Texte intégral
JEFF WITTENBERG Bonjour Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
JEFF WITTENBERG Et cest à la ministre dabord de lEnvironnement, de lEcologie que jai envie de madresser ce matin, vous avez vu quun tremblement de terre a eu lieu, on la dit dans le journal de 7h30 au large de la Corse, est-ce que vous êtes surprise, la France a donc un risque sismique important dans plusieurs de ses régions ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais on le connaît, on sait quon a un risque sismique dans la Méditerranée, cest la raison dailleurs pour laquelle on a mis en place, il y a quelques années un observatoire des séismes et des tsunamis en Méditerranée à la suite dun rapport parlementaire. Et cest quelque chose quon anticipe, quon essaie de prendre en compte dans les constructions et bien sûr dans la sûreté nucléaire, je pense que vous allez men parler.
JEFF WITTENBERG Evidement le risque, il est pour la sûreté nucléaire, la France nest pas le Japon a répété à plusieurs reprises le président de la République, vous étiez allée à Fukushima. Pourquoi, une question simple par exemple ne ferme-t-on pas la centrale de Fessenheim en Alsace, qui est à la fois la plus ancienne du parc nucléaire français et qui est aussi, on le sait, sur une zone à risque ? Vous avez demandé des travaux, pourquoi pas une fermeture pure et simple ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Sur le risque de tremblement de terre, on le prend en compte dès la conception de la centrale et on peut le réévaluer, et là nous avons demandé, le Premier ministre, un audit de toutes nos centrales à la suite de laccident de Fukushima, qui prendre en compte et qui éventuellement réévaluera le risque de tremblement de terre. Sur la centrale de Fessenheim, il y a eu une expertise récente de lAutorité de Sûreté Nucléaire, qui plus que le risque de tremblement de terre pointait le problème de lépaisseur du radier, le planché de la centrale, ils disaient quil était insuffisant et la nécessité de trouver une alimentation alternative en eau à celle du canal dAlsace. Le président de la République et le Premier ministre avaient confirmé en amont de cette expertise de lAutorité de Sûreté Nucléaire, ça ne suffit pas pour prendre une décision sur le prolongement ou non de la centrale de Fessenheim. On attend de toute façon le résultat des travaux qui doivent tirer les enseignements de laccident de Fukushima.
JEFF WITTENBERG Mais vous disiez que les travaux sur place nétaient pas négociables, vous lavez dit dans une interview il y a quelques jours, pourquoi ne pas décider, est-ce que ce ne serait pas plus simple et peut être moins coûteux, la fermeture de cette centrale qui manifestement présente un risque ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On ne peut pas raisonnablement décider de la fermeture ou du maintien de cette centrale avant davoir conclus les audits qui doivent tirer les conclusions de Fukushima. En revanche, oui je lai dit, ces travaux ne sont pas négociables, parce que si in fine on décidait de prolonger la centrale, les prescriptions qui sont celles de lAutorité de Sûreté Nucléaire, une autorité indépendante, devraient être prises en compte. Ce sont des prescriptions minimum, il nest pas certain quelles soient suffisantes au regard des enseignements de laccident de Fukushima que nous navons pas encore.
JEFF WITTENBERG A la frontière du nucléaire et des autres énergies, Anne LAUVERGEON, lancienne patronne dAREVA qui a été remerciée par le gouvernement, disait hier que la France, lEtat, navait pas cru pendant longtemps aux énergies renouvelables. Or vous avez annoncé hier la mise en place déolienne offshore en mer, on a un peu de mal à comprendre la stratégie du gouvernement dans ce domaine.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je crois quAnne LAUVERGEON faisait référence à une acquisition à laquelle lEtat sétait opposé pour des raisons financières et industrielles. Ca ne vaut pas rejet des énergies renouvelables bien au contraire, comme on le démontre par ailleurs avec le grenelle de lenvironnement et avec par exemple léolien en mer. Je lance lundi lappel doffres sur léolien en mer. Lobjectif, cest 6 gigawatts, 6 000 mégawatts en 2020 et 3 000 dès maintenant et surtout des emplois, plus de 10 000 emplois qui sont attendus parce quon a tous les atouts pour avoir un leader mondial de léolien en mer.
JEFF WITTENBERG On est au début de lété, on est au début des grandes vacances pour beaucoup et on va parler de la sécheresse, combien de départements sont désormais touchés par ce fléau ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On est à 70 départements. On est à 70 départements qui sont en arrêté sécheresse. On a eu un peu de répit, avec les pluies du mois de juin, après un mois davril, un mois de mai très secs et très chauds à la fois, mais ça nest que du répit, il faut compter sur plusieurs mois, si vous voulez, pour évaluer la sécheresse et là on est vraiment dans le déficit.
JEFF WITTENBERG Est-ce que ça veut dire quil va y avoir de nouvelles mesures de restrictions deau dans certains départements, décidées par les préfectures ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, dans ces 70 départements toutes les semaines en ce moment, on a des départements en plus et à chaque fois ce sont de nouvelles mesures de restrictions deau.
