Texte intégral
Monsieur le Président, [Jacques Pelissard]
Mesdames, Messieurs les Maires et Présidents de communautés,
Mesdames, Messieurs,
Il est important pour moi de participer à votre rencontre sur la démographie médicale et la médecine de proximité, parce que j'en ai bien conscience, la santé est une des premières préoccupations d'un élu local. Voir partir un médecin, c'est un traumatisme pour une commune, parce que c'est un service public essentiel qui s'en va.
Vous êtes confrontés aux inquiétudes de vos populations sur ce sujet. J'en ai moi aussi une expérience concrète, parce que ce n'est pas seulement le ministre du travail, de l'emploi et de la santé qui s'adresse à vous aujourd'hui, c'est aussi le maire de Saint Quentin, dans une région qui est parmi les plus faiblement dotées en médecins, la Picardie.
Alors vous vous demandez aujourd'hui si la désertification médicale est une fatalité. Je pense que si l'on choisit de faire de la politique, comme vous le faites sur le terrain, c'est parce que l'on pense que l'on peut changer les choses, pour que justement, il n'y ait pas de fatalité.
Quand il est venu à votre congrès en novembre dernier, le Président de la République a clairement fait de la démographie médicale une de ses priorités, parce qu'aujourd'hui comme dans dix ans, on aura toujours besoin d'un médecin près de chez soi.
Voilà pourquoi ma mission, avec Nora Berra, c'est de vous aider à installer durablement des professionnels de santé, pour que tous les Français puissent disposer d'un accès durable aux soins de proximité sur l'ensemble du territoire.
I. Je voudrais d'abord revenir sur les mesures que nous avons prises depuis 2005.
D'abord, la gestion territoriale des flux de formation : nous avons mis en oeuvre la répartition quinquennale des postes d'internes par spécialité et par région.
Je suis le ministre qui a relevé sensiblement le numerus clausus : nous avons doublé le nombre d'étudiants autorisés à poursuivre leurs études depuis 10 ans ; ils passent ainsi de 3 700 en 1999 à 6200 en 2005 et 7 400 en 2011. Les places supplémentaires sont affectées en priorité dans les territoires sous dotés.
Nous avons veillé aussi à mieux répartir les étudiants entre les différentes spécialités, avec un objectif de rééquilibrage entre les régions.
Pour les spécialités médicales et chirurgicales, nous proposons des postes d'internes par diplôme d'étude spécialisée (DES), soit 30 spécialités, et non plus par discipline, au nombre de 11.
Les flux d'internes seront ainsi progressivement adaptés aux besoins démographiques.
Nous avons ajouté à ces dispositions des mesures incitatives à l'installation :
- Le dispositif mis en place dans le cadre de l'avenant 20 à la convention de 2005 a produit des effets significatifs. Il a permis d'expérimenter des aides à l'activité dans les territoires sous dotés. Ces aides ont permis, dans une certaine mesure, de stabiliser l'offre, voire de l'améliorer, même si cet effet reste limité, notamment dans les zones d'habitat rural très dispersé.
- Nous avons aussi mis en place le contrat d'engagement de service public (CESP) pour les étudiants à l'issue de la première année ou ultérieurement. Vous en connaissez le principe : contre une allocation mensuelle de 1 200 jusqu'à la fin de leurs études, ces étudiants s'engagent à exercer, à la sortie, dans les territoires sous dotés. La durée de leur engagement est égale à celle du versement de l'allocation et ne peut être inférieure à deux ans.
Je souhaite que nous puissions simplifier le dispositif en donnant une meilleure visibilité aux étudiants : les objectifs affichés pourraient être la région où ils ont fait leurs études.
- Nous avons pris des mesures pour le post-internat : il donne aux jeunes diplômés de plus larges possibilités de carrière et de meilleures perspectives de rémunération. L'État a créé 400 postes d'assistants spécialisés partagés dans les régions prioritaires.
- Nous avons pris des mesures pour revaloriser la médecine générale, grâce à une meilleure structuration de la filière universitaire et à la généralisation des stages.
- Nous avons amélioré les conditions d'exercice des professionnels : je pense à l'exercice médical en cabinet secondaire, à la mise en place de structures d'exercice regroupé et coordonné, aux incitations financières en zone déficitaire.
II. Notre objectif aujourd'hui, c'est d'aller plus loin avec vous dans l'incitation à l'installation : il y a les mesures que je mets en place en tant que ministre de la santé, mais le tableau ne serait pas complet sans vous, parce que les élus locaux, eux aussi, ont un rôle à jouer pour attirer les médecins.
L'incitation, c'est la clef de notre politique en matière de démographie médicale, parce que ne nous y trompons pas, le jour où l'on voudra installer les médecins de façon autoritaire, il n'y aura plus de médecins à installer ; voilà pourquoi je crois au contraire qu'il faut aller jusqu'au bout de la logique incitative.
J'ai donc décidé de prendre des mesures rapides en ce sens à la suite de la concertation que nous avons engagée sur la médecine libérale. Nous allons mettre en place des mesures de simplification administrative pour redonner du temps au médecin.
