Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur l'aide française en faveur du développement du Cameroun, à Yaoundé (Cameroun) le 1er juillet 2011.

Prononcé le 1er juillet 2011

Intervenant(s) : 

Circonstance : Cérémonie de signature du deuxième contrat de désendettemment et de développement entre la France et le Cameroun à Yaoundé (Cameroun) le 1er juillet 2011

Texte intégral

Monsieur le Ministre des Finances,
Monsieur le Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis particulièrement heureux d’être ici aujourd’hui à Yaoundé à l’occasion de la signature de ce deuxième Contrat de désendettement et de développement (C2D) entre la France et le Cameroun. Il s’agit à n’en pas douter d’une étape importante dans les relations entre nos deux pays.
Depuis cinq ans déjà, nous avons pu mesurer à quel point cet instrument était important en vue de contribuer à la croissance de votre pays et à y développer l’emploi afin de multiplier les chances de progrès économique et social.
Plusieurs éléments me frappent dans le bilan que l’on peut dresser de ce C2D et des perspectives qu’ouvrent les programmes mis en œuvre, s’agissant de la qualité de vie des populations.
D’abord, il s’agit d’un instrument partenarial. Aucun programme, aucune décision, aucun projet n’est adopté sans que nous nous soyons mis d’accord dans une logique de dialogue et de concertation. Quoi de plus satisfaisant qu’une relation ainsi fondée sur le respect mutuel et la prise en compte de vos propres priorités. À l’heure où le Cameroun s’apprête à célébrer le cinquantenaire de sa réunification, nous voyons au fond dans ce C2D le reflet de l’esprit de coopération et de fidélité qui a toujours été au cœur de ces relations fortes et anciennes qui unissent nos pays.
Ensuite, de par l’importance des moyens financiers engagés, ce C2D est le témoignage concret de l’importance que nous accordons à notre relation avec le Cameroun. 352 milliards de francs CFA (537 millions d’euros) pour le premier C2D ; 214 milliards de francs CFA (326 millions d’euros) pour le second. Ce sont des sommes considérables. Le Cameroun est le premier destinataire de notre aide en Afrique subsaharienne. C’est dire l’intérêt jamais démenti que nous portons à son avenir. Tout prédispose en effet le Cameroun à devenir un pays émergent à l’horizon 2035. Nous nous en réjouissons et nous sommes heureux que le C2D puisse y contribuer.
J’ai été frappé de constater que le niveau d’engagement du premier C2D avoisinait les 100 %. Certes, certains programmes restent encore en attente de décaissement. D’autres doivent être incessamment lancés, à l’instar du C2D-Recherche, ou sont en passe de l’être, je pense en particulier au C2D-Culture. La seconde phase du programme sectoriel Forêts sera mise en place avant la fin de l’année. Mais le résultat global montre bien l’efficacité de notre démarche commune dont nous pouvons être légitimement fiers.
Sans doute faudra-t-il améliorer les choses ça et là. Je souhaiterais en particulier que nous communiquions ensemble davantage pour mieux faire comprendre aux bénéficiaires du C2D la pertinence de ses principes et de ses objectifs. Il faut que nous parvenions à injecter dans notre démarche commune une plus grande dose de visibilité et de lisibilité afin qu’elle soit compréhensible par tous.
J’en viens maintenant au deuxième C2D qui a fait l’objet d’une préparation minutieuse. Je me réjouis qu’il y ait eu au fond une large convergence de vues entre nous permettant de dégager de manière consensuelle les trois grands secteurs de concentration de ce second volet : le développement agricole et rural, les infrastructures urbaines des villes secondaires et la formation professionnelle.
Sans revenir sur chacun de ces éléments, je souhaiterais mettre en exergue dans ce deuxième C2D une thématique, celle de l’agriculture ; et une amélioration institutionnelle, le renforcement du dispositif de pilotage et de suivi.
Permettez-moi d’abord de me féliciter que ce C2D de la seconde génération mette fortement l’accent sur l’agriculture et le développement rural, puisque 60 % de ce contrat y sont affectés.
