Texte intégral
Q - Peut-on aujourd'hui affirmer que le régime du colonel Kadhafi est tombé ?
R - C'est encore un peu prématuré, mais ce n'est qu'une question de jours, voire d'heures. Les opposants au régime tiennent la quasi-totalité du pays et plus de 80 % de Tripoli. Il n'y a plus guère que quelques poches de résistance. L'issue du combat est inéluctable. Le colonel Kadhafi ne maîtrise plus la situation. En revanche, nous ne savons pas ou il se trouve.
Q - Ne craignez-vous pas un dernier bain de sang déclenché par Kadhafi ?
R - C'est ce qu'il promettait, et cela n'a pas eu lieu. Je ne vois pas comment cela pourrait se produire quand vous regardez les images et la liesse du peuple libyen, qui est désormais libéré.
Q - Peut-on dire que la France a joué un rôle prépondérant dans la chute du régime Kadhafi ?
R - Oui, la France a été depuis le début en première ligne pour dénoncer ce régime et en souhaiter la fin. C'est la France qui a été à la manœuvre diplomatique et militaire avec nos amis britanniques. C'est la France qui a emporté la décision du Conseil de sécurité de l'ONU pour lancer les frappes aériennes sans lesquelles nous ne connaîtrions pas le dénouement actuel. La France et la Grande-Bretagne ont fourni 80 % de l'effort militaire de l'OTAN. Nous avons pris des risques, mais nous savions que c'était une cause juste. Bien sûr, certains se sont plaints de la longueur du conflit et ont craint son enlisement. Cela a pris six mois. Quand on compare à d'autres situations, comme l'Afghanistan, cela relativise les choses. Six mois pour aboutir a la fin du régime dictatorial libyen, cela ne me semble pas si long.
Q - La France doit-elle rester en première ligne pour construire l'après-Kadhafi ?
R - Oui, c'est sa place légitime. C'est à Paris que s'est tenue la première réunion du Groupe de contact sur la Libye. C'est le président de la République qui a le premier reconnu le gouvernement de transition et a accueilli ses représentants sur le sol français. Il recevra le Premier ministre du CNT ce mercredi. J'ai passé toute ma journée à téléphoner à mes homologues du Groupe de contact pour proposer l'organisation a Paris, la semaine prochaine, de ce groupe qui pourrait devenir le Groupe des amis de la Libye afin d'établir ce qui pourrait être la feuille de route de la Libye démocratique. Cette proposition a reçu un accueil très favorable. C'est un pays riche qui a les moyens de se reconstruire, mais il aura besoin de la communauté internationale pour l'aider, et la France entend jouer pleinement son rôle dans cette reconstruction.
Q - Quel sort doit être, selon vous, réservé au colonel Kadhafi ?
R - C'est aux Libyens d'en décider. Nous ne souhaitons pas sa mort. Nous devons également veiller à ce qu'il n'y ait pas de sentiment de vengeance chez les nouveaux dirigeants à l'égard de Kadhafi et de son entourage. Mais j'appelle aussi les derniers alliés du colonel à rendre les armes et à ne plus menacer la population.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 août 2011