Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur le rôle des conjoints de diplomates et sur les contraintes familiales qu'implique la vie à l'étranger, Paris le 28 août 1997.

Je vous souhaite à tous la bienvenue.

Vous êtes ici, les ambassadeurs ou certains qui ne le sont pas en ce moment, mais qui l'ont été, qui vont le redevenir, qui le seront, avec vos conjoints. C'est ce qui donne ce caractère si sympathique à cette réception.

Nous avons peu d'occasion comme celle-ci. Je crois que c'est la seule occasion dans l'année. Moi-même je n'ai jamais été ambassadeur, et je n'ai pas vécu en poste, vous le savez bien, mais je connais cette vie un peu comme si je l'avais vécue. Je ne suis pas complètement ignorant du sujet. Je voudrais vous dire que nous sommes tous dans cette maison parfaitement conscient du travail formidable qui est fait par les conjoints, - je dis les "conjoints" pour être irréprochable - parce qu'il y a quand même quelques femmes ambassadeurs, un petit nombre, un trop petit nombre. C'est un travail formidable, c'est un vrai métier, qui - je sais - n'est pas reconnu comme tel, avec tout ce que cela entraîne malheureusement. Mais dans tous les postes où le mari ou la femme de l'ambassadeur prend cela à coeur, on le sait très bien ici, cela donne un supplément d'efficacité, cela accélère l'insertion dans le pays, cela crée des relations qui ne sont comparables avec aucunes autres.

Même si tout cela reste des paroles sympathiques, s'il n'y a pas de traduction très concrète, je voudrais au moins que vous l'entendiez de ma bouche aujourd'hui : nous sommes très reconnaissants à tous ceux qui mènent cette vie, qui, pour ceux qui ne la connaissent pas, apparaît comme une vie facile.
Certains croient même que c'est une vie fastueuse. Tous ceux qui la connaissent savent ce que représente le changement de pays, de climat, d'amis, de collaborateurs, d'école, le problème des enfants. Ce sont vraiment des astreintes extrêmement lourdes, et je crois que c'est compliqué de faire face à toute une série de problèmes familiaux dans ces conditions. C'est donc vraiment avec beaucoup de mérite que tant de couples - car c'est un travail de couple - y arrivent et le font aussi bien. Alors, je leur dis tout simplement mon estime et ma reconnaissance pour la part qu'il prennent ensemble, sous cette forme, à l'influence de la France et à l'action de notre pays.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)