Texte intégral
A mon initiative, une nouvelle manifestation culturelle voit le jour à Fontainebleau ce week-end. Permettez-moi de dire mon émotion, mon plaisir, mais aussi ma reconnaissance. Ce que javais imaginé lors de mon passage à la direction de lAcadémie de France à Rome en 2009, ce que le « tour de France » des musées que jai entrepris depuis ma nomination rue de Valois ma suggéré, ce qui semblait complémentaire et nécessaire à la suite de lintroduction de lenseignement dhistoire des arts à tous les niveaux scolaires de lécole au lycée - depuis 2008 a pris forme depuis hier. Dans le XXIe siècle du tout-images, dans ce déferlement incessant dicônes, de messages visuels, davatars, nétait-il pas nécessaire doffrir un lieu et un moment pour « apprendre à voir », pour accompagner lindispensable éducation à limage dans un siècle qui est dores et déjà celui des écrans.
En octobre 1972, il y a près de 40 ans, André Chastel organisait ici même, au château de Fontainebleau, un colloque qui traduisait son attachement à lart de la Renaissance française et italienne. André Chastel, vous le savez, sest distingué par ses combats multiples en faveur de cette discipline, aussi bien pour son enseignement à lécole, que pour sa reconnaissance institutionnelle. Je pense notamment à LInventaire général et à lintroduction de lhistoire de lart à la Villa Médicis. Il a également marqué son époque par ses prises de position médiatiques dans un grand quotidien national et par sa volonté, défendue avec ardeur, détablir un Institut de recherche national à vocation internationale. Cest à lui que je pense, cest à ses combats, cest à ses batailles que je veux rendre hommage alors que nous inaugurons cette belle manifestation.
Aujourdhui, dune certaine manière, cette première édition du Festival de lhistoire de lart, à Fontainebleau, traduit lempreinte quil a laissée dans cette discipline.
Cette rencontre est un moment décisif dans la mesure où elle reconnaît enfin, oserais-je dire, la place de cette discipline dans la vie culturelle et intellectuelle de notre pays.
Le public se rend massivement dans les grandes expositions, il adhère avec ferveur aux propositions des nouveaux musées à limage du Centre Pompidou-Metz - il est donc aussi en quête dexplications et de sens, comme lillustre le succès des applications numériques qui accompagnent les expositions, à limage du Livre « augmenté » - avec textes critiques et images commentées - consacré à lexposition Monet du Grand Palais.
Première manifestation de ce genre en Europe, le Festival de lhistoire de lart sera bien entendu une caisse de résonance pour les recherches et les travaux les plus novateurs dans la discipline. Il est ouvert à toutes les écoles, à tous les questionnements, à toutes les voies qui interrogent aujourdhui lobjet visuel en France et en Europe. Il se donne pour ambition dintéresser un très large public. Depuis la rentrée de 2008, afin denraciner une culture artistique commune, conformément au souhait exprimé par le Président de la République, un nouvel enseignement dhistoire des arts a vu le jour et sest développé par étapes à tous les niveaux scolaires. Choisie par 20% des candidats au brevet des collèges, lépreuve dhistoire des arts inscrite au programme du brevet est obligatoire depuis cette année. Depuis octobre 2009, fruit dune mobilisation de très nombreux acteurs, un portail « Histoire des arts » a été mis en place mettant à disposition des enseignants plus de 3 000 fiches numérisées, bénéficiant depuis un an dune présentation par territoire.
Le chemin est encore long pour mener cette « révolution éducative » à son terme : les résistances demeurent, les obstacles subsistent, mais je considère quun point de non-retour a été atteint, je considère quun cap a été franchi. Je mesure quil importe de mieux former les enseignants, quil conviendrait à terme de penser une véritable filière de formation à lhistoire de lart. Dores et déjà, de nombreux établissements, de nombreux enseignants se sont emparés de ce nouvel enseignement transversal. A cet égard, ce Festival a permis de donner une visibilité plus forte à ces questions et à ces enjeux, notamment à travers lUniversité de printemps qui sest tenue depuis jeudi, à linitiative du Ministère de lEducation nationale et de lInstitut national dhistoire de lart (INHA). Cette initiative, vous laurez compris, ne veut ni exclure, ni sélectionner, ni hiérarchiser. Elle entend fédérer les métiers qui sont aujourdhui les acteurs de lhistoire de lart : universitaires, conservateurs du patrimoine, enseignants, éditeurs et libraires, collectionneurs, galeristes, mais aussi acteurs du tourisme culturel. Elle entend aussi faire dialoguer les arts et les artistes. Longtemps minée par des conflits, par des oppositions factices, lhistoire de lart en tant que discipline trouve là les moyens de sunir, de se rassembler, de se confronter aux défis dun monde qui a érigé limage y compris limage de soi - en fétiche. Aujourdhui, elle est à même de donner un sens au devenir collectif, de redonner une perspective au chaos du monde, ou plus précisément au chaos né de la multiplication des simulacres en tous genres. A lère de la reproductibilité infinie de limage, elle peut contribuer à donner de la cohérence, elle peut être un outil pour rendre plus intelligible notre temps. En dautres termes, cette manifestation se donne pour ambition de « Réconcilier le sensé et le sensible », de valoriser ce que nos amis italiens appellent le « savoir-voir », de conquérir des oeuvres qui ne parlent pas delles-mêmes.
