Texte intégral
Q - Pourquoi la France a-t-elle décidé denvoyer des Rafale sur la base de lOtan en Sicile ?
R - Nous avons deux priorités en tête : organiser la continuité des opérations aériennes; économiser les moyens engagés. Comme la France dispose du Charles-de-Gaulle et de la base de Solenzara, en Corse, nous navons pas eu à recourir aux bases de lOtan, comme celle de Sigonella, en Sicile. Or nous continuons à adapter de façon permanente notre dispositif, permettant à la fois de durer et de tenir compte des contraintes de maintien en conditions opérationnelles de nos équipements, qui pourraient nous amener à rapatrier le Charles-de-Gaulle après dix-huit mois de mer. Et Sigonella est située à 500 km de Tripoli, contre 1.000 pour la Corse.
Q - Ce redéploiement est-il le signe que la France sinstalle dans la guerre ?
R - Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères, je ne gère pas la solution politique du conflit libyen. Ce que je sais en revanche, en tant que ministre de la Défense, cest quà aucun moment, la contrainte militaire ne doit empêcher nos diplomates et nos politiques de rechercher une solution politique. Si Kadhafi a le moindre sentiment que le temps joue pour lui, il usera de cette carte à fond. La durée nous appartient, nous ne devons pas être prisonniers du calendrier ni des contraintes techniques. Nous affichons notre capacité à durer. Nous nous inscrivons dans la durée et par ce biais, nous facilitons une solution négociée. Nous disons à Kadhafi que nous ne relâcherons pas notre pression et à ses opposants que nous ne les abandonnerons pas.
Q - Combien de temps ce conflit peut-il encore durer ?
R - Encore une fois, nous agissons avec détermination afin daccélérer la sortie de crise. Nous engageons des dépenses conséquentes mais à la hauteur de lenjeu. Nous devons assumer nos responsabilités. Certes, lintervention a un coût mais il nous en coûterait bien davantage de ne pas aller jusquau bout. Chaque jour, nos aviateurs démontrent lautorité politique de la France.
Q - Mais la guerre coûte chaque jour 1,2 million deuros à la France
R - Nos moyens militaires nont pas vocation à animer des parades. Cette intervention a un coût, que nous assumons. Le compteur des opérations extérieures de la France nest pas en train dexploser. En Côte dIvoire, nous sommes déjà passés de 1.300 hommes à moins de 700 et bientôt, nous nen aurons plus que 300. Le président de la République a aussi décidé de diminuer dun quart notre présence en Afghanistan durant lannée 2012.
Q - Quelle est la situation sur le terrain ?
R - Nous assistons à un inexorable délitement du système Kadhafi. Les choses prennent du temps mais on ne peut pas en vouloir aux rebelles. Il y a quelques semaines encore, ces hommes exerçaient la profession davocat, de mécanicien ou médecin. Ils ne peuvent pas avoir acquis en si peu de temps lefficacité de soldats professionnels comme le sont les troupes de Kadhafi. Mais ils sont courageux, mieux organisés, toujours protégés par la coalition. Une guerre nest jamais une situation confortable, mais limpatience nest jamais bonne conseillère.
Q - Que faudrait-il pour que Kadhafi tombe? Lengagement de la France est-il appelé à être renforcé ?
R - Il nexiste pas davenir pour la Libye avec Kadhafi. Cette évidence devrait être mieux méditée par ceux qui le soutiennent encore. Il faut que les choses bougent davantage à Tripoli. Pour dire les choses clairement, il faut que la population se soulève. Le mois qui vient sera de toute façon intense. Il ny aura pas, je le crois, de pause due à la période du ramadan. Lengagement militaire français est conséquent et je voudrais à ce sujet souligner le travail remarquable effectué par nos pilotes dhélicoptère, qui permettent de trier le bon grain de livraie et de frapper ensuite à bon escient. Sur un millier de sorties, la coalition ne sest rendue responsable que de deux frappes évidemment regrettables, qui ont touché des civils, et que je déplore. Deux sur mille.
Q - Mais la France va-t-elle continuer de mener cette guerre presque seule au côté des Britanniques ?
