Texte intégral
L'égalité entre les femmes et les hommes, vous le savez, est l'un des combats qui ont fondé mon engagement politique et qui continue de m'animer.
Aujourd'hui en tant que ministre des solidarités et de la cohésion sociale, j'ai l'honneur de porter au sein de mon portefeuille les politiques publiques relatives notamment à l'égalité professionnelle, à la famille, au handicap et à la dépendance.
C'est ce large périmètre d'intervention qui me permet aujourd'hui d'organiser cette conférence sur le partage des responsabilités professionnelles et familiales.
Je crois résolument à la nécessité de travailler en profondeur et de manière déterminée pour que l'égalité, prônée dans notre devise nationale, s'inscrive pleinement dans les réalités vécues par les femmes et les hommes.
C'est pourquoi j'ai souhaité aujourd'hui qu'il soit question, bien sûr, d'égalité des droits, mais qu'il soit question, aussi, d'égalité des devoirs entre les femmes et les hommes.
Je profite de l'occasion pour répondre à celles et ceux qui appellent de leurs vœux la création d'un ministère dédié uniquement aux droits des femmes.
Je souhaite leur dire, très simplement, qu'un ministère ayant pour mission de piloter des plans d'action interministériels doit pouvoir disposer de champs d'actions et de ressources propres.
Sinon, il se condamne à n'avoir de poids que symbolique.
C'est cette méthode qui nous a permis d'élaborer et de mettre en œuvre le troisième plan de lutte contre les violences faites aux femmes.
C'est aussi comme cela que nous réussirons, demain, à construire le plan d'accompagnement pour l'égalité professionnelle.
C'est pourquoi je tiens à remercier tout particulièrement mes collègues du Gouvernement : Luc CHATEL et Xavier BERTRAND.
Leur engagement en faveur de cette conférence témoigne, à travers eux, de l'importance que le Gouvernement tout entier accorde aux enjeux dont nous allons débattre au cours de cette journée.
* La dernière conférence qui s'est tenue sur le thème de l'égalité professionnelle, en novembre 2007, a fait ses preuves.
Au-delà d'une prise de conscience collective, elle a permis d'engranger des avancées significatives, directement inspirées des travaux de la conférence :
Je pense tout d'abord à certaines dispositions de la loi portant réforme des retraites.
A partir du 1er janvier prochain, chaque entreprise de plus de 50 salariés devra adopter un plan d'action ou un accord relatif à l'égalité professionnelle.
Pour la première fois, des sanctions sont prévues à l'encontre de celles qui ne se conformeraient pas à la loi.
Je pense aussi à la récente loi du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et de surveillance et à l'égalité professionnelle.
Cette loi, proposée par la Marie-Joe ZIMMERMANN, et Jean-François COPE va nous permettre de nous attaquer très concrètement au plafond de verre. Elle permet de favoriser de manière efficace l'égal accès aux hautes responsabilités des femmes et des hommes.
Je voudrai également citer le recentrage du crédit d'impôt famille sur la participation aux frais de mise en place de crèches d'entreprise ou crèches interentreprises.
Il s'agit d'un effort conséquent de la collectivité puisque le taux de crédit d'impôt pour ce type de dépenses a été doublé, passant de 25 à 50%.
Ces mesures, même si elles ne sont pas les seules, sont emblématiques de la détermination de ce Gouvernement à faire bouger les lignes.
Aujourd'hui, j'ai souhaité poser la question de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en des termes nouveaux.
Jusqu'à présent, nous avons traité le domaine de d'égalité professionnelle sous l'angle de la mixité des emplois, de la lutte contre les discriminations ou de l'accès des femmes aux hautes responsabilités.
Il s'agit de thématiques cruciales et qui restent naturellement importantes.
Mais, il ressort de plus en plus clairement de l'ensemble des analyses ou des rapports, publiés aux niveaux européens et internationaux, que le partage des responsabilités professionnelles est conditionné par le partage des responsabilités familiales.
Avec la question du partage des responsabilités familiales et professionnelles, j'ai le sentiment qu'une question centrale nous est posée aujourd'hui.
Pour y répondre, cette journée associe l'ensemble des acteurs concernés : organisations représentatives des salariés et des entreprises, responsables associatifs, chercheur-e-s, entreprises, administrations, personnalités qualifiées, élu-e-s et représentants des administrations.
Ces tables rondes ont pour objectif de favoriser une large réflexion autour de ce sujet majeur de société, qui est au c'ur de la problématique de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Pour construire notre réflexion collective, j'ai souhaité articuler cette journée autour de trois thèmes centraux :
Le premier thème aborde les stéréotypes de genre.
