Texte intégral
Q- Bonjour Monsieur le Premier ministre. Je suis étudiante en 8e semestre au département de français de luniversité dUniversitas Indonesia. Je voudrais vous poser une question : malgré la distance, lIndonésie est un des pays qui a lhonneur de votre visite et quelle est donc limportance de lIndonésie pour la France ? Merci.
Je crois que le président Yudhoyono a coutume de dire quil souhaite que lIndonésie, je le cite, ait zéro ennemi et un millier damis !
Et bien, la France souhaite aujourdhui être lun des tout premiers amis de lIndonésie, cest tout le sens de la visite que jai décidée deffectuer aujourdhui à Jakarta et cest surtout tout le sens du partenariat stratégique que nous allons signer cet après-midi.
Jai eu loccasion de le dire dans mon propos.
LIndonésie est devenue un acteur majeur en Asie, un acteur majeur sur la scène internationale et cest vrai que dans les relations entre les États, en particulier avec les vieilles démocraties européennes, nous avons des habitudes et lorsque surgissent de nouveaux acteurs, lorsque surgissent de nouvelles puissances économiques, lorsque surgissent de nouvelles puissances politiques, il faut parfois un petit temps dadaptation à notre logiciel diplomatique et économique pour sadapter à cette nouvelle réalité.
Cest ce que je suis venu faire aujourdhui : remettre à jour le logiciel diplomatique et économique français, faire une sorte de "reset" sur notre ordinateur pour quil prenne en compte la réalité de larrivée sur la scène internationale du quatrième pays au monde par sa population, un pays dont la croissance économique est en train de bouleverser tous les pronostics et enfin, un pays qui a démontré par les réformes quil a engagées et en particulier par le choix quil a fait de la démocratie quil va compter parmi les toutes premières puissances du monde au XXIe siècle.
LIndonésie est devenue un acteur majeur en Asie et donc nous, nous avons décidé de placer lIndonésie sur le même pied de relation que des pays comme la Chine, comme lInde ou comme le Japon.
LIndonésie est un pays dont nous apprécions particulièrement les prises de position sur la scène internationale quil sagisse de faciliter le règlement pacifique des différends, quil sagisse de son engagement très courageux sur le changement climatique ou encore quil sagisse de la création du forum régional de Bali pour la démocratie.
Nous allons donc renforcer nos échanges dans tous les secteurs et de façon systématique, dabord en matière culturelle et en matière déchanges dans le domaine de léducation. Cest la raison pour laquelle jai tenu à venir mexprimer ici devant des étudiants et des enseignants indonésiens. Nous voulons quil y ait plus déchanges entre les universités françaises et les universités indonésiennes.
Ca sera dailleurs beaucoup plus facile vu que nous avons dans notre pays profondément réformé notre système universitaire en donnant aux universités françaises une autonomie complète qui va leur permettre de nouer tous les partenariats quelles souhaiteront nouer.
Nous voulons accroître la coopération en matière culturelle, cest la raison de la présence ici de Frédéric Mitterrand qui est le ministre de la Culture de mon gouvernement.
Il y a beaucoup de domaines où les échanges culturels entre la France et lIndonésie peuvent être accrus.
Nous avons exploré tout à lheure un domaine très important qui est celui du cinéma et de la création audiovisuelle. La France a un grand savoir-faire dans ce domaine, des artistes de renom, des écoles puissantes.
LIndonésie a une passion pour le cinéma et a une industrie cinématographique qui est en pleine croissance. Cest vraiment un secteur où nous pouvons créer ensemble des synergies.
Et puis, enfin, jai amené avec moi aujourdhui plus de 25 grandes entreprises françaises que nous voulons voir se développer en Indonésie, dans le cadre de partenariats permettant de transférer des technologies, permettant de partager des marchés en Asie du Sud-Est.
Je pense à plusieurs secteurs qui sont des secteurs dexcellence pour notre pays, qui sont des secteurs pour lesquels lIndonésie a beaucoup de besoins : lénergie sous toutes ses formes ; les infrastructures ; le transport ; la question de la distribution de leau et du traitement de leau où les entreprises françaises sont au premier rang mondial.
