Texte intégral
Q - La France avait lobjectif officieux darriver à un résultat militaire probant face à Kadhafi pour le 14 juillet. Où en est le plan de marche des alliés en Libye ?
R - Le mandat de la résolution 1973 de lONU est strict: protéger les populations civiles. Cela impliquait de mettre fin à toute agression à partir du ciel. Le résultat est atteint pour la Cyrénaïque, la zone de Misrata et le Djebel Nefoussa, cest-à-dire les trois régions où des oppositions clairement affirmées ont été confrontées à lusage de la force par Kadhafi. À partir de là, le plan de marche est de permettre aux Libyens de trouver eux-mêmes leur nouvelle charte politique. De ce point de vue, la progression est constante: nous sommes passés dune opposition spontanée, désorganisée et assez largement éclatée, à un Conseil national de transition (CNT) qui est une autorité de fédération désormais reconnue par plus dune vingtaine de pays.
Du côté de Kadhafi, on observe deux mouvements: le délitement en «pelure doignon» de son pouvoir, et un discours qui entérine le fait que le changement est inéluctable. Le calendrier peut saccélérer à tout moment, mais ce nest pas un impératif absolu pour les alliés. Senfermer dans un calendrier, ce serait une façon de renforcer Kadhafi. La France est favorable à une solution politique en Libye, mais toute solution passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique. Il ny a aucune ambiguïté à ce sujet.
Q - Cette guerre coûte environ un million deuros par jour: combien de temps cela peut-il durer avant que lopinion ne se lasse et que larmée ne se trouve à bout de moyens ?
R - À bout de moyens, non. Cest une affaire qui est maîtrisée, tout à fait à la portée des armées de la coalition et de leurs partenaires industriels.
En revanche, il faut expliquer quau bord de la Méditerranée, «mer commune» des Européens, ne pas être en mesure de protéger des populations en proposant un État de droit, ce serait renoncer définitivement à être une puissance politique dans notre espace naturel de proximité.
Il faut rapporter cet enjeu à un effort financier qui nest pas négligeable, certes, mais qui commande la crédibilité de 450 millions dEuropéens. Nous, Français, sommes en première ligne dans cette affaire. Au fond, la Libye, cest une épreuve de vérité pour la détermination des Européens à construire un espace de paix dans leur environnement immédiat. Ce serait un signal extrêmement dangereux de laisser croire que la force peut être utilisée sans limites en face de lEurope sans que celle-ci réagisse.
Q - La France a parachuté des armes aux rebelles libyens : comment sest faite cette opération ?
R - Des populations qui étaient totalement isolées en Libye, dans le Djebel Nefoussa, ont tiré un signal dalarme. Dans le Djebel Nefoussa, seuls les Français étaient en mesure dassurer un transport aérien. Nous avons pris la décision de le faire, en informant nos partenaires et dans le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Pour vous, le débat sur la légalité de cette initiative est donc clos ?
R - Oui, absolument. Nous considérons que cette action de protection de la population du Djebel Nefoussa, qui nest plus nécessaire aujourdhui, est conforme à la résolution 1973. On peut toujours gloser au plan juridique, mais quaurait pensé lopinion européenne si des gens qui se sont libérés par eux-mêmes, et qui ont été encouragés à affirmer leur liberté, avaient été abandonnés ? Je crois quelle aurait été sévère, à juste titre. Un Srebrenica de plus aurait été de trop.
Q - Ce type de parachutages pourrait-il se renouveler dans lavenir ?
R - Non. Ces livraisons ont répondu à une urgence qui nest plus dactualité.
Q - À votre connaissance, Kadhafi cherche-t-il lui aussi à se faire livrer des armes, malgré lembargo ?
R - Je nimagine pas quil ne cherche pas à sen procurer, et je nimagine pas que des négociants ne cherchent pas à lui en fournir
Q - La Libye a posé la question en France du porte-avions unique: en faut-il un second ?
R - La Libye a montré que cest bien den avoir un, et quil marche. Cest encore mieux den avoir deux, mais ce nest pas une condition sine qua non. On peut intervenir depuis la Crête ou lItalie. La question du second porte-avions sera débattue lors de lactualisation du livre blanc sur la défense, en 2012.