L'égalité entre les femmes et les hommes, largement acquise en droit, peine à se traduire dans les faits.
Cette situation puise ses racines essentiellement dans des représentations stéréotypées du rôle des femmes et des hommes dans la société.
La lutte contre ces stéréotypes doit donc inspirer les politiques publiques d'égalité entre les femmes et les hommes.
Il s'agit de s'attaquer aux préjugés attachés tant aux représentations du féminin qu'aux représentations du masculin.
Cela suppose une éducation dénuée de stéréotypes de genre et cela dès le plus jeune âge.
Cela suppose également une prévention à l'encontre des stéréotypes dans le monde du travail tant en ce qui concerne les compétences professionnelles que les rôles supposés de chaque parent.
Je suis donc très heureuse de la présence de Luc CHATEL en ouverture de ce débat.
Le deuxième thème de cette journée porte sur l'organisation du travail.
Il s'agit plus précisément d'en évaluer l'impact sur le partage des responsabilités familiales et professionnelles.
On le voit bien : certains modes d'organisation au travail peuvent à la fois faciliter ou être une entrave à l'égalité professionnelle.
Songeons, par exemple au recours au temps partiel ou au télétravail.
J'attends beaucoup de vos réflexions sur ce sujet pour identifier quelles sont les bonnes pratiques ou nous donner les moyens d'en prévenir les effets pervers.
Enfin, le troisième thème de cette journée sera consacré aux congés familiaux.
Nos réflexions devront nous conduire à créer des conditions plus favorables à l'exercice de la parentalité des femmes et des hommes, sans préjudice de leur carrière professionnelle.
Plusieurs pistes sont sur la table, notamment celles proposées par le rapport de l'IGAS élaboré par madame Brigitte GRESY. Je souhaite que nous en débattions de manière approfondi.
Je constate simplement que les sondages et les études nous indiquent que des attentes fortes existent, notamment du côté des hommes et que nous devons y répondre.
Avant de vous laisser la parole, permettez moi d'insister sur trois éléments qui pourront, je l'espère, inspirer vos présentations et vos réflexion. 1) Premier élément : le débat en cours sur la dépendance.
Les réflexions qui seront menées aujourd'hui doivent dépasser la seule question de la place des pères et des mères pour couvrir tout le champ des responsabilités familiales.
Les femmes constituent l'écrasante majorité des intervenants professionnels auprès des personnes âgées dépendantes, et des personnes en situation de handicap, à domicile et en établissement.
L'un des enjeux de la réforme consistera à revaloriser ces métiers pour assurer une meilleure qualité de prise en charge mais aussi une plus grande mixité des professionnels.
Mais la réforme devra également nous conduire au développement de structures d'accueil temporaire (accueil de jour et hébergement temporaire), afin de permettre aux aidants, qui sont, dans la très grande majorité des cas des aidantes, de se ressourcer.
2) Le deuxième élément sur lequel j'attire votre attention porte sur l'utilisation extrêmement nuancée qu'il convient d'avoir sur ce que l'on appelle, le phénomène d' « autocensure féminine ».
On qualifie, souvent à tort comme du manque d'ambition ou de courage, les choix d'orientation et de carrière de certaines femmes.
Ne faudrait-il pas plutôt voir dans ces comportements une forme de réaction de protection face aux discriminations encore trop fortes auxquelles ces femmes pourraient être confrontées '
3) Enfin, concernant la fameuse question des « compétences féminines » ou de la plus-value féminine pour les entreprises, permettez moi de vous livrer mon sentiment personnel.
Je suis convaincue que la mixité des individus contribue au bon fonctionnement d'une organisation quelle qu'elle soit.
Toutefois, j'estime qu'il n'y a fondamentalement aucune compétence qui soit masculine ou féminine par nature.
J'estime au contraire qu'il est de ma responsabilité de femme politique de garantir à chacun un libre accès à l'ensemble des métiers, uniquement en fonction des compétences acquises, et non de supposées prédispositions.
Mesdames, messieurs, vous l'avez compris, les enjeux du partage des responsabilités professionnelles et familiales sont à la fois politiques, sociétaux et économique.
Vos contributions sont essentielles pour guider l'action ambitieuse des pouvoir publics en la matière. L'égalité entre les femmes et les hommes ne se décrète pas, elle se consolide chaque jour, au service de la cohésion sociale de notre pays.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 30 juin 2011