Texte intégral
Mesdames Messieurs, je suis très heureux d'être à Chypre aujourd'hui. J'y suis venu pour plusieurs raisons :
D'abord, je voulais réparer le fait qu'aucun ministre français des Affaires étrangères n'y soit venu. Je voulais venir par intérêt personnel, pour Chypre, et d'autre part parce que la politique étrangère française accorde une très grande importance à tous les pays candidats en train de négocier leur adhésion.
Nous avons pu d'ailleurs vérifier, le ministre et moi-même, que les négociations d'adhésion progressaient très bien. Nous avons même eu un échange sur l'avenir de l'Europe. A Nice, en décembre dernier, la France a insisté pour que les pays candidats soient associés à ce grand débat sur l'avenir de l'Europe qui a été lancé et qui doit être conclu en 2004.
J'ai par ailleurs été reçu très amicalement par le président de la République, qui m'a longuement parlé de la situation du règlement politique de la question chypriote et des difficultés que chacun connaît très bien ici.
Comme vient de le dire le Ministre, nous avons parlé de questions bilatérales, culturelles et économiques, nous avons parlé du Proche Orient, nous avons parlé des Balkans. C'étaient donc des consultations franco-chypriotes très larges en ce qui concerne les sujets, et très amicales.
Q - Monsieur le Ministre français, la Turquie semble vouloir punir votre pays à cause de la reconnaissance par la France du génocide arménien et a cherché à exclure la France de contrats liés à la Défense qui se montent à plusieurs millions de dollars. Bien sûr, ceci montre la sensibilité de votre pays envers tout ce qui concerne les Droits de l'Homme. La Turquie n'a pas cette sensibilité, tant sur le plan intérieur à la Turquie que concernant Chypre. Je souhaite vos commentaires.
R - Le Parlement français a adopté un texte auquel vous avez fait allusion. Les autorités turques ont réagi très négativement. Le gouvernement français a dit pour sa part qu'il restait disponible pour continuer à avoir les meilleures relations avec la Turquie. C'est d'ailleurs grâce à la présidence française que le partenariat pour l'adhésion a pu être négocié entre l'Union européenne et la Turquie avec un plein accord de la Grèce sur le résultat final. Tout cela ne change rien à nos intentions en ce qui concerne la Turquie : avoir des relations bonnes et utiles.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez fait allusion et référence à la marche de l'Union européenne ; cependant le ministre des Affaires étrangères, M. Ismael Cem, qui était dans la région occupée il y a quelques jours, a exprimé des positions extrêmement négatives concernant la marche de Chypre à l'adhésion et des menaces comme quoi si cela se réalise, la Turquie réagira par tout moyen, sans limite. Je voudrais savoir quelle est la réaction de la France et de l'Union européenne par rapport à ce type de menace.
R - Nous n'avons pas à réagir à cela - je ne suis pas venu ici pour faire une conférence sur la Turquie. Je suis venu ici parce que Chypre est candidate à l'adhésion, que la France accorde une très grande importance à ces négociations d'adhésion. Nous voulons que l'élargissement de l'Union européenne soit réussi, ce qui veut dire que les négociations doivent être menées à la fois sérieusement et activement et les négociations se mènent entre les Quinze, représentés par la Commission, et les pays candidats et ne se mènent pas avec d'autres pays. Sur le plan des négociations, il y a déjà 18 chapitres qui sont provisoirement clos ; il n'y a que deux pays candidats dans cette situation, la Slovénie et Chypre. C'est pour cela que quand je disais tout à l'heure que les négociations progressaient bien, ce n'était pas une formule rhétorique. Le seul point sur lequel il y aurait pu y avoir des difficultés entre la France et Chypre, c'était la question de la sécurité maritime. Dans la négociation, Chypre a pris des engagements qui vont dans le sens des préoccupations de la France. Tout cela se présente donc très bien.
Q - Monsieur le Ministre, la décision du Sommet européen d'Helsinki concernant l'adhésion de Chypre dit que la solution du problème chypriote n'est pas un préalable à cette adhésion, mais il y a une autre phrase qui suit et qui dit que tous les paramètres afférents le moment venu seront pris en considération ; alors je voudrais avoir votre opinion et la position de la France concernant cette phrase : tous les paramètres afférents.
