Texte intégral
RAPHAËLLE DUCHEMIN Bonjour Chantal Jouanno. Merci dêtre venue en direct ce matin, dans le studio de FRANCE INFO. Nous allons parler cyclisme avec le Tour de France qui début dans une semaine ; rugby avec la délicate situation du Stade français. Mais dabord football, avec les droits de diffusion télé qui ont été attribués, donc hier, par la Ligue de football professionnel. CANAL+ reste le partenaire de la Ligue 1 avec donc une nouvelle venue dans le paysage : la chaîne du Qatar, AL JAZEERA, qui va créer dans les mois qui viennent une chaîne francophone 100 % sport, dont les modalités de diffusion restent encore à définir. AL JAZEERA SPORT diffusera les rencontres du vendredi soir et du dimanche en début daprès-midi. En tant que ministre des Sports, vous réjouissez-vous de larrivée de la chaîne AL JAZEERA dans le monde du foot français ?
CHANTAL JOUANNO Alors, vous avez raison de rappeler quelle na, entre guillemets, quun petit lot, puisque cest 90 millions deuros sur 510. Donc, cest pas la grosse partie. CANAL+ reste le partenaire principal. Ce qui pose question, entre guillemets, cest le modèle économique du football dans ce débat. On voit bien que la difficulté de la Ligue 1 cétait de trouver absolument de largent, et beaucoup dargent, et que cest pour ça quils se réjouissent effectivement quil y ait des nouveaux partenaires. Donc, ça, cest la première difficulté : pourquoi est-ce que le football na pas réussi à capitaliser, à créer des actifs et est toujours aussi déficitaire ? Et la deuxième difficulté, bien évidemment, cest, bon, pour lavenir comment est-ce quon va réussir à redresser la situation du football ? Et vous savez, on a un problème en France qui est très simple, par rapport aux autres pays, cest que notre football professionnel est financé principalement par les droits télévisuels, et dautre part
RAPHAËLLE DUCHEMIN doù la nécessité de trouver beaucoup dargent.
CHANTAL JOUANNO Voilà, beaucoup dargent puisquils étaient à 680 millions deuros annuels. Et dautre part, par la vente des joueurs. Ce qui est moralement toujours un peu choquant. Alors que dans les autres pays, la part des recettes qui sont liées à la possession des stades, ce quon appelle la billetterie, les recettes que lon peut tirer quand on vent des paquets commerciaux, entre guillemets, est beaucoup plus importantes. Cest beaucoup plus équilibré. Donc, nous, on a un modèle extrêmement fragile. Ce qui fait quà chaque renouvellement, ils sont un peu aux abois. Et cest la raison pour laquelle moi je leur dis, bon, très bien, nous on a vous aider, on va vous aider à financer des nouveaux stades, qui soient des stades plus confortables, qui vont permettre daccueillir plus de public, mais en échange changez votre modèle économique, arrêtez dans la course aux salaires, comme dailleurs à léchelle européenne, cest un sujet de comportement à léchelle européenne, mais investissez dans lavenir. Et puis, lautre sujet, bien évidemment, cest une situation quasi monopolistique de CANAL+ dans ce débat. Invités du Vendredi 24 juin 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 21
RAPHAËLLE DUCHEMIN Les matchs vont être du coup étalés un petit peu sur la fin de la semaine. On va avoir vendredi, samedi, dimanche en début daprès-midi, dimanche soir. Est-ce que vous navez pas peur que
CHANTAL JOUANNO quon sature !
RAPHAËLLE DUCHEMIN Voilà, quon sature de football et que ça nuise aux autres sports, parce que finalement il va y avoir du football tout le temps.
CHANTAL JOUANNO Oui, alors en tant que ministre des Sports, moi, mon objectif cest effectivement dinciter tous les Français à pratiquer tous les sports. Je veux dire, tout le monde peut avoir des choix très différents. Donc, on est en train de travailler avec FRANCE TELEVISIONS, qui est la chaîne de service public, pour justement lui donner des indicateurs beaucoup plus précis de présentation de la plus grande diversité des sports. Et pas seulement de la plus grande diversité des sports, mais aussi de la plus grande diversité des pratiquants et des pratiquantes, jinsiste sur ce point.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Oui, parce quon parle effectivement beaucoup de foot masculin, beaucoup moins du foot féminin, et cest pareil pour tous les autres sports. Donc, FRANCE TELEVISIONS aurait la possibilité de diffuser plus dautres sports. Ben, tant mieux ! Et puis, il y a aussi les amateurs de rugby.
CHANTAL JOUANNO Absolument.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Et là, rien ne va plus pour le Stade français. Le club parisien est au bord de la faillite, dix millions deuros à trouver dici lundi. Ca ne va pas être facile. Le Stade français pourrait passer du Top 14 en 3e division. Vous avez reçu, hier, Max GUAZZINI et Bernard LAPORTE, les dirigeants du Stade, qui ont visiblement été victimes dune escroquerie. Que leur avez-vous dit ?
CHANTAL JOUANNO Déjà, on a fait le point sur leur situation. Alors, effectivement, ils sont dans une situation totalement improbable. Je veux dire, une escroquerie de cette ampleur sur un club de cette ampleur, cétait totalement
RAPHAËLLE DUCHEMIN il ny a pas eu un défaut à un moment ou à un autre de surveillance, de vigilance ?
