Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Notre invité ce matin, Luc CHATEL. Bonjour.
LUC CHATEL Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ministre de lEducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative. Question directe sur laffaire DSK : est-ce que cette affaire entache, selon vous, la candidature socialiste à la présidentielle quel que soit le candidat ou la candidate, franchement ?
LUC CHATEL Non, je ne rentrerai pas dans ce débat. Je crois que chacun a dit, cest une affaire personnelle, cest pas une affaire du Parti socialiste. Cest une affaire qui met en cause un homme. Laissons la justice faire, laissons-la agir.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca nentache pas la candidature socialiste à la présidentielle ?
LUC CHATEL Non, moi, je ne suis pas de ceux qui cherchent un amalgame en quoi que ce soit. Je revendique le fait quil puisse y avoir un débat projet contre projet, candidat contre candidat, et donc laissons les socialistes sorganiser et désigner leur candidat.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Parlons des suppressions de postes prévues à la rentrée, donc des suppressions de classes, dans le primaire essentiellement. LAssociation des maires de France réclame depuis la fin du mois de mai larrêt des suppressions de postes dans le primaire qui ont pour conséquence la disparition de 1 500 classes. Vous leur avez répondu ? Vous avez répondu à lassociation ?
LUC CHATEL Alors, lAssociation des maires de France elle minterpelle sur la préparation de la rentrée 2012. Il faut bien expliquer aux auditeurs
JEAN-JACQUES BOURDIN pas du tout sur la rentrée 2011 ? Elle ne proteste pas ?
LUC CHATEL Si vous voulez, ce nest jamais agréable de fermer des classes. Vous savez, je suis maire de Chaumont
JEAN-JACQUES BOURDIN surtout quand on est maire, oui !
LUC CHATEL Lannée dernière, jai fermé une école. Cette année, nous fermons des classes. Cest beaucoup plus facile dêtre maire ou sans doute ministre de lEducation nationale, quand on crée des postes, quand on ouvre des classes plutôt que quand on est vigilant par rapport aux finances publiques. Simplement, je rappelle une chose très simple, pour les auditeurs de RMC et les téléspectateurs de BFM TV : le budget de lEducation nationale cest 60 milliards deuros, et cette année lEtat va emprunter 180 milliards deuros, cest-à-dire trois fois le budget de lEducation nationale. Donc, le premier budget de la Nation se doit de mener cette politique, qui est difficile, de maîtrise de la dépense publique. Et elle se le doit dautant plus que la France continue à investir davantage que nos voisins européens dans son éducation. Donc, je ne peux pas laisser dire quon na pas les moyens à lEducation nationale, ce nest pas vrai. Nous avons les moyens
JEAN-JACQUES BOURDIN oui mais, Luc CHATEL, nous investissons beaucoup dargent, je vous interromps, mais tout de même, il y a une particularité ou un paradoxe que je comprends mal : la France a lun des plus bas niveaux de lOCDE dans les écoles primaires, je parle du nombre denseignants pour le nombre délèves. Cinq enseignants pour cent élèves en France, dans lenseignement supérieur aussi. Dans le primaire, cinq enseignants pour cent élèves, même chose dans lenseignement supérieur, alors que dans les autres pays de lOCDE on a beaucoup plus denseignants pour le même nombre délèves. Alors, expliquez-nous pourquoi parce que, là, je ne comprends pas.
LUC CHATEL Dabord, premier point, je veux rassurer vos auditeurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
LUC CHATEL A la rentrée prochaine, il y aura par exemple plus de professeurs, y compris dans le primaire, environ 12 000 de plus quil y en avait il y a vingt ans dans le système éducatif. Donc, les professeurs ils sont là. Cest vrai quhistoriquement vous avez raison, historiquement, mais ce nest pas nouveau, ça date dune trentaine dannées.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi ?