R - C'est une position des Quinze. Les Quinze ont voulu se montrer à la fois positifs et encourageants en ce qui concerne l'adhésion de Chypre et en même temps, compte tenu de toute la dimension politique sensible, les Quinze ont trouvé normal que le Conseil européen ait à se prononcer à nouveau solennellement sur la négociation une fois qu'elle sera terminée. Je ne peux pas vous dire ce que feront les Quinze le moment venu. Il n'y a pas de formule cachée. C'est à la présidence européenne à ce moment là de mettre la question à l'ordre du jour du Conseil européen.
Cela ne traduit pas de la part des Quinze de mauvaises intentions. C'est simplement une reconnaissance de l'importance particulière du sujet.
Q - Monsieur le Ministre, à cause de la position privilégiée de la France tant au Conseil de sécurité de l'ONU que sur le plan de l'Union européenne, on voudrait que vous nous donniez les paramètres des lignes directrices d'une solution du problème chypriote afin qu'il n'y ait pas de problèmes à ce niveau.
R - Il n'y a pas de problème en tout cas entre Chypre et nous.
Q - Comment voyez-vous une solution future du problème de Chypre tel qu'il n'empêche pas l'adhésion de Chypre à l'Union européenne par exemple, une solution divisionniste d'une manière que Chypre ne pourra pas exercer ses fonctions propres comme membre de l'Union européenne.
R - Les Quinze ont décidé que le règlement du problème politique de Chypre n'était pas un préalable à l'adhésion. Cela a été décidé il y a longtemps d'ailleurs, dès 1993, cela a été confirmé en 1997, donc ce n'est pas un préalable. Il faut que la négociation soit conclue par ailleurs mais c'est autre chose. La France a toujours soutenu le règlement de la question chypriote dans le cadre des Nations unies. Notre position est bien connue ; nous avons soutenu toutes les initiatives du Secrétaire général, notamment les processus des discussions indirectes, et nous lui faisons confiance. Notre point de vue est donc tout à fait clair et connu.
Je pense que tout le monde sait ici que cela fait vraiment longtemps que les Quinze ont décidé que le règlement de la question politique n'était pas un préalable à l'adhésion. Tout le monde souhaite que la négociation d'adhésion et, le jour venu, l'adhésion soient des éléments qui facilitent la solution politique. Tout le monde l'espère.
Q - Monsieur le Ministre, vous venez de faire allusion aux efforts du Secrétaire général de l'ONU pour trouver une solution au problème chypriote mais il est bien connu que ces efforts sont bloqués à cause de la position de M. Denktash et de la Turquie elle-même, qui exige une reconnaissance préalable de l'Etat chypriote turc. Quelle est votre position là-dessus ?
R - Nous regrettons la décision de M. Denktash de ne pas participer aux discussions prévues en janvier. Nous souhaitons que cette position ne soit pas définitive. Nous souhaitons qu'il accepte de reprendre ces discussions parce que sinon on voit bien que les efforts du Secrétaire général, que nous approuvons et qui sont indispensables, risquent de ne pas aboutir.
Q - Si l'on considérait que l'Allemagne était en dehors de l'Union européenne, et qu'elle occupait l'Alsace ; comment est-ce que votre pays réagirait ?
R - Oh la la ! Je ne peux pas même pas imaginer tout ça.
Q - Et pourtant la Turquie est à Chypre !
R - Je comprends bien à quoi vous pensez.
Q - Monsieur le Ministre, moi je voudrais vous poser une question concernant le comportement politique, l'image politique ; est-ce que vous considérez que les déclarations récentes de M. Cem comme quoi son pays réagirait sans limite envers Chypre si cette marche de l'adhésion se poursuit et aboutit, est-ce que vous considérez que cette position, ce type de phrase sont en conformité avec l'esprit européen, le comportement des pays membres et des pays candidats ?
R - Je disais tout à l'heure que je n'étais pas venu faire une conférence sur la Turquie et je vous ai déjà dit que la négociation d'adhésion se passe entre les Quinze et les pays candidats.
Q - La question est de savoir si on peut accepter sur le plan européen le comportement de M. Cem.
R - La Turquie est libre de ses prises de position.
Q - Est-ce que vous pouvez nous dire si un troisième pays pourrait s'opposer, pas forcément la Turquie, à l'adhésion d'un autre pays à l'Union européenne ?
