Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur le développement des arts de la mode et le rayonnement de la France à l'étranger dans ce domaine, Paris le 29 juin 2011.

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Circonstance : Remise du prix de l'Association nationale de développement des arts de la mode (ANDAM) à Paris le 29 juin 2011

Texte intégral


Je suis très heureux de vous recevoir au ministère de la Culture et de la Communication à l’occasion de la 22ème édition du grand prix de l’Association nationale de développement des arts de la mode, présidée par Pierre Bergé.
Martin Margiela, Christophe Lemaire, Viktor & Rolf, Véronique Leroy, Gaspard Yurkievich, Jean Colonna, Jeremy Scott, Felipe Oliveira Baptista, ou encore Gareth Pugh… Vous connaissez ces noms prestigieux. Ils ont tous été lauréats de l’ANDAM.
22ème édition, 22ème année : une longévité exceptionnelle fait de ce prix un des plus prisés et des plus respectés sur la scène internationale, et me rend fier de le remettre dans ces murs.
Vous savez que j’aime la mode.
J’ai consacré beaucoup de temps cette année à renforcer et structurer notre action dans ce domaine essentiel au rayonnement de la France à l’étranger, et qui représente également des milliers d’emplois en France.
L’ambition que je m’étais donnée il y a un an, tout juste, devant vous, de créer une filière lisible et forte de la création dans la mode, en m’appuyant sur tous les acteurs déjà existants, est en voie de se réaliser.
Aujourd’hui, le ministère de la Culture et de la Communication a les moyens de suivre et d’accompagner sur près de dix ans les parcours des jeunes talents, depuis leur inscription dans une école de mode à la création de leur entreprise.
Une école remarquable sous ma tutelle, l’ENSAD, a d’abord renouvelé et enrichi son enseignement de mode en 2011. Elle a aussi noué des partenariats stratégiques : partenariats avec l’Ecole Nationale Supérieur des Beaux Arts ou l’Ecole Normale Supérieure, qui donnent de la densité au cursus de l’élève ; partenariat également avec d’autres écoles de mode remarquables. Mon ministère a parrainé une initiative unissant l’ENSAD, l’IFM et l’école de la Chambre syndicale, merveilleusement installée dans ses nouveaux locaux. C’est ainsi que les trois écoles ont invité ensemble hier Véronique Nichanian à parler au Centre Pompidou. Cette collaboration est riche de promesses pour les étudiants qui bénéficieront de passerelles simplifiées entre les différents cursus qu’elles proposent, et renforcera l’attractivité de Paris dans ce domaine.
Deuxième étape : j’ai confirmé cette année l’augmentation du soutien de l’Etat à la Villa Noailles à Hyères, qui est cet incubateur extraordinaire de talents qui sortent précisément des écoles de mode, qui leur permet d’acquérir une grande visibilité, et leur permet souvent de créer leur première entreprise. Je crois que le lauréat de l’ANDAM cette année sait de quoi je parle…
Troisième étape : sous l’égide du Ministère de la Culture et de la Communication, trois maisons de couture - Balenciaga, Chanel, Louis Vuitton - et l’Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles se sont rapprochés en vue de créer un fonds d’avance remboursable pour les créateurs de mode dont le montant atteint 1 million d’euros. Ce fonds d’avance permettra aux créateurs de financer leurs collections en ne supportant pas le coût très lourd des délais de paiement, qui peuvent atteindre 18 mois, et qui contraint parfois leurs jeunes maisons à la faillite, alors même qu’elles sont en pleine croissance et que leur carnet de commande est plein. Grâce au magazine ELLE qui a accompagné la création de ce fonds dans le cadre de son opération « Les jeunes talents de la mode », un lieu prêté par Louis Vuitton, au coeur de Paris, va également être mis à disposition des jeunes créateurs. Je vous invite à fêter son ouverture le 4 juillet avec Valérie Toranian et moi-même.