LUC CHATEL Parce quil y a eu beaucoup de moyens qui ont été affectés dans le second degré au moment où on a décidé, et cest une bonne chose, moi je ne veux pas revenir là-dessus, au moment où on a décidé par exemple de faire le collège unique, 100 % dune classe dâge jusquà 14 dans les établissements scolaires ; au moment où on a décidé de tripler le nombre dune génération qui atteint le baccalauréat. On a aujourdhui 65 % dune génération, cétait 20 % au début des années 80. Eh bien, ça a nécessité des moyens très importants dans le second degré. Et donc, nous avons, à lépoque, lEducation nationale, et pendant vingt-cinq ans, a beaucoup investi sur le second degré. Cest vrai, nous devons nous poser la question de la répartition des moyens de lensemble de lEducation nationale tout au long de la scolarité. Et cest pour cette raison, par exemple, que nous avons réformé lécole primaire il y a deux ans, nous avons remis en place un système en concentrant lenseignement sur les fondamentaux pour obtenir de meilleurs résultats, en personnalisant lenseignement. Vous savez que maintenant à lécole pour les élèves qui ont des difficultés, on a du soutien scolaire. Pendant les heures de cours, lenfant qui a des difficultés de lecture, il peut bénéficier par son maître dune aide personnalisée de deux heures par semaine de lecture. Donc, nous avons cherché à mettre en place une personnalisation pour obtenir des meilleurs résultats avec les moyens qui nous sont alloués.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, 1 500 classes supprimées à la rentrée prochaine, 4 900 élèves supplémentaires en primaire, ce sont les chiffres, que vous avez. Ca fait quoi ? Ca fait deux, trois, jusquà cinq élèves de plus par classe ?
LUC CHATEL Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca fait quoi en moyenne ? Deux, trois élèves de plus ?
LUC CHATEL Dabord, 1 500 classes de moins cest le résultat de 3 000 ouvertures et de 4 500 fermetures, premier point.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, donc ça fait 1 500 classes en moins.
LUC CHATEL 1 500 classes en moins ça représente 0,6 % du nombre de classes. Donc, à la fin, tout se joue à la marge, et on aura 0,1 élève par classe
JEAN-JACQUES BOURDIN non mais, ça, cest
LUC CHATEL Mais si ! La moyenne cest ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais ça cest la globalité.
LUC CHATEL Oui, cest la globalité.
EAN-JACQUES BOURDIN Mais est-ce quon peut raisonner globalement dans cette affaire-là ?
LUC CHATEL Non ! Je pense justement que ce qui est important cest dêtre capable de différencier, de faire plus dans les écoles où il y a plus de difficultés, de mettre en place par exemple du soutien scolaire pendant les vacances dans les écoles où il y a des enfants en difficulté. Cest que ce que nous faisons.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais enfin, il y a des fermetures dans des ZEP.
LUC CHATEL Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dans des écoles classées en ZEP. Ca existe.
LUC CHATEL Non ! Non, non, nous agissons avec discernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ?
LUC CHATEL Il y a des fermetures de classes
JEAN-JACQUES BOURDIN ça nexiste pas ?
LUC CHATEL Il y a des fermetures de classes là où il y a moins denfants. Dans mon département qui a perdu en gros, on a perdu quand on perd des élèves, cest normal que on ajuste les moyens. Ensuite, Jean-Jacques BOURDIN, je suis désolé de vous dire, mais il y a moins denfants par classe aujourdhui quil y en avait il y a vingt ans. Il y a 25 élèves par classe en moyenne en maternelle pour la prochaine rentrée scolaire, ils étaient 27 il y a vingt ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest pour ça que les résultats sont meilleurs, hein, Luc CHATEL !
LUC CHATEL Oui, mais justement, justement
JEAN-JACQUES BOURDIN alors, justement.