Nous allons créer un service unique d'aide à l'installation des professionnels de santé, qui sera mis en place par les ARS au plus tard en juillet 2011.
Nous avons créé un statut juridique souple et adapté pour les maisons de santé pluridisciplinaires : la Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA).
Nous allons aussi inciter les médecins retraités à poursuivre leur activité, en particulier dans les zones qui manquent de médecins. J'ai voulu favoriser le cumul emploi-retraite, en faisant du sur-mesure, c'est-à-dire en calculant les cotisations sociales de façon proportionnelle et non plus forfaitaire.
Mais la démographie médicale, ce n'est pas simplement un sujet médical, c'est un sujet qui concerne la société tout entière. Voilà pourquoi ce n'est pas seulement le ministre de la santé qui doit aider les médecins à s'installer : vous avez, vous aussi, un rôle essentiel à jouer.
Je crois qu'il est important de ne pas négliger l'environnement de la vie du médecin, parce que l'on sait bien que pour attirer un médecin, il faut aussi attirer l'époux ou l'épouse du médecin. Parmi les raisons pour lesquelles un médecin s'implante dans un territoire, il y a la question du logement, des transports, de l'école et de la garde d'enfants : pour tout cela, les collectivités territoriales ont un rôle à jouer : il s'agit bien de renforcer l'attractivité de nos territoires.
Vous avez aussi un rôle à jouer pour diffuser l'information, parce que l'on sait bien que les mesures incitatives que je viens de vous exposer ne sont pas toujours bien connues des intéressés. Je compte sur les collectivités territoriales comme sur les professionnels de santé pour faire connaître ces mesures et éventuellement en susciter d'autres.
Vous le voyez, votre implication est essentielle pour accompagner les mesures que prend le Gouvernement pour inciter les médecins à s'installer.
Je souhaite un maillage territorial d'offre de soins qui comprend, bien entendu, les médecins libéraux, mais également les établissements de santé publics et privés. Ce qui compte pour moi, c'est ce maillage territorial, c'est la gradation des soins, du médecin de ville à la chirurgie de pointe d'un CHU, en passant par l'hospitalisation à domicile, les établissements médico-sociaux et le pharmacien.
Vous pouvez compter sur moi pour vous aider à répondre à l'inquiétude de nos concitoyens et tout mettre en oeuvre pour améliorer la qualité des soins, parce que c'est dans l'intérêt des patients et des professionnels de santé et c'est indispensable pour garantir l'avenir de notre système de santé, pour nous et pour nos enfants.
Je vous remercie.Source http://www.amf.asso.fr, le 7 juillet 2011
Mesdames, Messieurs les Maires et Présidents de communautés,
Mesdames, Messieurs,
Il est important pour moi de participer à votre rencontre sur la démographie médicale et la médecine de proximité, parce que j'en ai bien conscience, la santé est une des premières préoccupations d'un élu local. Voir partir un médecin, c'est un traumatisme pour une commune, parce que c'est un service public essentiel qui s'en va.
Vous êtes confrontés aux inquiétudes de vos populations sur ce sujet. J'en ai moi aussi une expérience concrète, parce que ce n'est pas seulement le ministre du travail, de l'emploi et de la santé qui s'adresse à vous aujourd'hui, c'est aussi le maire de Saint Quentin, dans une région qui est parmi les plus faiblement dotées en médecins, la Picardie.
Alors vous vous demandez aujourd'hui si la désertification médicale est une fatalité. Je pense que si l'on choisit de faire de la politique, comme vous le faites sur le terrain, c'est parce que l'on pense que l'on peut changer les choses, pour que justement, il n'y ait pas de fatalité.
Quand il est venu à votre congrès en novembre dernier, le Président de la République a clairement fait de la démographie médicale une de ses priorités, parce qu'aujourd'hui comme dans dix ans, on aura toujours besoin d'un médecin près de chez soi.
Voilà pourquoi ma mission, avec Nora Berra, c'est de vous aider à installer durablement des professionnels de santé, pour que tous les Français puissent disposer d'un accès durable aux soins de proximité sur l'ensemble du territoire.
I. Je voudrais d'abord revenir sur les mesures que nous avons prises depuis 2005.
D'abord, la gestion territoriale des flux de formation : nous avons mis en oeuvre la répartition quinquennale des postes d'internes par spécialité et par région.
Je suis le ministre qui a relevé sensiblement le numerus clausus : nous avons doublé le nombre d'étudiants autorisés à poursuivre leurs études depuis 10 ans ; ils passent ainsi de 3 700 en 1999 à 6200 en 2005 et 7 400 en 2011. Les places supplémentaires sont affectées en priorité dans les territoires sous dotés.
Nous avons veillé aussi à mieux répartir les étudiants entre les différentes spécialités, avec un objectif de rééquilibrage entre les régions.
Pour les spécialités médicales et chirurgicales, nous proposons des postes d'internes par diplôme d'étude spécialisée (DES), soit 30 spécialités, et non plus par discipline, au nombre de 11.
Les flux d'internes seront ainsi progressivement adaptés aux besoins démographiques.