CHANTAL JOUANNO Ce ne sont pas des oiseaux nés de la dernière pluie, donc ils ont quand même une certaine expérience dans le domaine des affaires. Donc, ils se trouvent dans une situation vraiment exceptionnelle et totalement délicate. Cest la raison pour laquelle, moi, jai voulu les recevoir. On a évoqué effectivement leurs pistes pour lavenir. Nous, on est facilitateurs puisque lEtat, vous savez, ne peut pas financièrement investir évidemment dans des clubs, heureusement parce que les clubs de foot sont très déficitaires, et certains de rugby aussi. Donc, notre rôle cest dêtre facilitateur et de voir éventuellement si il y avait des possibilités que la décision de lorgane de contrôle de gestion, la DNACG, que vous évoquiez tout à lheure, puisse être reportée. La DNACG est complètement indépendante et souveraine. Donc, ça nest quen opportunité quelle appréciera. Mais pour autan, on va, nous, les aider en tant que facilitateurs, sans pouvoir dire cest lEtat qui va sauver le Stade français. Mais le Stade est tellement mythique, tellement mythique ! Et puis, Max GUAZZINI en a fait aussi un telle fête, cest la fête du rugby, il a redonné une âme au rugby au Stade français, il a été un des plus grands porteurs de la lutte contre les discriminations, donc cest aussi pour ça quil faut laider.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Le Tour de France, à présent, débute le week-end prochain. Vous avez pu entendre à 7 h15 « Le plus de France Info » sur la difficulté de lutter contre les réseaux mondiaux de produits dopants. La fin des années 90 a été marquée par laffaire Festina. Le dopage aujourdhui est-il toujours une réalité dans le monde du cyclisme ? Il y a quand même un coureur sur le départ, CONTADOR, qui a été soupçonné de dopage. Cest quand même un peu gênant encore.
CHANTAL JOUANNO Sur laffaire CONTADOR, cest gênant pour le sport, parce que effectivement toute lattention va être focalisée sur cette affaire alors que le Tour de France cest une vraie fête populaire. Il y a 3,5 milliards de personnes qui regardent le Tour de France. Cest lévènement annuel le plus populaire dans le domaine sportif. Donc, cest dommage pour le Tour de France qui doit être une fête populaire, et pas effectivement une course à largent et une course donc aux produits dopants. Ca, cest le premier point, et jaurais préféré que la situation de CONTADOR soit clarifiée, comme cétait initialement prévu, avant le Tour de France.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il a ensuite été blanchi par la Fédération espagnole de cyclisme.
CHANTAL JOUANNO Voilà. Sagissant du dopage, on le trouve malheureusement dans tous les sports. On le trouve malheureusement pas seulement dans le sport de haut niveau, pas seulement dans le sport élite, mais aussi chez les amateurs. On a aujourdhui un dispositif de répression qui est assez complet, avec une agence qui est indépendante, avec un office centrale qui rassemble police, gendarmerie, droite douane, pardon, qui est très efficace. Aujourdhui, on agit beaucoup sur la prévention en obligeant notamment les fédérations et les clubs à avoir des plans de prévention. Et moi, jai adopté un principe très simple, cest que ils ne bénéficient pas dargent public, ou en tout cas on réduit leurs subventions si ils nont pas un plan de prévention. Parce que les affaires ont montré que les parents pouvaient être impliqués, que les médecins de famille pouvaient être impliqués, et si on ne leur montre pas les désastres que ça fait sur la santé à moyen terme et à long terme, évidemment on continuera dans cette voie.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Vous parliez de droite à linstant, un lapsus, on va donc parler politique.
CHANTAL JOUANNO Cétait un lapsus, oui !
RAPHAËLLE DUCHEMIN Vous venez de vous installer avec votre famille dans le 12e arrondissement de Paris et vous avez été investie pour mener les sénatoriales à Paris. Le vote aura lieu en septembre. La bataille a donc commencé pour une municipale de 2014 ?
CHANTAL JOUANNO Non, attendez, chaque étape en son temps ! Moi, je poursuis mon investissement sur Paris, à la suite des régionales puisqueffectivement pendant les régionales jétais déjà tête de liste, et jai adoré cette campagne parce que les régionales vous faites une vraie campagne de terrain. Jai fait une centaine de déplacements à rencontrer toutes les Parisiennes et les Parisiens, donc cest extrêmement intéressant de voir comment est-ce quon peut être utile. Cest ça la politique, en réalité. Donc, les sénatoriales cest la poursuite. Après, les municipales cest encore une autre étape. Moi, mon, objectif aujourdhui en tant que tête de liste, cest lunité et dappeler les uns et les autres à la responsabilité. Si vous croyez un petit peu à la droite et à ses valeurs, vous navez pas le droit dêtre dissident.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais vous avez envie dêtre candidate en 2014, parce quil y a visiblement plusieurs candidats à droite ?
CHANTAL JOUANNO Oui, ça se bouscule !
RAPHAËLLE DUCHEMIN Rachida DATI, François FILLON.
CHANTAL JOUANNO Moi, je suis candidate pour la suite pour une implantation dans un arrondissement, pas pour être maire de Paris, parce que ma conviction cest que pour être maire de Paris il faut une grande expérience de la politique, il faut avoir une dimension dhomme ou de femme dEtat nationale, qui dépasse un peu les frontières de Paris. Cest pas encore mon profil. Peut-être quun jour je laurai, mais en tout cas aujourdhui cest pas encore mon profil. Et puis, jai dautres valeurs qui sont les valeurs de ma famille, et qui sont en tout cas encore pour quelques années ma première priorité.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 5 juillet 2011