Texte intégral
Q - Vous êtes en duplex de Quimper dans les locaux de nos confrères de France Bleu. Il y a pas mal de sujets à aborder avec vous. On va commencer par la Syrie. Pour la première fois depuis le début de la répression, il y a 5 mois, lUnion européenne et les États-Unis réclament ouvertement la démission de Bachar el-Assad, pourquoi avoir attendu cinq mois, pourquoi maintenant ?
R - Je crois que la France a toujours été à la pointe des pressions exercées sur la Syrie et sur ses dirigeants qui exercent une répression dune violence incroyable sur leur population. Malheureusement on sest souvent heurté à des réticences de la part de certains pays membres de lONU. Aujourdhui on voit quun certain nombre détats viennent prêter main forte à laction de la France et à lEurope pour faire pression sur les dirigeants syriens.
Q - Comment la communauté internationale peut-elle pousser Bachar el-Assad à la démission ? Quels sont les moyens de pression ?
R - Je crois quil y a plusieurs moyens de pression, ils ont déjà été mis en oeuvre par la France et par lUnion Européenne. Il y a le gel des avoirs et il y a lisolement financier et diplomatique dans lequel le régime syrien se retrouve aujourdhui plongé grâce aux sanctions et aux condamnations dont il a fait lobjet récemment. Je pense quil faut bien se rendre compte que les dirigeants syriens ne sont plus en capacité de renouer un dialogue constructif avec la population et quils ne sont pas capables non plus de faire une transition démocratique. Donc il faut tirer logiquement les conclusions de cette situation, il faut effectivement que ces dirigeants seffacent.
Q - En cinq mois la répression a fait près de 2.000 morts, lONU parle même de crimes contre lhumanité, face à cela est-ce que lEurope doit en rester à des sanctions financières ou diplomatiques ?
R - Je constate avec surprise que lorsque la France intervient en Libye sous mandat international, on lui reproche de lavoir fait et lorsquelle nintervient pas en Syrie dans un contexte extrêmement différent et sans mandat international, on le lui reproche aussi. Je pense que la France a fait son devoir dans le cadre des révolutions arabes. Elle appuie lévolution démocratique des peuples et elle fait en sorte daccentuer la pression sur lensemble des dirigeants qui nacceptent pas cette transition démocratique.
Q - Alors puisque vous parlez de la Libye justement, il y aurait des négociations secrètes entre représentants de Kadhafi et représentants des rebelles, mais cest quand même très confus, beaucoup dinformations contradictoires ; côté français lancien Premier ministre, Dominique de Villepin a déclaré avoir participé à ces discussions, est-ce que vous étiez au courant et est-ce que cest la France qui la envoyé ?
R - Je ne peux pas commenter les propositions ou les interventions de M. de Villepin qui nest pas aux affaires. Aujourdhui il y a une position de la France qui est claire, cest quelle appuie effectivement le CNT, quelle appuie la révolte démocratique qui se déroule en Libye et quelle le fait dans le cadre dun mandat international et donc dans le cadre du droit.
Q - Est-ce que cest bien normal que la diplomatie française soit récupérée, cest peut-être un peu fort, mais en tout cas que beaucoup de personnes mettent leur grain de sel, comme Bernard Henri Levy ou Dominique de Villepin dans ce genre de dossiers très sensibles ?
R - Je crois que ces dossiers sont très sensibles, mais que le président de la République, Nicolas Sarkozy a montré comment la France pouvait changer de politique, en terre africaine et sur les Printemps arabe.
Il a montré comment nous étions aux côtés des peuples pour faire en sorte que la transition démocratique ait une chance en Afrique du Nord et dans lensemble du monde arabe. Il faut quelle puisse seffectuer de manière sereine et apaisée. Concernant les peuples qui ont subis des répressions violentes comme cest le cas en Syrie, la pression internationale menée au départ par la France continuera à sexercer et je ne doute pas quelle aboutisse un jour à une démocratisation de ces pays.
Q - Autre dossier que vous gérez en ce moment, Jean Leonetti, cest la crise de la dette en Europe, un nouveau vent de panique a soufflé sur les places financières, 5 % de baisse en moyenne hier soir dans les principales bourses européennes, baisse aussi aux États-Unis, ce matin sur les places asiatiques, visiblement les propositions de Nicolas Sarkozy et dAngela Merkel nont pas suffi à calmer les marchés ?
R - Les marchés sont fébriles, non pas parce quils nont pas été rassurés par le sommet franco-allemand, ils sont fébriles parce quils constatent que la croissance est en panne et en particulier du côté des États-Unis.