Nous avons déjà dailleurs une centaine dentreprises françaises qui sont implantées en Indonésie et ce que nous voulons, cest augmenter ces partenariats industriels et technologiques et enfin, nous voulons que la France soit un acteur privilégié du dialogue qui est en train de sinstaurer entre lIndonésie et lUnion européenne et nous voudrions surtout que lUnion européenne et lASEAN puissent jeter un pont qui permettrait un dialogue politique et un dialogue économique accru entre les deux puissances qui par bien des aspects partagent beaucoup de valeurs et beaucoup dobjectifs communs.
Je sais que lEurope nest pas toujours facile à comprendre vue de loin.
En réalité, lEurope, cest aussi compliqué que lASEAN. Cela consiste à faire vivre ensemble des peuples qui ont des traditions différentes, qui ont des histoires différentes et sagissant de lEurope, des peuples qui ont été des ennemis farouches pendant des siècles et des siècles et qui ont choisi au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale de se rassembler pour faire la paix.
Mais aujourdhui, lEurope, cest beaucoup plus quune alliance entre des pays qui ont décidé de faire la paix. LEurope aujourdhui, cest une grande puissance économique mondiale, cest même la première puissance économique mondiale si lon ajoute lensemble des produits intérieurs bruts des différents pays qui composent lEurope et cest lapprentissage quotidien du dialogue et du compromis à 27.
27 pays européens qui doivent se mettre daccord sur tout, cest très difficile, cest très compliqué, mais en même temps, ça progresse et on saperçoit que face aux crises que nous venons de connaître, lEurope a toujours réussi à surmonter les difficultés.
Je veux rappeler que cest lEurope qui a stoppé la crise systémique financière qui avait démarré avec la faillite de la banque Lehman Brothers.
Les Etats-Unis avaient cru que lon pouvait laisser une banque faire faillite et que ça naurait pas de conséquence. En réalité, cette faute dappréciation du gouvernement américain a conduit à une crise économique et mondiale dont les conséquences ont été désastreuses. Mais cette crise, nous en avons limité les effets en stoppant la contagion au système bancaire.
Le jour où les dirigeants européens à lÉlysée, à Paris, ont affirmé dune seule voix "il ny aura pas de faillite de banques en Europe parce que les États vont garantir les fonds des établissements bancaires", à ce moment là, on a stoppé la crise systémique qui était en train de se développer.
Et puis, ensuite, quand le Portugal a été en difficulté du fait de son endettement, lEurope a soutenu le Portugal.
Et puis quand lIrlande a été en difficulté du fait des erreurs qui avaient été commises par ces banques, lEurope a apporté une solution à la question de la crise financière en Irlande.
Et maintenant, lEurope soutient la Grèce malgré toutes les difficultés parce que la Grèce appartient à lUnion européenne, parce que la Grèce appartient à la zone euro et donc les pays européens seront solidaires de la Grèce pour éviter quelle ne connaisse à son tour le drame dune faillite financière. Voilà tout ça pour vous dire que lEurope, on peut la regarder comme un ensemble très compliqué à faire fonctionner et cest la réalité, mais on peut aussi la regarder comme une véritable réussite à la fois en termes de paix et en termes de réussite économique.
Q- Bonjour monsieur le Premier ministre. Je suis la Présidente de lassociation des professeurs de français dIndonésie, à Jakarta. Et je suis aussi enseignante de lUniversitas Jakarta. Jusquà présent la coopération dans le domaine de léducation, est en priorité plutôt scientifique. Or la France est connue comme un pays riche, en culture et en littérature. Nous aimerions savoir quand le gouvernement français donnera le privilège à la discipline des langues, de la littérature et de la civilisation française en Indonésie. Merci monsieur.
Dabord jai envie de vous répondre que cest à vous de choisir les secteurs de coopération que vous voulez privilégier avec les universités françaises.
Cest vrai que la France est un pays doté dune culture extrêmement riche, en même temps un pays dinnovation scientifique et technologique.
Je ne néglige pas le fait quici en Indonésie les sciences humaines et sociales représentent près dun tiers des étudiants indonésiens qui sont venus en France en 2010.
