Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la gestion des crises et l'avenir de l'Union européenne et la situation internationale, Berlin le 29 août 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage d'Alain Juppé en Allemagne le 29 août 2011 : intervention à la conférence des ambassadeurs allemands à Berlin

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, je voudrais commencer par remercier mon collègue et ami Guido Westerwelle de son invitation. J'ai été très heureux de participer à cette conférence des Ambassadeurs, et j'ai noté qu'entre le discours de Guido Westerwelle et le mien, il y avait une très large convergence de vues et une volonté d'agir en commun.

Entre nos deux ministères, la relation de travail est tout à fait excellente, elle est constante, je dirais presque quotidienne. Et nous avons aussi tissé l'un et l'autre, depuis quelques mois, depuis que nous nous connaissons, une relation personnelle très confiante et très amicale et je voulais le redire ici, à Berlin, en présence de Guido.

De quoi avons-nous parlé ? D'abord de l'Europe parce que nous avons la même conviction, dans la situation très instable et très imprévisible qui est aujourd'hui celle de la planète, que plus que jamais la cohésion, la solidarité européenne, sont pour nous la bonne réponse à ces crises.

Face à la crise, il ne faut pas revenir en arrière, il faut aller un pas plus loin, un peu plus loin. et c'est la volonté de la France et de l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle il nous faut, c'est une des priorités de notre travail, mettre en œuvre les décisions qui ont été prises le 21 juillet dernier par le Conseil européen et les propositions qui ont été lancées par Mme Merkel et M. Sarkozy le 16 août dernier. C'est la priorité des priorités de notre travail.
Au-delà de la gestion des crises, il nous faut aussi préparer l'avenir de l'Europe. Je voudrais insister sur un point qui me tient particulièrement à cœur : c'est la nécessité de développer une véritable politique de sécurité et de défense commune. Nous avons déjà pris des initiatives en ce sens. Nous allons les poursuivre, pour que l'Europe puisse se doter des moyens d'exister réellement dans ce domaine sur la scène internationale.

Nous avons également évoqué bien sûr les grandes crises qui secouent à l'heure actuelle la planète, et tout particulièrement autour de la Méditerranée.

Nous partageons la même inquiétude en Syrie : le régime, en pratiquant une politique de répression sauvage, s'est discrédité. Nous travaillons donc à accroître la pression pour qu'il évolue et qu'un processus de réforme réelle soit engagé. Nous sommes également décidés à aider les Libyens à construire la Libye de demain et nous avons évoqué à ce sujet la Conférence des amis de la Libye qui se tiendra à Paris le 1er septembre prochain et où l'Allemagne, naturellement, aura toute sa place.

Il y a eu également beaucoup d'autres sujets : nous avons parlé du processus de paix avec une volonté commune, celle de préserver l'unité des vingt-sept États membres de l'Union européenne à l'occasion des débats à l'Assemblée générale des Nations unies, également de la volonté de favoriser la reprise des discussions directes entre les deux parties, qui est la seule façon d'établir une paix stable et durable.

Pour terminer, je dirai que la relation franco-allemande est en pleine forme. Je sais qu'on nous fait souvent des objections ou des critiques. Nous ne sommes pas toujours spontanément d'accord sur tout mais à force de nous parler et d'échanger nos vues, nous finissons par trouver des bases d'accords solides sur tous les sujets importants.
J'allais oublier mon peu de vocabulaire allemand : Vielen Dank !

Q - Au sujet des différences d'appréciation entre la France et l'Allemagne sur le dossier libyen
R - Vous connaissez tout à fait nos positions respectives. Nous avions le même objectif : permettre au peuple libyen de recouvrer la liberté et de contribuer au changement de régime ; nous n'avons pas eu la même approche sur les moyens d'y parvenir, aujourd'hui cette page-là est tournée, et nous nous retrouvons au coude à coude pour aider les Libyens à construire la Libye de demain.
Q - Au sujet des inquiétudes éventuelles suscitées par le fait que Kadhafi reste introuvable
R - On ne va pas faire de parallèle historique déplacé, mais avant de mettre la main sur Saddam Hussein, il a fallu du temps, si vous vous souvenez. Je serais évidemment beaucoup plus rassuré si les Libyens pouvaient régler cette question, mais c'est à eux qu'il appartient de le faire. Ce qui est important c'est qu'aujourd'hui le Conseil national de transition contrôle les 4/5ème du pays, dont Tripoli, et cela va nous permettre maintenant de nous engager dans ce que j'ai appelé tout à l'heure une phase nouvelle, c'est-à-dire la construction de la Libye démocratique, et il y a beaucoup à faire. Nous sommes prêts, nous, Européens, à aider nos amis libyens.
Merci bien.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er septembre 2011