Q - Chez nous aussi : 0 % de croissance en France au deuxième trimestre.
R - La croissance des États-Unis entraîne la croissance mondiale, donc sil y a une panne en Europe mais une forte progression aux États-Unis, la confiance peut être plus importante. En tout cas le président de la République avec la chancelière allemande ont mis en place ce quon attendait depuis longtemps, à savoir les bases solides dun gouvernement économique européen.
On ne peut pas avoir une monnaie unique sans un pilotage économique unifié. Dans ce contexte je trouve quun pas historique a été franchi sur le plan européen. Cest un élément qui va peser dans les jours et dans les semaines qui viennent, et vous savez lEurope évolue toujours, elle évolue toujours par crise, elle franchit toujours une étape au cours dune crise.
Et là je crois que linitiative française va être couronnée de succès parce que sur les points précis quelle a évoqués : lharmonisation fiscale, la «Règle dor» dans les 17 pays de la zone euro, le rapprochement franco-allemand accru, en particulier sur les taxations des sociétés, ce sont des éléments qui même sils napparaissent pas à première vue comme un élément très positif sur les marchés, leur permet quand même de regarder lEurope et leuro avec beaucoup plus de considération. Leuro tient aussi bien et mieux que le dollar.
Q - Jean Leonetti, il y a aussi cette proposition qui a été faite de taxer les transactions financières, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont donné lidée, le principe, mais quelles sont les propositions concrètes de la France pour mettre en place cet acte ? Cela concernera quel type de transactions ? Quel sera le champ dapplication géographique et quel taux ?
R - Le taux prévu est extrêmement faible, on parle de 0,001, 0,005, donc à ceux qui disent que la compétitivité des places boursières européennes, sera en grande difficulté, cest une contre-vérité.
Ensuite bien sûr il faut le faire de façon à ce que ce soit uniquement les transactions financières et non pas les finances en général qui soient taxées. Et puis le dernier point, cest que bien sûr on nous dit toujours les États-Unis ne sont pas daccord et lAngleterre nest pas daccord, mais à un moment donné il faut savoir avancer quelquefois en petit groupe avec des états pilotes qui mettront en place cette taxe. Je suis bien persuadé que la volonté commune dAngela Merkel et de Nicolas Sarkozy va permettre que cette proposition aboutisse. On en parle depuis longtemps et on voit bien quaujourdhui elle est indispensable. Eh bien elle va être mise en place, je crois quelle est bien comprise par la population et en même temps lEurope en a besoin.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2011
R - Je crois que la France a toujours été à la pointe des pressions exercées sur la Syrie et sur ses dirigeants qui exercent une répression dune violence incroyable sur leur population. Malheureusement on sest souvent heurté à des réticences de la part de certains pays membres de lONU. Aujourdhui on voit quun certain nombre détats viennent prêter main forte à laction de la France et à lEurope pour faire pression sur les dirigeants syriens.
Q - Comment la communauté internationale peut-elle pousser Bachar el-Assad à la démission ? Quels sont les moyens de pression ?
R - Je crois quil y a plusieurs moyens de pression, ils ont déjà été mis en oeuvre par la France et par lUnion Européenne. Il y a le gel des avoirs et il y a lisolement financier et diplomatique dans lequel le régime syrien se retrouve aujourdhui plongé grâce aux sanctions et aux condamnations dont il a fait lobjet récemment. Je pense quil faut bien se rendre compte que les dirigeants syriens ne sont plus en capacité de renouer un dialogue constructif avec la population et quils ne sont pas capables non plus de faire une transition démocratique. Donc il faut tirer logiquement les conclusions de cette situation, il faut effectivement que ces dirigeants seffacent.
Q - En cinq mois la répression a fait près de 2.000 morts, lONU parle même de crimes contre lhumanité, face à cela est-ce que lEurope doit en rester à des sanctions financières ou diplomatiques ?
R - Je constate avec surprise que lorsque la France intervient en Libye sous mandat international, on lui reproche de lavoir fait et lorsquelle nintervient pas en Syrie dans un contexte extrêmement différent et sans mandat international, on le lui reproche aussi. Je pense que la France a fait son devoir dans le cadre des révolutions arabes. Elle appuie lévolution démocratique des peuples et elle fait en sorte daccentuer la pression sur lensemble des dirigeants qui nacceptent pas cette transition démocratique.
Q - Alors puisque vous parlez de la Libye justement, il y aurait des négociations secrètes entre représentants de Kadhafi et représentants des rebelles, mais cest quand même très confus, beaucoup dinformations contradictoires ; côté français lancien Premier ministre, Dominique de Villepin a déclaré avoir participé à ces discussions, est-ce que vous étiez au courant et est-ce que cest la France qui la envoyé ?
