Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur les financements innovants pour le développement, à Bamako (Mali) le 25 juin 2011.

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Circonstance : Cérémonie de clôture de la neuvième session plénière du groupe pilote sur les financements innovants pour le développement, à Bamako (Mali) le 25 juin 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Directeurs généraux,
Mesdames et Messieurs les Représentants d’Organisations internationales,
Mesdames et Messieurs les Délégués des Fondations et du secteur privé,
Mesdames et Messieurs les Représentants des ONG,
Chers Amis,
Au nom de la France qui assure le secrétariat permanent du Groupe pilote sur les financements innovants, je souhaite d’abord remercier chaleureusement le Mali.
La présidence malienne du Groupe a admirablement contribué à la promotion des financements innovants. Les architectes de cette réussite sont le président Amadou Toumani Touré et le ministre Soumeylou Boubeye Maïga, accompagnés par l’implication sans faille de leur administration, en particulier l’ambassadrice Mme Traoré. C’est donc avec un immense plaisir que je suis à vos côtés ce matin.
Depuis la création du Groupe pilote en 2006, nous avons collectivement accompli de grandes choses.
Nous avons d’abord su mobiliser :
- la majeure partie des 120 membres du Groupe pilote ont participé à cette 9ème session plénière pour agir ensemble en faveur d’un monde plus solidaire.
Le Groupe pilote a joué pleinement son rôle fédérateur en rassemblant autour d’un grand projet visionnaire les gouvernements de 63 États, des entreprises, des ONG, des experts et des fondations.
Je tiens à saluer tout particulièrement les représentants du Cambodge, de la Norvège, de la Belgique, de la Mauritanie, du Maroc, du Burkina, du Congo, du Niger, du Sénégal et bien sûr de l’Espagne dont la présence ici souligne l’engagement de leur pays en faveur des financements innovants.
Nous avons progressé dans l’analyse des solutions.
Les expériences de terrain évoquées lors des différents ateliers de cette 9ème session ont démontré les avantages qualitatifs et quantitatifs des financements innovants.
Dans la droite ligne de la réunion organisée par le Groupe Pilote et les Nations Unies à Istanbul en mai dernier, cette session vient confirmer que l’avenir doit passer par les financements innovants qui sont créateurs de nouvelles ressources.
Il nous appartient de poursuivre sans relâche l’examen critique des mécanismes existants afin de rendre notre action toujours plus efficace.
Un grand pas a été franchi avec la reconnaissance du Groupe Pilote par les Nations unies.
Nous sommes aujourd’hui reconnus dans les grandes déclarations internationales comme la référence mondiale des bonnes pratiques en matière de financements innovants.
Nous devons saluer le travail des groupes d’experts qui nous accompagnent. Ils contribuent à chaque rencontre à faire de nous les acteurs incontournables des débats internationaux.
Je voudrais insister ici sur un aspect essentiel de notre action commune : nous nous devons d’être ambitieux et concrets.
Nous sommes tous convaincus ici du triple rôle de plaidoyer, d’expertise, et d’action diplomatique du Groupe pilote. Mais nous savons aussi que la crise financière contraint fortement les ressources budgétaires des pays les plus avancés, au moment où les besoins de financement du développement s’accroissent. Regardons les choses en face. L’aide publique au développement ne suffira pas pour répondre aux enjeux du XXIème siècle.
Notre devoir est d’innover. Il nous faut mobiliser de nouvelles sources de financements, plus stables et plus prévisibles, complémentaires de l’aide traditionnelle, reposant sur des activités mondialisées.
Par rapport au chemin que nous avons accompli ensemble, nous devons aujourd’hui transformer l’essai et demain changer d’échelle.
Nous pouvons nous féliciter d’avoir déjà inventé plus de 1 milliard de dollars par an mais les besoins s’élèvent à 300 milliard de dollars. Pour tendre vers cet objectif, cette 9ème session a dégagé deux pistes d’actions concrètes.
- la première consiste à construire à partir des mécanismes existants, de manière très pragmatique.
La taxe sur les billets d’avions mise en place par exemple par le Mali ou la Corée, les garanties d’achats futurs mis en place par la Russie ou le Canada, la facilité internationale de vaccination développée par l’Espagne ou l’Afrique du Sud, les annulations de dettes consenties par l’Allemagne ou la France, les mécanismes de loterie développés par la Belgique ou la Finlande et la mise aux enchères des quotas de CO2 organisée par l’Europe ont été de francs succès.
Nous savons que ces mécanismes ont permis de collecter près de six milliards de dollars en cinq ans. Concrètement nous parlons de 260 millions d’enfants vaccinés et de six millions de vies sauvées.
Nous pouvons faire plus, nous devons faire plus. Les résultats obtenus montrent que cette volonté n’a rien d’utopique. Il faut étendre ces mécanismes à d’autres pays. Je tiens ici à saluer spécialement l’annonce faite par la Guinée pour la mise en place de la taxe sur les billets d’avions.
- la seconde piste pour développer notre action repose sur la mise en œuvre de nouveaux mécanismes.
Premièrement, renforcer les partenariats entre le secteur privé et le secteur public. L’initiative présentée par le président du Crédit coopératif, M. Bancel, l’exposé de M. Lapointe, tout comme les expériences menées par l’UNICEF ou le Fonds mondial sont des exemples à suivre.
Deuxièmement, la constitution d’un Groupe de travail consacré à la sécurité alimentaire et à l’agriculture est une avancée majeure. Sa présidence sera assurée par le Mali et je vous en remercie.
Troisièmement, le rapport présenté ce matin le confirme. Les secteurs économiques qui ont largement bénéficié de la mondialisation (finances, communications, transports, tourisme…) doivent contribuer au financement du développement. Notre défi est de leur démontrer que c’est dans leur intérêt.
Quatrièmement, nous avons démontré le potentiel d’une contribution sur les transactions financières. Elle est indéniablement un vecteur efficace pour lever plusieurs dizaines de milliards de dollars par an pour le développement. Une contribution de 5 cents par tranche de 1 000 dollars échangés, c’est 30 milliards de dollars pour la solidarité internationale chaque année.
De nombreux experts ont démontré qu’une telle contribution était techniquement faisable. Nous avons rallié de nombreux suffrages, au sein de l’Union Européenne notamment grâce au rapport de Mme Podimata, et particulièrement en France où le parlement a voté une résolution en ce sens.
De nombreux pays africains ici représentés ont déjà appelé les pays du G20 à se mobiliser pour une telle contribution. Nous savons tous parfaitement comment réussir : un groupe de pays pionniers doit adopter cette contribution pour le développement et ainsi montrer l’exemple. Et tous les autres suivront.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Nous sommes tout près du but initial que nous nous étions fixé. Mais au vu de notre réussite, la communauté internationale nous exhorte à élargir notre champ d’action.
Nous avons une responsabilité commune, des promesses à tenir et de nouvelles promesses à faire. Le développement est le grand défi de notre temps. Les financements innovants sont la réponse. Il y a cinq ans, nous partagions cette conviction. Après tout le travail accompli, nous partageons aujourd’hui cette certitude.
Nous devons aider le plus de pays possible à en prendre conscience. Pour cela, un appel de l’Afrique au G20 sera déterminant. D’ores et déjà, je salue la signature de la Déclaration sur les transactions financières par le Mali, le Sénégal, le Bénin, la Mauritanie, le Togo, la Guinée, le Congo, le Burkina.
La France, au nom de la Présidence du G20 et du secrétariat du Groupe pilote, demeure entièrement mobilisée à vos côtés.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2011