LUC CHATEL Si on sortait de ce débat qui, à mon sens, a biaisé le débat sur léducation depuis vingt ans, en pensant que cest uniquement en créant des postes et des moyens quon obtient des résultats. Ca nest pas vrai. La France investit plus dans son système éducatif que des pays qui ont des meilleurs résultats que nous. Et toutes les études qui sont menées sur notre système éducatif nous disent, attendez, cest pas les moyens le sujet, le sujet cest comment vous êtes capable de différencier ces moyens, de les affecter au bon endroit et aujourdhui de personnaliser lenseignement, parce quaujourdhui nous accueillons tous les enfants de France. Une classe cest très hétérogène. Et, nous, ce que nous devons donner à nos enseignants, qui font un travail formidable, cest les moyens de différencier, cest-à-dire de détecter les quatre ou cinq élèves
JEAN-JACQUES BOURDIN mais, avec trois élèves de plus par classe, par exemple
LUC CHATEL non, mais il ny a pas trois élèves de plus, arrêtez de caricaturer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je ne sais pas, dans certaines classes, bien sûr, Luc CHATEL.
LUC CHATEL Mais non ! Il y a des classes où il ny en a moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dans certaines écoles, mais bien sûr.
LUC CHATEL Mais non ! Et dabord, je vais vous dire, Jean-Jacques BOURDIN, aucune, aucune statistique ne montre que les résultats sont moins bons quand il y a un élève de plus par classe. Vous savez, moi, je reçois des courriers tout lété de parents délèves, de personnalités bien connues, qui mexpliquent que cest pas grave si leur enfant est le 40e élève au lycée Louis Le Grand ou dans les grands lycées parisiens. Ca ne les dérange pas du tout, là. Par contre, quand au niveau national il y a des problèmes et quon dit, « ah, vingt-cinq ça me semble beaucoup dans les collèges », tout le monde hurle. Il faut arrêter ! Ce qui compte cest lhomogénéité. Quand vous avez une classe homogène à trente-cinq, à quarante, cest pas le sujet. Par contre, dans un quartier déducation prioritaire, oui, il faut moins délèves par classe, il faut davantage de moyens pour que lenseignant puisse différencier des demi groupes, pour quon puisse apporter un soutien scolaire. La vraie personnalisation cest ça et cest comme ça quon obtiendra des résultats.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais nest-ce pas aussi à lEtat de faire leffort de ne pas supprimer des classes en zones rurales, justement pour lutter contre la désertification ? Est-ce quil ny a pas là un engagement national ?
LUC CHATEL Ecoutez, je suis désolé de le dire, je suis lélu dun département rural qui perd mille habitants pas an.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais justement, cest pour ça que je vous pose la question.
LUC CHATEL Mais le sujet ce nest pas de maintenir pour maintenir artificiellement. Pendant des années, dans mon département, quest-ce quon a fait ? On a fait ce quon appelait des regroupements éclatés, cest-à-dire que vous aviez quatre ou cinq communes qui se retrouvaient et qui disaient, « ben, nous, il nous reste une petite classe, on a envie de la garder, on va faire une école commune, et puis nous on prend le CP, toi tu prends le CE1, et puis toi tu prends le CM2 ». Et vous aviez une école éclatée sur quatre classes. Quest-ce que ça a donné ? Ca a donné au total plus de transport, ça a donné moins de services puisque on ne pouvait pas créer daccueil périscolaire tôt le matin, on ne pouvait pas en créer dans quatre ou cinq communes. Ca a donné au total des équipes pédagogiques éclatées. Eh bien, nous avons changé de stratégie. Et maintenant nous créons des regroupements pédagogiques intégrés, cest-à-dire nous construisons de nouveaux postes scolaires avec des beaux bâtiments modernes, avec comme cest regroupé des équipes pédagogiques qui sont soudées, qui travaillent ensemble, on peut accueillir les parents tôt le matin, les élèves plus tôt le matin pour les parents qui commencent tôt à travaille, et on crée une demi-pension. Cest du service en plus et tout le monde est gagnant. Et puis, Jean-Jacques BOURDIN, excusez-moi de vous dire, mais à 60 à lheure, cinq kilomètres cest cinq minutes en voiture, voilà, donc cest moins que pour aller dans un quartier à son école primaire ou maternelle. Donc, le bon choix, si vous voulez, être responsable politique cest être capable dêtre courageux et de faire les bons choix pour dégager, affecter les moyens là où il y a des besoins et obtenir la meilleure efficacité de ces moyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben, souhaitons que tous ces moyens donnent des résultats ! Nous ferons le bilan.