R - Je ne peux pas commenter les propositions ou les interventions de M. de Villepin qui nest pas aux affaires. Aujourdhui il y a une position de la France qui est claire, cest quelle appuie effectivement le CNT, quelle appuie la révolte démocratique qui se déroule en Libye et quelle le fait dans le cadre dun mandat international et donc dans le cadre du droit.
Q - Est-ce que cest bien normal que la diplomatie française soit récupérée, cest peut-être un peu fort, mais en tout cas que beaucoup de personnes mettent leur grain de sel, comme Bernard Henri Levy ou Dominique de Villepin dans ce genre de dossiers très sensibles ?
R - Je crois que ces dossiers sont très sensibles, mais que le président de la République, Nicolas Sarkozy a montré comment la France pouvait changer de politique, en terre africaine et sur les Printemps arabe.
Il a montré comment nous étions aux côtés des peuples pour faire en sorte que la transition démocratique ait une chance en Afrique du Nord et dans lensemble du monde arabe. Il faut quelle puisse seffectuer de manière sereine et apaisée. Concernant les peuples qui ont subis des répressions violentes comme cest le cas en Syrie, la pression internationale menée au départ par la France continuera à sexercer et je ne doute pas quelle aboutisse un jour à une démocratisation de ces pays.
Q - Autre dossier que vous gérez en ce moment, Jean Leonetti, cest la crise de la dette en Europe, un nouveau vent de panique a soufflé sur les places financières, 5 % de baisse en moyenne hier soir dans les principales bourses européennes, baisse aussi aux États-Unis, ce matin sur les places asiatiques, visiblement les propositions de Nicolas Sarkozy et dAngela Merkel nont pas suffi à calmer les marchés ?
R - Les marchés sont fébriles, non pas parce quils nont pas été rassurés par le sommet franco-allemand, ils sont fébriles parce quils constatent que la croissance est en panne et en particulier du côté des États-Unis.
Q - Chez nous aussi : 0 % de croissance en France au deuxième trimestre.
R - La croissance des États-Unis entraîne la croissance mondiale, donc sil y a une panne en Europe mais une forte progression aux États-Unis, la confiance peut être plus importante. En tout cas le président de la République avec la chancelière allemande ont mis en place ce quon attendait depuis longtemps, à savoir les bases solides dun gouvernement économique européen.
On ne peut pas avoir une monnaie unique sans un pilotage économique unifié. Dans ce contexte je trouve quun pas historique a été franchi sur le plan européen. Cest un élément qui va peser dans les jours et dans les semaines qui viennent, et vous savez lEurope évolue toujours, elle évolue toujours par crise, elle franchit toujours une étape au cours dune crise.
Et là je crois que linitiative française va être couronnée de succès parce que sur les points précis quelle a évoqués : lharmonisation fiscale, la «Règle dor» dans les 17 pays de la zone euro, le rapprochement franco-allemand accru, en particulier sur les taxations des sociétés, ce sont des éléments qui même sils napparaissent pas à première vue comme un élément très positif sur les marchés, leur permet quand même de regarder lEurope et leuro avec beaucoup plus de considération. Leuro tient aussi bien et mieux que le dollar.
Q - Jean Leonetti, il y a aussi cette proposition qui a été faite de taxer les transactions financières, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont donné lidée, le principe, mais quelles sont les propositions concrètes de la France pour mettre en place cet acte ? Cela concernera quel type de transactions ? Quel sera le champ dapplication géographique et quel taux ?
R - Le taux prévu est extrêmement faible, on parle de 0,001, 0,005, donc à ceux qui disent que la compétitivité des places boursières européennes, sera en grande difficulté, cest une contre-vérité.
Ensuite bien sûr il faut le faire de façon à ce que ce soit uniquement les transactions financières et non pas les finances en général qui soient taxées. Et puis le dernier point, cest que bien sûr on nous dit toujours les États-Unis ne sont pas daccord et lAngleterre nest pas daccord, mais à un moment donné il faut savoir avancer quelquefois en petit groupe avec des états pilotes qui mettront en place cette taxe. Je suis bien persuadé que la volonté commune dAngela Merkel et de Nicolas Sarkozy va permettre que cette proposition aboutisse. On en parle depuis longtemps et on voit bien quaujourdhui elle est indispensable. Eh bien elle va être mise en place, je crois quelle est bien comprise par la population et en même temps lEurope en a besoin.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2011