Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur le handicap et le vieillissement de la population, Paris le 17 mai 2011.

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Circonstance : Salon Géront-Expo-Handicap-Expo à Paris du 17 au 19 mai 2011

Texte intégral

Je suis très heureuse de me trouver aujourd'hui parmi vous pour cette 8e édition du salon Géront Expo – Handicap Expo.
Je veux vous remercier très chaleureusement, Monsieur le président, cher Jean Leonetti, de m'avoir conviée à ce grand rendez-vous national qui rassemble tous les professionnels de la santé et de l'autonomie.
Dans notre société, quelles réponses apporter à la perte d'autonomie dans la vie quotidienne ? : c'est bien là que se situent le grand enjeu pour demain.
Nous le savons, notre pays connaît des évolutions démographiques sans précédent, qui nous obligent à repenser notre modèle de prise en charge pour les prochaines années.
Gérontologie et handicap : précisément parce que ces deux domaines obéissent à des problématiques communes, les outils sont les mêmes pour y répondre.
J'ai d'ailleurs pu le vérifier tout au long de la visite que je viens d'effectuer et qui a montré, si besoin en était, toute l'inventivité et la capacité d'innovation des professionnels engagés que vous êtes.
L'adaptation du logement, les équipements de soins, d'aide à la mobilité et dans les gestes de la vie quotidienne, les nouvelles technologies, l'accès aux services de proximité : sur tous ces aspects, les améliorations conçues pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes bénéficient également à celle des personnes handicapées, et réciproquement.
Car c'est d'abord à cette question citoyenne que nous devons répondre collectivement : quel regard portons-nous sur ceux de nos concitoyens qui atteignent le grand âge ou qui se trouvent en situation de handicap (I) ?
Quel projet inventer pour offrir une place à chacun et proposer un pacte républicain qui s'adresse à toutes et à tous ?
Avant tout chose, c'est une prise en charge globale que nous devons imaginer.
Car, envisager le vieillissement ou le handicap de façon inclusive et positive, c'est aussi prendre en compte tout l'environnement dans lequel les personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap évoluent pour modifier notre société.
C'est donc toute notre organisation sociale qu'il faut repenser pour donner une véritable place aux personnes différentes et favoriser leur participation réelle à la vie sociale.
Pour les intégrer pleinement à notre société, nous devons adapter notre urbanisme, nos logements, nos espaces publics, notre mobilier urbain, notre réseau de transports, nos écoles, nos entreprises, nos services de soins, nos services sociaux, nos équipements culturels et nos commerces de proximité.
Nous devons également veiller à rendre accessibles les usages des nouvelles technologies et les bénéfices du progrès scientifique et médical.
Parce qu'elle est plus vulnérable, elle doit être mieux protégée lorsqu'elle prend une décision qui l'engage financièrement.
Car ne perdons jamais cela de vue : vivre à domicile, ce n'est pas vivre le confinement à domicile, synonyme d'isolement et de mal-être.
Vivre à domicile, c'est pouvoir rester mobile et accéder facilement aux services dont on a besoin, parce que la société, plus accueillante, fait en sorte de les mettre à sa portée.
Vivre à domicile, c'est pouvoir vivre avec les autres, au cœur de la cité, et participer pleinement au vivre ensemble.
Cette vision inclusive et positive, elle doit aussi s'appliquer aux personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap qui vivent en établissement.
Pour répondre à de tels enjeux, nous avons d'ores et déjà progressé.
Ainsi, la loi de 2005 a permis des avancées considérables dans le champ du handicap.
Elle a donné un objectif ambitieux, celui d'une société accessible en 2015.
Cet objectif, nous l'atteindrons si c'est toute la société qui se met en marche pour revoir la manière dont nous concevons le cadre bâti, la voirie, les biens et les services.
Que l'on ne s'y trompe pas : relever ce défi, c'est favoriser le progrès non seulement pour les personnes en situation de handicap, mais aussi pour les personnes âgées dépendantes et, plus largement, pour l'ensemble de nos concitoyens.
Ce qui compte avant tout, ce sont les avancées que représentent, pour le quotidien des personnes âgées dépendantes comme celui des personnes en situation de handicap, ces technologies et ces services.
Je ne doute pas que la prochaine conférence nationale du handicap (CNH) permettra de nouvelles avancées.
De la même manière, face aux défis du grand âge, il est de notre responsabilité collective de construire une société ouverte et accessible à tous, une société solidaire, soucieuse de ces aînés qui lui ont tant donné.