Pour les étudiants de Universitas Indonesia par exemple, on me dit quil est possible de bénéficier des accords universitaires qui ont été établis en économie avec les universités françaises de Rennes 1. Il y a dailleurs je crois un double diplôme en finances publiques qui a été mis en uvre depuis 2009, avec linstitut de ladministration des entreprises de Grenoble, avec un master de 18 mois, moitié en langue anglaise, moitié en langue française.
Il existe dautres accords universitaires qui permettent détudier en littérature avec luniversité de La Rochelle, en sciences politiques avec Sciences Pô Paris, ou encore dans le domaine du tourisme et de la gestion du patrimoine culturelle avec luniversité Paris I, et avec luniversité dAngers.
Enfin la France dispose, ici même en Indonésie, dun réseau culturel de quatre centres, Jakarta, Bandung, Yogyarkarta et Surabaya, et de deux alliances françaises à Kalimantan et à Bali qui répondent à une demande de plus de dix mille inscriptions détudiants par an.
Nous allons dailleurs fédérer tous ces établissements dans un établissement unique qui sappellera lInstitut français dIndonésie.
Mais vraiment les universités françaises sont totalement ouvertes aux demandes de coopération et daccord qui émaneraient des universités indonésiennes.
Et comme je vous lai indiqué il y a un instant, désormais, les universités françaises sont totalement libres de passer les partenariats quelles souhaitent avec les universités du monde entier.
Cest une grande réforme que nos avons porté avec le Président de la République, et avec le gouvernement que jai lhonneur de conduire. Et cest une réforme qui est en soi une réponse à votre question puisque désormais cest votre liberté, cest votre initiative, de passer les accords que vous voulez avec les universités françaises que vous choisissez.
Q- Bonjour monsieur le Premier ministre. Je suis étudiant, et je vais continuer mes études en France grâce à une bourse du ministère de lEducation nationale de la République indonésienne. Jai une question à vous poser sur la loi des 35 heures dont vous êtes lun des acteurs principal, si je ne me trompe pas. Jaimerais savoir la situation actuelle du monde du travail en France concernant lapplication de la loi des 35 heures. Merci.
Dabord, je voudrais rectifier tout de suite votre information. Je ne suis pas le créateur de la loi sur les 35 heures. Je fais même partie de ceux qui depuis quelques années essayent den limiter les effets, et les dégâts.
Il y a quelques années, en France, une idée assez générale courait, pour faire face au chômage, qui est assez important dans les économies européennes, et en particulier dans léconomie française : il fallait partager le travail.
Au fond, beaucoup déconomistes, beaucoup dhommes politiques raisonnaient comme si la capacité de production de notre pays était figée une fois pour toute, et pour permettre à tout le monde de trouver un travail, dans un cadre qui était figé, il fallait diviser le travail, diviser les horaires de travail, partager le travail.
Et cette idée a eu deux applications.
La première a été la réduction à 35 heures du temps de travail hebdomadaire à partir des années 2000, et lautre conséquence, qui est plus ancienne, consistait à mettre en retraite de plus en plus tôt des travailleurs lorsquil y avait une difficulté sociale dans une entreprise.
Au fond, quand une entreprise était en difficulté, un des moyens de réduire ses dépenses, de réduire ses effectifs, consistait à faire partir à la retraite des hommes et des femmes qui avaient 50, 51, 52, 53, 55 ans.
Cela a été une grave erreur.
Cela a été une grave erreur pour léconomie française, parce que ça a contribué à affaiblir la compétitivité de léconomie française par rapport aux autres économies européennes. Et deuxièmement cela a consisté à priver léconomie française de personnes qualifiées, notamment les salariés de plus de 50 ans, qui connaissaient des métiers, qui avaient un savoir-faire, qui avaient une expérience, et qui se sont retrouvés en retraite, privant leurs entreprises et privant notre économie de cette expérience.
Nous avons décidé de rompre radicalement avec cette stratégie depuis plusieurs années.
Nous lavons fait dabord en permettant aux salariés qui veulent faire plus de 35 heures, cest-à-dire qui font des heures supplémentaires, de ne pas payer dimpôts et de charges, sur ces heures supplémentaires. Nous avons défiscalisé les heures supplémentaires pour inciter les entreprises et inciter les salariés à faire plus dheures supplémentaires. Ca a été un vrai succès, puisquil y a aujourdhui un volume dheures supplémentaires très important dans notre pays.
