Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, en réponse à une question d'actualité sur le retrait des forces françaises d'Afghanistan, Assemblée nationale, 21 juin 2011.

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Circonstance : Réponse d'Alain Juppé à une question d'actualité à l'Assemblée nationale à Paris le 21 juin 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,

Vous posez une question grave et je souhaiterais que nous l'abordions dans un esprit d'union, autant que faire se peut. C'est ce que vous avez fait, je n'ai pas dit le contraire.
Je voudrais tout d'abord rendre hommage aux soldats français qui sont morts en opération en Afghanistan, je salue leur courage je partage la souffrance de leur famille. J'ai eu hélas l'occasion de devoir expliquer à plusieurs d'entre elles pourquoi nous étions là-bas.

Je n'y reviendrais pas, vous le savez très bien Monsieur le Député, je voudrais simplement revenir sur notre stratégie qui repose sur deux piliers. D'abord, une montée en puissance des forces afghanes pour qu'elles soient en mesure d'assurer la sécurité de leur pays et donc, de permettre un retrait progressif et ordonné des troupes françaises. Deuxièmement, une solution politique qui permette la réconciliation nationale en Afghanistan. Cette stratégie commence à donner des résultats. Le transfert de responsabilités a déjà commencé dans trois provinces. Sur deux zones que nous avons sous notre responsabilité, au moins une d'entre elle - la Surobie - devrait pouvoir être transférée aux autorités afghanes cette année.

Nous pensons par ailleurs que les conditions se mettent progressivement en place pour un processus de réconciliation inter-afghan, la mort de Ben Laden pourrait inciter les Taliban à couper les liens avec le terrorisme international. C'est la décision prise par les Nation unies de distinguer les Taliban afghans des terroristes d'Al-Qaïda.

Certes, il y a encore des difficultés, je ne les énumérerai pas compte tenu du temps qui passe. Certaines zones ne sont pas encore entièrement sécurisées.

C'est face à cette situation, avec les succès remportés dans la mise en œuvre d'une stratégie courageuse et cohérente que nous étudions les options de l'évolution de notre dispositif militaire. Vous avez commencé par dire qu'il faut partir maintenant, vous avez ensuite dit : «il faut commencer à partir», c'est une grande différence. Nous allons continuer à travailler avec nos alliés américains pour que la coalition adapte sa stratégie aux réalités nouvelles.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 2011