
Parmi les actions mises en uvre dans le domaine de l'information et de la prévention, je voudrais saluer le travail réalisé par l'INPES qui a développé des messages de prévention à travers des documents s'adressant aux publics prioritaires du plan et vis-à-vis des professionnels (« Repères pour votre pratique »). Toujours dans le domaine de la prévention, je me réjouis également de savoir, qu'après les textes réglementaires pour encadrer les pratiques des professionnels du tatouage et du piercing, les circulaires pour améliorer l'accès au dépistage et au vaccin contre le virus de l'hépatite B dans les CSAPA et CARRUD ont été publiées.
En termes de dépistage, il me semble important de souligner que la Haute Autorité de Santé vient de publier en mai 2011 son rapport sur la stratégie de dépistage biologique des infections par le virus B et C. Cela devrait permettre d'améliorer le repérage de personnes infectées.
Je voudrais également évoquer certaines études engagées pour affiner nos stratégies de réduction des risques parmi les populations usagères de drogues. Je pense notamment au renouvellement de l'enquête COQUELICOT par l'InVS, et à l'enquête PRIMINJECT menée par l'INPES dont les prochains résultats devraient permettre de limiter le passage à l'injection, qui est au cur de la dynamique épidémique du VHC.
Plus en aval dans la trajectoire des usagers de drogues, l'enquête Methaville conduite par l'ANRS et financée par la DGS apportera bientôt un éclairage important concernant la faisabilité de la primo-prescription de méthadone par des médecins généralistes, méthadone dont on connait les effets protecteurs sur les contaminations par le VHC.
Si ces avancées sont importantes, il reste encore beaucoup à faire.
Il est ainsi nécessaire d'augmenter la couverture vaccinale vis-à-vis de l'hépatite B et de rendre effectives les recommandations du calendrier vaccinal de 2011. Je le redis en ces temps de méfiance, cette vaccination permet d'éviter des hépatites fulminantes, des hépatites chroniques et des complications de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire associés.
Il faut également accentuer notre effort pour améliorer l'accessibilité aux dépistages des hépatites B et C. En termes de stratégie sur le terrain, notamment pour l'hépatite C qui touche très souvent les usagers de drogues, cela signifie d'aller aux devants de ceux qui ne fréquentent pas les centres de dépistage ou que leur état veineux peut dissuader de se faire prélever.
Comme nous l'avons fait pour le VIH, il nous faut pouvoir disposer de tests d'utilisation simple et rapide pour orienter les personnes infectés vers les filières de soins adaptées. C'est dans cet esprit que j'ai récemment saisi l'AFSSAPS pour qu'elle évalue la performance des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) et la HAS, pour qu'elle en définisse la stratégie d'utilisation.
De même, pour faciliter la démarche d'entrée dans les soins, il nous faut prendre en compte les réticences de certains à subir une ponction biopsie hépatite pour mesurer l'état d'avancement de leur maladie. A cet égard, je vous annonce que les tests d'évaluation de la fibrose hépatique viennent d'être inscrits à la nomenclature et bénéficient d'une prise en charge par l'assurance maladie.
Surtout, l'arrivée de nouvelles molécules toujours plus efficaces (en ATU en 2011 puis en AMM en 2012), couplée à un meilleur dépistage de l'hépatite C, nous imposent d'anticiper l'afflux d'un grand nombre de patients, entre 15 000 et 20 000 d'après la modélisation INSERM-ANRS, soit trois à quatre fois le nombre de patients traités en 2010. A cet égard, des travaux ont été engagés par la DGOS et la DGS, pour définir des stratégies d'absorption efficace de ces flux.
Vous le voyez, une dynamique forte est à l'uvre pour endiguer les épidémies d'hépatites, et vous en êtes en grande partie les artisans. Sans votre détermination, sans votre implication, sans vos contributions, ce plan aurait pu ne rester qu'une somme de bonnes intentions. C'est cet engagement, votre engagement de tous les jours, que je voulais saluer aujourd'hui avant de vous souhaiter des travaux fructueux.