LUC CHATEL Cest lobjectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN Luc CHATEL, on va résumer ce que nous venons de dire concernant les suppressions de classes. Donc, pour la rentrée 2011, cest acquis, 1 500 classes supprimées. On est bien daccord. Pour la rentrée, 2012, vous vous êtes engagé à ne supprimer enfin, il y aura des suppressions de classes, mais il y aura des créations de classes, et on arrivera à zéro entre les suppressions et les créations.
LUC CHATEL Non, ce que jai dit pour 2012 cest que, moi, le président de la République ne ma pas demandé et il na pas demandé aux membres du gouvernement, à aucun membre du gouvernement, darrêter la politique de maîtrise de la dépense publique qui consiste à ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires qui partent en retraite. Et dailleurs, il sétait engagé vis-à-vis des Français en 2007. Donc, il tient cet engagement. Maintenant, la question, je disais tout à lheure « discernement, différenciation ». Il est clair, et vous lavez rappelé, que dans le premier degré nous avons une dépense par élève qui est inférieure à ce quelle est dans le second degré. Donc, la préconisation que jai faite au Premier ministre et au président de la République, cest dire pour 2012 veillons à ce quil y ait une différenciation des moyens et quon intègre le fait quil y a moins de moyens dans le premier degré, et donc quon essaie de faire en sorte quil y ait le même nombre de classes à la rentrée 2012.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest ce que vous avez demandé au Premier ministre.
LUC CHATEL Voilà. A la rentrée 2012 quà la rentrée de 2011.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et cest acquis ou pas ?
LUC CHATEL Eh bien, écoutez, vous verrez ! Le débat dorientation budgétaire a lieu à la fin du mois de juin.
JEAN-JACQUES BOURDIN A la fin du mois de juin, mais enfin vous avez de bonnes perspectives, vous êtes optimiste ?
LUC CHATEL Ecoutez, je pense que le président de la République et le Premier ministre sont responsables
JEAN-JACQUES BOURDIN sont sensibles à vos arguments ?
LUC CHATEL sont des responsables politiques.
JEAN--JACQUES BOURDIN Oui, surtout que les présidentielles se profilent à lhorizon.
LUC CHATEL Non ! Mais au-delà de ça, je pense que
JEAN-JACQUES BOURDIN ben, Luc CHATEL, oui, ça compte quand même.
LUC CHATEL Si vous voulez, ce qui compte aussi cest de le un sur deux, oui, mais le un sur deux intelligent, cest-à-dire quon fait du cas par cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Enseignement, police, ça pourrait être non ?
LUC CHATEL Non, cest pas ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ?
LUC CHATEL Cest que, non, nous continuerons, simplement on peut le faire au cas par cas, on peut tenir compte de la réalité locale, on peut tenir compte de limpact. Nous avons encore quelques surnombres, il faudra le résorber, donc être des responsables politiques cest aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous auriez envie dêtre instituteur ?
LUC CHATEL Ah, cest sans doute le plus beau métier du monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez quon gagne combien gagne un instituteur lorsquil débute ?
LUC CHATEL Alors, depuis la rentrée dernière, 1 650 net.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah, je vois salaire instituteur débutant, grille des salaires au 1er janvier : 1 332,52 brut.
LUC CHATEL Alors, nous avons revalorisé de 150 net par mois à la dernière rentrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pour les débutants.
LUC CHATEL Pour les débutants.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca fait 1 333 et 150, 1 480, oui.
LUC CHATEL Donc, on doit être à 1 500 net par mois en début de carrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN Brut ou net ? Vous êtes sûr que cest net ?
LUC CHATEL Net, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN 1 500 , vous êtes sûr, bon !
LUC CHATEL Donc, si vous voulez
JEAN-JACQUES BOURDIN je réviserai les chiffres alors.
LUC CHATEL Cest cinq ans détudes pour 1 500 net.
JEAN-JACQUES BOURDIN Nous regarderons. ?
LUC CHATEL Ca paraît peu. Non, cétait sans doute le plus beau métier du monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! A ce tarif-là, cest le plus beau métier du monde ?