Q - Quelles leçons tirez-vous de la coopération franco-britannique en Libye ?
R - Il y a une compréhension politique spontanée entre les Britanniques et les Français sur la nécessité de prendre ses responsabilités face aux désordres du monde. Il y a aussi des comparaisons très instructives sur les matériels dont nous disposons - même sil est trop tôt pour un retour dexpérience complet. Les Britanniques peuvent considérer que les Français sont des alliés sûrs, dont le matériel permet dintervenir dans des conditions defficacité totale. La réciproque est vraie, même sil y a des choix différents que nous sommes contents davoir faits. Par exemple celui dun avion polyvalent comme le Rafale, qui peut enchaîner reconnaissance, combat aérien et attaque au sol, sest révélé pertinent. Même chose pour le porte-hélicoptères Tonnerre, qui est un support de proximité très important.
Q - La situation en Syrie nest pas sans rappeler celle de la Libye. Alors que Paris cherche à obtenir une résolution de lONU condamnant la répression, lambassade de France a été attaquée lundi par les partisans du président Bachar el-Assad. Une intervention occidentale est-elle envisageable ou totalement exclue ?
R - La situation syrienne nest absolument pas comparable avec celle de la Libye. Dabord, il y a sur la Syrie un blocage politique à lONU, du fait de la Russie, de la Chine et dautres
Q - Cela ne nous arrange-t-il pas un peu ?
R - Ce nest pas que cela nous arrange, mais au moins le blocage est identifié. Ce que nous proposons, cest une résolution qui condamne la répression et appelle le régime syrien à respecter les aspirations de son peuple à des réformes. Le Conseil de sécurité ne peut pas rester silencieux.
Sur le terrain, dautre part, lorganisation de la contestation rend toute intervention extérieure extraordinairement compliquée. Une action aérienne en Syrie ne réglerait rien du tout. Nous ne sommes simplement pas dans le même cas de figure quen Libye.
Q - La France vient dannoncer le retrait progressif de ses troupes dAfghanistan , quelques heures seulement après les États-Unis, ce qui a donné limpression que notre calendrier était strictement calé sur celui des Américains. Est-ce une démarche assumée ?
R - Oui, totalement assumée. Nous nous sommes engagés en Afghanistan par solidarité avec les États-Unis au lendemain du 11 Septembre. Nous ne sommes pas à la tête de la coalition, et nous devons régler notre pas sur le mouvement collectif. Nous sommes entrés en Afghanistan avec cette coalition, nous partirons avec elle. À partir du moment où nous avons, dune part, une armée afghane en ordre de marche et, dautre part, un degré de sécurité suffisant dans les territoires qui nous ont été confiés, en particulier la région de Surobi, les conditions sont réunies pour passer à la phase de transition.
Q - Si toutefois les choses tournaient mal après le retrait de Surobi, pourrions-nous y revenir ?
R - LAfghanistan, je le répète, est une affaire collective. Celle-ci nest pas gérée par la France seule mais par une coalition, laquelle dépend très largement des relations entre lAfghanistan et le Pakistan. La nature des relations entre les États-Unis et le Pakistan est une des clés de la situation, comme la montré la disparition de Ben Laden. Mais cest une clé que nous ne contrôlons pas. Contrairement à la Libye, où nous sommes à la manuvre, en Afghanistan nous sommes des alliés au sein dune coalition qui, à ce jour, a un objectif: une transition totale en 2014.
Q - À propos des deux otages français, quel est le déclic qui a permis leur libération ?
R - Depuis le jour de leur prise en otage, il y a eu un suivi constant de cette affaire par les services compétents, grâce à des moyens humains significatifs, sur place et à Paris. Cela na donc pas été 547 jours dattente devant linconnu, mais 547 jours de négociations, avec alternativement des périodes de silence et despérance.
Q - Confirmez-vous le rapatriement du dispositif «Épervier» du Tchad ?
