Extraits d'une tribune de M. Jean Leonetti, ministre des affaires européennes, dans "Le Figaro" du 3 août 2011, sur la nécessité d'un gouvernement économique de la Zone euro, intitulée "Gouvernement économique de l'Europe : ne pas rester au milieu du gué !".

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Texte intégral

Le 21 juillet, grâce à l’impulsion du président de la République, les chefs d’État et de gouvernement des pays de la Zone euro ont pris les mesures nécessaires pour sauver la Grèce de la faillite et mettre en place des mécanismes européens renforcés afin d’éviter tout effet de contagion. Les décisions prises sont exemplaires. Au-delà du plan d’aide à la Grèce, équilibré et de grande ampleur, les décisions prises le 21 juillet jettent les bases d’un «Fonds monétaire européen» capable de réagir de façon rapide et préventive.
Pour autant, qui peut dire que tout danger est écarté ? Ne devons-nous pas aller plus loin encore ? En matière de gouvernance économique européenne comme ailleurs, il ne faut jamais rester au milieu du gué.
Nous avons fait l’euro. Nous ne devons pas oublier les avantages que nous en retirons concrètement : le pouvoir d’achat est défendu grâce à une inflation modérée, les taux d’intérêt historiquement faibles favorisent les investissements et nos entreprises bénéficient d’un accès facilité au marché intérieur, car le risque de change a disparu. Les Français l’ont bien compris et sont profondément attachés à l’euro. Les velléités de retour au franc ne sont ni réalistes, ni constructives. Démagogiques, elles font abstraction des conséquences réelles d’un tel choix : la ruine de notre économie et la paupérisation des Français.
Mais si posséder une monnaie unique est une grande chance, cela implique aussi des obligations. Un devoir de solidarité, tout d’abord : sauver la Grèce, c’est défendre notre monnaie. Une discipline économique et budgétaire commune renforcée, ensuite : la crise actuelle n’est pas tant la crise de l’euro que la conséquence des politiques nationales divergentes menées au début des années 2000. (…) Un véritable marché unique, enfin : posséder l’euro sans exploiter tout le potentiel de notre marché intérieur serait une incohérence funeste. Favoriser le financement des PME, alléger leurs obligations réglementaires, ou encourager le développement du marché unique numérique en Europe, comme l’a proposé Michel Barnier, sont autant d’initiatives urgentes que je soutiendrai avec détermination.
La nécessité d’un gouvernement économique de la Zone euro, que le président de la République a été le premier à évoquer, est désormais reconnue par tous. Dans cette continuité, Nicolas Sarkozy a annoncé des propositions conjointes, avec Angela Merkel, sur le renforcement de la gouvernance économique de la Zone euro pour la rentrée.
C’est désormais une évidence : le monde d’aujourd’hui n’est plus le même qu’il y a dix ans. Nous devons nous adapter à cette réalité avec encore plus de volontarisme et de pragmatisme. (…)
L’Europe s’est toujours construite en surmontant les crises. Elle a progressé de manière spectaculaire au cours des derniers mois. Si on ne peut que se féliciter qu’un accord ait pu être trouvé outre-Atlantique entre démocrates et républicains, il est tout aussi vrai que l’Europe, à bien des égards, n’a pas à rougir de la comparaison. La France continuera à être un des principaux architectes de cette Europe nouvelle, moins naïve, plus réaliste, capable de nous protéger des bouleversements économiques pour mieux se projeter vers l’avenir. L’Europe constitue l’échelle pertinente pour répondre à la mondialisation. Elle est notre meilleur atout pour investir collectivement dans l’innovation, la recherche, le numérique, les énergies nouvelles ou encore la protection de l’environnement, tous ces secteurs qui feront les richesses et les emplois de demain.
Les velléités de retour au franc font abstraction des conséquences réelles d’un tel choix : la ruine de notre économie et la paupérisation des Français.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 août 2011