Savoir concilier lémotion et lintelligible, le visible et le caché, la perception et la réflexion : cest là lenjeu de toute politique déducation artistique ambitieuse. Comme le disait Daniel Arasse, lhistoire de lart consiste à montrer ce que lon ne voit pas, dapercevoir ce que le spectateur na pas vu.
Lhistoire de lart peut aussi permettre de lever les préventions et les intimidations de ceux qui nosent pas franchir les portes des « temples » de culture. Léducation du regard, dans un monde caractérisé par un bombardement dimages sans ordre, sans intelligibilité, sans hiérarchie, est plus quune exigence, cest une nécessité. Aujourdhui plus quhier, faire comprendre la construction dune image, saisir les enjeux sociaux dune oeuvre, comprendre que limage nest pas la réalité mais quelle est la construction parfois savante dun discours, ce sont là les voies dune éducation à la culture.
Lart est aussi un apprentissage à la conquête de soi-même et du temps. Lart en effet est ébauche, construction, réalisation : autant détapes quun public immergé dans le règne de léphémère et de lévanescent ne saurait négliger. Noublions jamais que lhistoire de lart porte une responsabilité à légard du passé, des monuments, des sites archéologiques, des tableaux quil importe de conserver ou dacquérir. Conserver et transmettre, cette double mission qui lui est assignée dit bien son rôle social.
Je saisis loccasion pour remercier la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, ainsi que le Ministre de lEducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, Luc Chatel, pour le soutien quils ont apporté au projet. Je souhaite également remercier lInstitut national dhistoire de lart (INHA) et notamment léquipe coordonnée par Florence Buttay - à qui été confié lexpertise et la conduite scientifique de lopération mais aussi lEtablissement public du château de Fontainebleau qui a su laccueillir et mettre en valeur les lieux. A loccasion du 10e anniversaire de lINHA, jy vois un signe de maturité et un tournant significatif. Cette initiative naurait pu voir le jour sans les collectivités territoriales qui ont apporté un soutien actif à cette première édition. Merci Monsieur le Maire de Fontainebleau, cher Frédéric Valletoux, qui avez mobilisé les équipes de votre ville, facilité laccès au château et appuyé avec conviction la visibilité de lévénement. Merci Monsieur le Président du Conseil général, cher Vincent Eblé, davoir fait rayonner le Festival au-delà de son épicentre, dans toute la Seine-et-Marne et davoir valorisé le parcours « Le goût de lltalie ». Il permet aux visiteurs de découvrir les trésors cachés de 13 églises de votre département, sans oublier le délicieux château de Guermantes dont la seule évocation a un goût de madeleine, si jose dire ! Je veux aussi mentionner lengagement personnel du directeur de lInstitut national du Patrimoine (INP), Eric Gross, dans lorganisation du Salon du Livre et de la revue dart, et souligner combien le Centre national du Livre (CNL), le Syndicat national de lédition à travers sa section « Arts » et le Syndicat de la Librairie française, ont contribué activement à la présence de 50 éditeurs et libraires pour cette édition. Enfin, je tiens à remercier les mécènes et les partenaires privés (Veolia, Veralbane, Illy) qui ont été des soutiens indispensables ainsi que les partenaires médias de la manifestation (France 3, France Culture, Métro, les magazines LHistoire, Connaissance des arts, Air France Magazine) qui ont fait le pari de laudace et de la nouveauté.
La richesse de lhistoire de lart se nourrit des autres approches : elle apprécie bien entendu lhistoire de lobjet visuel, de sa matérialité, mais elle est aussi ouverte à la littérature, à la philosophie, à lanthropologie ou encore à la psychanalyse. Cette pluralité des approches peut lui permettre de sinsérer dans le débat public. Car « lhistoire de lart doit être une discipline active dans la Cité », elle doit « favoriser une connaissance, une prise de conscience historique qui modifie les perspectives si souvent naïves du présent ». Je crois profondément à ce programme de travail défini par André Chastel tout au long de sa vie.