R - Je crois que j'ai déjà répondu plusieurs fois.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2001)
D'abord, je voulais réparer le fait qu'aucun ministre français des Affaires étrangères n'y soit venu. Je voulais venir par intérêt personnel, pour Chypre, et d'autre part parce que la politique étrangère française accorde une très grande importance à tous les pays candidats en train de négocier leur adhésion.
Nous avons pu d'ailleurs vérifier, le ministre et moi-même, que les négociations d'adhésion progressaient très bien. Nous avons même eu un échange sur l'avenir de l'Europe. A Nice, en décembre dernier, la France a insisté pour que les pays candidats soient associés à ce grand débat sur l'avenir de l'Europe qui a été lancé et qui doit être conclu en 2004.
J'ai par ailleurs été reçu très amicalement par le président de la République, qui m'a longuement parlé de la situation du règlement politique de la question chypriote et des difficultés que chacun connaît très bien ici.
Comme vient de le dire le Ministre, nous avons parlé de questions bilatérales, culturelles et économiques, nous avons parlé du Proche Orient, nous avons parlé des Balkans. C'étaient donc des consultations franco-chypriotes très larges en ce qui concerne les sujets, et très amicales.
Q - Monsieur le Ministre français, la Turquie semble vouloir punir votre pays à cause de la reconnaissance par la France du génocide arménien et a cherché à exclure la France de contrats liés à la Défense qui se montent à plusieurs millions de dollars. Bien sûr, ceci montre la sensibilité de votre pays envers tout ce qui concerne les Droits de l'Homme. La Turquie n'a pas cette sensibilité, tant sur le plan intérieur à la Turquie que concernant Chypre. Je souhaite vos commentaires.
R - Le Parlement français a adopté un texte auquel vous avez fait allusion. Les autorités turques ont réagi très négativement. Le gouvernement français a dit pour sa part qu'il restait disponible pour continuer à avoir les meilleures relations avec la Turquie. C'est d'ailleurs grâce à la présidence française que le partenariat pour l'adhésion a pu être négocié entre l'Union européenne et la Turquie avec un plein accord de la Grèce sur le résultat final. Tout cela ne change rien à nos intentions en ce qui concerne la Turquie : avoir des relations bonnes et utiles.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez fait allusion et référence à la marche de l'Union européenne ; cependant le ministre des Affaires étrangères, M. Ismael Cem, qui était dans la région occupée il y a quelques jours, a exprimé des positions extrêmement négatives concernant la marche de Chypre à l'adhésion et des menaces comme quoi si cela se réalise, la Turquie réagira par tout moyen, sans limite. Je voudrais savoir quelle est la réaction de la France et de l'Union européenne par rapport à ce type de menace.
R - Nous n'avons pas à réagir à cela - je ne suis pas venu ici pour faire une conférence sur la Turquie. Je suis venu ici parce que Chypre est candidate à l'adhésion, que la France accorde une très grande importance à ces négociations d'adhésion. Nous voulons que l'élargissement de l'Union européenne soit réussi, ce qui veut dire que les négociations doivent être menées à la fois sérieusement et activement et les négociations se mènent entre les Quinze, représentés par la Commission, et les pays candidats et ne se mènent pas avec d'autres pays. Sur le plan des négociations, il y a déjà 18 chapitres qui sont provisoirement clos ; il n'y a que deux pays candidats dans cette situation, la Slovénie et Chypre. C'est pour cela que quand je disais tout à l'heure que les négociations progressaient bien, ce n'était pas une formule rhétorique. Le seul point sur lequel il y aurait pu y avoir des difficultés entre la France et Chypre, c'était la question de la sécurité maritime. Dans la négociation, Chypre a pris des engagements qui vont dans le sens des préoccupations de la France. Tout cela se présente donc très bien.
Q - Monsieur le Ministre, la décision du Sommet européen d'Helsinki concernant l'adhésion de Chypre dit que la solution du problème chypriote n'est pas un préalable à cette adhésion, mais il y a une autre phrase qui suit et qui dit que tous les paramètres afférents le moment venu seront pris en considération ; alors je voudrais avoir votre opinion et la position de la France concernant cette phrase : tous les paramètres afférents.
