Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la restructuration des dispositifs militaires prépositionnés outre-mer et à l'étranger et le rôle nouveau assigné aux Forces françaises au Gabon, au Camp De Gaulle (Gabon) le 17 juillet 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite officielle au Gabon - Allocution devant les Forces françaises au Gabon, au Camp De Gaulle, le 17 juillet 2011

Texte intégral

Officiers, sous-officiers, officiers-mariniers, soldats, marins et aviateurs, personnels civils, mes chers compatriotes, c’est pour moi un honneur de rencontrer les Forces Françaises au Gabon.
Depuis que j’ai pris mes fonctions, j’ai eu à cœur d’aller aussi souvent que possible à la rencontre de nos unités déployées loin du territoire national. En février 2010, je suis allé voir vos camarades engagés en Afghanistan dans un combat exigeant contre le terrorisme. En février dernier, je me suis rendu sur notre nouvelle base aux Émirats Arabes Unis. Et j’étais avant-hier avec la Force Licorne au camp de Port-Bouët à Abidjan.
Au moment où notre dispositif connaît de profondes évolutions, au moment aussi où de nombreux pays de ce continent africain viennent de fêter le cinquantenaire de leur indépendance, j’ai tenu à vous voir pour vous dire ce que nous attendons aujourd’hui des Forces Françaises au Gabon. Le rôle des forces prépositionnées dont vous constituez la part essentielle au cœur de l’Afrique centrale et de l’Ouest, est capital. Avec les partenariats de défense rénovés que nous avons établis avec nos partenaires Africains et en particulier Gabonais, ce rôle va encore se renforcer.
La présence militaire de la France sur ce continent a souvent été, par le passé, la cible de suspicions qui ont pesé sur votre image. Aussi, le président de la République a souhaité remettre à plat l’ensemble de nos accords en les plaçant sous le signe de la transparence. Et une fois qu’ils auront été ratifiés par le Parlement, ce qui vient d’être le cas pour celui qui nous lie désormais au Gabon, ces nouveaux accords seront intégralement publiés, et donc lisibles par tous.
La relation que nous voulons est une relation fondée sur des liens d’égalité, d’équité et de respect. Le Gabon, où vous conduisez l’essentiel de vos activités, vous offre d’excellentes conditions d’entraînement pour vous familiariser avec les rudes exigences de l’engagement opérationnel. Celui-ci reste votre première finalité, comme l’a rappelé récemment l’engagement du 6ème Bataillon d’Infanterie de Marine au sein de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire, lorsque la sécurité de nos ressortissants a été menacée.
Les Forces Françaises au Gabon sont cependant loin de concerner exclusivement la France et le Gabon. 9 000 cadres et soldats africains ont été formés et entraînés ici ! L’ensemble de ces activités, réalisées à partir de vos seules ressources, dit tout le professionnalisme qui est le vôtre et votre réputation.
En bénéficiant de votre savoir-faire, ces officiers et ces soldats africains ont pu se préparer efficacement à leur engagement au sein de la Mission de Consolidation de la Paix en République Centrafricaine et au sein de l’Amisom pour les forces armées burundaises, mais elles ont pu aussi contribuer à la montée en puissance de la Brigade de la Force Africaine en Attente et de son état-major régional installé ici à Libreville.
L’engagement quotidien des Forces Armées Centrafricaines et des contingents africains au sein de la Micopax, elle-même appuyée par un détachement des Forces Françaises au Gabon dans le cadre de la mission Boali, constitue un élément clé du processus de sortie de crise en République centrafricaine. Le fait que celui-ci soit conduit sous l’égide de l’Union Africaine est à cet égard essentiel. A tous ceux qui y participent, je veux aujourd’hui adresser mes félicitations pour le travail accompli et tous mes encouragements pour cette mission si délicate.
Vous savez que nous avons engagé avec le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale une évolution importante de nos dispositifs prépositionnés outre-mer et à l’étranger. Et à compter du 1er août prochain, les travaux de restructuration auxquels vous avez contribué vont prendre pleinement leur effet. A cette date, sur la façade Ouest Africaine, la base opérationnelle avancée des forces françaises du Gabon, ainsi que le pôle opérationnel de coopération des éléments français du Sénégal qui lui sera subordonné, formeront le cœur de notre nouveau dispositif avancé et projetable.
Ces dispositifs, réactifs, souples, accoutumés au contexte régional, vont continuer d’offrir les facilités logistiques dont nous avons besoin. Et pour nos forces, ils seront des lieux d’entraînement, d’aguerrissement et d’acquisition d’expertise sur le terrain. Nos forces continueront donc de protéger avec vigueur les intérêts que la France partage avec ses partenaires africains. Elles contribueront toujours à satisfaire les besoins de coopération opérationnelle avec ces mêmes partenaires. Elles poursuivront enfin l’accompagnement résolu de la montée en puissance des forces de sécurité de ce continent. A travers leur action qui est adossée aux organisations régionales africaines, elles conserveront toute leur légitimité et toute la lisibilité que nous avons toujours voulu pour elles.
Une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire des relations historiques entre la France et le Gabon, et dans nos relations à l’ensemble du continent africain. Notre dispositif se renouvelle, et nous venons de signer un traité instituant un partenariat de défense entre la France et le Gabon. Toutes les conditions sont donc réunies pour un développement équilibré et renouvelé de nos relations militaires.
En servant votre pays hors de ses frontières, en le faisant avec compétence, mais aussi en le faisant avec une large ouverture aux autres, je veux vous dire solennellement que vous faites honneur à la France et à ses armées. Je veux saluer votre dévouement, votre engagement décisif lors de vos actions récentes. Et je veux vous remercier également pour l’appréciation que vous portent nos partenaires, qui témoigne de vos qualités techniques et de vos qualités humaines. Je sais combien vos familles contribuent au succès de votre mission. Et je veux les associer à ce témoignage de reconnaissance. Je veux dire qu’elles ont toute leur part dans les mérites qui sont les vôtres.
C’est une grande fierté pour le chef du gouvernement français et pour la nation française tout entière de savoir que dans cette région du monde, la France et ses valeurs sont servies par des hommes et par des femmes tels que vous. Et je voudrais terminer cette intervention devant vous en ayant avec vous une pensée pour vos camarades morts au combat en Afghanistan. Ils sont morts pour défendre la liberté ; ils sont morts pour défendre des valeurs qui sont des valeurs que nous partageons avec une grande partie de la communauté internationale ; ils sont morts dans un combat qui est le combat contre le terrorisme.
Je veux leur dire la gratitude qui est celle de notre pays et à travers eux, je veux vous dire l’admiration qui est la mienne pour des hommes et des femmes qui ont choisi un métier qui n’est pas un métier comme les autres. Un métier où l’on sait en y entrant qu’on peut être amené à donner la mort mais qu’on peut aussi la recevoir. Ce métier mérite l’admiration de tous les Français et il mérite que la nation française ait des occasions pour vous dire sa gratitude. Je veux vraiment au nom du Gouvernement et de la nation française vous dire merci.Source http://www.gouvernement.fr, le 1er août 2011