LUC CHATEL Mais vous savez, nous avons fait un choix, cest moins de fonctionnaires, nous venons de parler pendant un certain temps du non remplacement de la moitié des départs, mais nous remplaçons, je rappelle, lautre moitié, puisque nous recrutons 17 000 personnes dans lEducation nationale cette année.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, personnes, pas enseignant.
LUC CHATEL Absolument ! En grande majorité des enseignants. Mais je rappelle que les économies qui sont réalisées sur le non remplacement des départs en retraite, la moitié va à la revalorisation du salaire des enseignants. Et nous avons réaffecté depuis 2007 un milliard deuros à cette revalorisation. Je le redis, depuis la rentrée dernière, les instituteurs, les professeurs certifiés, les agrégés, ont été augmenté en début de carrière de 10 %. 10 % ! Je ne connais pas beaucoup de pays qui ont augmenté leurs enseignants de 10 % en début de carrière.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais enfin dans beaucoup de pays dEurope les enseignants sont mieux payés quen France, vous le savez, Luc CHATEL.
LUC CHATEL Ben alors, il faudrait comparer le salaire horaire, parce quon a aussi une question de service. Et puis, deuxièmement, aujourdhui, on a plutôt des pays qui sont en train de licencier leurs fonctionnaires ou qui sont en train de baisser leur rémunération que de laugmenter de 10 %. Je le dis parce que, oui, cest difficile de mener une politique de maîtrise de la dépense publique, mais encore une fois, nous la menons avec discernement, en traitant de la situation spécifique de certaines catégories de personnel.
JEAN-JACQUES BOURDIN La semaine de quatre jours, parlons des rythme scolaires, qui est une idée de Xavier DARCOS. A la trappe ?
LUC CHATEL Nous verrons ! Je ne vous répondrais pas aujourdhui parce que jattends pour la fin du mois de juin le rapport
JEAN-JACQUES BOURDIN mais vous avez votre avis, en ce qui vous concerne.
LUC CHATEL Je me suis interdit davoir un avis.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon, daccord !
LUC CHATEL Tant que le Comité de pilotage que jai installé il y a un an ne me rendrait pas son rapport.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest le 30 juin.
LUC CHATEL Ce serait faire preuve de manque de respect vis-à-vis des nombreuses personnalités qui ont planché depuis un an, vis-à-vis de toutes les personnes qui ont été auditionnées. Donc, la question nest pas uniquement celle de la semaine en primaire, la question cest de mieux répartir le temps de travail de nos élèves.
JEAN-JACQUES BOURDIN Sur une semaine.
LUC CHATEL Tout au long de la scolarité.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et tout au long de la scolarité, oui.
LUC CHATEL Tout au long de lannée. En primaire, nos élèves ont 144 jours de cours, ils ont le plus grand nombre dheures réparties sur le plus petit nombre de journées de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce qui est anormal.
LUC CHATEL Ca interpelle ! Et comme vous le savez, Jean-Jacques BOURDIN, les choses ont été inversées, cest-à-dire quaujourdhui cest plus la société qui rythme lécole, cest lécole qui rythme la société. Nous sortons dun week-end de lAscension, eh bien vendredi on a pu voir les endroits où il y avait école, les endroits où il ny a avait pas école. Ca a des conséquences sur la vie des familles, sur le fonctionnement des entreprises. Donc, cétait important quà un moment on se pose et on se dise, nous, Education nationale, nous avons une responsabilité dabord pour nos enfants, pour quils apprennent mieux, pour la répartition du travail, pour les enseignants, pour lambiance au sein des établissements scolaires, pour une meilleure efficacité de cet enseignement ; et puis nous avons une responsabilité vis-à-vis du reste de la société parce que douze millions délèves, vingt millions de familles, notre devoir cest de travailler avec tous ceux pour lesquels le temps de travail à lécole a des incidences sur la vie quotidienne.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, Luc CHATEL, le Comité proposerait un rythme hebdomadaire fondé sur neuf demi-journées en primaire, cest-à-dire une semaine à quatre jours et demi. La décision de faire classe mercredi matin ou samedi matin pourrait être prise au niveau local. Cest une bonne idée ça, prendre la décision au niveau local ?