R - C'est une position des Quinze. Les Quinze ont voulu se montrer à la fois positifs et encourageants en ce qui concerne l'adhésion de Chypre et en même temps, compte tenu de toute la dimension politique sensible, les Quinze ont trouvé normal que le Conseil européen ait à se prononcer à nouveau solennellement sur la négociation une fois qu'elle sera terminée. Je ne peux pas vous dire ce que feront les Quinze le moment venu. Il n'y a pas de formule cachée. C'est à la présidence européenne à ce moment là de mettre la question à l'ordre du jour du Conseil européen.
Cela ne traduit pas de la part des Quinze de mauvaises intentions. C'est simplement une reconnaissance de l'importance particulière du sujet.
Q - Monsieur le Ministre, à cause de la position privilégiée de la France tant au Conseil de sécurité de l'ONU que sur le plan de l'Union européenne, on voudrait que vous nous donniez les paramètres des lignes directrices d'une solution du problème chypriote afin qu'il n'y ait pas de problèmes à ce niveau.
R - Il n'y a pas de problème en tout cas entre Chypre et nous.
Q - Comment voyez-vous une solution future du problème de Chypre tel qu'il n'empêche pas l'adhésion de Chypre à l'Union européenne par exemple, une solution divisionniste d'une manière que Chypre ne pourra pas exercer ses fonctions propres comme membre de l'Union européenne.
R - Les Quinze ont décidé que le règlement du problème politique de Chypre n'était pas un préalable à l'adhésion. Cela a été décidé il y a longtemps d'ailleurs, dès 1993, cela a été confirmé en 1997, donc ce n'est pas un préalable. Il faut que la négociation soit conclue par ailleurs mais c'est autre chose. La France a toujours soutenu le règlement de la question chypriote dans le cadre des Nations unies. Notre position est bien connue ; nous avons soutenu toutes les initiatives du Secrétaire général, notamment les processus des discussions indirectes, et nous lui faisons confiance. Notre point de vue est donc tout à fait clair et connu.
Je pense que tout le monde sait ici que cela fait vraiment longtemps que les Quinze ont décidé que le règlement de la question politique n'était pas un préalable à l'adhésion. Tout le monde souhaite que la négociation d'adhésion et, le jour venu, l'adhésion soient des éléments qui facilitent la solution politique. Tout le monde l'espère.
Q - Monsieur le Ministre, vous venez de faire allusion aux efforts du Secrétaire général de l'ONU pour trouver une solution au problème chypriote mais il est bien connu que ces efforts sont bloqués à cause de la position de M. Denktash et de la Turquie elle-même, qui exige une reconnaissance préalable de l'Etat chypriote turc. Quelle est votre position là-dessus ?
R - Nous regrettons la décision de M. Denktash de ne pas participer aux discussions prévues en janvier. Nous souhaitons que cette position ne soit pas définitive. Nous souhaitons qu'il accepte de reprendre ces discussions parce que sinon on voit bien que les efforts du Secrétaire général, que nous approuvons et qui sont indispensables, risquent de ne pas aboutir.
Q - Si l'on considérait que l'Allemagne était en dehors de l'Union européenne, et qu'elle occupait l'Alsace ; comment est-ce que votre pays réagirait ?
R - Oh la la ! Je ne peux pas même pas imaginer tout ça.
Q - Et pourtant la Turquie est à Chypre !
R - Je comprends bien à quoi vous pensez.
Q - Monsieur le Ministre, moi je voudrais vous poser une question concernant le comportement politique, l'image politique ; est-ce que vous considérez que les déclarations récentes de M. Cem comme quoi son pays réagirait sans limite envers Chypre si cette marche de l'adhésion se poursuit et aboutit, est-ce que vous considérez que cette position, ce type de phrase sont en conformité avec l'esprit européen, le comportement des pays membres et des pays candidats ?
R - Je disais tout à l'heure que je n'étais pas venu faire une conférence sur la Turquie et je vous ai déjà dit que la négociation d'adhésion se passe entre les Quinze et les pays candidats.
Q - La question est de savoir si on peut accepter sur le plan européen le comportement de M. Cem.
R - La Turquie est libre de ses prises de position.
Q - Est-ce que vous pouvez nous dire si un troisième pays pourrait s'opposer, pas forcément la Turquie, à l'adhésion d'un autre pays à l'Union européenne ?
R - Je crois que j'ai déjà répondu plusieurs fois.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2001)