Et puis deuxièmement, nous avons mis en place une plus grande liberté de négociation dans les entreprises, sur le temps de travail.
Désormais les salariés, les organisations syndicales et les patrons dans les entreprises peuvent débattre librement et conclure des accords pour fixer le niveau du temps de travail.
Le résultat de tout cela, cest quaujourdhui le temps de travail réel en France, le temps de travail effectif est autour de 39 heures.
Il nest donc pas de 35 heures comme la loi la prévue à lorigine.
On va continuer à assouplir ces dispositifs avec un objectif qui est de donner la plus grande liberté possible aux salariés et aux entrepreneurs pour adapter le temps de travail à lactivité économique et aux besoins de chacun.
Et avec un deuxième objectif qui est de nous rapprocher toujours de notre voisin allemand. Les Allemands dont léconomie était moins compétitive que léconomie française il y a une quinzaine dannées, sont passés devant nous notamment parce que nous nous avons suivi cette voie erronée des 35 heures alors que eux-mêmes, pendant cette même période faisaient des efforts pour contenir laugmentation des salaires, pour augmenter un petit peu le temps de travail, pour améliorer leur compétitivité.
Aujourdhui il y a un impératif pour tous les pays européens, et en particulier pour la France : cet impératif, cest dans la zone euro, puisque nous avons la même monnaie, davoir les mêmes règles en matière de durée de travail, en matière dâge de retraite, et progressivement en matière de fiscalité.
Et cest tout leffort que nous devrons faire pendant les prochaines années.
Cest dailleurs dans cet esprit que le président de la République française se bat avec beaucoup dénergie pour que lon mette en place un gouvernement économique de la zone euro. Et le gouvernement économique de la zone euro, il aura notamment pour objectif de pousser à une harmonisation des conditions de travail, des conditions sociales, des conditions fiscales à lintérieur de cette zone euro.
Donc voyez, les 35 heures, cétait une mauvaise idée. Ce nest plus une réalité aujourdhui dans léconomie française. Ca ne veut pas dire naturellement quon ne doive pas chercher à limiter le temps de travail. Les progrès de lhumanité ont été vers une limitation du temps de travail, mais simplement il faut que cette limitation du temps de travail elle soit compatible avec la compétition économique et en particulier avec la compétition économique en Europe.
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011
Je crois que le président Yudhoyono a coutume de dire quil souhaite que lIndonésie, je le cite, ait zéro ennemi et un millier damis !
Et bien, la France souhaite aujourdhui être lun des tout premiers amis de lIndonésie, cest tout le sens de la visite que jai décidée deffectuer aujourdhui à Jakarta et cest surtout tout le sens du partenariat stratégique que nous allons signer cet après-midi.
Jai eu loccasion de le dire dans mon propos.
LIndonésie est devenue un acteur majeur en Asie, un acteur majeur sur la scène internationale et cest vrai que dans les relations entre les États, en particulier avec les vieilles démocraties européennes, nous avons des habitudes et lorsque surgissent de nouveaux acteurs, lorsque surgissent de nouvelles puissances économiques, lorsque surgissent de nouvelles puissances politiques, il faut parfois un petit temps dadaptation à notre logiciel diplomatique et économique pour sadapter à cette nouvelle réalité.
Cest ce que je suis venu faire aujourdhui : remettre à jour le logiciel diplomatique et économique français, faire une sorte de "reset" sur notre ordinateur pour quil prenne en compte la réalité de larrivée sur la scène internationale du quatrième pays au monde par sa population, un pays dont la croissance économique est en train de bouleverser tous les pronostics et enfin, un pays qui a démontré par les réformes quil a engagées et en particulier par le choix quil a fait de la démocratie quil va compter parmi les toutes premières puissances du monde au XXIe siècle.
LIndonésie est devenue un acteur majeur en Asie et donc nous, nous avons décidé de placer lIndonésie sur le même pied de relation que des pays comme la Chine, comme lInde ou comme le Japon.
LIndonésie est un pays dont nous apprécions particulièrement les prises de position sur la scène internationale quil sagisse de faciliter le règlement pacifique des différends, quil sagisse de son engagement très courageux sur le changement climatique ou encore quil sagisse de la création du forum régional de Bali pour la démocratie.