Merci.Source http://www.sante.gouv.fr, le 26 mai 2011
Vous le savez, sans doute, cette journée consacrée au plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012 s'inscrit dans le cadre de la 1ère journée mondiale de lutte contre les hépatites, journée créée par l'OMS lors de la 63eme assemblée mondiale de la santé de mai 2010. Cette précision peut paraitre anecdotique, administrative Mais pour moi, cela témoigne de l'importance du sujet qui nous réunit aujourd'hui.
L'hépatite B est une des maladies virales les plus répandues dans le monde. 2 milliards de personnes seraient infectées par ce virus, dont environ 350 millions de porteurs chroniques pouvant transmettre le virus pendant des années.
L'hépatite C toucherait, pour sa part, 3 % de la population mondiale, soit 170 millions d'individus, dont 80 % évolueraient vers une infection chronique.
En France, plus d'un demi-million de personnes sont porteurs de ces virus. Et chaque année, on déplore 2500 nouveaux cas d'hépatite B et entre 2700 et 4400 nouveaux cas d'hépatite C. On ne le dit pas assez, mais ces infections peuvent entrainer des complications graves, souvent chroniques, parfois mortelles : 4 000 décès attribuables aux hépatites B et C, 93 000 personnes en ALD [affections de longue durée] pour hépatite B ou C, c'est loin d'être négligeable !
On le voit à travers ces chiffres, les hépatites virales représentent un vrai problème de santé publique, même si leur importance demeure encore sous-évaluée par de nombreux acteurs.
C'est pourquoi la lutte contre ces infections est une priorité des pouvoirs publics, dont l'action en la matière se poursuit sans discontinuer depuis plus de 10 ans. Les plans de lutte contre les hépatites virales se sont succédés depuis 1999.
Ils ont permis de disposer d'un système de surveillance épidémiologique robuste, de mener de nombreux projets de recherche, de promouvoir la vaccination contre le virus de l'hépatite B chez les personnes les plus exposées, et d'assurer un meilleur accès aux traitements de l'hépatite C.
Malgré ces avancées importantes, la transmission du VHC n'est pas maîtrisée chez les usagers de drogues, et la transmission sexuelle du VHB persiste. Fait aggravant, la moitié des personnes contaminées par le virus de l'hépatite B et C ne connaitraient pas leur statut sérologique.
Et, fait plus regrettable encore, 60 % des personnes infectées par l'hépatite B auraient du être vaccinées, car leur situation correspondait à une indication du calendrier vaccinal.
Le plan de lutte contre les hépatites B et C (2009-2012) a pris acte de ces insuffisances pour y remédier. Comment ?
1. en se donnant pour objectif de diminuer le nombre de nouveaux cas d'infections, en particulier auprès de publics cibles comme les usagers de drogues pour l'hépatite C ou les personnes à risque pour l'hépatite B
2. en augmentant la couverture vaccinale contre l'hépatite B,
3. et en renforçant le dépistage pour orienter les personnes infectées vers une prise en charge médicale aussi précoce que possible. Ce dernier point est d'autant plus important que les traitements disponibles jusqu'à présent permettent de guérir 50 % des hépatites C et de contrôler 80 % des hépatites B. Il est ainsi possible de réduire de manière significative les complications gravissimes comme les cirrhoses et les carcinomes hépatocellulaires.
Pour se donner les moyens d'une mise en uvre optimale, ce plan s'appuie sur les travaux d'un comité de suivi et de prospective, dont je tiens au passage à saluer les membres ici présents, et tous ceux qui y participent, car cela représente du temps et de l'énergie mais cela en vaut la peine, car je le vois avec le plan maladies rares, ce mode de travail et d'échange ouvert et collégial représente vraiment la meilleure façon d'avancer.
Après deux ans de déploiement de ce plan, où en est-on ? Trois quart des actions du plan sont soit terminées, soit engagées, et on peut raisonnablement espérer voir se réaliser l'ensemble des actions restantes avant la fin 2012.
