Déclaration de M. Jean Leonetti, ministre des affaires européennes, sur les convergences de vue entre la France et l'Allemagne concernant les questions européennes, à Berlin le 6 juillet 2011.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe avec M. Werner Hoyer, ministre allemand délégué aux affaires européennes, à Berlin le 6 juillet 2011

Texte intégral

Immédiatement après avoir été nommé et être passé au Parlement européen, représentant les peuples d’Europe, j’ai voulu faire mon premier déplacement à Berlin. Cela pour dire d’abord que je m’inscris évidemment dans la continuité de mon prédécesseur. J’ai entre autres l’inconvénient par rapport à lui de ne pas pratiquer l’allemand parfaitement, et vous voudrez bien m’excuser de m’exprimer uniquement en français. Mais je me suis promis d’atteindre en allemand au moins le même niveau que Werner a en français, ce qui est un travail que je vais commencer dès maintenant.
Deuxième élément, comme tu viens de le dire, nos échanges ont été francs, clairs, amicaux. Et en peu de temps, je confirme ce que l’on m’avait dit, c’est que nous avions une identité de vues. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur tous les points. Cela veut dire que, de toute façon, nous allons aboutir à un consensus. Bien sûr, ce n’est pas la France et l’Allemagne qui guident l’Europe. Mais sans l’accord de la France et de l’Allemagne, l’Europe est en difficulté. En même temps, lorsque la France et l’Allemagne sont totalement en accord, le reste de l’Europe dit : «ils nous imposent un Diktat». Et lorsqu’entre la France et l’Allemagne, il y a une différence de points de vue sur un sujet particulier, on annonce immédiatement que le divorce franco-allemand arrive.
Je sais que la chancelière Merkel, que le président Sarkozy, ont la même volonté que nous devons décliner aujourd’hui ici et sur le terrain. Je sais aussi que nous sommes dans une période difficile pour l’Europe et pour le monde. Et dans cette période de crise, la tentation - l’égoïsme, le repli sur soi - est d’essayer de trouver de manière nationale des solutions qui n’ont, finalement, de possibilité qu’internationale et européenne.
Je suis très heureux aussi que nous ayons affirmé ensemble, dans notre entretien, que, plus encore que l’unité sur le plan monétaire, la défense de notre monnaie, le projet financier, l’organisation de l’élargissement avec la formidable réussite de la France et de l’Allemagne dans l’accueil prochain de la Croatie, il y a un retour aux fondamentaux qui sont nos valeurs communes. Les peuples qui n’arrivent pas à dégager un espoir et la confiance en l’avenir sont des peuples qui sont en déclin. L’Europe est notre avenir. Plus d’Europe, c’est plus de France, plus d’Europe, c’est plus d’Allemagne. Plus d’Europe, c’est plus de bonheur pour les peuples, c’est plus de liberté, c’est réaffirmer notre modèle démocratique, et réaffirmer les valeurs fondamentales qui ont fait qu’à un moment donné, la France et l’Allemagne ont choisi de se réconcilier, de devenir des partenaires, des amis, de se faire confiance, et de le faire avec la loyale lucidité de nos différences, pour faire en sorte que nous aboutissions à une volonté, à une efficacité communes.
C’est la raison pour laquelle je ne suis pas déçu. Je savais que j’allais rencontrer un homme de conviction et qui incarne la volonté commune de faire progresser les choses. Nous allons nous revoir, fréquemment ; nous allons nous téléphoner, quotidiennement. Et j’espère que cette continuité sera bien marquée et que la présence d’un nouveau ministre des Affaires européennes français passera totalement inaperçue, c’est-à-dire que les choses continueront à aller comme avant, avec la même volonté commune d’efficacité et de respect mutuel.
Q - Les agences de notation ont commencé à condamner le plan d’aide français à la Grèce. La France ne s’est pas encore exprimée sur le sujet des agences de notation. Quelle est la position française ?
R - Sur le plan de la fiscalité et de l’économie, la visite du ministre Baroin, dans les heures qui viennent, va nous permettre d’avoir le contrepoint de cette nouvelle qui vient d’une agence de notation. Autant on peut la considérer comme un élément à prendre en considération dans le dossier, autant ce ne sont pas les agences de notation qui décident de la façon dont on aide la Grèce. Aider la Grèce, c’est aider l’euro. Le problème de la Grèce, ce n’est pas un problème de l’euro, c’est le problème de la dette de la Grèce. L’action qui est mise en place aujourd’hui est une action à la fois extrêmement volontariste et extrêmement surveillée. Et je m’étonne que l’agence de notation ait une critique aussi sévère sur un plan qui est assez organisé, vigilant, et qui vise justement à aider à la fois la Grèce et notre monnaie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juillet 2011