Interview de M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat au commerce, à l'artisanat, aux petites et moyennes entreprises, au tourisme, aux services, aux professions libérales et à la consommation, à "France 2" le 26 juillet 2011, sur la question du pouvoir d'achat en période de crise.

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Média : France 2

Texte intégral

JEFF WITTENBERG Bonjour à tous, bonjour à vous, Frédéric LEFEBVRE.

FREDERIC LEFEBVRE Bonjour.

JEFF WITTENBERG Parmi vos attributions, il y a effectivement le tourisme. Nous sommes le 26 juillet, la météo on le sait, est maussade pour l’instant. Qu’en est-il de la fréquentation des vacanciers ?

FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, d’abord les perspectives étaient excellentes au mois de juin pour le tourisme français.

JEFF WITTENBERG Vous l’avez dit, le 30 juin.

FREDERIC LEFEBVRE Et j’avais dit à l’époque, évidemment, il y a un aléa qui est la météo. La météo aujourd’hui, elle fait qu’il y a évidemment un peu plus d’inquiétude. Mais en même temps, on le voit bien, et je suis tous les jours en déplacement, j’étais hier à Avignon, on voit bien que les professionnels restent globalement optimistes, chacun espère que le soleil soit de retour.

JEFF WITTENBERG Y a-t-il des chiffres déjà Frédéric LEFEBVRE ?

FREDERIC LEFEBVRE Écoutez, il y en a peu, parce qu’évidemment, il faut attendre la fin, au moins la fin du mois de juillet pour avoir un peu la vision sur ce début de saison. Mais il y a par exemple la région PACA qui a fait un point à la mi-juillet, et 82 % des professionnels se disent optimistes, 32 % d’entre eux, disant que c’est un meilleur mois de juillet que celui de 2010.

JEFF WITTENBERG On constate quand même, que beaucoup de vacanciers, écoutent leur séjour, à cause de ces conditions météos, vous l’avez constaté, ce sont des informations qui vous sont remontées ?

FREDERIC LEFEBVRE Mais vous avez raison, il y a un certain nombre par exemple de type d’hébergement qui sont plus touchés que d’autres. L’hébergement de plein air, le camping qui peuvent être plus touchés que d’autres types d’hébergement. De même que les stations qui ont tout misé sur le soleil, sont plus touchés que celles qui au contraire, ont misé sur un certain nombre de type d’équipement qui peuvent accueillir, quelle que soit la météo, les touristes. Donc c’est assez variable. Je crois qu’il faut maintenant attendre d’avoir de vrais chiffres, pour faire un bilan.

JEFF WITTENBERG En tout cas, vous allez vous rendre aujourd’hui, avec le président de la République, au Cap d’Agde pour parler du tourisme. Le tourisme c’est un des secteurs qui marchent plutôt bien. Heureusement, à la limite, que l’économie française a le tourisme.

FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, c’est un enjeu majeur, le tourisme dans notre pays, puisqu’on ne le sait pas suffisamment, mais c’est 6 % du PIB, et c’est devant des secteurs aussi importants que l’automobile qui représente 11 milliards, en part de valeur ajoutée du PIB, quand l’énergie représente 30 milliards, quand le tourisme représente 41 milliards et demi.

JEFF WITTENBERG Et pourtant les professionnels n’ont pas toujours la sensation d’être aidés suffisamment, par les pouvoirs publics.

FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, ils sont d’abord très émiettés, c’est 235 000 entreprises, et si on est depuis 4 ans, en train de changer la stratégie de la France en matière de tourisme et si depuis 6 mois, on a notamment valorisé le patrimoine vivant, si on a proposé à tous les amoureux de la France de choisir la nouvelle marque France, rendez-vous en France, si je signe des conventions avec les régions, j’ai signé avec l’Ile de France, le 13 juillet, j’ai signé avec Rhône-Alpes le 13 juillet, j’ai signé il y a quelques jours avec la Corse, c’est parce qu’on doit agir collectivement pour regagner la première place en Europe que nous avons perdue, au bénéfice de l’Espagne en création de valeurs. Parce que ce qui compte c’est le tourisme de séjour.

JEFF WITTENBERG Beaucoup de Français partent en vacances, beaucoup n’y partent pas, si l’on en croit par exemple un sondage, qui avait été fait, il y a 3 semaines par l’institut OBA, 45 % des personnes interrogées, c’est beaucoup, déclaraient qu’elles ne partiraient pas en vacances cet été. Est-ce que c’est un chiffre qui vous surprend ? Evidemment l’une des raisons étant le manque de moyens ?

FREDERIC LEFEBVRE Non, ce n’est pas un chiffre qui surprend, parce que c’est à peu près le même chiffre qui revient chaque année.

JEFF WITTENBERG C’est énorme ! Presque 1 Français sur 2.

FREDERIC LEFEBVRE Bien sûr, que c’est très important. De même que parfois les périodes de vacances sont plus courtes, ce qui fait que d’ailleurs, la météo est si essentielle pour beaucoup de Français. Mais vous me posez la question, en réalité, du niveau de vie, du pouvoir d’achat et que ce soit, sur la question des vacances, que ce soit sur tous les sujets qui concernent les Français, moi, je veux vous dire une chose. C’est que c’est une obsession pour ce gouvernement, la question du niveau de vie, du pouvoir d’achat. Dans une période avec une crise mondiale, sans précédent, vous le savez qui a bouleversé les économies, une crise qui n’a pas été évidemment sans conséquence, sur chacun de nos compatriotes. Mais quand on regarde la réalité, il faut dire les choses, c’est que dans notre pays, parce que c’est une obsession, parce qu’on a fait le RSA, parce que sur le prix du gaz ou de l’électricité, on a bloqué…

JEFF WITTENBERG Parlons-en des prix du gaz et de l’électricité, 20 % sur un an, pour le gaz entre avril 2010 et 2011 ?

