Déclaration de M. Gérard Longuet, ministre de la défense, en l'honneur des militaires français notamment ceux présents en Afghanistan, à Paris le 13 juillet 2011.

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Circonstance : Réception à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet, à Paris le 13 juillet 2011

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et membres du corps diplomatique,
Amiral,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers, militaires du rang et personnels civils de la défense,
Mesdames et Messieurs,
J’ai voulu que nous soyons rassemblés aujourd’hui, à l’occasion de cette rencontre traditionnelle, à la veille de notre fête nationale, pour honorer nos militaires.
Soldats de l’armée de terre, marins, aviateurs et gendarmes, je veux leur rendre, ainsi qu’à leur famille, l’hommage qui leur est dû.
Nous savons tous ce que signifie leur engagement dans la carrière des armes : l’exigence des missions dans la pesanteur de secondes où tout peut basculer, la rigueur, la fatigue, l’incertitude et l’imprévu ; mais aussi la foi en leur pays, en ses valeurs, le courage dans les épreuves et la fraternité dans l’effort.
Nous savons tous, aussi, et eux mieux que quiconque, que cet engagement a un prix. Et que ce prix peut être celui de la vie.
Ce soir, en cette veille de fête nationale, j’ai tenu à ce que les familles de nos soldats tombés au service de leur patrie, cette année, soient présentes, parmi nous.
Cette présence revêt une intensité particulière alors que nous venons de vivre une journée tragique. Cinq de nos soldats et un civil afghan ont été lâchement assassinés par des taliban à Joybar, au nord de la ville de Tagab, dans le sud de la Kapisa. Quatre autres soldats français et trois civils afghans ont également été blessés. Il s’agirait, selon toutes vraisemblances, d’un attentat suicide.
Nos hommes se trouvaient là pour assurer la protection d’une shura , une assemblée locale qui réunissait les afghans avec les équipes de reconstruction de la coalition afin de favoriser le développement de la région.
C’est bien parce que nos troupes, là-bas, ont bâti une relation de confiance avec une population éprouvée par des décennies de conflit, c’est parce qu’elles construisent, quotidiennement et conjointement, un avenir meilleur pour ce pays, que des fanatiques refusant la liberté naissante tentent de briser cet élan, de terroriser les habitants, d’attaquer ceux qui incarnent cet espoir.
Avec l’immonde lâcheté de ceux qui préfèrent agir dans l’ombre parce qu’ils savent qu’ils toucheront ainsi leurs cibles, ces fanatiques choisissent des modes d’action terroristes. Peu importe qu’ils touchent la population civile, des femmes, des enfants, des innocents.
C’est bien parce que l’action de nos forces produit des résultats, sur le terrain, que nous avons beaucoup moins à faire à des combattants qu’à des terroristes.
Aussi, alors que le Président de la République, chef des armées, revient d’Afghanistan, je veux réaffirmer de la manière la plus solennelle la fierté que j’éprouve devant ce que l’armée française, sous mandat de l’ONU, accomplit là-bas. Dans les régions difficiles de Surobi et de Kapisa, grâce à l’engagement et au courage de nos soldats, une Nation prend forme. La restauration de la sécurité est engagée, ce qui permet de voir éclore des projets d’avenir : de la construction de routes à celles d’écoles. Lorsque je me suis rendu sur place, auprès de nos troupes, j’ai mesuré toute la difficulté de leur tâche et plus encore la détermination de nos hommes. Surtout, j’ai vu les progrès réalisés qui nous permettent aujourd’hui d’entreprendre une transition responsable et un retour progressif de nos militaires en France.
En ce jour, j’exprime, au nom du Gouvernement, mon soutien et ma compassion aux familles qui ont perdu un père, un fils, un conjoint, un frère. Leur sacrifice n’est pas vain. Parce qu’il n’est jamais banal de risquer sa vie, encore moins de la risquer tous les jours et moins encore de la sacrifier pour son pays, qu’ils soient fiers, malgré la douleur, de l’exemple de ces hommes de devoir.