Nous allons donc renforcer nos échanges dans tous les secteurs et de façon systématique, dabord en matière culturelle et en matière déchanges dans le domaine de léducation. Cest la raison pour laquelle jai tenu à venir mexprimer ici devant des étudiants et des enseignants indonésiens. Nous voulons quil y ait plus déchanges entre les universités françaises et les universités indonésiennes.
Ca sera dailleurs beaucoup plus facile vu que nous avons dans notre pays profondément réformé notre système universitaire en donnant aux universités françaises une autonomie complète qui va leur permettre de nouer tous les partenariats quelles souhaiteront nouer.
Nous voulons accroître la coopération en matière culturelle, cest la raison de la présence ici de Frédéric Mitterrand qui est le ministre de la Culture de mon gouvernement.
Il y a beaucoup de domaines où les échanges culturels entre la France et lIndonésie peuvent être accrus.
Nous avons exploré tout à lheure un domaine très important qui est celui du cinéma et de la création audiovisuelle. La France a un grand savoir-faire dans ce domaine, des artistes de renom, des écoles puissantes.
LIndonésie a une passion pour le cinéma et a une industrie cinématographique qui est en pleine croissance. Cest vraiment un secteur où nous pouvons créer ensemble des synergies.
Et puis, enfin, jai amené avec moi aujourdhui plus de 25 grandes entreprises françaises que nous voulons voir se développer en Indonésie, dans le cadre de partenariats permettant de transférer des technologies, permettant de partager des marchés en Asie du Sud-Est.
Je pense à plusieurs secteurs qui sont des secteurs dexcellence pour notre pays, qui sont des secteurs pour lesquels lIndonésie a beaucoup de besoins : lénergie sous toutes ses formes ; les infrastructures ; le transport ; la question de la distribution de leau et du traitement de leau où les entreprises françaises sont au premier rang mondial.
Nous avons déjà dailleurs une centaine dentreprises françaises qui sont implantées en Indonésie et ce que nous voulons, cest augmenter ces partenariats industriels et technologiques et enfin, nous voulons que la France soit un acteur privilégié du dialogue qui est en train de sinstaurer entre lIndonésie et lUnion européenne et nous voudrions surtout que lUnion européenne et lASEAN puissent jeter un pont qui permettrait un dialogue politique et un dialogue économique accru entre les deux puissances qui par bien des aspects partagent beaucoup de valeurs et beaucoup dobjectifs communs.
Je sais que lEurope nest pas toujours facile à comprendre vue de loin.
En réalité, lEurope, cest aussi compliqué que lASEAN. Cela consiste à faire vivre ensemble des peuples qui ont des traditions différentes, qui ont des histoires différentes et sagissant de lEurope, des peuples qui ont été des ennemis farouches pendant des siècles et des siècles et qui ont choisi au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale de se rassembler pour faire la paix.
Mais aujourdhui, lEurope, cest beaucoup plus quune alliance entre des pays qui ont décidé de faire la paix. LEurope aujourdhui, cest une grande puissance économique mondiale, cest même la première puissance économique mondiale si lon ajoute lensemble des produits intérieurs bruts des différents pays qui composent lEurope et cest lapprentissage quotidien du dialogue et du compromis à 27.
27 pays européens qui doivent se mettre daccord sur tout, cest très difficile, cest très compliqué, mais en même temps, ça progresse et on saperçoit que face aux crises que nous venons de connaître, lEurope a toujours réussi à surmonter les difficultés.
Je veux rappeler que cest lEurope qui a stoppé la crise systémique financière qui avait démarré avec la faillite de la banque Lehman Brothers.
Les Etats-Unis avaient cru que lon pouvait laisser une banque faire faillite et que ça naurait pas de conséquence. En réalité, cette faute dappréciation du gouvernement américain a conduit à une crise économique et mondiale dont les conséquences ont été désastreuses. Mais cette crise, nous en avons limité les effets en stoppant la contagion au système bancaire.
Le jour où les dirigeants européens à lÉlysée, à Paris, ont affirmé dune seule voix "il ny aura pas de faillite de banques en Europe parce que les États vont garantir les fonds des établissements bancaires", à ce moment là, on a stoppé la crise systémique qui était en train de se développer.