FREDERIC LEFEBVRE C’est la raison, Jeff WITTENBERG, parce que ce sont, vous savez très bien, les spéculations sur les matières premières, le président de la République en a fait d’ailleurs un des enjeux essentiels du G20. Mais on a bloqué les réévaluations automatiques, de la même façon, on a crée des tarifs sociaux, y compris sur le mobile, parce que vous le savez, ce qui prend de plus en plus de place dans le budget des ménages, c’est notamment tout ce qui est téléphonie mobile, Internet, j’ai un projet de loi que je défends, qui permet aux consommateurs de reprendre le contrôle sur ces dépenses. Et sur tous ces sujets, notre pays a un pouvoir d’achat qui a continué d’évoluer certes doucement à la hausse, alors que dans la plupart des…

JEFF WITTENBERG A la hausse, c’est quand même à discuter. On entendait, excusez-moi, Frédéric LEFEBVRE, on entendait dans le journal, les chiffres concernant les soldes, manifestement les professionnels ne sont pas satisfaits des soldes cette année, et clairement le pouvoir d’achat joue son rôle, joue sa part dans cette baisse de la consommation qui est incontestable.

FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, sur la question des soldes, c’est beaucoup plus contrasté que ça. Parce que vous voyez par exemple les soldes sur Internet ont augmenté de 19 %. Celle dans les magasins…

JEFF WITTENBERG Dans le textile moins 6 %.

FREDERIC LEFEBVRE Celle dans les grands magasins de 10 %. Et par contre l’aléa météo, là aussi, a joué. Parce qu’évidemment pour le petit commerce l’aléa météo est beaucoup plus important. Et puis sur le textile, vous avez raison quand il pleut, il y a un certain nombre de vêtements que vous êtes moins tentés d’acheter. Il faut, vous savez, il faut faire preuve de bon sens, regarder la réalité. Mais sur cette question du pouvoir d’achat, prenez par exemple la question si essentielle pour nos compatriotes, qui est la question de l’alimentaire. Sur les prix des produits alimentaires, il y a des prix qui évoluent à la hausse, je pense au café qui a augmenté de 10 %. Je pense à l’huile, je pense aux produits…

JEFF WITTENBERG Les Français ont la sensation que les produits alimentaires sont plutôt en augmentation qu’en baisse ou même en stagnation ?

FREDERIC LEFEBVRE Bien sûr ! Mais ils ont raison. Ils sont en augmentation, bien sûr. Par contre ce qui est très important, c’est que quand on se compare aux autres pays et il faut le faire. On s’aperçoit que ce combat de tous les jours que nous menons, qui est une obsession, je le disais tout à l’heure et on est sur tous les fronts, ils paient, parce que sur les prix des produits alimentaires, les derniers chiffres, ceux qui comparent juin 2011 à juin 2010, sur un an, en France, c’est plus 1,6. En Europe c’est plus 3,7, dans la zone euro, c’est plus 2,4, nos voisins Allemands c’est plus 2,1. Donc vous savez, les chiffres, ce qui compte, et tous les Français qui nous regardent doivent le savoir, c’est que sur tous ces sujets on est bien décidé à continuer de mettre notre énergie, parce que cette crise, elle était imprévisible, ses conséquences chacun les a vues, on est sur tous les fronts et on va continuer de l’être.

JEFF WITTENBERG Frédéric LEFEBVRE, il nous reste 30 secondes, pas une de plus. Vous voyez qu’il y a une polémique qui monte, aujourd’hui, en France, sur un autre sujet, qui est la place de l’extrême droite, dans ce qui a pu influencer le tueur de Norvège. Est-ce que vous, vous êtes inquiet par la montée des idées d’extrême droite, même si elles n’ont pas forcément à voir directement, avec cet acte fou ?

FREDERIC LEFEBVRE Non, mais d’abord, moi, je suis…

JEFF WITTENBERG Il nous reste 30 secondes.

FREDERIC LEFEBVRE Moi, je suis toujours inquiet, quand les extrêmes montent. Qu’elles soient extrême droite, extrême gauche, ou tous les fondamentalismes. Et la seule vraie réponse, c’est l’action et d’accord regarder, en ce moment, comme le monde est en train d’agir. Regardez, Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL, sur l’Europe, regardez cette réponse au sauvetage de la Grèce, il réincarne…

JEFF WITTENBERG Ce n’est pas tout à fait le même débat !

FREDERIC LEFEBVRE Si, parce que ce qui compte aujourd’hui, ce qu’attendent nos compatriotes qui sont inquiets, ce qu’attendent les Européens, parce que c’est anxiogène la mondialisation. C’est des hommes et des femmes politiques qui agissent, qu’ils soient, qui affrontent la réalité, qui affrontent le réel. Or Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL, Barack OBAMA sont dans leur époque aujourd’hui.

JEFF WITTENBERG Très bien, on vous a entendu. Merci, beaucoup, Frédéric LEFEBVRE.

FREDERIC LEFEBVRE Merci.

Source : Premier ministre, ministre de l’Information du Gouvernement, le 2 août 2011