R - La France a commencé à réviser tous ses accords de coopération militaire dans le cadre du livre blanc. Nous avons deux points dappui permanents en Afrique, Djibouti et Libreville. Dakar sera un pôle pour la coopération, afin de mettre en uvre huit accords, dont cinq ont déjà été renouvelés et trois restent à négocier. Le Tchad bénéficiera, dans le cadre de ces accords, dune présence française pour former ses militaires. Mais le dispositif «Épervier» na pas vocation à être maintenu sur le long terme.
Q - En Côte dIvoire, la présence militaire française va également être réduite ?
R - Cest ce qua annoncé Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Abidjan. Lidée est de maintenir ce point dappui en état de fonctionner pour assurer la protection des ressortissants français. La situation est stabilisée et les Ivoiriens nous demandent de rester. La base de Port-Boué est techniquement très bonne, donc nous nous donnons les moyens, avec le gouvernement ivoirien, de la maintenir en état de «réversibilité demploi».
Q - Il y a eu récemment des débats et des tiraillements au sein de létat-major sur ladéquation des moyens de la France avec ses ambitions internationales. Pensez-vous que larmée doive rester la «Grande Muette» ?
R - Dabord, larmée est-elle la «Grande Muette» ? Elle sexprime, à travers son ministre et à travers les députés et sénateurs des commissions des affaires étrangères et de la défense. Ces parlementaires ont une liberté de parole que les militaires nont pas. Larmée nest pas un système autonome, cest larmée de la nation. Il y a une expression de larmée à travers lexécutif et le législatif, qui réfléchissent à sa stratégie, votent son budget et lui donnent ses moyens. Larmée nest pas propriétaire de sa mission.
En interne, les responsables et les chefs détat-major sont associés au débat stratégique. La seule chose qui leur est demandée, cest dexprimer la politique dont ils ont la charge. Sils considèrent que ce nest pas la bonne politique, il y a deux solutions. Soit ils réussissent à convaincre leur autorité dévoluer. Soit ils estiment quils ne sont pas entendus, et alors cest un choix personnel. Mais dans ce cas, le devoir de réserve doit lemporter.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2011
R - Le mandat de la résolution 1973 de lONU est strict: protéger les populations civiles. Cela impliquait de mettre fin à toute agression à partir du ciel. Le résultat est atteint pour la Cyrénaïque, la zone de Misrata et le Djebel Nefoussa, cest-à-dire les trois régions où des oppositions clairement affirmées ont été confrontées à lusage de la force par Kadhafi. À partir de là, le plan de marche est de permettre aux Libyens de trouver eux-mêmes leur nouvelle charte politique. De ce point de vue, la progression est constante: nous sommes passés dune opposition spontanée, désorganisée et assez largement éclatée, à un Conseil national de transition (CNT) qui est une autorité de fédération désormais reconnue par plus dune vingtaine de pays.
Du côté de Kadhafi, on observe deux mouvements: le délitement en «pelure doignon» de son pouvoir, et un discours qui entérine le fait que le changement est inéluctable. Le calendrier peut saccélérer à tout moment, mais ce nest pas un impératif absolu pour les alliés. Senfermer dans un calendrier, ce serait une façon de renforcer Kadhafi. La France est favorable à une solution politique en Libye, mais toute solution passe par le retrait de Kadhafi du pouvoir et son renoncement à tout rôle politique. Il ny a aucune ambiguïté à ce sujet.
Q - Cette guerre coûte environ un million deuros par jour: combien de temps cela peut-il durer avant que lopinion ne se lasse et que larmée ne se trouve à bout de moyens ?
R - À bout de moyens, non. Cest une affaire qui est maîtrisée, tout à fait à la portée des armées de la coalition et de leurs partenaires industriels.
En revanche, il faut expliquer quau bord de la Méditerranée, «mer commune» des Européens, ne pas être en mesure de protéger des populations en proposant un État de droit, ce serait renoncer définitivement à être une puissance politique dans notre espace naturel de proximité.