Et puis, ensuite, quand le Portugal a été en difficulté du fait de son endettement, lEurope a soutenu le Portugal.
Et puis quand lIrlande a été en difficulté du fait des erreurs qui avaient été commises par ces banques, lEurope a apporté une solution à la question de la crise financière en Irlande.
Et maintenant, lEurope soutient la Grèce malgré toutes les difficultés parce que la Grèce appartient à lUnion européenne, parce que la Grèce appartient à la zone euro et donc les pays européens seront solidaires de la Grèce pour éviter quelle ne connaisse à son tour le drame dune faillite financière. Voilà tout ça pour vous dire que lEurope, on peut la regarder comme un ensemble très compliqué à faire fonctionner et cest la réalité, mais on peut aussi la regarder comme une véritable réussite à la fois en termes de paix et en termes de réussite économique.
Q- Bonjour monsieur le Premier ministre. Je suis la Présidente de lassociation des professeurs de français dIndonésie, à Jakarta. Et je suis aussi enseignante de lUniversitas Jakarta. Jusquà présent la coopération dans le domaine de léducation, est en priorité plutôt scientifique. Or la France est connue comme un pays riche, en culture et en littérature. Nous aimerions savoir quand le gouvernement français donnera le privilège à la discipline des langues, de la littérature et de la civilisation française en Indonésie. Merci monsieur.
Dabord jai envie de vous répondre que cest à vous de choisir les secteurs de coopération que vous voulez privilégier avec les universités françaises.
Cest vrai que la France est un pays doté dune culture extrêmement riche, en même temps un pays dinnovation scientifique et technologique.
Je ne néglige pas le fait quici en Indonésie les sciences humaines et sociales représentent près dun tiers des étudiants indonésiens qui sont venus en France en 2010.
Pour les étudiants de Universitas Indonesia par exemple, on me dit quil est possible de bénéficier des accords universitaires qui ont été établis en économie avec les universités françaises de Rennes 1. Il y a dailleurs je crois un double diplôme en finances publiques qui a été mis en uvre depuis 2009, avec linstitut de ladministration des entreprises de Grenoble, avec un master de 18 mois, moitié en langue anglaise, moitié en langue française.
Il existe dautres accords universitaires qui permettent détudier en littérature avec luniversité de La Rochelle, en sciences politiques avec Sciences Pô Paris, ou encore dans le domaine du tourisme et de la gestion du patrimoine culturelle avec luniversité Paris I, et avec luniversité dAngers.
Enfin la France dispose, ici même en Indonésie, dun réseau culturel de quatre centres, Jakarta, Bandung, Yogyarkarta et Surabaya, et de deux alliances françaises à Kalimantan et à Bali qui répondent à une demande de plus de dix mille inscriptions détudiants par an.
Nous allons dailleurs fédérer tous ces établissements dans un établissement unique qui sappellera lInstitut français dIndonésie.
Mais vraiment les universités françaises sont totalement ouvertes aux demandes de coopération et daccord qui émaneraient des universités indonésiennes.
Et comme je vous lai indiqué il y a un instant, désormais, les universités françaises sont totalement libres de passer les partenariats quelles souhaitent avec les universités du monde entier.
Cest une grande réforme que nos avons porté avec le Président de la République, et avec le gouvernement que jai lhonneur de conduire. Et cest une réforme qui est en soi une réponse à votre question puisque désormais cest votre liberté, cest votre initiative, de passer les accords que vous voulez avec les universités françaises que vous choisissez.
Q- Bonjour monsieur le Premier ministre. Je suis étudiant, et je vais continuer mes études en France grâce à une bourse du ministère de lEducation nationale de la République indonésienne. Jai une question à vous poser sur la loi des 35 heures dont vous êtes lun des acteurs principal, si je ne me trompe pas. Jaimerais savoir la situation actuelle du monde du travail en France concernant lapplication de la loi des 35 heures. Merci.
Dabord, je voudrais rectifier tout de suite votre information. Je ne suis pas le créateur de la loi sur les 35 heures. Je fais même partie de ceux qui depuis quelques années essayent den limiter les effets, et les dégâts.
Il y a quelques années, en France, une idée assez générale courait, pour faire face au chômage, qui est assez important dans les économies européennes, et en particulier dans léconomie française : il fallait partager le travail.