Dans cette perspective, je veux saluer aujourd'hui les solutions innovantes que vous proposez, des solutions destinées à améliorer, à domicile comme en établissement, le bien-être, le confort, la sécurité et l'autonomie des personnes âgées dépendantes, ainsi que la qualité des prises en charge.
Ne nous y trompons pas : il ne s'agit pas, loin de là, de primer l'innovation pour l'innovation. Ce qui compte avant tout, ce sont les avancées que représentent ces technologies et ces services pour le quotidien des personnes âgées dépendantes mais aussi de leurs proches.
Dans chaque domaine, ce sont ainsi de réels besoins, de réelles difficultés qui trouvent des réponses adaptées.
Je veux rendre ici un hommage appuyé et mérité à votre créativité et à votre engagement à tous, vous qui êtes investis dans des actions très concrètes en faveur des aînés.
Envisager le grand âge sous l'angle de la prévention des situations de dépendance, de l'innovation et du dynamisme : c'est là tout le mérite de ce salon Géront Expo – Handicap Expo, qui permet aussi, ne l'oublions pas, d'identifier et de partager les savoir-faire et les bonnes pratiques.
C'est précisément dans ces deux optiques que le débat national sur la réforme de la dépendance a été lancé par le Président de la République : adopter une vision positive du vieillissement et promouvoir des solutions innovantes au service des personnes âgées dépendantes (II).
Vous le savez, avec Marie-Anne Montchamp, j'ai installé, au mois de janvier dernier, 4 groupes de travail chargés d'établir un état des lieux de la prise en charge de la dépendance et de formuler des propositions.
Depuis le 18 avril, une nouvelle phase s'est ouverte, avec les débats interrégionaux et interdépartementaux.
Leur grand succès montre à quel point nos concitoyens se sentent concernés par cette question majeure et veulent participer à la réflexion collective. Les contributions que nous recevons sur le site Internet spécialement dédié (www.dependance.gouv.fr) vont dans le même sens.
Si la réflexion n'est pas encore achevée, j'en tire d'ores et déjà quelques enseignements sur lesquels je voudrais revenir à présent.
Premier enseignement : la nécessité d'améliorer la prévention et la coordination des différents intervenants autour de la personne âgée dépendante.
Pour garantir une prise en charge de qualité, son inscription dans un parcours cohérent, coordonné et adapté paraît effectivement primordiale.
Organiser une meilleure coordination autour de la personne âgée dépendante, c'est donc améliorer la qualité de la prise en charge, mais c'est aussi soulager les familles.
Le rôle des familles, et plus généralement des aidants, est justement un autre enseignement fort, le deuxième, que je retiens de ce débat, comme de toutes les contributions à ce stade.
Ainsi, une grande partie des personnes ayant participé à la réflexion sur Internet insistent sur la nécessité de mieux soutenir, de mieux reconnaître et de mieux valoriser les aidants : en un mot, d'aider les aidants.
Mieux coordonner ; mieux accompagner les familles… : la qualité de l'accompagnement passe aussi, bien évidemment, par la variété de l'offre de services. C'est là un troisième enseignement.
Cette offre, en effet, doit être la mieux adaptée aux différentes situations de dépendance et à des états par nature évolutifs.
Entre le domicile et l'établissement souvent très médicalisé, n'y aurait-il pas un intérêt à développer des structures intermédiaires, pour les personnes fragiles ou faiblement dépendantes ?
C'est dans cet esprit que l'on pourrait également développer davantage d'accueils de jour, qui offrent, par rapport aux maisons de retraite hébergeant 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, une souplesse qui répond tout à la fois à des besoins et à une attente.
La question de la dépendance ne trouvera pas de réponse unique, mais c'est, en tout cas, dans la diversité de l'offre et sa proximité que les meilleures réponses seront proposées, au plus près des besoins.
Cette nécessaire diversité dans la proximité fait d'ailleurs largement consensus, car elle est le gage, aussi, d'une meilleure équité sur le territoire.
Je remettrai à la fin du mois de juin une synthèse générale au Président de la République pour que des arbitrages gouvernementaux puissent intervenir à l'été.
Les personnes en situation de handicap ne seront pas les oubliées du débat. Je l'ai dit, la conférence nationale du handicap le mois prochain va permettre de leur apporter, à elles aussi, de nouvelles réponses.
En attendant, dans le cadre de ce grand débat citoyen, je ne doute pas qu'ensemble nous saurons faire émerger des propositions fructueuses pour donner à chaque personne âgée dépendante toute sa place dans notre société et, aussi, à chacun d'entre nous, le sentiment d'un destin collectif.
Ensemble, saisissons cette chance qu'est la vie devant soi et construisons une société pour tous les âges !Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 19 mai 2011