Parmi les actions mises en uvre dans le domaine de l'information et de la prévention, je voudrais saluer le travail réalisé par l'INPES qui a développé des messages de prévention à travers des documents s'adressant aux publics prioritaires du plan et vis-à-vis des professionnels (« Repères pour votre pratique »). Toujours dans le domaine de la prévention, je me réjouis également de savoir, qu'après les textes réglementaires pour encadrer les pratiques des professionnels du tatouage et du piercing, les circulaires pour améliorer l'accès au dépistage et au vaccin contre le virus de l'hépatite B dans les CSAPA et CARRUD ont été publiées.
En termes de dépistage, il me semble important de souligner que la Haute Autorité de Santé vient de publier en mai 2011 son rapport sur la stratégie de dépistage biologique des infections par le virus B et C. Cela devrait permettre d'améliorer le repérage de personnes infectées.
Je voudrais également évoquer certaines études engagées pour affiner nos stratégies de réduction des risques parmi les populations usagères de drogues. Je pense notamment au renouvellement de l'enquête COQUELICOT par l'InVS, et à l'enquête PRIMINJECT menée par l'INPES dont les prochains résultats devraient permettre de limiter le passage à l'injection, qui est au cur de la dynamique épidémique du VHC.
Plus en aval dans la trajectoire des usagers de drogues, l'enquête Methaville conduite par l'ANRS et financée par la DGS apportera bientôt un éclairage important concernant la faisabilité de la primo-prescription de méthadone par des médecins généralistes, méthadone dont on connait les effets protecteurs sur les contaminations par le VHC.
Si ces avancées sont importantes, il reste encore beaucoup à faire.
Il est ainsi nécessaire d'augmenter la couverture vaccinale vis-à-vis de l'hépatite B et de rendre effectives les recommandations du calendrier vaccinal de 2011. Je le redis en ces temps de méfiance, cette vaccination permet d'éviter des hépatites fulminantes, des hépatites chroniques et des complications de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire associés.
Il faut également accentuer notre effort pour améliorer l'accessibilité aux dépistages des hépatites B et C. En termes de stratégie sur le terrain, notamment pour l'hépatite C qui touche très souvent les usagers de drogues, cela signifie d'aller aux devants de ceux qui ne fréquentent pas les centres de dépistage ou que leur état veineux peut dissuader de se faire prélever.
Comme nous l'avons fait pour le VIH, il nous faut pouvoir disposer de tests d'utilisation simple et rapide pour orienter les personnes infectés vers les filières de soins adaptées. C'est dans cet esprit que j'ai récemment saisi l'AFSSAPS pour qu'elle évalue la performance des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) et la HAS, pour qu'elle en définisse la stratégie d'utilisation.
De même, pour faciliter la démarche d'entrée dans les soins, il nous faut prendre en compte les réticences de certains à subir une ponction biopsie hépatite pour mesurer l'état d'avancement de leur maladie. A cet égard, je vous annonce que les tests d'évaluation de la fibrose hépatique viennent d'être inscrits à la nomenclature et bénéficient d'une prise en charge par l'assurance maladie.
Surtout, l'arrivée de nouvelles molécules toujours plus efficaces (en ATU en 2011 puis en AMM en 2012), couplée à un meilleur dépistage de l'hépatite C, nous imposent d'anticiper l'afflux d'un grand nombre de patients, entre 15 000 et 20 000 d'après la modélisation INSERM-ANRS, soit trois à quatre fois le nombre de patients traités en 2010. A cet égard, des travaux ont été engagés par la DGOS et la DGS, pour définir des stratégies d'absorption efficace de ces flux.
Vous le voyez, une dynamique forte est à l'uvre pour endiguer les épidémies d'hépatites, et vous en êtes en grande partie les artisans. Sans votre détermination, sans votre implication, sans vos contributions, ce plan aurait pu ne rester qu'une somme de bonnes intentions. C'est cet engagement, votre engagement de tous les jours, que je voulais saluer aujourd'hui avant de vous souhaiter des travaux fructueux.
Merci.Source http://www.sante.gouv.fr, le 26 mai 2011