LUC CHATEL Ecoutez, je nai pas eu ces informations, Jean-Jacques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ?
LUC CHATEL En tout cas, officiellement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, daccord. Pas officiellement, officieusement vous les avez eues mais pas officiellement.
LUC CHATEL Non, je lis la presse comme vous, Jean-Jacques.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et des vacances dété plus courtes, ça aussi ?
LUC CHATEL Je constate que dans beaucoup de pays vous savez, les vacances dété telles que nous les connaissons aujourdhui sont un peu les héritières du temps où les petits Français rentraient dans leur famille faire la moisson. Alors, dans mon département de la Haute Marne, oui, cest vrai quil y a des petits Français qui rentrent faire la moisson avec leur père.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y en a de moins en moins.
LUC CHATEL Mais il y en a, malheureusement, on peut le regretter, de moins en moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN Malheureusement, oui.
LUC CHATEL Donc, cest vrai que cette organisation, ce rythme de vacances scolaires correspond à une certaine époque de notre histoire. Donc, cest un des sujets qui a été abordé dans le cadre de la Commission et nous verrons quelles réponses elle me propose dy apporter.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Vous avez vu, la semaine dernière, ce maire, le maire de Sevran qui demandait lintervention de larmée parce quil nen peut plus, parce que dans deux quartiers de sa ville les enfants ne sortent plus en récréation, enfin ne sont plus sortis en récréation deux ou trois fois de peur des balles perdues. Vous avez vu ça ?
LUC CHATEL Jai vu cela, jai vu cela, et comme Claude GUEANT la très bien dit, ce nest pas à larmée de rétablir la sécurité dans les quartiers, mais cest bien à la police républicaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben oui !
LUC CHATEL Cest la raison pour laquelle le préfet de Seine Saint Denis
JEAN-JACQUES BOURDIN mais enfin, pour linstant
LUC CHATEL sera ce matin dans cette école de Sevran.
JEAN-JACQUES BOURDIN On est à fermer la récréation.
LUC CHATEL Oui, parce que cest dabord la sécurité des él??ves qui prime, mais nous avons pris un certain nombre de décisions face à des agissements qui sont inacceptables. Le ministre de lIntérieur a décidé des moyens supplémentaires dans ce quartier qui fait lobjet daffrontements entre bandes rivales, liés à certains trafics. Nous avons pris la décision de mobiliser nos policiers référents et nous avons des équipes mobiles de sécurité, cest-à-dire des équipes qui sont affectées au rectorat et qui peuvent venir en surnombre pour rassurer les familles, pour protéger les enfants, qui sont affectés provisoirement à létablissement. Mais encore une fois, le préfet de Seine Saint Denis sera ce matin dans lécole.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest malheureusement, cest malheureusement ce que lon entend après chaque fait divers ça, Luc CHATEL ?
LUC CHATEL Non, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça fait des années, mais cest vrai, on envoie des CRS, très bien, cest formidable. Ils restent là 15 jours, ils partent et ça recommence, Luc CHATEL.
LUC CHATEL Non, si vous voulez, regardons objectivement les choses
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca sest vérifié à Marseille, ça se vérifie régulièrement en Seine- Saint-Denis.
LUC CHATEL Ecoutez, moi, je parle de ma compétence ministérielle, c'est-à-dire de lEducation nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, bien sûr, bien sûr, vous êtes directement concerné, bah oui !
LUC CHATEL Je suis directement concerné et donc je vous réponds directement, les faits dinsécurité à lécole sont globalement stables par rapport aux dernières années. Nous avons décidé
JEAN-JACQUES BOURDIN Globalement stable ?