R - La France et la Grande-Bretagne ne sont pas seules. Mais il est vrai que la France souhaite que ses partenaires de lUnion européenne, je pense à lEspagne, à lAllemagne, à la Pologne, aux nations du nord de lEurope, laccompagnent davantage. Plus nous serons nombreux à démontrer que rien nest possible avec Kadhafi, plus nous parviendrons à son isolement total, plus vite cette guerre prendra fin.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2011
R - Nous avons deux priorités en tête : organiser la continuité des opérations aériennes; économiser les moyens engagés. Comme la France dispose du Charles-de-Gaulle et de la base de Solenzara, en Corse, nous navons pas eu à recourir aux bases de lOtan, comme celle de Sigonella, en Sicile. Or nous continuons à adapter de façon permanente notre dispositif, permettant à la fois de durer et de tenir compte des contraintes de maintien en conditions opérationnelles de nos équipements, qui pourraient nous amener à rapatrier le Charles-de-Gaulle après dix-huit mois de mer. Et Sigonella est située à 500 km de Tripoli, contre 1.000 pour la Corse.
Q - Ce redéploiement est-il le signe que la France sinstalle dans la guerre ?
R - Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères, je ne gère pas la solution politique du conflit libyen. Ce que je sais en revanche, en tant que ministre de la Défense, cest quà aucun moment, la contrainte militaire ne doit empêcher nos diplomates et nos politiques de rechercher une solution politique. Si Kadhafi a le moindre sentiment que le temps joue pour lui, il usera de cette carte à fond. La durée nous appartient, nous ne devons pas être prisonniers du calendrier ni des contraintes techniques. Nous affichons notre capacité à durer. Nous nous inscrivons dans la durée et par ce biais, nous facilitons une solution négociée. Nous disons à Kadhafi que nous ne relâcherons pas notre pression et à ses opposants que nous ne les abandonnerons pas.
Q - Combien de temps ce conflit peut-il encore durer ?
R - Encore une fois, nous agissons avec détermination afin daccélérer la sortie de crise. Nous engageons des dépenses conséquentes mais à la hauteur de lenjeu. Nous devons assumer nos responsabilités. Certes, lintervention a un coût mais il nous en coûterait bien davantage de ne pas aller jusquau bout. Chaque jour, nos aviateurs démontrent lautorité politique de la France.
Q - Mais la guerre coûte chaque jour 1,2 million deuros à la France
R - Nos moyens militaires nont pas vocation à animer des parades. Cette intervention a un coût, que nous assumons. Le compteur des opérations extérieures de la France nest pas en train dexploser. En Côte dIvoire, nous sommes déjà passés de 1.300 hommes à moins de 700 et bientôt, nous nen aurons plus que 300. Le président de la République a aussi décidé de diminuer dun quart notre présence en Afghanistan durant lannée 2012.
Q - Quelle est la situation sur le terrain ?
R - Nous assistons à un inexorable délitement du système Kadhafi. Les choses prennent du temps mais on ne peut pas en vouloir aux rebelles. Il y a quelques semaines encore, ces hommes exerçaient la profession davocat, de mécanicien ou médecin. Ils ne peuvent pas avoir acquis en si peu de temps lefficacité de soldats professionnels comme le sont les troupes de Kadhafi. Mais ils sont courageux, mieux organisés, toujours protégés par la coalition. Une guerre nest jamais une situation confortable, mais limpatience nest jamais bonne conseillère.
Q - Que faudrait-il pour que Kadhafi tombe? Lengagement de la France est-il appelé à être renforcé ?
R - Il nexiste pas davenir pour la Libye avec Kadhafi. Cette évidence devrait être mieux méditée par ceux qui le soutiennent encore. Il faut que les choses bougent davantage à Tripoli. Pour dire les choses clairement, il faut que la population se soulève. Le mois qui vient sera de toute façon intense. Il ny aura pas, je le crois, de pause due à la période du ramadan. Lengagement militaire français est conséquent et je voudrais à ce sujet souligner le travail remarquable effectué par nos pilotes dhélicoptère, qui permettent de trier le bon grain de livraie et de frapper ensuite à bon escient. Sur un millier de sorties, la coalition ne sest rendue responsable que de deux frappes évidemment regrettables, qui ont touché des civils, et que je déplore. Deux sur mille.
Q - Mais la France va-t-elle continuer de mener cette guerre presque seule au côté des Britanniques ?
R - La France et la Grande-Bretagne ne sont pas seules. Mais il est vrai que la France souhaite que ses partenaires de lUnion européenne, je pense à lEspagne, à lAllemagne, à la Pologne, aux nations du nord de lEurope, laccompagnent davantage. Plus nous serons nombreux à démontrer que rien nest possible avec Kadhafi, plus nous parviendrons à son isolement total, plus vite cette guerre prendra fin.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2011