Enfin, j’ai veillé à ce que le dialogue renouvelé avec les partenaires de l’ANDAM que j’appelais de mes voeux l’année dernière permette le renforcement de cette association indispensable, qui est au fond le couronnement des trois étapes précédentes, auquel je tiens tout particulièrement : la remise d’un prix d’excellence qui permet à un jeune créateur de se faire connaître internationalement et de bénéficier d’une aide financière considérable, unique au monde je crois.
A cet égard, je tiens à saluer Eric Besson, ministre de l’Industrie, qui a compris l’enjeu du partenariat croisé qui nous lie dans l’ANDAM, ainsi que le DEFI, Paul Benyamin, son précédent directeur, et Clarisse Reille, qui le remplace désormais. Je sais que leur action a été décisive. Le ministère de l’Industrie et le ministère de la Culture et de la Communication soutiennent la mode ensemble, de conserve, pour le bien de toute la filière, des créateurs aux façonniers. Je suis heureux de pouvoir vous le dire, et j’y tiens, car notre unité est essentielle à la prospérité du secteur. Je me félicite à cet égard que le dialogue ait également été si fructueux toute cette année avec la ville de Paris, les grandes maisons de couture, la presse, les grands magasins, les chambres syndicales. On a souvent décrit la grande famille de la mode comme une famille complexe, voire désunie. Je l’ai vue au contraire s’élever au-dessus de ces divisions qu’on lui prête et prendre conscience que nous devions tous avancer ensemble.
Je n’ignore pas qu’il reste beaucoup à faire. Mais je sais qu’une dynamique est enclenchée et qu’elle sera porteuse pour les années à venir.
L’ANDAM remet aujourd’hui un prix de 200.000 euros et une bourse de 60.000 euros à une première collection française. Swarovski offre des cristaux au lauréat d’une valeur de 10.000 euros pour la réalisation de sa collection Printemps-Ete 2012. Le lauréat bénéfice également du parrainage, pendant deux saisons consécutives, de Ralph Toledano ; et il bénéficie enfin de la mise a disposition par Les Galeries Lafayette de l’espace « La Suite » pour la réalisation de son prochain showroom.
C’est un prix complet, une réelle consécration dont je me félicite, et qui mérite que je félicite aussi Nathalie Dufour pour le travail qu’elle a accompli cette année à la tête de l’ANDAM.
Je veux saluer pour finir le jury de professionnels du secteur, qui ont choisi le lauréat dont Pierre Bergé va nous révéler le nom dans quelques minutes, et qui sont là ce soir : Hilary Alexander, Emmanuelle Alt, Pamela Golbin, Humberto Léon, coSarah Lerfel, Virginie Mouzat, Nicole Phelps, Jean-Jacques Picart, Katell Pouliquen, Valérie Toranian et Jean-Pierre Simon, directeur adjoint chargé des arts plastiques au ministère de la Culture et de la Communication.
Je veux également remercier les mécènes de l’ANDAM, qui sont parmi nous : Pierre Berge, évidemment, pour son mécénat, pour sa fidélité et pour son amitié, Guillaume Houze, représentant Les Galeries Lafayette, Sophie Delafontaine, représentant la maison Longchamp, Paul Deneve, représentant le Gucci Group, Delphine Arnault, représentant LVMH, Giovanni Pungetti, représentant Only The Brave, Suzanne Timmins, représentant Hudson’s Bay Company, et Nadja Swarovski, représentant Swarovski.
Je n’oublie pas qu’une personne parmi toutes celles que j’ai citées nous manque cruellement ce soir : Anne-Laure Quilleriet, disparue brutalement le 16 avril à l’âge de 36 ans. Elle faisait partie du jury. Je crois qu’elle aurait aimé cette soirée. Je pense à sa famille, à la rédaction de l’Express. A vous. J’aimerais, si vous le permettez, dédier ce 22ème grand prix à sa mémoire.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 1er juillet 2011