Texte intégral
Q - Henri de Raincourt, bonjour.
R - Bonjour.
Q - Dans de nombreux pays africains, les gens protestent contre les présidents qui veulent saccrocher au pouvoir trop longtemps. Après le Printemps arabe, peut-il y avoir un Printemps africain ?
R - Le Printemps africain en tant que tel est commencé dans différents domaines depuis déjà un certain temps, que ce soit sur le plan économique avec des croissances importantes dans un certain nombre de pays. Jétais, par exemple, au Ghana avec le Premier ministre ce week-end et au cours de lannée 2011, la croissance au Ghana, excusez du peu, tournera autour de 14 %. Deuxièmement, le printemps est aussi démocratique, je rappelle que, en Guinée Conakry, au Niger ou en Côte dIvoire, cest la démocratie qui la emporté.
Q - Il y a trois semaines à lAssemblée nationale, le ministre français Alain Juppé a fait un parallèle entre la Libye et le Sénégal. «Il faut éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets» a-t-il dit. Que pensez-vous de la décision dAbdoulaye Wade de se représenter lan prochain à 86 ans après douze ans de pouvoir ?
R - Cest à chaque pays de se déterminer, cest à chaque pays de déterminer les modalités dorganisation des élections et de voter pour qui bon lui semble. Ce que le ministre dEtat a simplement voulu faire remarquer - cela concerne tout le monde et pas seulement lAfrique, cest que lévolution politique de la planète, la mondialisation, laccélération du temps politique et du temps économique montrent quaujourdhui on ne pourra plus comme on le faisait autrefois - même dans des conditions parfaitement démocratiques et légitimes - rester aussi longtemps au pouvoir quil y a encore quelques années. La planète tourne à vive allure et les dirigeants devront saccoutumer au fait que lon ne fera pas une carrière entière à la tête dune mairie, dun département, dune région, dun Etat.
Q - Lavocat français, Robert Bourgi affirme que le soir des émeutes du 27 juin à Dakar, Karim Wade la appelé pour faire intervenir larmée française. Confirmez-vous ?
R - Je nen ai été nullement informé et, de toute façon, si tel est le cas, je crois que Karim Wade sest trompé dépoque parce que la France nest pas là pour assurer le service dordre dans aucun pays dAfrique, quel quil soit. Cela aussi, cest une vision, si tant est que ce qui est dit soit avéré, qui est aujourdhui totalement dépassée.
Q - Autre pays à problème, le Burkina Faso ; beaucoup prêtent au président Compaoré lintention de réviser larticle 37 de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2015. Quen pensez-vous ?
R - Je confirme queffectivement cette question a fait lobjet dun certain nombre de déclarations, il y a déjà plusieurs mois, au Burkina Faso. Jobserve quen ce moment cest un sujet qui ne semble plus, dans les déclarations publiques, être véritablement dactualité. Il y a un certain nombre dévénements qui sont passés par là. Je crois que la réforme de la Constitution est peut-être moins un sujet dactualité quil y a quelques mois, en tout cas tel que je peux lobserver dans les médias.
Q - Il y a deux semaines vous étiez au Cameroun. Après 29 ans de pouvoir, le président sortant va sy représenter pour un nouveau mandat de sept ans. 29 + 7 = 36, est-ce que 36 ans ce nest pas un bail un peu long ?
R - Cest au président Paul Biya de répondre à la question, ce nest pas à moi. La France na pas de candidat, pas plus dans ce pays que dans dautres.
Q - Depuis quelques jours le ton monte au Cameroun sur les équilibres à lintérieur de la Commission électorale (ELECAM). Lopposition menace dempêcher par tous les moyens la tenue de la présidentielles doctobre prochain si la composition de lELECAM nest pas revue, nêtes-vous pas préoccupé ?
R - Je crois quil faut un jour comprendre quen Afrique, comme ailleurs, lenvironnement politique qui précède les élections a totalement changé et quil y a suffisamment de pays dans lesquels des mouvements de population se sont développés depuis le début de lannée 2011 pour comprendre, encore une fois, que lenvironnement a changé. Tout sest modifié et aujourdhui lopinion publique est très informée, en temps réel. Elle ne veut à aucun prix se laisser voler son désir de participer à la vie démocratique. Je crois quil faut bien saisir cette évolution des mentalités et des populations. La démocratie est en route, rien ne saurait aujourdhui larrêter, ne serait-ce que par la révolution numérique qui a fait prendre conscience à tous les peuples de leur force irrésistible, même si, encore ici ou là, actuellement il y a de tragiques exceptions.
Q - Au Congo-Kinshasa, le pouvoir a fait supprimer le second tour de la présidentielle de novembre prochain, est-ce que ce nest pas un exemple de ce bricolage électoral qua dénoncé Alain Juppé devant la Chambre il y a trois semaines ?
R - Je ne sais pas si cest un exemple de bricolage électoral ; en tout cas, effectivement, nous avons pris acte de ce changement dans lorganisation des élections dans ce pays. Si on nous avait demandé conseil, je ne suis pas certain que ce serait celui-ci que nous aurions délivré.
Q - Et lopposition congolaise dénonce un enrôlement très partisan des électeurs avant la présidentielle, partagez-vous son inquiétude ?
R - Encore une fois, je me permets de dire à tous les responsables, au président de ce pays comme à tous les autres, quaujourdhui la situation est différente et que la population naccepte plus que, par un certain nombre de mesures plus ou moins efficaces, plus ou moins recommandables, eh bien en quelque sorte on modifie le résultat des élections. Cest quelque chose qui nest plus de mise aujourdhui et je crois que la raison et la prudence militent pour que lon adapte de nouveaux comportements à cette évolution.