Il faut rapporter cet enjeu à un effort financier qui nest pas négligeable, certes, mais qui commande la crédibilité de 450 millions dEuropéens. Nous, Français, sommes en première ligne dans cette affaire. Au fond, la Libye, cest une épreuve de vérité pour la détermination des Européens à construire un espace de paix dans leur environnement immédiat. Ce serait un signal extrêmement dangereux de laisser croire que la force peut être utilisée sans limites en face de lEurope sans que celle-ci réagisse.
Q - La France a parachuté des armes aux rebelles libyens : comment sest faite cette opération ?
R - Des populations qui étaient totalement isolées en Libye, dans le Djebel Nefoussa, ont tiré un signal dalarme. Dans le Djebel Nefoussa, seuls les Français étaient en mesure dassurer un transport aérien. Nous avons pris la décision de le faire, en informant nos partenaires et dans le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Pour vous, le débat sur la légalité de cette initiative est donc clos ?
R - Oui, absolument. Nous considérons que cette action de protection de la population du Djebel Nefoussa, qui nest plus nécessaire aujourdhui, est conforme à la résolution 1973. On peut toujours gloser au plan juridique, mais quaurait pensé lopinion européenne si des gens qui se sont libérés par eux-mêmes, et qui ont été encouragés à affirmer leur liberté, avaient été abandonnés ? Je crois quelle aurait été sévère, à juste titre. Un Srebrenica de plus aurait été de trop.
Q - Ce type de parachutages pourrait-il se renouveler dans lavenir ?
R - Non. Ces livraisons ont répondu à une urgence qui nest plus dactualité.
Q - À votre connaissance, Kadhafi cherche-t-il lui aussi à se faire livrer des armes, malgré lembargo ?
R - Je nimagine pas quil ne cherche pas à sen procurer, et je nimagine pas que des négociants ne cherchent pas à lui en fournir
Q - La Libye a posé la question en France du porte-avions unique: en faut-il un second ?
R - La Libye a montré que cest bien den avoir un, et quil marche. Cest encore mieux den avoir deux, mais ce nest pas une condition sine qua non. On peut intervenir depuis la Crête ou lItalie. La question du second porte-avions sera débattue lors de lactualisation du livre blanc sur la défense, en 2012.
Q - Quelles leçons tirez-vous de la coopération franco-britannique en Libye ?
R - Il y a une compréhension politique spontanée entre les Britanniques et les Français sur la nécessité de prendre ses responsabilités face aux désordres du monde. Il y a aussi des comparaisons très instructives sur les matériels dont nous disposons - même sil est trop tôt pour un retour dexpérience complet. Les Britanniques peuvent considérer que les Français sont des alliés sûrs, dont le matériel permet dintervenir dans des conditions defficacité totale. La réciproque est vraie, même sil y a des choix différents que nous sommes contents davoir faits. Par exemple celui dun avion polyvalent comme le Rafale, qui peut enchaîner reconnaissance, combat aérien et attaque au sol, sest révélé pertinent. Même chose pour le porte-hélicoptères Tonnerre, qui est un support de proximité très important.
Q - La situation en Syrie nest pas sans rappeler celle de la Libye. Alors que Paris cherche à obtenir une résolution de lONU condamnant la répression, lambassade de France a été attaquée lundi par les partisans du président Bachar el-Assad. Une intervention occidentale est-elle envisageable ou totalement exclue ?
R - La situation syrienne nest absolument pas comparable avec celle de la Libye. Dabord, il y a sur la Syrie un blocage politique à lONU, du fait de la Russie, de la Chine et dautres
Q - Cela ne nous arrange-t-il pas un peu ?
R - Ce nest pas que cela nous arrange, mais au moins le blocage est identifié. Ce que nous proposons, cest une résolution qui condamne la répression et appelle le régime syrien à respecter les aspirations de son peuple à des réformes. Le Conseil de sécurité ne peut pas rester silencieux.
Sur le terrain, dautre part, lorganisation de la contestation rend toute intervention extérieure extraordinairement compliquée. Une action aérienne en Syrie ne réglerait rien du tout. Nous ne sommes simplement pas dans le même cas de figure quen Libye.