Depuis mon arrivée au Ministère de la Culture et de la Communication, jai porté une grande attention aux institutions qui transmettent le savoir et lexpertise dans le domaine de lhistoire de lart, en particulier celles sur lesquelles mon Ministère exerce sa tutelle : lEcole du Louvre, lInstitut national du patrimoine (INP), lInstitut national dhistoire de lart (INHA). Jai tenu à me rendre dans chacune de ces institutions, jai souhaité visiter les lieux et rencontrer les acteurs pour mieux comprendre leurs attentes. Je ne veux pas oublier les établissements du Ministère de lEnseignement supérieur et de la Recherche, les Universités, les Centres de recherche, de plus en plus ouverts aux partenariats internationaux, de plus en plus mobilisés par les initiatives dexcellence.
Jai également consolidé et suivi avec attention le projet dune grande Bibliothèque de lhistoire de lart la plus importante de France - un lieu qui serait en quelque sorte la « bibliothèque de Babel » dun Borgès devenu historien de lart, un lieu qui sera une référence en Europe. Ce formidable outil pour les études et la recherche est porté par lInstitut national dhistoire de lart (INHA), en partenariat avec lEcole du Louvre et lEcole nationale supérieure des Beaux arts. Il sinstallera en 2014 au coeur du quadrilatère Richelieu, dans lemblématique salle Labrouste, bien connue des habitués de la Bibliothèque nationale de France. Jai par ailleurs contribué à la renaissance de la bourse Focillon, créée, comme vous le savez, au début des années 1950 par le ministère des Affaires étrangères, en souvenir de la mort dHenri Focillon à Yale en 1943. Jai souhaité ainsi favoriser la poursuite dune coopération vieille dun demi-siècle, avec lune des plus prestigieuses universités américaines.
Lhistoire de lart est servie jen prends la mesure lors de mes déplacements en région, lors de mes « visites du dimanche » dans les musées, dans les sites archéologiques, dans les monuments historiques - par des personnalités engagées et passionnées, qui, souvent, sacrifient beaucoup pour leur désir de comprendre, mais aussi leur passion de transmettre. Universitaires, conservateurs du patrimoine, acteurs diverses sengagent sans retenue dans leur recherche, avec le souci constant de faire connaître à des publics différents le résultat de leur travaux. Depuis deux ans, je rencontre des femmes et des hommes admirables, véritables « héros », véritable témoins vivants de la Culture, authentiques serviteurs de sa transmission au public.
Choisir Fontainebleau comme lieu dattache pour un festival de lHistoire de lart nest pas anecdotique. Cest ici que la Renaissance italienne a embrassé lart français, cest ici que des artistes de premier ordre ont séjourné à linvitation de François Ier mais aussi de Napoléon, cest dans ces murs que Nicolas Poussin, arrivant de Rome, a demeuré quelques jours avant de gagner Paris et la cour de Louis XIII. Cette ville et ce château constituent un carrefour européen, le lieu de rencontres artistiques exemplaires du Primatice à Coypel, dont nous venons de découvrir les cartons restaurés. Le château de Fontainebleau entretient un rapport singulier au temps et à lhistoire. A Rome, ville millénaire, le promeneur peut apprécier le legs artistique du passé, construit par tranches successives, chaque période se superposant à lautre, dans une sorte de millefeuille aux strates complexes. A Fontainebleau, les couches du temps sont verticales, chaque moment de notre histoire se montre côte à côte, les rayonnages du temps rendent visible les séquences de lhistoire des modes et des représentations. Etait-il un lieu plus adéquat pour évoquer à la fois lhistoire de lart français et celle des influences et des contaminations artistiques ?
Cette rencontre est un « festival », qui entend instruire mais aussi séduire. Nulle volonté de céder à limpératif festif, mais plutôt le souhait doffrir une tribune aux spécialistes tout en invitant un très large public à partager les savoirs. Cette manifestation, avec des conférences, des expositions, des concerts, un Salon du livre et de la Revue dart, un cycle de films « Art et caméra » doit donner envie daborder lart et son histoire à travers plusieurs outils. Elle doit également offrir loccasion de « jouer sérieusement » avec les oeuvres comme nous y invitait Daniel Arasse.
Permettez-moi quelques mots enfin sur les modalités du festival : un thème annuel et un pays invité.