Au fond, beaucoup déconomistes, beaucoup dhommes politiques raisonnaient comme si la capacité de production de notre pays était figée une fois pour toute, et pour permettre à tout le monde de trouver un travail, dans un cadre qui était figé, il fallait diviser le travail, diviser les horaires de travail, partager le travail.
Et cette idée a eu deux applications.
La première a été la réduction à 35 heures du temps de travail hebdomadaire à partir des années 2000, et lautre conséquence, qui est plus ancienne, consistait à mettre en retraite de plus en plus tôt des travailleurs lorsquil y avait une difficulté sociale dans une entreprise.
Au fond, quand une entreprise était en difficulté, un des moyens de réduire ses dépenses, de réduire ses effectifs, consistait à faire partir à la retraite des hommes et des femmes qui avaient 50, 51, 52, 53, 55 ans.
Cela a été une grave erreur.
Cela a été une grave erreur pour léconomie française, parce que ça a contribué à affaiblir la compétitivité de léconomie française par rapport aux autres économies européennes. Et deuxièmement cela a consisté à priver léconomie française de personnes qualifiées, notamment les salariés de plus de 50 ans, qui connaissaient des métiers, qui avaient un savoir-faire, qui avaient une expérience, et qui se sont retrouvés en retraite, privant leurs entreprises et privant notre économie de cette expérience.
Nous avons décidé de rompre radicalement avec cette stratégie depuis plusieurs années.
Nous lavons fait dabord en permettant aux salariés qui veulent faire plus de 35 heures, cest-à-dire qui font des heures supplémentaires, de ne pas payer dimpôts et de charges, sur ces heures supplémentaires. Nous avons défiscalisé les heures supplémentaires pour inciter les entreprises et inciter les salariés à faire plus dheures supplémentaires. Ca a été un vrai succès, puisquil y a aujourdhui un volume dheures supplémentaires très important dans notre pays.
Et puis deuxièmement, nous avons mis en place une plus grande liberté de négociation dans les entreprises, sur le temps de travail.
Désormais les salariés, les organisations syndicales et les patrons dans les entreprises peuvent débattre librement et conclure des accords pour fixer le niveau du temps de travail.
Le résultat de tout cela, cest quaujourdhui le temps de travail réel en France, le temps de travail effectif est autour de 39 heures.
Il nest donc pas de 35 heures comme la loi la prévue à lorigine.
On va continuer à assouplir ces dispositifs avec un objectif qui est de donner la plus grande liberté possible aux salariés et aux entrepreneurs pour adapter le temps de travail à lactivité économique et aux besoins de chacun.
Et avec un deuxième objectif qui est de nous rapprocher toujours de notre voisin allemand. Les Allemands dont léconomie était moins compétitive que léconomie française il y a une quinzaine dannées, sont passés devant nous notamment parce que nous nous avons suivi cette voie erronée des 35 heures alors que eux-mêmes, pendant cette même période faisaient des efforts pour contenir laugmentation des salaires, pour augmenter un petit peu le temps de travail, pour améliorer leur compétitivité.
Aujourdhui il y a un impératif pour tous les pays européens, et en particulier pour la France : cet impératif, cest dans la zone euro, puisque nous avons la même monnaie, davoir les mêmes règles en matière de durée de travail, en matière dâge de retraite, et progressivement en matière de fiscalité.
Et cest tout leffort que nous devrons faire pendant les prochaines années.
Cest dailleurs dans cet esprit que le président de la République française se bat avec beaucoup dénergie pour que lon mette en place un gouvernement économique de la zone euro. Et le gouvernement économique de la zone euro, il aura notamment pour objectif de pousser à une harmonisation des conditions de travail, des conditions sociales, des conditions fiscales à lintérieur de cette zone euro.
Donc voyez, les 35 heures, cétait une mauvaise idée. Ce nest plus une réalité aujourdhui dans léconomie française. Ca ne veut pas dire naturellement quon ne doive pas chercher à limiter le temps de travail. Les progrès de lhumanité ont été vers une limitation du temps de travail, mais simplement il faut que cette limitation du temps de travail elle soit compatible avec la compétition économique et en particulier avec la compétition économique en Europe.
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011