Ayant moi-même exercé des responsabilités dans le secteur agricole, je mesure bien à quel point il est essentiel pour votre pays de pouvoir garantir la sécurité alimentaire, développer des filières de production ou renforcer l’enseignement professionnel dans ce secteur capital. L’agriculture est créatrice d’emplois. Elle permet de fixer les populations sur leurs terres au lieu de favoriser un exode urbain, lui-même générateur de tensions et de difficultés. Elle peut enfin devenir pour le Cameroun un puissant levier en vue d’un développement plus viable et plus durable.
À cet égard nous partageons pleinement les vues du président Paul Biya estimant que le secteur primaire au Cameroun, que ce soit l’agriculture, la pêche, l’élevage ou l’artisanat peut devenir pour lui un moyen de développement primordial. L’agriculture, c’est la véritable richesse de votre pays comme l’a rappelé à juste titre le chef de l’État lors du Comice agro-pastoral d’Ebolowa. Et je me réjouis des immenses potentiels que le C2D va contribuer à mettre en valeur, non seulement pour faire face aux besoins alimentaires du pays, mais aussi pour neutraliser la volatilité des prix et stimuler ses exportations.
Comment en effet ne pas partager l’une des conclusions majeures des participants à la Conférence Africa 21 organisée ici même à Yaoundé dans le cadre de la commémoration du Cinquantenaire de l’Indépendance qui insistait sur le fait que «l’Afrique ne doit plus importer pour manger». Le président Biya avait raison de le relever. Le moment est venu de redonner à l’agriculture la place qui doit lui revenir au Cameroun et nous souhaitons vous y aider.
S’agissant du dispositif de pilotage, et ce sera ma seconde observation, je ne peux qu’approuver les orientations prises pour mieux associer les collectivités territoriales et la société civile aux mécanismes de prise de décision comme au suivi du C2D. Ces améliorations vont dans le bon sens.
Il nous faut rester à l’écoute des populations, et notamment de la jeunesse, ici comme ailleurs de mieux en mieux formée, soucieuse de s’ouvrir au monde et de s’y insérer. Nous devons avoir à cœur de prendre en considération les aspirations des citoyens auxquelles les programmes du C2D sont destinés. Renonçons à recourir à des modèles préconçus ou standardisés. Restons fidèles à notre partenariat fondé sur le respect mutuel en impliquant davantage - mais aussi en responsabilisant plus encore - les maires, les représentants des entreprises, le monde associatif, les syndicats et bien entendu les ONG, pour faire jouer à plein la réflexion commune. N’oublions pas non plus les potentialités de la coopération décentralisée, si active au Cameroun, pour faire en sorte qu’il y ait complémentarité des projets et des initiatives.
Il s’agit, vous l’avez bien compris, d’encourager les synergies. Et j’ai la conviction que les orientations encore perfectibles retenues pour le deuxième C2D dans le domaine du suivi indépendant par la société civile porteront ainsi leurs fruits.
Nous traversons une période redoutable, nous le savons tous. Nous sommes confrontés à un temps de crise économique. Un nouveau monde émerge depuis la fin du XXème siècle. Certaines régions donnent des orientations inattendues à leur avenir. Et nous devons tous nous adapter pour tenir compte des conséquences induites par ce monde en perpétuel changement.
Chateaubriand pensait que «les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes». Alors que nous sommes confrontés à tant d’incertitudes et de mutations, il nous faut en effet redoubler ensemble d’efforts. Il nous faut continuer à œuvrer inlassablement pour le développement de votre pays qui joue un rôle essentiel pour la stabilité de la région et tient une place économique et politique majeure sur ce continent.
Le partenariat entre la France et le Cameroun n’a jamais été aussi fort, ni serein dans tous les domaines. Ne nous laissons pas distraire par les rumeurs ou les approximations qui fleurissent parfois en ces temps difficiles. Continuons, en revanche, à œuvrer ensemble pour répondre aux défis auxquels doit faire face le Cameroun du XXIème siècle. Faisons-le avec un esprit de respect, confiance, d’amitié, d’écoute, de partage, comme cela a toujours été le cas entre nous, et comme ce deuxième C2D que nous allons signer en est une nouvelle preuve tangible.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juillet 2011