Le thème de cette édition est la Folie. Elle constitue une part de lactivité des artistes et de leur personnalité : la conception romantique de lart a fait naître lidée du génie. Au-delà, il y a aussi le moyen dinterroger un rapport au monde singulier entretenu par lartiste. Les arts, dans leur diversité, questionnent la norme, la liberté irréductible des créateurs illumine à chaque instant le monde. A loccasion du 500e anniversaire de la publication de lEloge de la Folie dErasme et du 50e anniversaire de lHistoire de la folie à lâge classique de Michel Foucault, les organisateurs du festival ont également voulu inscrire cette première édition dans une histoire longue de la société et des pratiques culturelles. Histoire de lart et philosophie ne sont jamais très loin : ladmirable Zénon de Marguerite Yourcenar est là pour en témoigner. De Camille Claudel à Van Gogh, des caprices baroques au psychédélisme, sans oublier les monomanes de Géricault, lart est sur ce sujet un véritable miroir autant quun accoucheur de talents.
Le pays à lhonneur est lItalie qui commémore cette année les 150 ans de son unité (1861-2011), acquise avec le soutien diplomatique et militaire de Napoléon III au royaume de Piémont-Sardaigne et à la monarchie de Savoie. Patrie des arts, des artistes et des historiens de lart, cest grâce à son patrimoine dune richesse inestimable quelle a su transcender ses divisions et construire une identité nationale façonnée par la Culture. Cest par la puissance de conviction de ses historiens de lart, de ses penseurs du patrimoine, quelle a su rayonner dans la République des savoirs. Aussi, jai choisi aujourdhui de distinguer trois de ses personnalités en tant quOfficier des Arts et des Lettres.
Chère Anna Ottani Cavina,
Vous êtes une voyageuse infatigable, une amoureuse des paysages aussi bien peints que réels, partagée entre lItalie, la France et les Etats-Unis. Ce nest certainement pas à vous que japprendrai quun paysage nest pas seulement une mesure de lespace mais aussi le véhicule dun sentiment ; que le paysage est pour ainsi dire un état dâme. Nous nous sommes connus à Rome, à la Villa Médicis plus exactement, dans cet écrin merveilleux qui vous fît aimer lart français et où vous fîtes la connaissance de la première génération des historiens de lart des années 70. Notre rencontre fut placée sous le patronage de François-Marius Granet, malheureusement plus connu par le portrait quen fit Ingres que pour ses oeuvres, pourtant remarquablement subtiles. Subtile oui, un peu comme vous Anna Ottani Cavina, car derrière son apparence académique loeuvre du peintre se révèle être une poésie au service de la délicatesse et de la fragilité des atmosphères lumineuses de cette belle terre dItalie et de la campagne romaine.
Dans votre profession dhistorienne dart, vous avez su suivre des chemins riches et variés en montrant les évolutions du paysage et la genèse dune modernité à travers les représentations du paysage : des lumières intérieures, lumières dune aube béante entre deux-mondes du Caravage et des Caravagesques du XVIIe siècle aux Paysages que vous baptisez « de la Raison » dans lart italien, français et européen du XVIIIe et de lépoque romantique. Paysages que vous admirez, auscultez, étudiez et dont vous avez présenté une merveilleuse exposition il y a 10 ans au Grand Palais.
Vous êtes une chercheuse mondialement reconnue mais également une enseignante engagée, passionnée et passionnante et pouvez vous féliciter davoir créer une réelle dynamique de recherche auprès de vos étudiants. Votre goût de la transmission et du partage avec le plus grand nombre vous pousse à créer et diriger la fondation dHistoire de lart Federico Zeri à Bologne, partenaire privilégiée de lINHA de Paris, du Getty Research Institute de Los Angeles ou encore du London Courtauld Institute.
Chère Anna Ottani Cavina, vous avez ouvert des horizons lumineux, le ciel de lart français et italien séclaircit sous votre égide mais cest aussi toute la discipline de lhistoire de lart qui vous sait gré de vos actions en faveur de son renouvellement, de sa reconnaissance et de la diffusion de ses savoirs.
Chère Anna Ottani Cavina, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes dofficier dans lordre de la Légion dhonneur.
Cher Salvatore Settis,
Vous êtes lun des plus grands archéologues et historiens de lart de lItalie contemporaine. Spécialiste des civilisations grecques et romaines, vous avez étendu votre champ détude à lhistoire de la tradition classique et de liconographie dans la peinture en Europe de lépoque médiévale au XVIIème siècle, avec une prédilection particulière pour Giorgione et Dosso Dossi.
Lénigmatique Giorgione au sujet duquel vous menez une enquête fascinante sur le mystère iconologique du sujet dun tableau qui fit couler beaucoup dencre, La Tempête.