Q - Monsieur le Ministre, merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet 2011
R - Bonjour.
Q - Dans de nombreux pays africains, les gens protestent contre les présidents qui veulent saccrocher au pouvoir trop longtemps. Après le Printemps arabe, peut-il y avoir un Printemps africain ?
R - Le Printemps africain en tant que tel est commencé dans différents domaines depuis déjà un certain temps, que ce soit sur le plan économique avec des croissances importantes dans un certain nombre de pays. Jétais, par exemple, au Ghana avec le Premier ministre ce week-end et au cours de lannée 2011, la croissance au Ghana, excusez du peu, tournera autour de 14 %. Deuxièmement, le printemps est aussi démocratique, je rappelle que, en Guinée Conakry, au Niger ou en Côte dIvoire, cest la démocratie qui la emporté.
Q - Il y a trois semaines à lAssemblée nationale, le ministre français Alain Juppé a fait un parallèle entre la Libye et le Sénégal. «Il faut éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets» a-t-il dit. Que pensez-vous de la décision dAbdoulaye Wade de se représenter lan prochain à 86 ans après douze ans de pouvoir ?
R - Cest à chaque pays de se déterminer, cest à chaque pays de déterminer les modalités dorganisation des élections et de voter pour qui bon lui semble. Ce que le ministre dEtat a simplement voulu faire remarquer - cela concerne tout le monde et pas seulement lAfrique, cest que lévolution politique de la planète, la mondialisation, laccélération du temps politique et du temps économique montrent quaujourdhui on ne pourra plus comme on le faisait autrefois - même dans des conditions parfaitement démocratiques et légitimes - rester aussi longtemps au pouvoir quil y a encore quelques années. La planète tourne à vive allure et les dirigeants devront saccoutumer au fait que lon ne fera pas une carrière entière à la tête dune mairie, dun département, dune région, dun Etat.
Q - Lavocat français, Robert Bourgi affirme que le soir des émeutes du 27 juin à Dakar, Karim Wade la appelé pour faire intervenir larmée française. Confirmez-vous ?
R - Je nen ai été nullement informé et, de toute façon, si tel est le cas, je crois que Karim Wade sest trompé dépoque parce que la France nest pas là pour assurer le service dordre dans aucun pays dAfrique, quel quil soit. Cela aussi, cest une vision, si tant est que ce qui est dit soit avéré, qui est aujourdhui totalement dépassée.
Q - Autre pays à problème, le Burkina Faso ; beaucoup prêtent au président Compaoré lintention de réviser larticle 37 de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2015. Quen pensez-vous ?
R - Je confirme queffectivement cette question a fait lobjet dun certain nombre de déclarations, il y a déjà plusieurs mois, au Burkina Faso. Jobserve quen ce moment cest un sujet qui ne semble plus, dans les déclarations publiques, être véritablement dactualité. Il y a un certain nombre dévénements qui sont passés par là. Je crois que la réforme de la Constitution est peut-être moins un sujet dactualité quil y a quelques mois, en tout cas tel que je peux lobserver dans les médias.
Q - Il y a deux semaines vous étiez au Cameroun. Après 29 ans de pouvoir, le président sortant va sy représenter pour un nouveau mandat de sept ans. 29 + 7 = 36, est-ce que 36 ans ce nest pas un bail un peu long ?
R - Cest au président Paul Biya de répondre à la question, ce nest pas à moi. La France na pas de candidat, pas plus dans ce pays que dans dautres.
Q - Depuis quelques jours le ton monte au Cameroun sur les équilibres à lintérieur de la Commission électorale (ELECAM). Lopposition menace dempêcher par tous les moyens la tenue de la présidentielles doctobre prochain si la composition de lELECAM nest pas revue, nêtes-vous pas préoccupé ?
R - Je crois quil faut un jour comprendre quen Afrique, comme ailleurs, lenvironnement politique qui précède les élections a totalement changé et quil y a suffisamment de pays dans lesquels des mouvements de population se sont développés depuis le début de lannée 2011 pour comprendre, encore une fois, que lenvironnement a changé. Tout sest modifié et aujourdhui lopinion publique est très informée, en temps réel. Elle ne veut à aucun prix se laisser voler son désir de participer à la vie démocratique. Je crois quil faut bien saisir cette évolution des mentalités et des populations. La démocratie est en route, rien ne saurait aujourdhui larrêter, ne serait-ce que par la révolution numérique qui a fait prendre conscience à tous les peuples de leur force irrésistible, même si, encore ici ou là, actuellement il y a de tragiques exceptions.
Q - Au Congo-Kinshasa, le pouvoir a fait supprimer le second tour de la présidentielle de novembre prochain, est-ce que ce nest pas un exemple de ce bricolage électoral qua dénoncé Alain Juppé devant la Chambre il y a trois semaines ?
R - Je ne sais pas si cest un exemple de bricolage électoral ; en tout cas, effectivement, nous avons pris acte de ce changement dans lorganisation des élections dans ce pays. Si on nous avait demandé conseil, je ne suis pas certain que ce serait celui-ci que nous aurions délivré.
Q - Et lopposition congolaise dénonce un enrôlement très partisan des électeurs avant la présidentielle, partagez-vous son inquiétude ?
R - Encore une fois, je me permets de dire à tous les responsables, au président de ce pays comme à tous les autres, quaujourdhui la situation est différente et que la population naccepte plus que, par un certain nombre de mesures plus ou moins efficaces, plus ou moins recommandables, eh bien en quelque sorte on modifie le résultat des élections. Cest quelque chose qui nest plus de mise aujourdhui et je crois que la raison et la prudence militent pour que lon adapte de nouveaux comportements à cette évolution.
Q - Monsieur le Ministre, merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet 2011