Texte intégral
J'ai tenu a être parmi vous ce soir ; jy tenais pour saluer cette magnifique manifestation. Le Festival International du Film d'Animation d'Annecy honore notre pays par son rayonnement véritablement international, par sa convivialité légendaire, par la beauté et l'agrément de sa ville d'accueil mais aussi parce qu'il célèbre cette part du cinéma que nous aimons tous parce que nous le connaissons depuis l'enfance, parce quelle a contribué à nous faire aimer le cinéma, je veux parler du dessin animé, comme lon disait avant l'ère numérique...
A mon sens, le Festival d'Annecy est comme le Festival de Cannes et celui de Clermont Ferrand pour le court métrage, une de ces manifestations de renommée mondiale qui nous rappellent que la France est une terre de cinéma, de toutes les formes de cinéma. Et par leur présence, par leur pérennité, par leurs innovations aussi, ces manifestations contribuent à ce qu'il en soit ainsi.
Je n'avais pu être avec vous l'an dernier pour fêter vos cinquante bougies et c'est pourquoi, j'ai voulu être à vos côtés ce soir.
Comme beaucoup de cinéphiles de ma génération la découverte du cinéma a été jalonnée par celle des grands dessins animés de Disney qui ont enchanté mon enfance. Et l'on comprend pourquoi des intellectuels comme Walter Benjamin ou de grands théoriciens comme Eiseinstein ont été fascinés par le cinéma de Walt Disney. Plus tard j'ai également découvert avec beaucoup d'admiration l'art si subtil et délicat de Jiri Trnka, puis Paul Grimault, Topor et Lalou. Enfin à côté des audaces fascinantes des créateurs de Pixar et Dreamworks, toute la nouvelle génération des créateurs français : les Ocelot, Laguionie, Girerd, Chomet, et ceux venus de la BD :
Marjane Satrapi et Joan Sfar, sans oublier Luc Besson, et plus récemment encore le trio oscarisé de Logorama ou la brillante palme d'or accordée à Serge Avedikian pour Chienne d'histoire à Cannes l'an dernier. Leur succès traduit combien lunivers de la « société des écrans », le terrain de la création numérique ne peut être pensé et développé sans les valeurs et les principes qui sous-tendent la création et linnovation artistique : une vision du monde, une poétique du regard.
La France est un des pays ou la création de films danimation est dune qualité exceptionnelle, à la fois en termes artistiques mais aussi parce que les équipes artistique savent s'appuyer sur des technologies de pointe. En témoigne le magnifique succès de Moi, moche et méchant, film en 3D certes produit par une major américaine, mais réalisé entièrement en France grâce au crédit d'impôt que nous avons mis en place récemment avec l'appui du Parlement et j'en remercie le Président Accoyer. Ce film que vous avez présenté l'an dernier à Annecy a, depuis, fait le tour du monde. Il a engrangé 550 millions de dollars de recettes et réalisé trois millions d'entrées en France. Nous avons un autre atout. Nous bénéficions d'Ecoles qui dispensent une formation de grande qualité comme les Gobelins, ici présents à Annecy, Angoulême ou encore l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD), sans oublier Supinfocom. Cette qualité de la formation française est reconnue partout dans le monde : elle nous permet dattirer les meilleurs spécialistes de la création, du design graphique, des nouveaux médias ; elle garantit à nos étudiants des débouchés et des possibilités pour exporter leur talent.
Je suis convaincu que le cinéma danimation à un très bel avenir devant lui. Il rassemble un public très large, il connaît des succès remarquables d'année en année. Il permet à mon sens lexpression dune création graphique qui joue avec le réel. Il porte une poésie propre, une capacité unique à nous transporter dans des univers aux formes purement imaginaires et aux personnages singuliers. Il participe donc pleinement de la magie du cinéma, de sa noblesse, de ces rêves denfants qui nont jamais cessé de nous quitter depuis les images fugaces de la lanterne magique.
Aujourd'hui le cinéma d'animation est aussi au croisement d'autres disciplines de la création en pleine vitalité, à limage de la bande dessinée et le jeu vidéo. Je crois pour ma part beaucoup à la nécessité et à la richesse des liens qui peuvent être tissés entre ces nouveaux territoires de la création et de linnovation.
l'admiration et l'intérêt que je porte à leur travail. Cest un art du montage et de la séquence, cest aussi, je le sais, un art de la patience ! Je serai toujours vigilant pour que la spécificité de ce mode de création soit reconnue et prise en compte dans notre système d'aide et d'encouragement au cinéma. Je veillerai particulièrement à ce que les dispositifs du Centre national du cinéma et de limage animée (CNC) soient aussi innovants que l'art lui-même. Car l'animation est souvent à la point de l'innovation. C'est ce que nous avons fait, par exemple, en établissant pour l'animation une passerelle entre le soutien à la production de télévision et celui apporté aux films de long-métrage. Il nous faudra persévérer dans cette voie si le besoin s'en fait sentir.
Enfin je serai aussi très attentif à ce que le service public de télévision soit un partenaire dynamique de l'animation française et lui donne l'élan et la visibilité qu'elle mérite. Merci donc et bravo à tous !
Source http://www.culture.gouv.fr, le 15 juin 2011