JEFF WITTENBERG Est-ce que vous seriez vous à titre personnel, opposée à ce quil y ait, comme en 1976, un impôt sécheresse à la fin de lété si les conditions devaient rester celles là ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Quon organise la solidarité, il faut le faire, ça, ça ne passe pas forcément par un impôt, ce nest pas le sujet. La solidarité dailleurs on lorganise déjà.
JEFF WITTENBERG On la vu avec le train de fourrage notamment
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui on la vu avec le train de fourrage hier
JEFF WITTENBERG qui part de la région parisienne pour des régions délevage.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET je lançais le premier train de fourrage entre les régions céréalières et les régions délevage, il y en a déjà plus de 10 qui sont prévus. Ce sont des trains de 500 tonnes de paille à chaque fois, cest lillustration, cest la concrétisation dune solidarité à la fois entre les filières agricoles, entre céréaliers et éleveurs, mais aussi entre les régions. Maintenant lenjeu de fond, cest de toute façon, avec le changement climatique, des sécheresses il va y en avoir de plus en plus, je présenterais prochainement le plan national dadaptation aux changements climatiques, nous devons nous organiser pour anticiper sinon, très souvent lété ce sera pareil.
JEFF WITTENBERG Il nous reste deux petites minutes pour évoquer lactualité politique, vous êtes une des rares personnalités de lUMP à vous être engagée, jallais dire, vigoureusement contre le Front National. Vous avez écrit un livre, il y a quelques semaines qui sappelle le front anti-national, je crois, Jean-Marie LE PEN vous met en cause hier dans une interview à VSD, il dit que si Marine LE PEN était opposée à la gauche, vous vous voteriez pour la gauche et même vos voisins, je le cite, même vos voisins du 16ème arrondissement ne vous suivraient pas. Quest-ce que vous lui répondez ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jean-Marie LE PEN prend son cas pour une généralité, il habite les beaux quartiers, moi je nai jamais habité le 16ème arrondissement et quand je ne dors pas au ministère parce que jai une interview tôt comme ce matin, jhabite ma circonscription qui est à 25 kms au Sud de Paris. Il ne suffit pas de se déguiser de temps en temps en bleu de travail comme Marine LE PEN, pour essayer de parler au monde ouvrier, pour véritablement sortir de son milieu, il le démontre à travers ce genre de remarques. Mais ce qui me choque moi dans cette interview, cest quil appelle à la rescousse mon arrière-grand-père, mon mari. Jai envie de lui dire, monsieur LE PEN, les femmes ne sont pas forcément sous la coupe idéologique de leur mari. La politique et les opinions politiques ne sont pas forcément génétiques. On a une certaine vision de la femme qui transparaît à travers linterview de Jean-Marie LE PEN et qui démontre encore une fois quau Front National, rien na changé.
JEFF WITTENBERG Sur le fond, vous vous êtes à lUMP, que pensez-vous des propositions sur limmigration faites hier par lUMP avec Claude GUEANT en première ligne, si jose dire, et qui ne sont pas très éloignées pour certaines dentre elles de ce que propose le Front National. Je pense notamment aux durcissements des conditions pour la nationalité française, à la réduction de limmigration légale
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je ne suis pas du tout daccord avec vous. Il y a une différence de philosophie profonde entre le Front National et lUMP sur ce sujet, et puis il y a aussi tout simplement une différence dattitude, le Front National est dans le slogan, nous on est dans laction. Et laction à la suite de la proposition du président de la République, qui est la ligne directrice en 2007, immigration choisie plutôt quimmigration subie. Quand on dit en période de crise, il y a moins de travail et donc on a besoin de moins de main-doeuvre émigrée et donc on va réduire limmigration légale, on est bien dans limmigration choisie plutôt que limmigration subie.
JEFF WITTENBERG Lorsque Claude GUEANT dit quil comprend certains français qui ne se sentent plus chez eux, vous êtes choquée par ce propos ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Il déplore simplement le fait quon a organisé des cités, des quartiers dans lesquels certains problèmes se condensent. Alors les problèmes sont avant tout des problèmes sociaux, mais il se trouve que ce sont ces quartiers qui parfois par priorité accueillent des immigrés. Des immigrés qui se retrouvent pour certains en situation de chômage, et cest ça avant tout quon déplore en disant il faut baisser le niveau de limmigration légale. On a aujourd'hui 25 % de la population dorigine immigrée qui est en situation de chômage, la priorité cest de leur trouver un boulot à eux, cest de leur trouver un boulot à eux pour quils trouvent leur place dans la société française et non pas les renvoyer dans leur pays comme le voudrait Marine LE PEN, ce nest pas ça le sujet aujourd'hui, cest dintégrer ceux qui sont là.
JEFF WITTENBERG On vous a entendu. Merci beaucoup Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 5 août 2011