Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, sur la recherche et l'innovation dans le domaine de la santé et l'accès au progrès médical, Paris le 24 mai 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture du colloque "les focus de la santé" à Paris le 24 mai 2011

Texte intégral


Tout d’abord, il me revient d’excuser l’absence de Xavier BERTRAND qui a été retenu de façon imprévue, mais cela medonne l’occasion d’ouvrir cette journée consacrée à la recherche et à l’innovation en santé, et j’en suis très heureuse.
La recherche en santé est indissociable de soins de qualité.
Elle est donc toujours très porteuse d’espoirs. Elle conditionne l’innovation, la découverte de nouveaux médicaments, de nouvelles technologies, de nouvelles méthodes d’investigation, et donne l’accès au progrès médical permettant une meilleure prise en charge des patients.
Les défis sont immenses. Ils sont liés notamment à l’émergence de nouvelles maladies, à l’augmentation de l’incidence de maladies telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires, mais aussi à la nécessité d’appliquer au mieux et au plus vite les progrès thérapeutiques.
Les attentes de la société sont majeures : les patients ont accès aux informations les plus récentes concernant les avancées de la science et de leurs maladies. Ils sont exigeants et ils ont raison. C’est aux professionnels de santé de s’adapter à cette nouvelle contrainte, à expliquer toujours davantage les situations cliniques, les démarches de soins et les chances de succès d’un traitement.
Ces attentes constituent un des droits fondamentaux de chaque être humain. Faire vivre ce droit, c’est évidemment lutter contre les inégalités liées à la géographie, à l’économie, aux déterminants sociaux.
L’accès au progrès médical, indissociable de la recherche, doit reposer incontestablement sur le partage des connaissances. Il est indispensable de renforcer les échanges de bonnes pratiques de prise en charge et les transferts de technologies.
Pour la recherche dite fondamentale, ce qui frappe tout d’abord :
1) c’est son nécessaire décloisonnement, grâce à une collaboration entre chercheurs de différentes spécialités,telles que la chimie, la physique, la biologie, l’imagerie, et,
2) la nécessaire concentration et mutualisation des moyens au sein de plateaux techniques lourds.
Cette concentration, le lien avec les soins cliniques, et le souci d’élaborer une stratégie lisible de recherche ont conduit à la création dAVIESAN. En rassemblant tous les acteurs de la recherche, ce dispositif permet incontestablement de franchir un pas vers une meilleure coordination, et d’améliorer l’efficience de notre recherche.
La recherche clinique en tant que telle doit également être soutenue. Elle conditionne l’amélioration des soins apportés aux patients. Aujourd’hui, la réglementation en vigueur permet d’assurer la protection des personnes face aux exigences de la recherche.
Le ministère de la santé et les hôpitaux ont mis à disposition certains moyens :
* organisationnels avec les délégations à la recherche clinique et,
* financiers, en participant au financement des centres d’investigation clinique, et en lançant, chaque année, des appels d’offres dans le cadre des PHRC.
Cette recherche doit être valorisée. Car, malgré la reconnaissance relativement récente de la recherche translationnelle, des progrès doivent encore être réalisés, pour accroître notre réactivité, et accélérer le passage de la recherche à l’innovation, et de l’innovation au progrès médical.
Vous allez en débattre aujourd’hui.
Mais il est clair que le continuum entre recherche fondamentale et recherche clinique, d’une part, et une meilleure organisation de cette recherche clinique, d’autre part, seront des facteurs déterminants de progrès.
Les IHU récemment créés sont sans doute une réponse possible à cette nécessaire concentration de moyens.
Ces centres de référence de dimension internationale ont pour vocation d’attirer les meilleurs chercheurs au sein de structures hospitalo-universitaires. Ils permettront d’accélérer le transfert des résultats de la recherche fondamentale vers le patient, et de renforcer les partenariats entre les industriels de la pharmacie et des biotechnologies.
Je tiens bien évidemment à féliciter à nouveau les responsables de ces centres d’excellence. Je ne doute pas un instant du succès de leurs projets, mais aussi de l’exemple qu’ils pourront donner, en termes de conception et d’organisation de la recherche. Car l’enjeu est bien de favoriser l’identification de structures liant les activités de recherche, de soin et de formation de qualité reconnue.
L’organisation des soins peut et doit également être intégrée dans nos recherches. Tous les acteurs de soins doivent se sentir concernés, en partant du principe que sans recherche de qualité, il n’existe pas de soins de qualité.
Cette recherche devrait être valorisée, qu’il s’agisse d’organisation des filières de soins, ou de projets de recherche dans le domaine paramédical.
Dans ce registre, les différents plans de santé publique, le plan Alzheimer, le plan cancer, le plan maladies rares et bien d’autres, en sont l’illustration.
L’évaluation est bien entendu au coeur de ce processus, qui consiste à renforcer la qualité de la Recherche et des Soins.
Pour ce qui concerne la recherche, l’AERES (Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur), sous la responsabilité il y a encore quelques jours du Professeur Jean François DHAINAUT, que je tiens à remercier, a fait un énorme travail visant à améliorer et à rendre plus homogènes les procédures d’évaluation nationales et comparatives de nos unités de recherche.
Je ne doute pas que son nouveau président, le Professeur Didier HOUSSIN, mènera l’AERES sur ce même chemin d’excellence.
Mais ce sont également les procédures d’évaluation du matériel et des procédures de santé, au sens large du terme, qui conditionnent la qualité des soins apportés aux patients.
L’évaluation du médicament et de son rapport bénéfice risque est également au coeur de l’actualité, dans le cadre, notamment, des Assises du médicament, mais aussi des travaux des missions parlementaires.
D’ailleurs, l’organisation de l’évaluation et les conditions de la mise sur le marché d’un produit de santé feront l’objet d’une de vos tables rondes aujourd’hui, et je serai très attentive aux résultats de vos réflexions.
En outre, l’évaluation du matériel à visée diagnostique ou thérapeutique doit être mieux prise en compte et codifiée.
Enfin, une notion qui me paraît également importante, c’est d’insister sur le fait que la santé ne doit pas être considérée comme un fardeau pour les puissances publiques.
Le droit à la santé, par définition, n’a pas de prix, en termes d’éthique et d’humanité. Et nous ne pouvons réduire le droit à la santé à une simple logique de coûts.
En France, nous avons trop souvent sous-estimé le fait que la santé est un domaine créateur de richesses, et le premier pourvoyeur d’emplois.
La santé, c’est aussi un facteur de croissance. C’est pourquoi une économie dynamique de la santé est une condition essentielle de progrès.
Solidarité, économie et croissance pour et grâce à la santé peuvent donc être étroitement liées, pour peu qu’elles soient animées par une volonté politique forte : celle de les réunir dans les valeurs de l’économie sociale, et dans une philosophie de progrès partagée à l’échelle du monde.
Il nous revient d’offrir les soins les meilleurs, dans des conditions optimales de confort pour le patient. C’est là notre mission à tous.
Comme ministre, je m’y emploierai de mon mieux.
Mesdames, Messieurs, il me reste à vous souhaiter une excellente journée, riche d’échanges fructueux.
Je ne doute pas un instant du succès de votre manifestation.
Je vous remercie.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mai 2011