Vous êtes également un ardent défenseur du patrimoine actuel de lItalie que vous considérez en danger. Vos écrits, souvent redoutés, dans les tribunes des journaux italiens font date et ont inscrits la voix dun historien de lart dans le débat public. Vous êtes une grand figure européenne aux commandes détablissements prestigieux comme la Scuola Normale de Pise et le Getty Research Institut de Los Angeles. Directeur ouvert, bâtisseur des ponts entre les Ecoles normales de Pise et de Paris, vous avez également été associé à la politique de recherche scientifique menée au musée du Louvre et avez tissé des liens forts avec la communauté des historiens de lart et des archéologues français que représentent Alain Schnapp, François de Polignac, François Lissarrague ou Philippe Sénéchal. Vous êtes aujourdhui à la tête dun des laboratoires européens dexcellence pour la conservation du Patrimoine, LARTTE, Laboratorio Analisi, Ricerca, Tutela, Tecnologie ed Economia per il patrimonio culturale. Vous avez joué un rôle considérable dans les institutions internationales consacrées au patrimoine, au sein des comités dexperts, non seulement pour la défense et la préservation des biens culturels mais aussi pour lamélioration de la politique de la recherche auprès du Ministère de lIndustrie, de lEnseignement et de la Recherche et enfin, en prenant une position ferme et courageuse pour la qualité et lintelligence des abords patrimoniaux, trop souvent menacés.
Cher Salvatore Settis, votre engagement est exemplaire. Grâce à vos travaux, à vos combats remportés contre les flétrissures du temps et des politiques négligentes, les couches du temps ne dessinent pas des strates hétérogènes, des mondes, des époques sentrecroisent et construisent une unité ; la vie intérieure se fonde sur le même principe. Vous êtes un artisan du temps non pas segmenté, divisé et parcellaire mais du temps long. En praticien de ce « sombre abîme du temps » signalé par Buffon, vous nous avez montré que lhistoire des civilisations, lhistoire de lart participent dune intelligence de notre présence au monde.
Cher Salvatore Settis, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes dOfficier dans lordre des Arts et Lettres.
Chère Rosanna Rummo,
Vous êtes une figure majeure de la coopération culturelle entre les institutions culturelles françaises et italiennes. Napolitaine de coeur, vous êtes une Européenne convaincue et une francophile assumée. Votre carrière dans la haute administration a de quoi faire pâlir toute personne qui souhaiterait écrire votre biographie tant elle est riche de rencontres, de responsabilités et dinitiative. Vous avez exercé dimportantes responsabilités au Ministère de lInstruction publique, puis au Ministère des Biens culturels, à partir de 1999, où vous avez notamment contribué à laccord de co-production cinématographique franco-italien. Vous avez été commissaire dexpositions et évènements culturels de grande ampleur notamment à Rome, aux Scuderie del Quirinale ou au Palazzo delle exposizioni.
Des Journées franco-italiennes sur le théâtre, mises en oeuvre avec lONDA à lexposition Futurisme, mise en oeuvre en partenariat avec le Centre national Georges Pompidou, votre relation à la France est pour ainsi dire naturelle et constante. Vous traduisez ici à Fontainebleau, à loccasion de ce premier Festival de lHistoire de lart, la complicité artistique et intellectuelle qui unit nos deux pays, mais aussi lamitié franco-italienne que vous mettez en oeuvre depuis trois ans (2008) à lInstitut culturel italien de Paris avec passion et chaleur.
Chère Rosanna Rummo, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes dOfficier dans lordre des Arts et Lettres.
Permettez-moi pour conclure, mesdames et messieurs, dévoquer lavenir et la prochaine édition du Festival de lhistoire de lart. Conformément aux propositions du Comité scientifique, jai le très grand plaisir dannoncer quun autre voisin de la France sera à lhonneur. En 2012, Fontainebleau accueillera lAllemagne et je me réjouis à cet égard que louvrage du directeur du Centre allemand dhistoire de lart, Monsieur Andreas Beyer, ait reçu le prix du Salon du livre et de la revue dart, qui en permettra la traduction. Quant-au thème, il sera conjugué au pluriel puisquil sagira des « Voyages ».
De lItalie à lAllemagne, cette manifestation entend prendre toute sa part dans la construction dune Europe de la Culture, de la connaissance et des savoirs. Comme la Fête de la musique, comme la Nuit européenne des musées, comme les Journées européennes du Patrimoine, je souhaite que ce Festival soit un grand rendez-vous européen, un rendez-vous qui puisse servir une certaine idée de lArt, de lImage, de la Mémoire, en dautres termes une certaine idée de lEurope pour le XXIe siècle.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 31 mai 2011