Nous avons ajouté à ces dispositions des mesures incitatives à l'installation :
- Le dispositif mis en place dans le cadre de l'avenant 20 à la convention de 2005 a produit des effets significatifs. Il a permis d'expérimenter des aides à l'activité dans les territoires sous dotés. Ces aides ont permis, dans une certaine mesure, de stabiliser l'offre, voire de l'améliorer, même si cet effet reste limité, notamment dans les zones d'habitat rural très dispersé.
- Nous avons aussi mis en place le contrat d'engagement de service public (CESP) pour les étudiants à l'issue de la première année ou ultérieurement. Vous en connaissez le principe : contre une allocation mensuelle de 1 200 jusqu'à la fin de leurs études, ces étudiants s'engagent à exercer, à la sortie, dans les territoires sous dotés. La durée de leur engagement est égale à celle du versement de l'allocation et ne peut être inférieure à deux ans.
Je souhaite que nous puissions simplifier le dispositif en donnant une meilleure visibilité aux étudiants : les objectifs affichés pourraient être la région où ils ont fait leurs études.
- Nous avons pris des mesures pour le post-internat : il donne aux jeunes diplômés de plus larges possibilités de carrière et de meilleures perspectives de rémunération. L'État a créé 400 postes d'assistants spécialisés partagés dans les régions prioritaires.
- Nous avons pris des mesures pour revaloriser la médecine générale, grâce à une meilleure structuration de la filière universitaire et à la généralisation des stages.
- Nous avons amélioré les conditions d'exercice des professionnels : je pense à l'exercice médical en cabinet secondaire, à la mise en place de structures d'exercice regroupé et coordonné, aux incitations financières en zone déficitaire.
II. Notre objectif aujourd'hui, c'est d'aller plus loin avec vous dans l'incitation à l'installation : il y a les mesures que je mets en place en tant que ministre de la santé, mais le tableau ne serait pas complet sans vous, parce que les élus locaux, eux aussi, ont un rôle à jouer pour attirer les médecins.
L'incitation, c'est la clef de notre politique en matière de démographie médicale, parce que ne nous y trompons pas, le jour où l'on voudra installer les médecins de façon autoritaire, il n'y aura plus de médecins à installer ; voilà pourquoi je crois au contraire qu'il faut aller jusqu'au bout de la logique incitative.
J'ai donc décidé de prendre des mesures rapides en ce sens à la suite de la concertation que nous avons engagée sur la médecine libérale. Nous allons mettre en place des mesures de simplification administrative pour redonner du temps au médecin.
Nous allons créer un service unique d'aide à l'installation des professionnels de santé, qui sera mis en place par les ARS au plus tard en juillet 2011.
Nous avons créé un statut juridique souple et adapté pour les maisons de santé pluridisciplinaires : la Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA).
Nous allons aussi inciter les médecins retraités à poursuivre leur activité, en particulier dans les zones qui manquent de médecins. J'ai voulu favoriser le cumul emploi-retraite, en faisant du sur-mesure, c'est-à-dire en calculant les cotisations sociales de façon proportionnelle et non plus forfaitaire.
Mais la démographie médicale, ce n'est pas simplement un sujet médical, c'est un sujet qui concerne la société tout entière. Voilà pourquoi ce n'est pas seulement le ministre de la santé qui doit aider les médecins à s'installer : vous avez, vous aussi, un rôle essentiel à jouer.
Je crois qu'il est important de ne pas négliger l'environnement de la vie du médecin, parce que l'on sait bien que pour attirer un médecin, il faut aussi attirer l'époux ou l'épouse du médecin. Parmi les raisons pour lesquelles un médecin s'implante dans un territoire, il y a la question du logement, des transports, de l'école et de la garde d'enfants : pour tout cela, les collectivités territoriales ont un rôle à jouer : il s'agit bien de renforcer l'attractivité de nos territoires.
Vous avez aussi un rôle à jouer pour diffuser l'information, parce que l'on sait bien que les mesures incitatives que je viens de vous exposer ne sont pas toujours bien connues des intéressés. Je compte sur les collectivités territoriales comme sur les professionnels de santé pour faire connaître ces mesures et éventuellement en susciter d'autres.
Vous le voyez, votre implication est essentielle pour accompagner les mesures que prend le Gouvernement pour inciter les médecins à s'installer.
Je souhaite un maillage territorial d'offre de soins qui comprend, bien entendu, les médecins libéraux, mais également les établissements de santé publics et privés. Ce qui compte pour moi, c'est ce maillage territorial, c'est la gradation des soins, du médecin de ville à la chirurgie de pointe d'un CHU, en passant par l'hospitalisation à domicile, les établissements médico-sociaux et le pharmacien.
Vous pouvez compter sur moi pour vous aider à répondre à l'inquiétude de nos concitoyens et tout mettre en oeuvre pour améliorer la qualité des soins, parce que c'est dans l'intérêt des patients et des professionnels de santé et c'est indispensable pour garantir l'avenir de notre système de santé, pour nous et pour nos enfants.
Je vous remercie.Source http://www.amf.asso.fr, le 7 juillet 2011