Ces mêmes mots vont à ceux qui portent dans leur chair les marques de leur engagement au service de la France. J’ai pu me rendre, à plusieurs reprises, à l’hôpital d’instruction des armées de Percy qui accueille nos blessés. De peu d’hommes, il est permis de dire que la douleur physique, psychologique, le handicap parfois, n’éprouve pas les convictions. Pourtant, ce qui m’a frappé, à chaque fois, c’est la question qu’ils m’ont posée : « Pourrais-je rejoindre les rangs de mon régiment ? ». Cette détermination à reprendre le service force le respect. Blessés en service ou en opération, certains sont aussi présents, aujourd’hui et je les en remercie. Par votre présence, par le souvenir ardent de ceux que nous avons perdus, vous témoignez de la réalité du risque librement consenti par l’ensemble de nos soldats. Elle démontre, plus encore que les moyens matériels engagés, toute la volonté de la République à défendre ses valeurs, à tenir son rang et à faire entendre sa voix dans le monde.
Aussi, demain, la France et son armée se rendront, en vérité, un mutuel hommage.
Hommage de la France à ses soldats, dont 6 000 défileront pour rappeler, avec éclat et avec force, l’engagement de ceux qui font à la cause de la paix tous les sacrifices.
Ces derniers mois, nos militaires ont été particulièrement sollicités. Engagés en Afghanistan, contre le terrorisme et au service de la sécurisation et de la reconstruction de ce pays, en Côte d'Ivoire, pour protéger nos ressortissants, rétablir l’ordre et éviter une dégradation dramatique de la situation, en Libye, pour mettre fin aux agressions contre les populations civiles et soutenir les combattants de la liberté, mais aussi au Liban pour garantir la sécurité de la région, au large de la Somalie pour lutter contre les actes de piraterie, au Tchad et dans d’autres missions sous mandat de l’ONU, ils ont démontré leur capacité à mener de front des opérations d’envergure. Ces missions ne doivent pas nous faire oublier l’engagement quotidien qui est aussi le leur sur le territoire national, en métropole ou en outremer, que ce soit dans le cadre du plan Vigipirate ou de catastrophes naturelles.
A chaque fois, ils sont au rendez-vous des missions exigeantes qui leur sont confiées.
Le défilé de demain, fruit de longues heures de travail et de répétitions assidues auxquelles j’ai pu en partie assister, traduira aussi l’hommage des armées à la France.
En inclinant leurs drapeaux devant le chef de l’Etat, les armées rendront hommage à la société dont elles sont l’émanation. Elles illustreront ainsi pleinement la vocation de ce ministère, tout entier au service de notre pays, un pays rassemblé par une volonté commune et dont elles protègent l’héritage.
Depuis que la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 est devenue jour de fête nationale, en 1880, la France a célébré cette date comme le temps fort de son unité ; une unité fondée sur les valeurs partagées de la République et de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Depuis plus d’un siècle, notre pays a connu des 14-Juillet de peine, d’autres de gloire, certains de résistance, d’autres d’apaisement.
Le défilé militaire sur les Champs Elysées est l’un des symboles les mieux partagés de notre fête nationale, l’un des symboles les plus forts de notre identité, l’un des symboles les plus beaux de notre attachement aux valeurs qui fondent notre désir de vivre ensemble.
Alors, à la veille de cette date si particulière, et en présence de la communauté diplomatique et de défense, je voudrais saluer tous les officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, aviateurs, marins et gendarmes ainsi que civils du ministère.
Que vous soyez ici présents ou bien engagés au service de la sécurité des français, que vous vous prépariez à défiler demain ou que vous soyez engagés en opérations extérieures – je tiens à vous dire que ma reconnaissance vous est infinie, mon soutien vous est acquis et ma confiance vous est entière.
J’appelle à présent chacun de vous ici présent à se recueillir pendant la sonnerie aux morts et la minute de silence qui suivra en mémoire de nos soldats tombés aujourd’hui. Avec nous, c’est toute la Nation qui s’associe à leur souvenir.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 juillet 2011