Q - La France vient dannoncer le retrait progressif de ses troupes dAfghanistan , quelques heures seulement après les États-Unis, ce qui a donné limpression que notre calendrier était strictement calé sur celui des Américains. Est-ce une démarche assumée ?
R - Oui, totalement assumée. Nous nous sommes engagés en Afghanistan par solidarité avec les États-Unis au lendemain du 11 Septembre. Nous ne sommes pas à la tête de la coalition, et nous devons régler notre pas sur le mouvement collectif. Nous sommes entrés en Afghanistan avec cette coalition, nous partirons avec elle. À partir du moment où nous avons, dune part, une armée afghane en ordre de marche et, dautre part, un degré de sécurité suffisant dans les territoires qui nous ont été confiés, en particulier la région de Surobi, les conditions sont réunies pour passer à la phase de transition.
Q - Si toutefois les choses tournaient mal après le retrait de Surobi, pourrions-nous y revenir ?
R - LAfghanistan, je le répète, est une affaire collective. Celle-ci nest pas gérée par la France seule mais par une coalition, laquelle dépend très largement des relations entre lAfghanistan et le Pakistan. La nature des relations entre les États-Unis et le Pakistan est une des clés de la situation, comme la montré la disparition de Ben Laden. Mais cest une clé que nous ne contrôlons pas. Contrairement à la Libye, où nous sommes à la manuvre, en Afghanistan nous sommes des alliés au sein dune coalition qui, à ce jour, a un objectif: une transition totale en 2014.
Q - À propos des deux otages français, quel est le déclic qui a permis leur libération ?
R - Depuis le jour de leur prise en otage, il y a eu un suivi constant de cette affaire par les services compétents, grâce à des moyens humains significatifs, sur place et à Paris. Cela na donc pas été 547 jours dattente devant linconnu, mais 547 jours de négociations, avec alternativement des périodes de silence et despérance.
Q - Confirmez-vous le rapatriement du dispositif «Épervier» du Tchad ?
R - La France a commencé à réviser tous ses accords de coopération militaire dans le cadre du livre blanc. Nous avons deux points dappui permanents en Afrique, Djibouti et Libreville. Dakar sera un pôle pour la coopération, afin de mettre en uvre huit accords, dont cinq ont déjà été renouvelés et trois restent à négocier. Le Tchad bénéficiera, dans le cadre de ces accords, dune présence française pour former ses militaires. Mais le dispositif «Épervier» na pas vocation à être maintenu sur le long terme.
Q - En Côte dIvoire, la présence militaire française va également être réduite ?
R - Cest ce qua annoncé Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Abidjan. Lidée est de maintenir ce point dappui en état de fonctionner pour assurer la protection des ressortissants français. La situation est stabilisée et les Ivoiriens nous demandent de rester. La base de Port-Boué est techniquement très bonne, donc nous nous donnons les moyens, avec le gouvernement ivoirien, de la maintenir en état de «réversibilité demploi».
Q - Il y a eu récemment des débats et des tiraillements au sein de létat-major sur ladéquation des moyens de la France avec ses ambitions internationales. Pensez-vous que larmée doive rester la «Grande Muette» ?
R - Dabord, larmée est-elle la «Grande Muette» ? Elle sexprime, à travers son ministre et à travers les députés et sénateurs des commissions des affaires étrangères et de la défense. Ces parlementaires ont une liberté de parole que les militaires nont pas. Larmée nest pas un système autonome, cest larmée de la nation. Il y a une expression de larmée à travers lexécutif et le législatif, qui réfléchissent à sa stratégie, votent son budget et lui donnent ses moyens. Larmée nest pas propriétaire de sa mission.
En interne, les responsables et les chefs détat-major sont associés au débat stratégique. La seule chose qui leur est demandée, cest dexprimer la politique dont ils ont la charge. Sils considèrent que ce nest pas la bonne politique, il y a deux solutions. Soit ils réussissent à convaincre leur autorité dévoluer. Soit ils estiment quils ne sont pas entendus, et alors cest un choix personnel. Mais dans ce cas, le devoir de réserve doit lemporter.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2011