LUC CHATEL Oui, globalement stable, c'est-à-dire que nous navons pas plus de faits constatés, nous avons de temps en temps des faits absolument dramatiques et cest vrai que lorsque nous avons, comme lannée dernière, un lycéen qui est tué dans un établissement scolaire, cest un drame absolument épouvantable. Lorsque nous avons une fillette qui est agressée au cutter dans une école, cest absolument inacceptable et cest heureusement suffisamment rare pour quil y ait une indignation, il y ait une mobilisation de la communauté éducative. Mais nous avons pu, les états généraux, mobiliser des moyens sans précédent, c'est-à-dire quand je dis sans précédent, c'est-à-dire cest la première fois que lon fait à la fois en même temps, de la prévention, de la formation, des équipes mobiles, de la sécurisation des établissements
JEAN-JACQUES BOURDIN Et des résultats quand alors ?
LUC CHATEL Des résultats dabord je vous dis que les
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que cest globalement maintenu
LUC CHATEL Oui, nous aurons à la fin de lété, les chiffres pour le premier semestre en matière de dinsécurité dans les établissements scolaires. Ce que je vous dis, cest que
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais linsécurité ne progresse pas, mais elle ne régresse pas cest bien ça ?
LUC CHATEL Non, elle est stable, depuis 3 ans, dans les établissements scolaires. Donc oui, nous devons progresser, parce que nous devons faire mieux, et la faire baisser. Mais cest vrai que de temps en temps, il y a malheureusement et nous devons le combattre, un fait divers qui fait que cest un petit peu larbre qui cache la forêt. Et à juste titre nous, nous indignons, mais on ne voit pas forcément le quotidien, c'est-à-dire 12 millions délèves qui vont à lécole tous les jours, limmense majorité plus de 90 % qui sont heureux daller à lécole, cest ça aussi, lécole de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN Matthieu BELLIARD, question des auditeurs de RMC, Matthieu ?
MATTHIEU BELLIARD Bonjour, une question de Gaston à Avignon dans le Vaucluse, cela fait un mois que le prof de maths de mon fils en Terminale S est absent, depuis 3 remplaçants qui nont pas de licence de maths et qui nont jamais enseigné, et qui nont aucune licence de maths, bref à un mois du Bac, est-ce quon abandonne les élèves pour des raisons budgétaires ? vous demande Gaston.
LUC CHATEL Alors non, nous nabandons pas les élèves pour des raisons budgétaires. Et dailleurs nous avons un taux de remplacement des professeurs qui est de 96 %. 96 %, 96,1 % exactement. Alors vous me direz, 3,9 % cest trop, oui, vous avez raison. Et cest pour ça que jai décidé de mobiliser des moyens supplémentaires en dehors des titulaires remplaçants. Je rappelle quils sont 50 000 nos titulaires remplaçants. Jai décidé par Académie, de recruter des contractuels, c'est-à-dire quon puisse en complément de nos titulaires, avoir des personnels qui peuvent du jour au lendemain, quand il y a une absence répétée, imprévue, qui puissent être mobilisés de manière à ce quon améliore le taux de remplacement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Question politique. On va ouvrir notre cahier dévaluation des élèves de CM2, daccord ! Allez !
LUC CHATEL Allons-y !
JEAN-JACQUES BOURDIN 10 objets identiques coûtent 22 euros, combien coûtent 15 de ces objets ?
LUC CHATEL 10 objets identiques coûtent 22 euros,
JEAN-JACQUES BOURDIN Combien coûtent 15 de ces objets.
LUC CHATEL Donc objets au total 22 euros cest ça ?
JEAN-JACQUES BOURDIN 10 objets identiques coûtent 22 euros. Combien coûtent 15 de ces objets cest la question posée dans le cahier dévaluation des élèves de CM2 ?
LUC CHATEL Eh bien ça fait 16,50
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ! Eh non ! 10 objets identiques coûtent 22 euros, combien coûte 15 de ces objets.
LUC CHATEL Ca fait 33 euros. Jean-Jacques, vous me sécherez toujours sur une question comme ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais non, mais attendez, moi
LUC CHATEL Cest facile, cest facile, mais vous voyez, ça montre quon peut être ministre et on peut
JEAN-
JACQUES BOURDIN Et on peut se tromper, ça peut arriver.
LUC CHATEL On peut se tromper et il faut lassumer. Jassume pleinement voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN Il faut lassumer, ça je suis daccord.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 6 juin 2011